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atteste à la terre que la vertu n'y est pas toutà-fait étrangère. Perce l'avenir, et vois nos ar rière neveux devenus meilleurs par tes écrits, les méditer en bénissant ton nom, et célébrer ta mémoire en pratiquant tes leçons. Contemple enfin tes amis pleurant sur ta tombe, pleins de ton souvenir, nourris de tes maximes, ne chercher de consolation que dans leur union fraternelle, et leur zèle pour ta gloire. Ecoute et reçois le vœu sacré qu'ils te renouvellent ici par ma bouche, d'aimer par-dessus tout, à ton exemple, la justice et la vérité.

Neufchâtel, 1779.

DU PEYROU.

A

DE GENÈ V E.

MAGNIFIQUES,

AGNIFIQUES, TRÈS-HONORÉS,
ET SOUVERAINS SEIGNEURS,

CONVAINCU qu'il n'appartient qu'au citoven vertueux de rendre à sa patrie des honneurs qu'elle puisse avouer, il y a trente ans que je travaille à mériter de vous offrir un hommage public; ct cette heureuse occasion suppléant en partie à ce que mes efforts n'ont pu faire, j'ai cru qu'il me seroit permis de consulter ici le zèle qui m'anime, plus que le droit qui devroit m'autoriser. Ayant eu le bonheur de naltre parmi vous, comment

pourrois-je méditer sur l'égalité que la nature a mise entre les hommes, et sur l'inégalité qu'ils ont instituée, sans penser à la profonde sagesse avec laquelle l'une et l'autre, heureusement combinées dans cet état, concourent, de la manière la plus approchante de la loi naturelle et la plus favorable à la société, au maintien de l'ordre public et au bonheur des particuliers? En recherchant les meilleures maximes que le bon sens puisse dicter sur la constitution d'un gouvernement, j'ai été si frappé de les voir toutes en exécution dans le vôtre, que même, sans être né dans vos murs, j'aurois cru ne pouvoir me dispenser d'offrir ce tableau de la société bumaine à celui de tous les peuples qni me paroit en posséder les plus grands avantages, et en avoir le mieux prévenu les abus.

Si j'avois eu à choisir le lieu de ma naissance, j'aurois choisi une société d'une grandeur bornée par l'étendue des facultés humaines, c'est-à-dire, par la possibilité d'être bien gouvernée, et où chacun suffisant à son emploi, nul n'eût été contraint de commettre à d'autres les fonctions dont il étoit chargé un état où tous les particuliers se connoissant entr'eux, les mancouvres obscures du vice, ni la modestie de la

vertu n'eussent pu se dérober aux regards et au jugement du public, et où cette douce habitude de se voir et de se connoitre, fit de l'amour de la patrie, l'amour des citoyens plutôt que celui de la terre.

J'aurois voulu naître dans un pays où le souverain et le peuple ne pussent avoir qu'un, seul et même intérêt, afin que tous les mouvemens de la machine ne tendissent jamais qu'au bonheur commun; ce qui ne pouvant se faire à moins que le peuple et le souverain ne soient une même personne, il s'ensuit que j'aurois voulu naître sous un gouvernement démocratique, sagement tempéré.

J'aurois voulu vivre et mourir libre, c'està-dire tellement soumis aux loix, que ni moi ni personne n'en pât secouer l'honorable joug; ce joug salutaire et doux, que les têtes les plus fières portent d'autant plus docilement, qu'elles sont faites pour n'en porter

aucun autre.

J'aurois donc voulu que personne dans l'état n'eût pu se dire au-dessus de la loi, et que personne au-dehors n'en pût imposer que l'état fàt obligé de reconnoître : car quelle que puisse être la constisution d'un gouvernement, s'il s'y trouve un seul homme

qui ne soit pas soumis à la loi, tous les autres sont nécessairement à la discrétion de celui-là (1. *) ; et s'il y a un chef national, et un autre chef étranger, quelque partage d'autorité qu'ils puissent faire, il est impossible que l'un et l'autre soient bien obéis, et que l'état soit bien gouverné.

Je n'aurois point voulu habiter une république de nouvelle institution, quelques bonnes loix qu'elle pût avoir, de peur que le gouvernement, autrement constitué peutêtre qu'il ne faudroit pour le moment, ne convenant pas aux nouveaux citoyens, ou les citoyens au nouveau gouvernement > l'état ne fût sujet à être ébranlé et détruit presque dès sa naissance. Car il en est de la liberté comme de ces alimens solides et succulens, ou de ces vins généreux, propres à nourrir et fortifier les tempéramens robustes qui en ont l'habitude, mais qui accablent ruinent et enivrent les foibles et délicats qui n'y sont point faits. Les peuples une fois. accoutumés à des maîtres, ne sont plus en état de s'en passer. S'ils tentent de secouer le joug, ils s'éloignent d'autant plus de la liberté, , que, prenant pour elle une licence effrénée qui lui est opposée, leurs révolutions les livrent presque toujours à des sé¬

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