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évidents, il est difficile de rattacher ce peuple avec certitude aux Celtes, aux Hellènes ou à toute autre grande division de la famille européenne.

Les éléments nouveaux qu'un voyage à l'intérieur du pays peut fournir pour l'étude de cette importante question d'ethnographie se divisent en quatre classes.

1° Noms propres. Tous ces noms sont conservés par des monuments de l'époque romaine; mais ils sont thraces; l'étymologie grecque ne saurait en rendre compte. Ils viennent s'ajouter aux catalogues déjà formés par MM. Heuzey et Böttiger.

2o Monuments figurés. Un grand nombre de bas-reliefs représentent les dieux du pays. Ils appartiennent au temps de l'empire, mais nous font connaître en partie l'antique religion nationale qui paraît ne s'être modifiée que très-lentement (Voir · Période Romaine).

3o Les édifices. On trouve en Thrace des ruines, en particulier sur une des acropoles de Trimontium; des murailles d'une haute antiquité, par exemple à Andrinople. La description de ces ruines n'est pas indifférente. Car toutes les races européennes ne paraissent pas avoir connu les constructions cyclopéennes. Les restes d'une magnifique muraille à Andrinople sont, peut-être, un monument unique de la monarchie des rois Odryses.

4o Tumulus. Les tumulus se comptent en Thrace, non par centaines, mais par milliers. Ils donnent lieu aux observations suivantes: leur forme est celle du tumulus de Marathon; -ils sont nombreux dans le bassin supérieur de la Maritza, rares dans le bassin inférieur; -on les voit en général réunis autour des villes qui ont toujours été des centres naturels de population; plusieurs ont été entamés; il est évident qu'ils ne recouvrent pas des allées de pierres brutes; des fouilles ont fait découvrir dans ces monticules des urnes de terre, des fragments de char et des armes ; quelques-uns de ces objets appartiennent évidemment à la plus belle période de l'art hellénique; mais la plupart sont ou barbares ou romains.

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Un passage remarquable d'Hérodote parle des tumulus thraces (Hérod. v, 8). Il est certain que des fouilles, entreprises avec

des ressources suffisantes, donneraient des résultats importants. Ces tumulus renferment l'histoire primitive du pays.

II. Période grecque. Tacite et Strabon représentent les Thraces de leur temps comme aussi barbares que les Germains. Les monuments que le pays conserve encore démontrent que la civilisation grecque dès le temps d'Alexandre fut très-développée dans quelques-unes des parties les plus reculées de cette province, par exemple au pied du Rhodope. C'est là un résultat inattendu. Aussi voyons-nous, par un marbre de l'époque macédonienne, le culte d'Apollon, divinité inconnue aux Grecs d'Hérodote, florissant chez les Bessi; l'usage chez ce peuple des panégyries, et des couronnes publiques. Le décret que je rappelle est écrit en dialecte attique et gravé avec beaucoup de soin. Les monnaies d'Athènes du vieux style ne sont pas rares dans ces provinces reculées. On y rencontre aussi, en grand nombre, de drachmes de Thasos.

Les monuments de l'époque grecque du reste doivent surtout être cherchés sur la côte.

Monuments. Le plus remarquable monument de cette période est un tombeau souterrain à Panidon: creusé dans une pierre calcaire tendre, il est composé d'une chambre et de trois fours à cercueil qui rappellent les hypogées des juges à Jérusalem. Au-dessus du principal de ces fours est sculptée une architrave d'un style très-ferme. Des bucranes alternent avec des motifs de décoration barbare. Une inscription, effacée presque entièrement depuis la transformation du tombeau en agiasma, laisse encore lire le mot ιακχος; les lettres sont du ive siècle avant notre ère. Ce tombeau nous offre un exemple jusqu'ici unique du style gréco-thrace.

A côté de ce tombeau, il faut citer: 1° le mur de la Chersonnèse souvent détruit et reconstruit, mais dont on trouve encore des traces suffisantes pour en relever le plan. Les pierres, appareillées avec soin, rappellent les belles constructions d'Arcésine dans l'île d'Amorgos; de Théra, dans l'île de Santorin. On sait que ce mur remonte au temps de Miltiade, et que sa longueur était de plus de 5 kilomètres. 2o La digue d'Enos. Construction

gigantesque, jetée en pleine mer, à l'embouchure de la Maritza, et dont on admire encore des restes qui ont plus de cent pas de long sur vingt de large. Ce môle assurait la conservation du port d'Enos, et il empêchait une partie de la côte de se transformer en un vaste marais. Il est une des constructions d'utilité publique les plus importantes que l'antiquité hellénique nous ait laissées. 3o Des fragments divers d'édifices religieux sur l'acropole de Lysimachie, à Tiristasis, à Rodosto, à Enos, etc... Inscriptions. On sait l'extrême rareté des onxuata. Nous n'en possédons qu'un seul d'origine grecque avec inscription. Les côtes de la Propontide en conservent trois, qui portent encore leurs inscriptions. Ces monuments méritent de faire l'objet d'une monographie étendue. Les autres textes de cette époque que j'ai recueillis se rapportent surtout aux temps macédoniens. Ils n'ont pas d'intérêt pour l'histoire générale, mais éclairent la vie intérieure des colonies grecques.

Archéologie figurée. Un admirable bas-relief des nymphes et du dieu Pan découvert à Pactya peut être comparé aux plus beaux marbres antiques et montre les arts florissants à la belle époque dans cette partie reculée du monde grec. Un banquet d'Hercule (à Enos) assis à table avec Junon et Jupiter nous offre une scène jusqu'ici sans exemple dans les recueils de monuments figurés; quelques bronzes appartiennent à la plus belle période de l'art. On ne m'a montré aucune terre cuite.

Topographie. Au point de vue des recherches topographiques, les villes grecques de Thrace se divisent en trois classes: 1°celles qui conservent encore leur nom ancien; 2° celles qui portent un nom byzantin; 3° celles dont les géographes ont parlé, mais dont le voyageur ne trouve plus aucun vestige.

Il est inutile de rappeler les villes qui appartiennent à la première classe. Elles sont heureusement très-nombreuses et doivent servir de base à la reconstruction de la Thrace à l'époque grecque. Parmi celles de la seconde classe, je citerai Chora et Panidon, villages modernes qui occupent l'emplacement de cités importantes, dont je ne puis fixer, pour le moment, le nom an

tique. Agora, Aphrodisias, Dymes, Cypsela ne me paraissent avoir laissé aucun vestige.

Pour toutes les villes de l'époque grecque, l'archéologue doit surtout s'attacher à déterminer l'emplacement habité dans les temps antiques. Cet emplacement a presque partout changé, mais les recherches de cet ordre offrent peu de difficultés. A cette période se rattache une étude de l'itinéraire suivi par les Dix Mille en Thrace, itinéraire qu'on retrouve sans peine, mais que les meilleures cartes antiques du pays aujourd'hui publiées ne permettent pas, croyons-nous, de suivre avec certitude.

III. Période romaine. La période romaine a laissé en Thrace de nombreux monuments. En étudiant les restes de cette époque on arrive aux trois conclusions suivantes :

1° La civilisation était très-répandue dans toute la province, et même dans les parties les plus reculées, mais toutefois presque exclusivement dans les plaines.

2o Cette civilisation était grecque et non romaine.

3° Elle était loin d'avoir fait disparaître les caractères primitifs de la nation.

C'est dans les provinces de Philippopolis et de Trajanopolis que les inscriptions et les bas-reliefs se trouvent en plus grand nombre. Les centres de population en Thrace sous l'Empire s'étaient beaucoup multipliés. Ainsi, aux environs de la seule ville de Filibé, on peut constater l'existence de plus de dix établissements florissants à cette époque. Mais le plus souvent ni l'histoire ni les marbres ne nous permettent de deviner le nom de ces villes ou villages.

La langue écrite sur ces monuments est presque toujours le grec, même dans les pagi. Toutefois, dans la montagne, les textes grecs disparaissent presque complétement et le voyageur ne trouve plus que quelques inscriptions latines laissées là par les légions. L'opposition de la montagne et de la plaine est un des faits les plus importants de l'histoire de la Thrace, dans l'antiquité comme de nos jours.

Les Thraces étaient divisés en pagi ou xuxt. Chaque pagus

avait son chef particulier appelé xwμápxns; plusieurs xóμι étaient réunis en une confédération et formaient une tribu ou yévos. Au-dessus de ces tribus, dans la province de Philippopolis, nous voyons le κοῖνον τῶν Θρακῶν.

La vie publique des grandes cités était celle de toutes les villes importantes du monde romain. Elles avaient un sénat, des assemblées du peuple, des magistrats particuliers, des tribus. On trouve à Philippopolis un collége éphébique, et aussi des confréries de chasseurs.

Un grand nombre de bas-reliefs de cette époque se rapportent aux cultes populaires. Les plus précieux représentent un cavalier, vêtu d'une simple tunique sur laquelle flotte la chlamyde; il tient une lance dont il attaque une bête sauvage. Des inscriptions nomment toujours ce personnage ΚΥΡΙΟΣ ΗΡΩΣ, sans autre indication (Cf. notre précédente communication pour plus de détails). D'autres marbres sont consacrés à Junon et à Diane figurées sous les traits de divinités barbares; Apollon, pour la piété des pagani, est un fort chasseur qui se rapproche beaucoup du cavalier thrace. Jupiter, Bacchus et Mercure sont sculptés sous les traits consacrés par la tradition classique.

A côté des œuvres originales de la piété thrace, il faut citer les marbres qui ne sont que des imitations grecques ou romaines. Ici la première place appartient aux banquets funèbres. J'ai pu décrire dix-neuf stèles nouvelles; plusieurs présentent des détails jusqu'ici sans exemple sur les monuments de cette classe. Je n'ai recueilli que 22 textes épigraphiques relatifs à des Romains.

Ce sont: 4o des épitaphes la plupart militaires; 2o des dédicacés aux empereurs; 3° des marbres conservant le nom de gouverneurs impériaux. Ces dernières inscriptions sont au nombre de cinq.

Il était important de rechercher les ruines de Trajanopolis, la seule capitale de la Thrace dont l'emplacement n'ait pas été fixé. Cette ville doit être placée à l'O. d'Enos entre Ourunjick et Lidjakeui. On trouve là des restes de nombreuses constructions dispersés sur un espace considérable, une acropole, et des

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