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portant les armes de Sourdis sur les plats de la reliure et bien connu au département des manuscrits sous la dénomination d'Apocalypse de Saint-Sever, à raison du couvent des Bénédictins de Saint Sever de Gascogne, d'où il est originairement provenu. M. D'AVEZAC avait insisté devant l'Académie sur l'intérêt que devait exciter, au point de vue de l'appréciation des libertés que se permettaient les dessinateurs au moyen âge dans les reproductions successives d'un même type, le rapprochement comparatif des trois échantillons ainsi recueillis à Turin, Londres et Paris de la Mappemonde du VIIIe siècle jusqu'alors restée anonyme. - Cette anonymie, trop longtemps prolongée, ne pouvait guère cependant persister devant un examen quelque peu attentif: un indice caractéristique, malheureusement tronqué par la négligence du copiste dans le manuscrit de Paris, mais que présente tout au long le manuscrit de Turin, ne peut laisser aucun doute sur l'auteur, non Rhaban Maur, comme avait conjecturé Pasini, non plus que Saint-Amand, qui est du VIIe siècle, et encore moins Victorin de Pettau, qui est du III, auxquels d'autres ont pensé, mais un moine bénédictin espagnol renommé par son savoir et son orthodoxie, vaillant aux luttes théologiques suscitées par les doctrines d'Elipand de Tolède et de Félix d'Urgel sur la valeur du titre de fils de Dieu considéré au point de vue de la chair: l'histoire ecclésiastique raconte les péripéties de ce schisme, où se laissait entraîner une partie de l'Espagne et de la France méridionale, et qui appela les sévérités de plusieurs conciles successifs, dont quelquesuns présidés par Charlemagne lui-même. Le savant écrivain qui eut le premier rôle dans cette ardente querelle, ce fut le moine bénédictin Beatus, prêtre dans les montagnes de Liébana, en Asturie, lequel mourut douze ans plus tard au couvent de Valcavado, diocèse d'Osma, dont il était abbé. Canisius et la Bibliothèque des Pères, Mabillon et les Bollandistes nous offrent les documents originaux propres à nous éclairer à son sujet. Il publia à la fin de 785, à l'adresse de l'archevêque Elipand, deux livres De adoptione Christi filii Dei, pour lesquels il s'associa Ethérius, son disciple, depuis évêque d'Osma: Elipand n'eut que

des injures contre ce montagnard vagabond (montivagus), nommé Beatus par antiphrase (antifrasius), et contre son jeune compagnon abusé Ethérius; mais ils en furent vengés par la vénération des fidèles de leur obédience, qui leur décernèrent une place parmi les saints; et le culte de saint Béat, ou saint Biet, comme prononce le vulgaire, est resté en honneur dans ces contrées, principalement à Astorga. Or ce même saint Béat, mort le 19 février 798, d'après son ancien biographe anonyme, avait composé en 12 livres un commentaire sur l'Apocalypse; et voici que le commentaire sur l'Apocalypse contenu dans nos manuscrits a donné lieu à Pasini de relever dans le ms. de Turin la date de 787 comme celle où l'auteur écrivait, en même temps que d'autre part il a transcrit une préface se terminant par une dédicace à l'évêque Ethérius: « Hæc ergo, Sancte pater Etheri, te petente, ob ædificationem studii fratrum, tibi dicavi, ut quo consorte perfruor religionis cohæredem faciam et mei laboris.» - En présence de tels repères, nul doute n'est possible sur la désignation résolument affirmative de saint Béat de Liébana, prêtre et moine bénédictin, abbé de Valcavado au diocèse d'Osma, comme l'auteur avéré du commentaire sur l'Apocalyse et de la Mappemonde qui y est jointe, dont Turin possède un exemplaire du XIIe siècle, le premier qui nous en ait été connu; Londres en possède un second, pareillement du XIIe siècle, terminé en 1109 au célèbre couvent des Bénédictins de Silos, dans le diocèse de Burgos, et que l'on dit avoir été acquis de l'ancien roi d'Espagne Joseph Napoléon par le Musée britannique; Paris possède celui qui fut écrit au XIe siècle entre 1028 et 1072, au monastère des Bénédictins de Saint-Sever de Gascogne, sous l'abbé Grégoire de Monsaver, dont le nom se multiplie en un médaillon symétrique sur le frontispice. C'est en 1866 seulement qu'il a recouvré la Mappemonde qui en avait été détachée, et qui est le troisième échantillon venu à notre connaissance. Nous venons d'en rencontrer un 4o exemplaire, dans un beau manuscrit grand in-folio, dont l'écriture est évidemment du XIIe siècle, et qui a tout récemment été apporté à Paris par le libraire Bachelin-Deflorenne : la mappe

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monde y est de forme ovale, comme celle de Saint-Sever, mais bien moins détaillée, et offrant la plus étroite ressemblance avec celle de Turin, quoique celle-ci soit parfaitement circulaire, au moins dans la gravure de Pasini et ses reproductions. Ce manuscrit provient d'une grande bibliothèque seigneuriale de Madrid, et porte en titre sur le dos: S. Amandus in Apocalypsim, sans que rien puisse justifier une semblable désignation. Il doit exister en Espagne d'autres manuscrits du même ouvrage, du moins la cathédrale de Girone en possédait-elle un exemplaire, que le P. Joseph de la Canal, l'un des continuateurs de l'España Sagrada de Florez, signalait en 1819, tout en le considérant par inadvertance comme l'œuvre directe de Victorin de Pettau, dont le nom figure simplement dans un des prologues, ainsi que l'avait remarqué Pasini; Villanueva l'a revu depuis et a donné, dans une des lettres de son Viage literário à las Iglesias de España, publiée en 1850 par l'Académie de l'histoire, le fac-simile de quelques lignes terminales constatant que le prêtre Senior a fini d'écrire ce volume le 6 juillet 975: voilà donc un cinquième manuscrit remontant au X° siècle; il est fait grand éloge du nombre et de la beauté des peintures dont il est parsemé, sans autre mention de la Mappemonde. On connaît l'existence d'un autre exemplaire, plus ancien, plus important que tous ceux-là, et qu'il semble plausible de considérer comme le manuscrit original, d'après la description dont il faut provisoirement se contenter jusqu'à vérification, prochaine pouvons-nous espérer; il aurait été acquis au monastère même de Valcavado, le siége abbatial de saint Béat, par M. Robert Frasinelli, de Madrid, en échange d'une montre d'argent d'une trentaine de francs, acheté ensuite pour mille francs et un appoint par M. Francisque Michel, qui le revendit à Libri pour quinze cents francs : il est aujourd'hui la propriété de lord Ashburnham, et compris en son catalogue sous le n° XV de l'appendice. C'est un volume grand in-folio de 38 centimètres de haut sur 28 centimètres de large, relié en velours rouge sur ais de bois, écrit en caractères wisigothiques, du IX siècle, rempli de miniatures et renfermant la curieuse

Mappemonde. M. D'AVEZAC espère en la courtoisie du noble possesseur et en l'obligeant concours de M. Paul Meyer pour obtenir un fac-simile de ce précieux échantillon géographique. Il aime à se persuader que l'Académie n'aura pas jugé sans intérêt ce coup d'œil récapitulatif sur les exemplaires au nombre de six, s'échelonnant du IX au XIIe siècle, chacun avec une physionomie propre, d'un monument géographique, dont le type est du VIIIe siècle, et dont l'auteur, désormais incontestablement déterminé, est le bénédictin espagnol saint Béat, abbé de Valcavado. Quant au texte de l'ouvrage, une indication bibliographique incomplète constate qu'il aurait été publié à Madrid, en 1770, par le docte Père Henri Florez, le célèbre éditeur original de l'España Sagrada, correspondant de l'ancienne Académie des inscriptions, mais M. D'AVEZAC n'a pu encore trouver d'exemplaire de cette édition dans les bibliothèques de Paris où il en a demandé la recherche.

M. HUILLARD-BRÉHOLLES continue la première lecture de la seconde partie de son Mémoire sur l'état politique de l'Italie depuis la paix de Constance jusqu'à la chute de la maison de Souabe.

M. JOURDAIN commence la première lecture d'un mémoire ayant pour titre : Les commencements de l'économie politique dans les écoles du moyen âge.

Séance du vendredi 8.

PRÉSIDENCE DE M. REGNIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance.

Par une lettre en date du 6 octobre, M. le supérieur des Bénédictins de Ligugé près Poitiers (Vienne) demande à l'Académie que la concession d'un exemplaire de la continuation du Gallia christiana, qui lui a été faite par le Ministère de l'Instruction publique, lui soit maintenue par elle.

Livres offerts:

1° Revue des questions historiques: 4° année, 14 livr., 4 oct. 1869 (in-8°).

2o A guide to the study and arrangement of english coins, etc., by H. W. Henfrey: Part II (London, 1869, in-12).

30 Luigi Sailer. Sul valore scientifico delle riforme orthografiche (Milano, 1869, in-12).

4° Langres pendant la ligue, par M. Th. de Saint-Ferjeux (Paris, 1868, in-4°). - Deux nouveaux exemplaires pour le concours des Antiquités de la France de 1870, auquel cet ouvrage a été renvoyé dans la séance du 4 juin dernier.

5o M. EGGER fait hommage, au nom de l'Association pour l'encouragement des études grecques, de la 3° année de son Annuaire (1869, 4 vol. in-8°).

6o Le même membre présente, au nom de l'auteur, l'ouvrage intitulé: Hyperidis orationes quatuor cum ceterarum fragmentis, edidit Frid. Blass (1869, 1 vol. in-12, faisant partie de la collection Teubner, et qui donne en substance, avec une préface et les annotations critiques, tout ce qui est connu jusqu'ici de l'orateur athénien).

7° M. de LongpÉRIER, au nom de M. Jules Labarte, fait hommage à l'Académie de deux mémoires intitulés « L'église cathédrale de Sienne et son trésor d'après un inventaire de 1467, traduit et annoté » et « Dissertation sur le Rossel d'or d'Altœtting. » Le premier de ces ouvrages contient de très-intéressants détails sur le mobilier d'une église célèbre et des notes précieuses sur les artistes qui ont travaillé pour elle. Le second mémoire appelle une attention toute particulière. Il est consacré à la description d'un bijou d'or et d'argent du XVe siècle conservé dans l'église N.-D. d'Altœtting (Bavière) et qui avait été récemment mis en lumière par divers archéologues allemands. Ce bijou, ainsi qu'on peut le voir dans la planche coloriée jointe au mémoire, représente le roi Charles VI aux pieds de la Vierge, devant laquelle sont agenouillés sainte Catherine, saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Evangéliste. Le roi est accompagné d'un chevalier qui porte son heaume, et d'un page qui tient son cheval. C'est à ce dernier détail qu'est dû le surnom de Goldene Rössel (petit cheval d'or), donné au groupe, qui est considérable, puisqu'on a employé à sa fabrication 18 marcs d'or, pour les figures, et 30 marcs d'argent doré pour la base. Les personnages et les fleurs sont décorés d'émaux de couleur. Parmi les archéologues qui se sont occupés du Rössel d'or,

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