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même (1): Post multum vero temporis mortuus est rex Ægypti. Les soixante-sept années du règne exceptionnellement long de Ramsès II nous expliquent d'ailleurs facilement cette singulière circonstance. Moïse n'a donc pas pu passer moins de cinquante ans en Arabie.

» Il résulterait de ces données historiques qu'en l'an 52 de Ramses II Moïse était depuis longtemps en Arabie, et qu'il devait encore y rester environ quinze ans. On est en droit de se demander quel souvenir avait pu laisser, à ce moment, en Egypte, un jeune homme élevé au palais, à la vérité, mais au milieu de beaucoup d'autres, et qui fut obligé de s'enfuir aussitôt que son énergie virile eut commencé à lui donner un nom parmi ses frères.

>> Voyons maintenant ce que M. Lauth trouve dans le papyrus de Leyde, et quel personnage il rapproche de Moïse. Le nom propre du prêtre en question se lit mesu, mot purement égyptien qui signifie « l'enfant ». Suivant M. Lauth, ce serait l'original du nom biblique moscheh; mais, quoique ce rapprochement ait été plusieurs fois proposé, il m'est impossible de l'accepter. Le livre de l'Exode (2) donne au nom de moscheh une étymologie qui peut bien être postérieure aux faits, mais qui, en tout cas, constate la prononciation traditionnelle du mot par un et non par le ou le . Or, dans les transcriptions réciproques des mots hébreux et des mots égyptiens, la distinction des deux lettres s et sch est toujours fidèlement observée. Le mot mesu est lui-même un exemple excellent de cette règle, car il forme la seconde partie du nom de Ramsès que le livre de l'Exode transcrit très-exactement boy; il résulte de cette orthographe que le nom propre mesu eût été certainement écrit o par les Hébreux et non pas

. Le nom du personnage en question est donc radicalement différent de celui de Moïse. Venons maintenant aux faits que M. Lauth attribue au prêtre Mesu. Observons d'abord que tout le papyrus est d'une écriture extrêmement cursive et difficile à

(1) Exode, 2, 23. (2) Exode, 2, 10.

lire, et je suis heureux d'avoir à constater que M. Lauth mérite de grands éloges pour le déchiffrement de diverses parties de ce monument. Mais quant au passage sur lequel porte principalement la discussion (Taf. III, 1. 26 et suiv.), il ne me serait possible d'accepter ni la traduction, ni même la lecture matérielle des signes. Toutefois, pour ne pas compliquer ici le raisonnement, admettons, pour un instant, la réalité des faits que l'auteur croit trouver dans ces lignes. Il s'agit d'un carnet de dépenses; le scribe y aurait en outre consigné, à leur date de jour, des faits bien étrangers à sa comptabilité. Ce fonctionnaire y aurait donc mentionné qu'il a porté plainte contre le prêtre Mesu; il l'accusait d'avoir pris un bain de mer et mangé du poisson pendant un voyage en Syrie. Telle est l'interprétation de M. Lauth. L'usage du poisson étant interdit à certains ordres de prêtres et la mer étant odieuse aux Egyptiens, comme typhonienne, ce sont là peut-être deux griefs qui auraient pu fournir matière à une dénonciation contre un prêtre égyptien. Mais le poisson n'était pas défendu au peuple et encore moins sans doute aux étrangers. La conduite de Moïse, aussitôt que son âge lui permit de marquer parmi ses frères, ne laisse pas d'ailleurs supposer qu'il pût appartenir au sacerdoce égyptien. Et, quant au voyage en Syrie, ce fait seul suffirait pour nous prouver qu'il ne peut être question de Moïse. Le prophète vivait alors dans le pays de Madian, où il avait contracté alliance, mais il ne foula jamais le sol de Canaan. C'est ce qui résulte des textes précis du livre des Nombres (1). On sait qu'il ne lui fut permis que de contempler la terre promise du haut du mont Nébo, aux jours qui précédèrent sa mort.

>> Les différences frappantes que nous venons d'indiquer peuvent se résumer en quelques mots. Le papyrus de Leyde a été écrit précisément à l'époque où Moïse était depuis fort longtemps éloigné de l'Egypte; les noms des deux personnages sont radicalement différents; les actions supposées par M. Lauth

(1) L. Numerorum, 20, 12; 27, 12.- Deuteron, 32, 49; 34, 4.

ne les rapprochent pas davantage, et le voyage de Syrie n'a jamais été fait par Moïse.

» Contentons-nous donc, pour le moment, de la précieuse indication fournie par les papyrus sur la présence des Hébreux, et sur la réalité de leurs travaux pour la construction de la ville de Ramses II. Si quelque mention incidente du chef des Hébreux, à l'occasion des douze plaies ou du désastre de la mer Rouge, apparaît plus tard dans un document égyptien, ce sera évidemment dans un monument ou un papyrus un peu moins ancien que celui qui vient d'occuper notre attention. »

M. EGGER poursuit la lecture précédemment commencée de l'extrait d'un ouvrage dont il prépare la publication, et intitulê : Part de l'Hellénisme dans la langue de Ronsard.

MOIS DE FÉVRIER.

Séance du vendredi 5.

PRÉSIDENCE DE M. REGNIER.

M. le PRÉSIDENT informe l'Académie que M. le Secrétaire perpétuel, indisposé, a chargé M. WALLON de le remplacer au bureau.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

M. DESNOYERS ajoute à la communication qu'il a faite dans la dernière séance sur les Reliquiæ aquitanica (parties VI-VIII) de MM. Lartet et Christy, que les frais des fouilles dont il a parlé ont été faits avec une grande libéralité par M. le Ministre de l'Instruction publique, et que les éditeurs désirent que cette déclaration soit jointe à leur hommage.

M. DE WITTE, à propos du médaillon d'or de Domitien, présenté à la dernière séance par M. Lenormant, dit que l'aspect de ce médaillon, au premier abord, pouvait faire croire à son authenticité. Mais, quand on vient à examiner de près les légendes gra

vées au droit et au revers, on s'aperçoit que le XVIIe consulat de Domitien ne peut pas concorder avec sa VIII puissance tribunitienne. La mention des jeux séculaires indiquée au revers reporte à l'an 841 de Rome, année dans laquelle Domitien était sorti de sa VIIIe puissance tribunitienne, et avait pris le titre de consul pour la XIVe fois. Comparée au coin du Padouan, il est évident, il est certain que la médaille d'or a été frappée avec ce coin. On connaît des exemplaires de bronze et d'argent des médaillons gravés par le Padouan; il est très-possible qu'on ait frappé aussi des exemplaires en or.

L'Académie se forme en comité secret.

La séance étant redevenue publique, M. JOURDAIN demande la parole pour faire un supplément au rapport présenté par lui au nom de la Commission du prix Gobert. - Il annonce que la Commission a pris connaissance de l'envoi fait à l'Académie de l'Histoire de l'ordre de Cluny depuis la fondation de l'Abbaye jusqu'à la mort de Pierre le Vénérable, par J. Henri Pignot (Autun et Paris, 1868, 3 vol. in-8°). La Commission a constaté que cet ouvrage a été envoyé en temps opportun, et que c'est par une erreur commise dans les bureaux du secrétariat qu'il n'a pas été présenté à l'Académie par le Secrétaire perpétuel, avant la première séance de la Commission.

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M. NAUDET donne une première lecture de son Mémoire sur le véritable sens du mot VICUS dans la topographie urbaine de Rome. M. MILLER Communique le fragment suivant, extrait d'une lettre que M. Eug. Piot lui a écrite d'Athènes, le 25 janvier 1869. « On a beaucoup parlé des fouilles du théâtre de Bacchus à Athènes, commencées il y a six ans, avec beaucoup de discernement, par l'architecte prussien M. Stark, et continuées par la Société archéologique. Il en a été question à l'Académie et dans les revues. Très-visitées par les archéologues, il paraît cependant qu'elles n'ont pas encore dit leur dernier mot, et vous jugerez de mon émotion lorsqu'au premier pas fait parmi ces ruines, que couvrent tant de débris, je me suis heurté contre un torse de faune demi-colossal, compagnon mutilé, mais très-recon

naissable encore, des quatre belles statues conservées au musée dù Louvre, et connues sous le nom de faunes porteurs. Mon plaisir a été d'autant plus grand que, depuis longtemps, j'avais une affection toute particulière pour ces œuvres décoratives d'un excellent goût sur lesquelles on évitait de se prononcer.

» Ce n'est certes pas une mince bonne fortune que celle de restituer la patrie et de constater, si je puis m'exprimer ainsi, l'ancien domicile des quatre statues importantes de notre Musée, surtout lorsque cette patrie est la Grèce et ce domicile le plus illustre des théâtres de l'antiquité; mais là ne se borne pas l'intérêt de cette restitution. La découverte du torse qui se trouve au théâtre d'Athènes, en nous éclairant sur la provenance de ceux du Louvre, porte à six le nombre maintenant connu de ces faunes porteurs. Quatre sont au Louvre, un cinquième est conservé au Musée de Stockholm (la tête et une partie du buste). L'examen des lieux, c'est-à-dire les dimensions du théâtre et de ses parties principales, la nature de nos demi-colosses destinés à être appliqués sur une surface plane, la difficulté de leur trouver une autre destination et d'autres considérations encore, trop longues à expliquer pour trouver une place ici, tout nous conduit à les regarder comme ayant servi d'ornementation principale à la scène elle-même, c'est-à-dire au mur du fond. Il suivrait de là qu'il ne serait peut-être pas très-difficile d'arriver à fixer l'époque approximative de leur exécution.

» On s'accorde généralement à placer l'achèvement du grand théâtre d'Athènes vers le temps où le célèbre orateur Lycurgue était président du trésor public. Peut-être ne faut-il entendre par ce mot achèvement qu'un développement plus grandiose donné à la partie de l'édifice qui servait aux représentations, et alors rien ne s'oppose à ce que nos statues ne soient sorties vers la 106 ou la 108 olympiade des ateliers mêmes du célèbre sculpteur Scopas. On sait que cet artiste traitait de préférence des sujets appartenant au cycle de Bacchus, et qu'il avait conservé dans ses œuvres une sévérité de style qui commençait déjà à abandonner les écoles de l'Attique

» Je joins à cette lettre une photographie du corps du délit.

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