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entendrez et applaudirez l'éloge dans quelques instants, de l'ingénieux Bopp, qui a élevé à la graminaire comparée un monument dont les solides fondements et les grandes parties durcront toujours, quelles que puissent être les retouches futures et les partiels remanie

ments.

L'Académie décerne la seconde médaille à M. Longnon, pour son Livre des vassaux du comté de Champagne et de Brie, 1172-1222, in-8°.

« C'est, dit le rapport de votre commission, une œuvre d'érudition, dans la meilleure acception de ce mot, que le livre envoyé par M. Longnon à notre concours. Cela seul eût assurément suffi pour lui concilier les suffrages de la commission; mais nous les lui avons donnés avec un double bonheur, lorsque nous avons su quelles diffi. cultés extraordinaires l'auteur avait eu à vaincre, quelle persistance lui avait été nécessaire, quels vaillants efforts il lui avait fallu faire pour réussir si bien dans un ordre de travaux auquel, on peut le dire aujourd'hui, son éducation première ne l'avait aucunement préparé. A l'homme d'études, comme à tout autre, la justice veut qu'on tienne compte de la distance parcourue depuis le point de départ jusqu'au point d'arrivée. »>

La troisième médaille a été décernée à M. Luzel, pour ses Chants populaires de la basse Bretagne, 4er volume; Paris, 1868, in-8°.

«La tâche qu'à entreprise M. Luzel a été de recueillir de la bouche même des paysans, dit encore le rapport, ces chants traditionnels, n'ajoutant rien, ne laissant jamais l'interprétation réagir sur le texte, et notant toutes les variantes avec un soin minutieux. On ne saurait, en vérité, mieux pratiquer qu'il ne l'a fait l'art difficile de chercher et trouver à la source même les chants populaires. »

Les autres ouvrages distingués par la commission entre ceux qui ont concouru pour les Antiquités de la France me fourniraient l'occasion de vanter encore les progrès de ces derniers temps; mais je dois me borner, et je me contente de donner ici les titres de ces divers travaux : le rapport de la commission, je le répète, appréciera chacun d'eux.

Des mentions honorables sont accordées :

1° A M. Chérest, pour l'ouvrage intitulé : Vezelay, Etude historique ; Auxerre, 1863-1868, 3 vol. in-8°.

20 A M. Balasque, pour ses Etudes historiques sur la ville de Bayonne (avec la collaboration de M. Dulaurens), tomes I et II; Bayonne, 1862-1869, in-8°.

3o A M. l'abbé Chevalier (de Romans), pour les ouvrages suivants : 4o second volume des Documents inédits relatifs au Dauphiné, publiés par l'Académie delphinale comprenant les Cartulaires de l'Eglise et de la ville de Die, le Nécrologe de Saint-Robert de Cornillon, etc.); Grenoble, 1868, in-8°; 2o Cartulaire de l'abbaye de Saint-André le Bus, à Vienne; Lyon et Vienne, 1869, in 8o; 30 Cartulaire du prieuré de Saint-Pierre-du-Bourg-lez-Valence, in-8° (en cours de publication); 4° Cartulaire de l'abbaye de Léoncel, in-8° (en cours de publication). 4° AM Brachet, pour ses deux ouvrages: 1o Grammaire historique de la langue française; Paris, 1867, in-12; 2o Dictionnaire des doublets

de la langue française; Paris, 4868, in-8".

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5° A M. Klipffel, pour ses trois ouvrages: 1° Metz, cilé épiscopale et impériale (du dixième au seizième siècle): Un épisode de l'histoire du régime municipal dans les villes romanes de l'empire germanique;

ANNÉE 1869.

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Bruxelles, 1867, in-8°; 2o Etude sur l'origine et les caractères de la révolution communale dans ls cités épiscopales romanes de l'empire germanique; Strasbourg, 1868, in-v0, 3o Le Colloque de Poissy, Etude sur la crise religieuse et politique de 1561; Paris, s. d, in 8°.

6o AM Faugeron, pour les deux ouvrages intitulés: 4° De fraterni ate seu conloquiis inter filios et nepotes Hludovici pii (842-884); Rhedonibus, 1868, in -8°. 2o Les Benefices et la Vassalité au IXe siècle; Rennes, 4868, in-8°.

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Cette année encore, l'Académie n'a pu décerner le prix fondé par M. Louis Fould pour la meilleure His oire des arts du dessin chez les différents peuples de l'antiquité jusqu'au siècle de Périclės. Deux ouvrages ont été envoyés au concours; mais aucun d'eux n'ayint paru à la commission chargée de les examiner digne du prix ni de l'accessit, l'Académie proro e le terme du concours à 1872.

Pour le prix fondé par M. Bordin, l'Académie avait prorogé au 31 décembre 1868 le terme du concours ouvert en 1865 sur cette question:

Déterminer, d'après les historiens, les monuments, les voyageurs modernes et les noms actuels des localités. quels furent les peuples qui, depuis le onzime siècle de notre ère j squ'à la conquête ottomane, occupaient la Thrace, la Macédoine, l'Illyrie, l'Epire, la Thessalie et la Grèce proprement dite;

Comparer, sous le rapport du nombre et sous celui, de la langue, ces peupla ies avec la race hellénique, et exposer quel genre d'influence celle-ci a pu exercer sur elles.

Aucun mémoire n'ayant été déposé dans les délais prescrits, l'Académie retire ce sujet du concours.

L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du prix ordinaire la question suivante :

Eule sur les dialectes de la langue d'oc au moyen âge;

Qu'elle a prorogé au 31 décembre 1870 le terme du concours ouvert sur cette question:

Faire l'histoire de la lutte entre les écoles philosophiques et les écoles théologiques sous les Albussides; montrer cette lutte commençant dès les premiers temps de l'islamisme avec les Motazélites, se continuant entre les Ascharites et ls philosophes, et se terminant par la victoire compléte de la théologie musulmane. Ex oser les méthodes dont se servaient les deux écoles et la maniere dont les thé logiens ont emprunté les procédés de leurs adver aires. Montrer l'influence que le s urisme a exercée à pl·sieurs reprises sur ces luttes; mettre en lumière les circonstances principales qui ont pu contribuer à la ruine de la philosophie dans le khalifat d'Orient. Entin elle propose cette année pour sujet du prix ordinaire la question suivante :

Etude critique et historique sur les écrits du patriarche Photius. Pour le prix Bordin, l'Académie a prorogé au 31 décembre 1869 le terme du concours ouvert sur cette question:

Faire connait e, à l'aide des renseignements fournis par les auteurs et les in criptions grecques et latines, l'organisation des flo ́tes romaines, en prenant pour mod le le mémoire de Kellermann sur les VIGILES.

Elle a prorogé également au 31 décembre 1869 le terme du concours dont le sujet est :

Faire l'analyse critique et philologique des inscriptions himyarites connues ju qu'à ce jour.

Elle a proposé pour sujet du prix à décerner en 1870 celle question.

Etude des chiffres, des comptes et des calculs, des poids et des mesures chez les anciens Egyptiens.

Elle proroge au 31 décembre 1870 le terme du concours dont le sujet est:

Fuire connaitre les Vies des saints et les collections de miracles, publiées ou inédites, qui peuvent fournir des documents pour l'histoire de la Gaule sous les Mérovingiens;

Déterminer à quelles dates elles ont été composées.

Entin elle propose, pour sujet du prix à décerner en 1871, cette question nouvelle :

Faire l'histoire de l'Eglise et des populations nestoriennes depuis le concile général d'Ephe e (431) jusqu'à nos jours.

Le prix fondé par M. de la Fons Mélicocq pour être donné au meilleur ouvrage sur l'hist ire et les antiquités de la Picardie et de l'Ilede-France (l'aris non compris) sera décerné pour la première foi

en 1871.

Le prix fondé par M. Brunet sera décerné, en 1871, au meilleur ouvrage de bibliographie savante relatif à la littérature ou à l'archéologie classique, soit grecque, soit latine.

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L'Académie espère que ses nouveaux appels provoqueront, comme un grand nombre des précédents, de solides et consciencieux travaux. Le goût des austères recherches de l'érudition va croissant de jour en jour. Dans cette lice aussi, vive est l'émulation des athlètes jeunes et vieux. C'est encore là un des heureux caractères et signes de notre âge. Jamais, soit dans les sciences mathématiques et naturelles, soit dans le champ de l'érudition proprement dite, ou aux abords de ce champ, l'affluence n'a été aussi grande. Félicitons-nous de cette ardeur, encourageons-la de tout notre pouvoir. La moisson est de celles qui ne finissent point; chaque pas en avant en augmente à nos yeux l'étendue les travailleurs ne courent pas risque de chômer, ni de manquer de bonnes et utiles et nobles tâches. On a écrit que l'étude était un plaisir stérile et même dangereux, si elle n'aboutissait à l'action. Je le veux bien, mais sur ce mot d'action il faut s'entendre, et, quand on se sera entendu, après avoir, il va sans dire, exclu les futilités (elles ne méritent pas le nom d'étude), la maxime ne gardera pas, je le crois, une portée bien sévère ni rien qui nous puisse émouvoir. N'est-ce done point agir que d'agir par l'intelligence, par la spéculation même (le mot ne m'effraye pas), de s'efforcer d'accroître le trésor de vérités que l'homme a pour mission d'amasser ici-bas, en l'augmentant sans cesse, d'un siècle à l'autre, de génération en génération? De vérités, il n'en est point de stérile. D'aucune on ne peut affirmer par avance qu'elle ne puisse, à son jour, de manière ou d'autre, devenir pratique, utile à d'autres que ceux qui la découvrent. Puis, dans nos travaux, pas plus que dans l'éducation de l'enfance, de la jeunesse, ce n'est point, on le sait trop aujourd'hui, l'acquis seulement et son utilité pratique et prochaine qu'il faut avoir en vue. N'est-elle point de l'action, cette gymnastique de l'esprit, des diverses facultés qu'exercent les hautes et sérieuses études? Sans doute, nous devons par-dessus tout, et nous sommes encore bien loin de le faire assez, travailler à la diffusion des lumières dans les couches inférieures de la société; mais n'est-ce pas travailler aussi au bien d'une nation, au bien de tous,

que de fortifier et perfectionner en haut, dans l'élite intellectuelle, les aptitudes de l'esprit, et d'arriver ainsi de plus en plus à faire contre-poids aux grossiers instincts, aux brutales appétences, aux passions infimes?

Notice historique sur la vie et les travaux de M. FRANÇOIS BOPP, associé étranger de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, par M. Guigniaut, Secrétaire perpétuel.

MESSIEURS,

Deux sciences nouvelles ont été créées de nos jours, dans l'ordre de la philologie et de l'histoire, par le progrès de l'analyse appliquée aux œuvres primordiales de l'esprit humain. Ce sont, d'une part, la science des langues, organes si divers en apparence de la pensée des peuples; d'autre part, la science des mythes ou la mythologie, expression non moins variée de leurs croyances. Analogues à la géologie, à l'anatomie, à la physiologie comparée, l'honneur de notre siècle est ou sera de les avoir constituées sur la double base de l'observation et de l'induction, et par là d'avoir sondé, à des profondeurs auparavant inconnues, l'histoire du génie de l'homme aussi bien que celle de la nature.

Le savant dont j'essayerai de vous peindre aujourd'hui la vie modeste et les glorieux travaux, quoiqu'il ait eu d'illustres précurseurs et d'éminents émules en Allemagne et chez nous, a mieux qu'un autre mérité le titre de fondateur de cette science qu'il faut appeler, dans sa plus haute généralité, la science des langues ou du langage, mais qui, par la diversité flottante des noms plus ou moins compréhensifs, plus ou moins heureusement formés sous lesquels on la désigne, témoigne à la fois de sa jeunesse et de l'étendue mal définie encore de son objet.

Franz ou François Bopp naquit, le 14 septembre 1791, à Mayence qui, peu d'années après, devenait une ville française Devant nos armes victorieuses, il fut emmené par son père, attaché à la maison de l'Electeur fugitif, à Aschaffenbourg en Bavière, et c'est là qu'il fit ses premières études. Il y fut bientôt remarqué par ses maîtres, surtout par le docteur Windischmann, homme d'esprit et de science, auteur d'une Philosophie de l'histoire, et qui, après Herder, et avec les Schlegel, Görres, Creuzer lui-même, demandait à l'Orient, à l'Inde surtout, des lumières qu'ils ne pouvaient guère donner alors sur les origines de l'humanité. C'était le romantisme dans l'érudition, contre-coup de celui qui, par un mouvement semblable, ramenait les esprits des traditions classiques et des théories du XVIIIe siècle, vers le moyen âge, sa poésie, sa littérature et son mysticisme. Ce mouvement, quels qu'en aient été les excès, les erreurs, n'en eut pas moins son côté fécond et utile, par l'élan qu'il imprima et par les horizons nouveaux qu'il ouvrit; le jeune Bopp le côtoya, du reste, plus qu'il ne s'y livra. Au lieu de chercher, comme tant d'autres, à ce moment, la lumière dans les ténèbres, esprit net, positif et d'une pénétrante sagacité, ce fut à l'étude approfondie des langues qu'il s'adressa pour en obtenir des révélations sur l'histoire de l'esprit hu

main dont elles sont la manifestation la plus spontanée et la plus intime.

En possession des langues classiques et des principaux idiomes de l'Europe, Bopp se sentit invinciblement entraîné par le désir de connaître ceux de l'antique Orient, et surtout cette langue, mystérieuse encore, le sanscrit, que, dans un petit livre d'une grande profondeur, Sur la langue et la sagesse des Indiens, publié en 1809, Frédéric Schlegel annonçait dignement à l'Allemagne. Il signalait sa parenté non-seulement de lexique, mais de structure grammaticale, avec le grec, le latin, le persan, les idiomes germaniques, d'autres encore, préludant ainsi à la grammaire comparée, comme il la nommait déjà.

Paris était, au commencement de ce siècle, le foyer des études orientales, surtout par l'école de philologie sémitique dont Silvestre de Sacy fut longtemps le chef respecté. Il s'y formait, en outre, dans l'ombre de la Bibliothèque impériale, sous les auspices du zélé conservateur des manuscrits orientaux, Langlès, une pépi nière de jeunes indianistes. C'étaient Chézy, Fauriel, Schlegel luimême, initiés à la connaissance de la langue sanscrite par un Anglais, Alexandre Hamilton, qui avait résidé dans l'Inde, et que la politique du premier Consul, depuis la rupture du traité d'Amiens, retenait en France, contre le droit des gens, avec tous ceux de ses compatrioles qui s'y trouvaient. Langlès, pour occuper ses loisirs forcés, l'avait chargé de rédiger le catalogue des manuscrits sanscrits recueillis jadis dans l'Inde par un de nos plus savants missionnaires, le P. Pons. Ce fut dans ces circonstances et dans ce milieu plus favorable que tout autre à ses desseins, qu'arriva, en 1812, à Paris, grâce à une subvention du roi de Bavière, l'étudiant allemand parvenu à l'âge de vingt et un ans.

On a dit, mais avec plus d'affection rétrospective que de vérité, que Bopp apprit le sanscrit à l'école de Chézy, pour qui le gouvernement de la Restauration, en 1815, créa, au Collége de France, la première chaire de cette langue qu'ait vue l'Europe. Bopp, la sincérité même, déclare, dans la préfice d'un de ses premiers ouvrages, à la date de 4819, qu'il avait appris le sanscrit sans maître, et des lettres authentiques d'Auguste-Guillaume de Schlegel, imprimées depuis sa mort, montrent cet illustre critique lisant à Paris, en 1815, avec le secours de Bopp, I'llomère de l'Inde, comme il s'exprime, c'est-à-dire la grande épopée de Valmiki (le Râmayâna), qu'il devait expliquer plus tard et traduire avec tant d'éclat, dans la chaire fondée pour lui à l'université prussienne de Bonn.

Bopp, dans ses libres études de près de cinq années parmi nous, ne se borna point à la langue sacrée de l'Inde, à la comparaison des grammaires sanscrites déjà existantes, à la lecture du petit nombre de textes publiés qu'il trouvait sous sa main; il suivait, à l'Ecole des langues orientales et au Collége de France, les cours de persan, d'arabe et d'hébreu, en même temps qu'il dépouillait, dans l'intérêt de ses travaux futurs, les manuscrits de notre grande bibliothèque. Ni la guerre européenne, ni les terribles catastrophes d'alors, n'eurent le pouvoir de le distraire de ses persévérantes recherches, de ses fécondes méditations. C'était, comme on l'a dit, un vrai sage de l'Inde transplanté en France, un ascète de la science, les yeux fixés constamment sur les faits nouveaux qu'il apercevait chaque jour plus clairement. Les seules diversions qu'il se permît l'y ramenaient

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