Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'Institut impérial de France a faite de M. Max Müller, à Oxford, pour remplir la place d'associé étranger devenue vacante par suite du décès de M. Welcker, à Bonn, est approuvée.

ART. II.

Notre Ministre secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait au palais des Tuileries, le 47 février 4869.

Par l'Empereur :

Signé : NAPOLÉON.

Le Ministre secrétaire d'Etat au département de l'Instruction publique.

Pour ampliation :

Signé V. DURUY.

Le conseiller d'Etat, secrétaire-général,

Signé Charles ROBERT.

M. MAX MÜLLER, informé de son élection le jour même, 12 février, mais qui se trouvait absent d'Oxford, n'a pu répondre que le 18 à la lettre qui la lui avait annoncée. Lecture est faite de celle qu'il écrit au Secrétaire perpétuel, et dans laquelle il le prie de se rendre l'interprète de sa profonde gratitude auprès de l'Académie, qui lui a conféré, dit-il, l'honneur le plus grand et le plus apprécié que puisse recevoir un homme dont la vie entière a été consacrée à l'étude de l'antiquité. Quelque peu digne qu'il se sente d'une si haute distinction, il y trouve cependant un puissant encouragement pour continuer ses travaux, et il espère pouvoir en présenter bientôt personnellement les derniers fruits à la Compagnie, en lui renouvelant l'expression de sa reconnaissance.

L'ordre du jour porte la nomination d'un auxiliaire en remplacement de M. Janin, démissionnaire. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL, organe de la Commission des travaux littéraires, rappelle que M. Roulland, archiviste-paléographe, a été, de l'avis de cette Commission, mis à l'essai par MM. de Wailly et Delisle, éditeurs des Historiens de France, pour la rédaction de la table des tomes XIII à XXII du Recueil. Le résultat de cette épreuve lui a

.

été complétement favorable; d'après ce résultat et sa propre déclaration, huit à dix mois doivent lui suffire pour le travail préparatoire afférent à chaque volume. La Commission a donc l'honneur de présenter à l'Académie M. Roulland, comme successeur de M. Janin, si elle veut bien l'agréer. -- Cette proposition étant appuyée, le scrutin est ouvert. Sur 28 votants, M. Roulland obtient 27 voix; il y a un billet blanc. M. Roulland est, en conséquence, nommé auxiliaire des travaux de l'Académie.

M. D'AVEZAC termine la lecture de sa communication sur la découverte de l'Amérique septentrionale par les Cabot, qui fait le sujet d'une lettre adressée à un savant américain.

Au révérend Léonard Woods, docteur ès-lettres et docteur en théologie, ancien président du Bowdoin College, à Brunswick (Maine), Etats-Unis de l'Amérique septentrionale.

CHER MONSIEUR,

Paris, ce 15 décembre 1868.

Vous vouliez bien me rappeler, au mois de juin dernier, que j'avais occasionnellement tenté, plus de dix ans auparavant (dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, d'octobre 1857, note K, pages 266 à 278), d'établir un certain ordre dans les notions confuses et contradictoires qui avaient jusqu'alors été recueillies touchant les voyages de découvertes des deux célèbres navigateurs Jean et Sébastien Cabot, au long des côtes de l'Amérique septentrionale; et la distinction que j'avais proposée, de quatre campagnes successives sous les dates de 1494, 1497, 1498 et 1517, semblait à votre indulgente courtoisie une théorie nouvelle très-plausible.

Mais, depuis que je l'avais énoncée, plusieurs documents nouveaux, dûs principalement aux fouilles de MM. Rawdon Brown et Georges Bergenroth dans les archives de l'Italie et de l'Espagne, avaient vu le jour, et vous paraissaient avoir été généralement considérés comme offrant un argument décisif en faveur de l'opinion commune que c'est en 1497 qu'aurait eu lieu le

premier voyage: du moins était-ce là l'opinion que professaient deux de vos plus doctes compatriotes dans d'érudites observations suggérées par la carte de Sébastien Cabot au moment où il en était offert un exemplaire en fac-simile à la Société américaine des antiquaires de Worcester (Massachusetts); observations qui ont été publiées dans les Proceedings de cette Société pour 1866 et 1867, et que recommandent tout spécialement les noms de leurs auteurs, le révérend Edward E. Hale, de Boston, et M. Charles Deane, de Cambridge; vous y avez ultérieurement ajouté avec raison un autre nom plus considérable encore, celui de M. Georges Bancroft, le grand historien des Etats-Unis, qui dès auparavant avait employé des documents alors inédits dans deux articles biographiques consacrés à Jean et Sébastien Cabot dans la Nouvelle Encyclopédie américaine de Rippley et Dana; et je me trouve aujourd'hui moi-même en demeure d'y joindre un quatrième nom, celui de M. John Carson Brevoort, président de la Société historique de Long-Island, dont il m'arrive enfin, après bien des vicissitudes postales, un mémoire sur le voyage de 1497, imprimé dans le Magasin historique de New-York de mars dernier.

Comme la question est en ce moment à l'ordre du jour devant la Société historique du Maine, qui médite la publication d'une histoire documentée de cet Etat, vous me demandez, de sa part, si je regarde les documents nouveaux auxquels vous faites allusion comme conciliables avec la théorie que j'avais proposée, et dans tous les cas, si mes idées sur ce sujet ont subi quelque modification par suite de nouvelles. recherches faites par moi-même ou par d'autres. Mon opinion mûrement délibérée sur cette question, avez-vous la bonté d'ajouter, aura la plus haute autorité, tant en Europe qu'en Amérique, auprès de toutes les personnes qu'intéresse l'étude des prouesses accomplies par les grands navigateurs de cet âge héroïque des découvertes, mais qu'embarrassent les difficultés de cette étude.

Permettez-moi, cher Monsieur, de vous dire tout d'abord combien la solennité de cet appel m'effraye, et combien l'autorité

de juge que vous semblez en quelque sorte me déférer dans une cause tant controversée, et non suffisamment éclaircie, éveille en mon esprit de sérieuses perplexités. Aussi n'hésité-je point à décliner un rôle si ambitieux, et me bornerai-je à exposer ce que je crois la vérité, sans aucune prétention d'être cru sur parole, et sans m'interdire non plus de risquer, dans les cas de lacune absolue, quelque conjecture explétive se donnant simplement pour ce qu'elle est, et bien humblement soumise à la merci de quiconque n'en voudra point.

Il y a cinq ans déjà qu'à propos d'une édition de l'un des voyages de Jacques Cartier, pour laquelle on me demandait une introduction historique de quelques pages, mon étude fut ramenée sur toute la série des navigations européennes au long de ces côtes d'Amérique où domine aujourd'hui la race anglo-saxonne, depuis les premiers Irlandais précurseurs des Fénians de nos jours, et les Gallois de Madoc ap Owen, et les Scandinaves d'Islande, de Norwége et des Færcer, jusqu'aux Anglais, aux Portugais, aux Français des XV et XVIe siècles. Les explorations des deux Cabot, ainsi reprises au milieu de leur cadre naturel, et de nouveau examinées, me parurent telles que je les avais autrefois reconnues: la Brève et succincte Introduction historique que j'achevais le 12 août 1863, et qui figure en tête du second voyage de Cartier publié par les frères Tross, fut réimprimée en grande partie dans le cahier de juillet 1864 des Annales des voyages de Malte-Brun, où le § (VI) relatif aux Cabot occupe un peu moins de deux pages (77 à 79) et reproduit en un simple récit les résultats que j'avais résumés en 1857 dans le Bulletin de la société de géographie parisienne.

Votre dernier appel m'a fait reprendre à nouveau, avec plus de soin, et d'opiniâtre persévérance à poursuivre les documents originaux, cette histoire des navigations terre-neuviennes de Jean et de Sébastien Cabot : j'en ai ébauché une narration où se doivent encadrer, en leur langue propre, les pièces justificatives de chaque fait ; car la nécessité de ne se fier qu'aux textes originaux m'est démontrée de plus en plus par les trahisons proverbialement reprochées, avec trop juste raison, aux traduc

teurs, et dont il s'est rencontré sur ma route actuelle plus d'un exemple. Mais ces pièces, qu'il faut demander en général aux archives et aux bibliothèques de l'étranger, ne m'arrivent qu'après une attente plus ou moins longue, qui peut retarder beaucoup l'achèvement de ma rédaction. Je ne veux cependant point ajourner plus longtemps une réponse déjà bien tardive, et je me résous à vous mander sommairement l'histoire qui est ressortie pour moi de l'étude, telle que je l'ai pu faire jusqu'ici, des sources originales accessibles à ma curiosité, et pour l'investigation desquelles l'abbé Valentinelli, le marquis d'Adda, M. Buckingham Smith, M. Bergenroth, [M. Rawdon Brown], M. Paul Meyer, m'ont prêté le plus obligeant concours, dont je serais ingrat de ne les pas remercier ici.

J'entre immédiatement en matière.

En un lieu quelconque, plus ou moins obscur, de la rivière de Gênes, sinon dans la cité même des palais, [peut-être précisément à Castiglione], vers le milieu, je suppose, de la première moitié du XVe siècle, était né Jean Cabota, Caboto, ou Cabot, lequel, au commencement de 1460 au plus tard, vint habiter à Venise, s'y maria avec une fille du pays, dont il eut trois enfants, puis, au bout de quinze années de résidence, et du consente. ment unanime du sénat, exprimé par 149 suffrages, obtint du doge (André Vendramino), le 28 mars 1476, sa naturalisation comme citoyen de Venise (privilegium civilitatis de intus et extra). Il s'était, paraît-il, adonné à l'étude de la cosmographie et à la pratique de la navigation: peut-être avait-il recherché les leçons du célèbre cosmographe florentin Paul Toscanelli, et sans doute il avait, dans tous les cas, recueilli, avec l'avidité d'un studieux adepte, les théories professées par le savant vieillard sur la disposition des terres et des mers à la surface du globe: théories qui avaient retenti jusqu'à la cour de Portugal, et y avaient excité une curiosité qu'il satisfit dans une lettre bien connue, adressée de Florence au chanoine Fernam Martins, familier du roi Alphonse V, sous la date du 25 juin 1474, et à laquelle était jointe une carte nautique explicative, représentant l'océan Atlantique borné à l'est par les côtes d'Europe et

9

« ZurückWeiter »