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vrage postérieur au temps de Jésus-Christ, comme aussi aux puranas qui furent certainement composés après cette époque (1).

VI. Dans l'Oupnek-hat (2), abrégé des Védas, traduit du persan en latin, par Anquetil, on trouve des rapprochements surprenants avec nos livres sacrés, sur l'origine du monde, de l'homme et des animaux et sur le paradis terrestre (Histoire de l'Hindoustan).

VII. Maurice fait voir (Opus citatum, t. I, que la cosmogonie indienne s'accorde avec celle des Hébreux, mais toutefois il ne dit pas que les Hindous ont un Purana tout entier sur le paradis terrestre, dont l'histoire est rapportée comme dans la Genèse; ses faits sont les mêmes et leurs conséquences également terribles.

VIII. Jones (Disc. sur l'origine des familles et des nations de l'Asie, Recherches asiatiques, t. III), dans un discours prononcé à la société de Calcutta, déclare que le récit des Védas, sur la création et la chute de l'homme, se rapproche tellement de celui de Moise que ce dernier semble en être l'auteur primitif. Le vénérable président regarde les Puranas comme publiés après la prédication de l'Evangile dans les Indes.

IX. Wilfort (Essai sur les rites sacrés et Recherches asiatiques, t. X) dit « que l'on trouve souvent dans les Védas et dans les Puranas la prédiction de la venue d'un Sauveur, venant de l'Occident (Pour les Indiens, la Palestine est à l'Occident), Sauveur qui dans la pensée des Hindous est Crisna (l'un de leurs dieux), venu de l'Occident s'incarner dans la maison de Yiasu-Devu, près de Muturu.» On lit sur le compte de ce sauveur, une légende en grande partie extraite de l'Evangile apocryphe de l'enfance de JésusChrist (3).

anciens reconnus comme sacrés, ce mot veut dire livre par excellence. Toutefois, il paraîtrait qu'il existe quelques livres sanskrits portant particulièrement ce nom, et postérieurs aux Puranas. Voir Foucher d'Opsonville, Bagavadam.

(1) Ainsi le voient Wilfort, Dissert. sur l'origine et la décadence de la religion chrétienne aux Indes, Recherches asiatiques, tome X; Colebrocke, Dissert. sur les Védas; Recherches asiatiques, tome VIII. Dans le fait, on trouve les traces d'un christianisme, étrangement défiguré, soit par les manichéens qui, après la mort de leur chef, s'étaient répandus dans les Indes, soit par les branies, d'après l'Evangile apoc. de l'enfance de Jésus-Christ, écrit en grec au troisième siècle. Saint Croix, Ezour-Vedam; Maurice, Histoire de l'Ilindoustan, tome II; Anquetil du Perron regarde le Bagavadam, partie du Mahabarat, l'un des Puranas, comme postérieur au troisième siécle; et de Guignes l'islamisme.(Voir le Journal des Savants.)

(2) Sur l'Oupnek-hat, Anquetil du Perron, Oupnekhal, etc., etc., et F. Schlegel, Histoire de la littérature ancienne et moderne.

(3) Le père Bouchet, dans sa lettre à fluet, Lettres édifiantes, t. XI, dit que les Hindous font un sacrifice appelé Ekium, le plus célèbre de tous, dans lequel ils immolent un mouton, où ils récitent une prière portant: Quand est-ce que le Sauveur naîtra ? Quand apparaîtra le Rédempleur ? Et les brames, qui

-

X. Quant à ce qui a trait au déluge, on trouve dans le Purana intitulé Matria (Recherches asiatiques, t. I et II. Mauriec histoire de l'indoustan, t. II. Stolberg, histoire de la religion de Jésus-Christ), que Brama, s'étant endormi, laissa tomber de ses livres le Véda. Un démon s'empara du livre. De là la destruction universelle de toutes choses. Satyaurata, pour préserver les pasteurs, les brames, les livres sacrés, etc., se transforme en poisson, se place dans les mains de Eri, saint roi de ce temps, et, après plusieurs autres prodiges, l'avertit de l'imminence du déluge, lui apprend à faire une arche, à s'y sauver avec sept autres saints et un couple de chaque espèce d'animaux. L'Eri du Matria est bien l'image du Noë de la Genèse.

XI. Dans le Bagavadam (1) dont j'ai déjà parlé, on lit que Satiévareden et sept patriarches par la protection de Vichnou furent sauvés dans un vaisseau dans lequel Satievareden, averti d'a vance, avait réuni des provisions. Le déluge fini, ils sortirent, adorèrent Vichnou et repeuplèrent la terre. Salievareden et Noë ne sont-ils pas une même personne ?

XII. Dans la vie de Jones (2), placée en tête de ses OEuvres, on trouve des fragments d'un livre sanskrit qui indiquent une identité frappante entre Noë et Satieruratu.

XIII. Au témoignage de Saint-Croix (3) le Mateham, autre Purana, contient, en ce sens diverses particularités, relatives au déluge.

XIV. Un Saiter, d'après l'extrait donné par Lord (4) rapporte que les pères par leurs exemples empoisonnés semèrent des germes de corruption et de scélératesse qui se développèrent de telle façon dans leur postérité, que la Divinité offensée, n'écoutant plus que sa colère, les cieux se couvrirent de ténèbres, les éclairs et la foudre éclatèrent d'un pôle à l'aure, la mer s'élevant d'une manière effrayante couvrit la terre d'un déluge par lequel toute la race humaine périt submergée, et ainsi fut terminé le premier âge du monde appelé Curlain. Cependant Dieu se détermina à renouveler l'espèce humaine et à commencer le second age par trois personnes d'une perfection à laquelle on n'avait pas encore atteint (5).

XV. Les livres hindous se taisent sur l'in nocente ivresse de Noë, sur la malédiction prononcée contre Cham, aussi bien que sur la bénédiction de Sem et de Japhet (6).

ne mangent jamais de viande, se partagent et dévorent la victime.

(1) Voir Foucher d'Opsonville et de Guignes, Réflexions sur le Bagavadam.

(2) OEuvres de Jones, t. II. (3) Ezour-Vedam.

(4) Histoire universelle angluise, t. XXIX. Voir aussi l'Ezour-Vedam.

(5) Langlès, dans sa traduction française des Recherches asiatiques, tomes I et II, dans les notes, a cherché à infirmer la tradition italienne sur le déluge; il a été combattu par M. Luchesini, dans le Journal ecclésiastique et littéraire.

(6) Recherches asiatiques, t. II.

XVI. Jones cru trouver dans ces mêmes livres quelques traces de la tour de Babel, mais il est mort avant d'avoir pu éclairer ce fait (1). La conjecture de Jones a été confirmée par Maurice.

XVII On a déjà vu ce que le code de Menu dit de la création de l'homme et de la femme, Jones ne se contentant pas de ces simples inductions prononça devant l'assemblée qu'il présidait, sept discours (2) dans lesquels il s'était imposé la tâche de prouver par l'affinité (3) des langues, des arts et des monuments, par la similitude des traits des différents peuples, de leurs religions, de leurs usages, de leurs doctrines, que toutes les nations étaient primitivement sorties d'une souche commune et que toutes tiraient leur origine particulière de trois rameaux ; d'abord réunies, elles s'étaient ensuite dispersées et avaient formé des familles indiennes, Arabes et tartares; il indique comme point de départ l'Iran (4) ou la Perse qui touche à l'Arménie lieu voisin de celui déterminé par Moïse.

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XVIII. Il faudrait citer Jones en entier pour exposer les arguments sur lesquels il fonde son opinion. En cherchant à les analyser on leur enlève de leur force; je me contenterai donc du peu que j'ai dit et je conclurai avec ses propres paroles (5). Après un examen sérieux, dit-il, des traditions anciennes, voit que l'histoire de Moïse, loin d'être combattue par elles, se confirme au contraire par des arguments à priori en partie très-probables, en partie certains, et nous pouvons done dire que les onze premiers chapitres de la Genèse sont la préface des histoires les plus anciennes que nous ayons, et la plus ancienne n'est pas celle de l'Inde (6).

XIX. Il reste à démontrer que ce n'est pas parce qu'il les a copiés, que Moïse se trouve d'accord avec les anciens écrivains de l'Inde, mais qu'il est, lui, original, ayant reçu ce qu'il dit ou de la révélation ou de la tradition.

XX. Moïse n'a pu se servir des Puranas qui lui sont postérieurs de près de deux mille ans, ni des Védas, ni du code de Menu; car,

(1) Ibidem.

(2) OEuvres de Jones, t. II.

(3) est curieux de voir les noms de Cush, de Misr et de Raum conservés par le sanskrit et révérés par les Hindous, au dire de Jones, ce que Maurice, Histoire de l'Ilindoustan, confirme ainsi : Sur l'autorité de Jones, nous affirmons que les langues primitives de la Chaldée et de l'Inde diffèrent peu, que le nom d'Adam, en racine sanskrite, est Adim ou le premier; que dans le Menu sestudiens on doit reconnaitre le patriarche Neeh ou Noah, que leur grand héros Bali, (ou Beb) appelé par leurs voisins Beso est Baal, et que dans tout ce que l'on a fabuleusement ra conté de Dionisius de l'Inde, s'il y a quoique ce soit de vrai, il faut le rapporter à Rama, fils de Cush, héros adoré dans tout le pays.

(4) Recherches asiatiques, t. III.

(5) Neuvième discours, Recherches asiatiques, t. III. (6) Tout ce que nous avons rapporté comme extrait des livres sacrés de l'Inde, est professé par les brames. (Voir la Lettre du P. Bouchet. Lettres édifiantes, tome XI.)

en supposant même, ce qui n'est pas, que ces livres fussent plus anciens que le Pentateuque, ils ne pouvaient, remplis qu'ils sont d'absurdités repoussées par la simple raison, sur l'humanité et la divinité, lui offrir ces notions si pures et si vraies sur Dieu, l'homme et le monde, que ce livre inspiré nous donne. Si les Puranas, le code de Menu et les Védas s'accordent en quelque chose avec le récit des onze premiers chapitres de la Genèse, un tel accord doit être attribué à la communauté d'origine et à la tradition patriarcale. Les Hindous ne défigurent pas autrement que les autres peuples les faits dans leurs circonstances, n'exagèrent pas plus leurs dates et n'y mêlent pas plus de puérilités indignes de Dieu et de l'homme. Moïse raconte tout, décrit tout avec simplicité et lucidité; il atteint le sublime de la vérité : par ces caractères il se distingue de tous les écrivains humains. Il présente une philosophie plus élevée, une morale plus pure, une importance historique plus considérable que tous les philosophes, les législateurs et les historiens de l'antiquité païenne. Ceux qui opposent à l'autorité des livres hébreux celle des livres indiens et des autres peuples anciens comme contradictoire des premiers en quelque chose, permettront qu'on leur demande comment Moïse a-t-il pu copier de ces livres seulement cela en quoi nous le trouvons d'accord avec eux. Nos adversaires semblent vouloir nous opposer ce dilemme: Les traditions externes ou sont co. traires à Moise, alors Moïse a menti; ou elles sont d'accord avec lui, et alors il les a copiées. D'après ce que nous avons dit, nous pouvons, au moins quant aux Hindous, répondre: Les traditions du monde primitif ou sont telles qu'elles méritent croyance, et alors elles s'accordent avec Moise; où elles lui sont contraires, et alors elles sont indignes de toute foi. Je vais prouver que cette seconde partie du dilemme est vraie par l'examen de la chronologie de l'Inde.

XXI. J'apporterai à l'appui de mon opinion les témoignages des hommes qui se sont le plus occupés des livres hindous, Saint-Croix, Anquetil, Maurice, Jones, Wilfort, Bentley el Dubois; j'invoquerai aussi ceux de Laplace, de Klaproth et de Cuvier.

Saint-Croix (Ezour-Vedam) s'est attaché à faire voir que les calculs des livres indiens, par exemple, du Bagavadam, sur l'antiquité du monde, ne sont que le résultat des rêveries de leurs auteurs; il oppose à leurs périodes une observation de Le Gentil (Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XXXIX), de laquelle il résulte que la quatrième, dite Kaly-Yougam, ou de l'infortune, commence 4929 ans avant l'année 1828.

Anquetil (Description historique et géogra phique de l'Inde) s'est aussi occupé de démontrer que les périodes passées, et spécialement les trois premières, sont simplement ou astronomiques ou imaginaires.

Maurice (Histoire de l'Inde, t. 1) regarde ces périodes comme fabuleuses.

Jones pense que la chronologie suivie par les Hindous (leur chronologie historique) ne

s'éloigne pas de celle de Moïse, et son témoignage sur cette concordance inspire d'autant plus de confiance qu'il déclare que s'il eût trouvé un résultat opposé, il l'eût publié avec la même franchise.

Wilfort et Bentley, associés de l'Académie de Calcutta, qui ont laissé les discussions les plus savantes sur la chronologie des Hindous (Discours sur la chronologie des Hindous: Recherches asiatiques, t. V), observent que quand Mégastène parcourut les Indes peu après l'expédition d'Alexandre, le monstrueux système actuel n'était pas encore imaginé, et cette observation conduit à regarder les Puranas comme postérieurs de plusieurs siècles à Mégastène. Les deux écrivains précités ne regardent aussi les périodes sur lesquelles se basent les antiquités indiennes, que comme astronomiques ou poétiques et nullement comme historiques; amas confus qu'elles sont de fables incohérentes, sans suite, sans lien, enveloppées d'allégories obscures.

Laplace (Exposition du système du monde) a émis l'avis suivant :

Les tables indiennes ont deux époques principales qui remontent, l'une à l'année 3102 avant notre ère, l'autre à 1491. Ces époques sont liées par les mouvements du soleil, de la lune et des planètes, de manière qu'en partant de la position que les tables indiennes assignent à tous ces astres à la seconde époque, et remontant à la première au moyen des tables, on trouve la conjonction générale qu'elles supposent à cette époque primitive. Le savant célèbre dont je viens de parler, Bailli, a cherché à établir, dans son Traité de l'astronomie indienne, que cette première époque était fondée sur les observations. Malgré ses preuves exposées avec la clarté qu'il a su répandre sur les matières les plus abstraites, je regarde comme très-vraisemblable qu'elle a été imaginée pour donner dans le zodiaque une commune origine aux mouvements des corps célestes. Nos dernières tables astronomiques, considérablement perfectionnées par la comparaison de la théorie avec un grand nombre d'observations très-précises, ne permettent pas d'admettre la conjonction supposée dans les tables indiennes: elles offrent même à cet égard des différences beaucoup plus grandes que les er– reurs dont elles sont encore susceptibles. A la vérité quelques éléments de l'astronomie des Indiens n'ont pu avoir la grandeur qu'ils leur assignent que longtemps avant notre ère : il faut, par exemple, remonter jusqu'à six mille ans pour retrouver leur équation du centre du soleil. Mais indépendamment des erreurs de leurs déterminations, on doit observer qu'ils n'ont considéré les inégalités du soleil et de la lune, que relativement aux éclipses dans lesquelles l'équation annuelle de la lune s'ajoute à l'équation du centre du soleil, et l'augmente d'une quantité à peu près égale à la différence de sa véritable valeur, à celle des Indiens. Plusieurs éléments, tels que les équations du centre de Jupiter et de Mars, sont très-différents dans les tables indiennes de ce qu'ils devaient être à leur première époque: l'ensemble

de ces tables, et surtout l'impossibilité de la conjonction générale qu'elles supposent, prouvent qu'elles ont été construites, ou du moins rectifiées dans des temps modernes. C'est ce qui résulte encore des moyens mouvements qu'elles assignent à la lune par rapport à son périgée, à ses nœuds et au soleil, et qui, plus rapides que suivant Ptolémée, indiquent qu'elles sont postérieures à cet astronome; car on sait par la théorie de la pesanteur universelle, que ces trois mouvements s'accélèrent depuis un très-grand nombre de siècles. Ainsi ce résultat de la théorie, si important pour l'astronomie lunaire, sert encore à éclairer la chronologie. Cependant l'antique réputation des Indiens ne permet pas de douter qu'ils aient dans tous les temps cultivé l'astronomie. Lorsque les Grecs et les Arabes commencèrent à se livrer aux sciences, ils allèrent en puiser chez eux les premiers éléments.

Klaproth (mémoire relatif à l'Asie) déclare que les tables astronomiques, auxquelles on avait attribué une antiquité prodigieuse, ont été construites dans le septième siècle de l'ère vulgaire et ont été postérieurement reportées par des calculs à une époque antérieure.

Cuvier (discours sur les révolutions de la surface du globe), membre lui-même de la société de Calcutta, s'exprime ainsi : Les listes de rois que des pandits ou docteurs Indiens ont prétendu avoir compilées d'après ces Pouranas, ne sont que de simples catalogues sans détails ou ornés de détails absurdes, comme en avaient les Chaldéens et les Egyptiens; comme Trithème et Saxon le grammairien en ont donné pour les peuples du Nord. Ces listes sont fort loin de s'accorder; aucune d'elles ne suppose ni une histoire, ni des registres, ni des titres : le fonds même a pu en être imaginé par les poëtes dont les ouvrages ont été la source. L'un des pandits qui en ont fourni à M. Wilfort, est convenu qu'il remplissait arbitrairement avec des noms imaginaires les espaces entre les rois célèbres, et il avouait que ses prédécesseurs en avaient fait autant. Si cela est vrai des listes qu'obtiennent aujourd'hui les Anglais, comment ne le serait-il pas de celles qu'Abou-Fazel a données comme extraites des annales de Cachemire, et qui d'ailleurs, toutes pleines de fables qu'elles sont,ne remontent qu'à quatre mille trois cents ans,sur lesquels plus de mille deux cents sont remplis de noms de princes dont les règnes demeurent indéterminés quant à leur durée.

L'ère même d'après laquelle les Indiens comptent aujourd'hui leurs années, qui commence cinquante-sept ans avant Jésus-Christ, et qui porte le nom du prince appelé Vicramaditjia ou Bickermadjit, ne le porte que par une sorte de convention; car on trouve, d'après les synchronismes attribués à Vicramaditjia, qu'il y aurait eu au moins trois, et peut-être jusqu'à huit ou neuf princes de ce nom, qui tous ont des légendes semblables, qui tous ont eu des guerres avec un prince nommé Saliwahanna; et, qui plus est, on ne sait pas bien si cette année cinquante-sept avant Jésus-Christ est celle de la naissance, du règne ou de la mort de Vicramaditjis, dont elle porte le nom.

Enfin, les livres les plus authentiques des In

diens démentent par des caractères intrinsèques et très-reconnaissables, l'antiquité que ces peuples leur attribuent. Leurs Védas, oulivres sacrés, révélés selon eux par Brama luimême dès l'origine du monde, et rédigés par Viasa (nom qui signifie autre chose que collecteur) au commencement de l'âge actuel, si l'on en juge par le calendrier qui s'y trouve annexé et auquel ils se rapportent, ainsi que par la position des colures que ce calendrier indique, peuvent remonter à trois mille deux cents ans, ce qui serait à peu près l'époque de Moise. Peut-être même ceux qui ajouteront foi à l'assertion de Mégasthènes, que de son temps les Indiens ne savaient pas écrire; ceux qui réfléchiront qu'aucun des anciens n'a fait mention de ces temples superbes, de ces immenses pagodes, monuments si remarquables de la religion des Brames; ceux qui sauront que les époques de leurs tables astronomiques ont été calculées après coup, et mal calculées, et que leurs traités d'astronomie sont modernes et antidatés, seront-ils portés à diminuer encore beaucoup cette antiquité prétendue des Védas?

Cependant, au milieu de toutes les fables braminiques, il échappe des traits dont la concordance, avec ce qui résulte des monuments historiques plus occidentaux, est faite pour

étonner.

Ainsi leur mythologie consacre les destructions successives que la surface du globe a essuyées, et doit essuyer à l'avenir; et ce n'est qu'à un peu moins de cinq mille ans qu'ils font

remonter la dernière. L'une de ces révolutions, que l'on place à la vérité infiniment plus loin de nous, est décrite dans des termes presque correspondants à ceux de Moïse.

M. Wilfort assure même que dans un autre événement de cette mythologie, figure un personnage qui ressemble à Deucalion, par l'origine, par le nom, par les aventures, et jusque par le nom et les aventures de son père.

Une chose également assez digne de remarque, c'est que dans ces listes de rois, toutes sèches, toutes peu historiques qu'elles sont, les Indiens placent le commencement de leurs souverains humains (ceux de la race du soleil et de la lune), à une époque qui est à peu près la même que celle ou Clésias, dans une liste entièrement de la même nature, fait commencer ses rois d'Assyrie (environ quatre mille ans avant le temps présent).

Cet état déplorable des connaissances historiques devait être celui d'un peuple où les prétres, héréditaires d'un culte monstrueux dans ses formes extérieures et cruel dans beaucoup de ses préceptes, avaient seuls le privilége d'écrire, de conserver et d'expliquer les livres ; quelque légende faite pour mettre en vogue un lieu de pèlerinage, des inventions propres à graver plus profondément le respect pour leur caste, devaient les intéresser plus que toutes les vérités historiques, Parmi les sciences, ils pouvaient cultiver l'astronomie, qui leur donnait du crédit comme astrologues; la mécani

si

que qui les aidait à élever les monumen's, gnes de leur puissance et objets de la vénération superstitieuse des peuples; la géométrie, base de l'astronomie comme de la mécanique, et auxiliaire important de l'agriculture dans ces vastes plaines d'alluvion qui ne pouvaient être assainies et rendues fertiles qu'à l'aide de nombreux canaux ; ils pouvaient encourager les arts mécaniques ou chimiques qui alimentaient leur commerce, et contribuaient à leur luxe et à celui de leurs temples: mais ils devaient redouter l'histoire qui éclaire les hommes sur leurs rapports mutuels. Voilà l'opinion de Cuvier, il est donc prouvé que la fabuleuse antiquité de l'Inde est le fruit, ou de la vanité ou de la duplicité, et n'est consacrée que par l'ignorance ou la superstition. Qui osera désormais opposer à. Moïse un système de chronologie historique aussi défectueux que celui des libres.

Dubois (Maurs, institutions et cérémonies des peuples de l'Inde) pense que les trois premières périodes indiennes précédant la quatrième, leur kaly-yougam, n'ont rien d'historique et n'ont été inventées que pour parer la nation d'une antiquité imaginaire. Cet auteur établit que l'année 1825, par exemple, correspond à l'année 4,926 du kaly-yougam, et que tous les documents et les monuments datent de cette période. Le temps, d'après le calcul indien, écoulé entre le déluge et la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ est de 3,162 ans; cette période présente une différence de 770 années avec les calculs de la Vulgate, mais elle se rapproche beaucoup de celle des Septante qui est de 3,258 années, en s'appuyant de l'avis de Tournemine et de quelques autres qui établissent 3,234 entre l'ère chrétienne et le déluge, en rapprochael la période des Septante et le kaly-yougam la différence sera bien petite.

XXII. Ainsi, sæpe premente Deo, fert Deus alter opem. La divine Providence a suscit des hommes d'une science profonde, tant en Europe qu'en Asie, qui sont venus après d'immenses recherches sur la science sacrée des Brames, rendre témoignage en faveur de Moïse contre quelques écrivains qui avaient cru lui opposer les livres hindous. Ainsi se vérifie ce que j'ai d'abord dit de l'accord des livres sacrés de l'Inde avec la version mosaïque, sur la création, l'origine du genre humain, le paradis terrestre, la chute de l'homme, etc., etc., et il en résulte que les récits indiens ne méritent confiance que quand ils s'accordent avec Moïse; ainsi encore les livres hindous viennent augmenter la foi et l'honneur qui sont dus à la Sainte Ecriture, véritable source de la vérité, fondement de toute histoire, seul flambeau qui éclaire sur l'origine du monde, sur l'action divine et sans lequel la science du temps, de Dieu, de l'homme, n'est plus qu'un chaos sans fond, un labyrinthe obscur.

CRITIQUE

DES ANCIENNES LEGISLATURES PAYENNES ET DÉFENSE DE LA LÉGISLATION MOSAIQUE.

1. Les législations anciennes, quelque célèbres qu'elles soient par leur antiquité, la prudence avec laquelle elles furent données, et les peuples qu'elles ont régis, sont-elles d'un or si pur qu'il soit exempt de toute scoric? Voilà ce que nous voulons examiner brièvement. Donnera-t-on à une législation qui ne prescrit point à l'homme les devoirs qui forment la société, les noms de sage et de, arfaite? Car le père, le fils, l'époux, l'épouse, Tartisan, l'agriculteur, le savant, le prêtre, le citadin, le sujet, le prince doivent voir dans la loi en même temps la règle de leurs actions et la défense de leurs droits naturels, et retrouver dans le code de la légis lation la voix de la nature elle-même, ou plutôt de son auteur. La loi qui ne serait pas l'écho parfait de cette voix qui (Cicéron, pro Milone), venant du Législateur suprême, se fait entendre au cœur des hommes de toutes les nations, serait nulle par cela même. Ce sera donc toujours un grand défaut pour une législation de prescrire et de déterminer tous les devoirs de l'homme vis-à-vis de lui-même et de la société, des nations entre elles, et de ne pas se mettre en peine des devoirs que la reconnaissance et la soumission inspirent à l'égard du père commun, ce qu'elle ne peut faire qu'en établissant un culte correspondant à la nature de Dieu et à la nature de l'homme. Bien plus, ne pas donner à une nation une religion présentant Dieu comme exemple et loi de toute vertu, censeur de toutes les actions humaines, punissant ou récompensant dans son infinie justice; une religion (Warburton, Union de la religion et de la politique), en un mot, qui soit l'honneur, l'appui et la vie de l'homme et de la société : ce serait une omission coupable. Platon (Epinom.) a donc eu lort dans son temps de défendre au législateur de porter la main sur la religion, dans la crainte de ne pas lui en substituer une plus certaine; car si cette défensc est fondée quant à la religion chrétienne, qui, considérée en elle-même, dans ses fondements et dans son établissement, se présente comme l'unique croyance qui corresponde à la nature de Dieu et de l'homme, jamais précepte n'a été plus faux dans le temps de Platon, où le législateur ne devait craindre en aucune façon de trahir la vérité, ou de déshonorer l'humanité, ou d'offenser la Divinité, en substituant à l'idolâtrie le monothéïsme, à la prostitution et au vice encensés sur les au tels la pudeur et la vertu, et au fatalisme l'idée d'une Providence céleste.

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II. Pesez aussi les législations des peuples et des nations qui eurent un nom avant la venue de Jésus-Christ, et comparez-les avec les lois d'un peuple pour ainsi dire séquestré DEMONST. EVANG. XIV

du reste du monde, adonné aux soins de ses terres, opprimé souvent par des nations plus puissantes que lui, parmi lesquelles il vivait; d'un peuple que la philosophie et la littérature des sages de la Grèce et du Latium n'ont pas faussé; avec, dis-je, la législation donnée par Moïse au peuple hébreu, dans un temps où les peuples les plus renommés pour leur science et leur littérature languissaient encore dans leur berceau, et où le nom (Le juif Josèphe, cont. Ap. l. II, 21, 15) de législation n'avait pas encore été prononcé, et vous verrez combien elle est éloignée des défauts des autres législations, et vous serez obligé, même seulement à cause de cela, de la croire l'œuvre de Dieu.

III. Nous commencerons par exposer quelques-uns des énormes défauts des législations antiques, puis nous essayerons de défendre Moïse des fautes qu'on lui impute à tort; nous regretterons de ne pas avoir le temps de faire voir toute la valeur de sa législation considérée comme militaire, civile, criminelle, sanitaire et religieuse. Quel temps ne faudrait-il pas consacrer au seul Décalogue, dont Filangieri (Scienza della legislat., t. 1) a si justement dit:// contient en peu de préceptes ce qu'à peine cent codes de morale pourraient renfermer. Là, continue Filangieri, les devoirs de l'homme envers Dieu,envers lui-même, envers les autres hommes, sont admirablement définis. Le culte intérieur et extérieur qu'il prescrit est plein de pureté et de piété. Là la superstition et l'idolatrie sont également proscrites. La paix des familles, l'honnêteté conjugale, la tranquillité publique sont là avec leurs conséquences. Qui ne voit de quelle utilité peut être à la législation un modèle aussi parfait? Goguet (Origine des lois, des arts, etc., t. III) dit aussi que les seuls préceptes du Décalogue renferment, avec la plus sublime vérité, plus de maximes propres à assurer le bonheur des hommes que tout le reste des écrits de l'antiquité profane. Quoi de plus? On emplirait un vaste traité avec ces deux commandements seuls: Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toutes les forces (Deut. VI); aime ton prochain comme toi-même : je suis le Seigneur (Jér., XIX). Jésus-Christ (Matt., XXII).n'a-t-il pas dit que ces deux préceptes sont toute la loi et les prophètes? Et le grand saint Augustin (Ad Volusian. 1. XXXVII) n'at-il pas écrit: Quæ disputationes, quæ litteræ quorumdam philosophorum: quæ leges quarumlibet civitatum duobus præceptis, ex qui us Christus dicit totam legem prophetasque pendere, ullo modo sint comparanda? Diliges etc. Hic Physica, quoniam omnes omnium naturarum cause, in Deo Creatore sunt. Hic ethica, quoniam vita bona et honesta non aliunde (Quinze.)

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