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cune oreille favorable aux prières qu'ils font pour nous, et nous accorde, à leur considération, beancoup de faveurs; c'est pourquoi nous croyons qu'il est bon et utile d'implorer leur intercession. Ce genre d'invocation pent-il être plus injurieux pour le Christ, notre médiateur, qu'il ne l'est pour un chrétien de réclamer les prières d'un autre ici-bas sur la terre? Toutefois on enseigne aux catholiques de ne pas tellement se reposer sur les prières des antres, qu'ils négligent leurs propres devoirs envers Dieu; on leur apprend à implorer sa divine miséricorde et son infinie bonté en mortifiant les œuvres de la chair, en méprisant le monde, en aimant et servant Dieu et leur prochain, et marchant sur les traces du Christ, notre Seigneur, qui est la voie, la vérité et la vie.

Un autre point sur lequel les catholiques ont aussi constamment et avec aussi peu de succès repoussé les idées grossières qui leur sont imputées, est leur vénération pour les saints tableaux et les saintes images, vénération qu'ils leur rendent, ‹non qu'ils croient, dit le concile de Trente, qu'il y ait dans ces tableaux ou images aucune divinité et aucune vertu qui les doive faire bonore; ou qu'on doive leur demander quelque chose, ou mettre en eux quelque confiance, com e le faisaient a trefois les gentils à l'égard de leurs idoles ; mais parce que l'honneur rendu aux images se rapporte aux originaux qu'elles représentent. Dans le catéchisme des citholiques romains on fait cette question: Les catholiques prient-ils les images? Voici comme on y répond: Non, ils ne les prient point, › et l'on en apporte pour raison: Qu'elles ne peuvent

ni nous voir, ni nous entendre, mi nous secourir. › Bien loin done d'admettre l'adoration des images, les cathol ques sont dans l'usage de répéter toutes les semaines le ps. XCVII, dans lequel se trouvent ces expressions énergiques : Confundantur omnes qui adorant sculptilia, et qui gloriantur in simulacris sni-; et tous les dimanches, aux vêpres, ils répètent le ps. CXV, qui représente également les idoles comme une source de malédictions pour ceux qui les adorent: Similes illis ( idolis ) fiant qui faciunt ca, et omnes qui confidunt in eis.

Le grand Leibnitz explique et défead ainsi philoSophiquement le respect rendu aux images par les catholiques : Posito igrur nullam aliam admitti venerationen imaginum quam quæ sit veneratic pro totypi coram imagine, non magis in ca erit idololatria quam in veneratione que Deo et Christo exhibetur, sanctissimo ejus nomine pronuntiato. Nam et nomina sunt note et quidem imaginibus longe inferiores, rem enim multo minus representant............ Coram imagine externa adorare non magis reprehendendum e-se quam adorare coram imagine interna quæ in phantasa nostra depicta est: nullus enim alius usus extern:c imaginis quam ut interna expressior fiat (Syst. theolog.).

L'archevêque Wake, cité par Middleton, dit : « Qu'il ne se faisait point de scrupule de déclarer que par rapport aux honneurs dus aux reliques authentiques des martyrs ou des apôtres, aucun protestant ne ‹ saurait leur refuser le respect qui leur était rendu par les Eglises primitives. ›

Je ne nie pas que les saints ne soient des médiateurs de prière et d'intercession pour tous en général. Ils s'interposent auprès de Dieu par leurs ⚫ intercessions et se portent pour médiateurs par leurs prières (L'évêque Montagne, Antidote). ■

J'avoue, en vérité, que cela ne fait aucun tort à ♦ la médiation du Christ (Montagne, De l'invocation ‹ des saints). ►

Ce n'est point une impiété de dire comme les papistes le fout: Sainte Marie, priez pour moi.

ce même passage: « De là on peut conclure que le même homme est en partie sauvé et Assurément, s'il m'était donné d'approcher des saints, je dirais volontiers et sons balancer un instant: Saint Pierre, priez pour moi. Je courrais à eux les bras étendus, et, tombant à genoux, je les conjurerais de prier pour moi. Je ne vois point qu'il soit absurde en soi, ou contraire à l'Ecriture, et encore moins impie de dire : Saint Ange gardien, priez pour moi (Ibid.). ›

J'avoue qu'Ambroise, Augustinet Jérôme croyaient l'invocation des saints légitime (Fulke, nouvelle ré‹ plique à Bristow). ›

Il est reconnu que tous les pères tant de l'Eglise grecque que de l'Eglise latine, Basile, Grégoire de Nazianze, Ambroise, Jérôme, Augustin, Chrysostome. Léon, et tous ceux qui les ont suivis, s'a‹ dressaient aux saints et imploraient leur assistance (Thorndyke, épilogue).

SACRIFICE EUCHARISTIQUE.

Non-seulement le sacrifice de la cène est propitiatoire, et peut s'offrir pour la rémission de nos futes journalières; mais il est encore impetratoire, et peut légitimement s'offrir pour obtenir toutes sories de biens. Quoique l'Ecriture ne nous dise point cela en termes exprès, néanmoins les saints pères, d'un consentement unanime, ont ainsi interprété les Ecritures, comme plusieurs l'ont démontré et qu'il est évident pour tout le monde (L'évêque Forbes, de l'Eucharistie)

Il vous parait étrange qu'un sujet d'une aussi haute importance que je semble vouloir vous représenter ce sacrifice, trouve si peu de témoignages en sa faveur dans la parole de Dieu et dans l'antiquité, et ne repose que sur quelques conjectures. Quant à l'Ecriture, si vous voulez y chercher le nom de sacrifice, je vous dirai qu'on n'y trouve point non plus le nom de Sacrement ou d'Eucharistie, dans le sens que nous lui donnons, pas plus que le mot ducobstes; mais la chose n'y est elle pas néanmoins? Quand vous dites qu'on trouve si peu de témoignages dans l'antiquité, je ne peux m'empêcher de penser que celle assertion est beaucoup plus étrange que mon opinion ne saurait vous le paraître. Car, qo'y a til dans le christianisme qui soit appuyé sur un plus grand nombre de témoignages de l'antiquité que ce dogme ? Le calviniste Eusèbe Altkircher a fait imprimer à Newstadt, dans le Palatinat, en 1584 et 1591, un livre intitulé: De mystico et incruento Ecclesiæ sacrificio, dans lequel il dit: Ce fat to jours l'opinion fixe, constante, commune et unanime de tous les anciens Pères de l'Eglise, que le mémorial de la ‹ passion et de la mort du Christ, institué par lui dans la Cène, renfermait aussi en lui-même l'institution d'un sacrifice (Mède, Lettre à Twisse), ▸

Je suppose que tous les protestants vondront bien avouer que le sacrifice du Christ avait pour but l'expiation du péché; s'il en est ainsi, ils ne peuvent trouver étrange qu'il ait été offert avant qu'il fût mis à mort; et cela par le prêtre lui-même, car il est clair que c'était là l'ordre prescrit anciennement par Moise. On montrera tout à l'heure que le corps et le sang du Christ devaient être un sacrifice de consécration aussi bien que d'expiation, et que, par conséquent, le temps propre de les offrir était avant qu'il fût réellement molé en sacrifice..... Et si le Christ s'est donné ou offert dans l'Eucharistie, je présume que je n'ai pas besoin de prouver que les prètres doivent faire ce qu'il fit alors. Nous avons un commandement exprès de faire ou d'offrir ceci en mémoire de lui, et j'ai suffisamment démontré que tel a été le sentinient constant el unanime de la primitive Eglise pendant les quatre premiers siècles après le Christ (Johnson, Sacrifice non sanglant). ›

On trouve dans Ecriture, dans les paroles

en partie condamné. » Ailleurs encore, dans un commentaire sur cette Epitre de l'apôtre, il remarque que « l'apôtre a dit: Il sera sauvé mais comme par le feu, afin qu'on entende qu'il n'arrivera pas au salut sans peine. Il montre qu'il sera en effet sauvé, mais qu'il endurera la peine du feu et sera ainsi purifié; non comme les incrédules et les méchants qui seront punis dans un feu éternel. » (Comment. in 1 Ep. ad Corinth.)

De la même manière et d'après les mêmes vues, saint Hilaire (et Origène paraît avoir été du même sentiment) soutient qu'après le jour du jugement, tous, la bienheureuse Vierge elle-même, doivent également passer par le feu pour être purifiés de leurs péchés. Le système de la pénitence canonique (1),

mêmes de l'institution, une preuve encore plus évidente du commandement qui nous est fait d'offrir à Dieu le paia et le vin, lorsque nous célébrons la sainte Eucharistie: Faites ceci en mémoire de moi. Le docteur Hickes, dans son Sacerdoce chrétien, p. 58, etc., prouve, par un grand nombre d'exemples, que le mot noɛiv, faire, signifie aussi offrir, et se trouve souvent employé en ce sens par les auteurs profanes et par les traducteurs grecs de l'Ancien Testament. Il en est de mème du verbe Latin facere Je vais citer quelques-uns de ces exem ples, et ceux qui en désirent un plus grand nombre peuvent consulter le livre du docteur Hickes.

llérodote. I. I, cap. xxx, dit: Sans un des mages, il ne leur est pas permis, #ʊiv, d'offrir un sacrifice. Et dans la version des Septante de l'Ancien Testament, qui, e ne le savent tous les savants, est suivie par les écrivains du Nouveau Testament, même lorsqu'ils rapportent les paroles et les discours de notre Sauveur, il est employé de cette manière. Ainsi, par exemple (Exod. XXIX, 56):

Vous offrirez, once, un veau; vers. 38: C'est là ce que, notte, vous offrirez sur l'autel; — 34, ROUGES, Vous offrirez un de ces agneaux le matin, et l'autre, vous l'offrirez', notes, le soir. Ainsi ◄ encore, Exode, X, 25. Le mot qui dans tous ces passages cat traduit par offrir, et dans ce dernier par sacrifice, et qui, dans ces endroits, et dans beaucoup d'autres, ne saurait avoir un autre sens, • est précisément le mot même qui, dans l'institution de Eucharistie est traduit par faites. Que dis-je ? nos traducteurs anglais ne se sont-ils pas aussi • quelquefois servis du mot do, faites, en ce sens (celui de sacrifer). Ainsi entre autres, Lév. IV, 20. En cet endroit la version anglaise emploie le mot do, faire, pour dire sacrifier... Que les paroles de l'institution, Touto molite, doivent être ainsi entendues dans le sens d'un sacrifice, c'est ce qui ré⚫sulte évidemment du commandement qui regarde le calice; il est dit : Faites, moire, ceci, toutes les fois que vous le boirez, en mémoire de moi. Car, à moins d'entendre ces paroles en ce sens, il n'y aurait là qu'une redite inutile; mais en les traduisant comme je viens de le dire, eiles auront un sens raisonnable et signifierout offrez ceci, faites de ceci une oblation on une libation, toutes les fois que vous le boirez, en mémoire de moi, ce sens est très bon. ‹ Un prêtre est donc nécessaire et essentiel pour ‹la légitime administration de ce sacrement (D. Brett., de l'Euchar.). »

(1) Comme en ce monde, l'abus de toutes les bonnes choses en suit aussi naturellement l'usage, que l'ombre suit la lumière, on ne doit guère être surpris de voir que le sacrement de Pénitence ait été si étrangement détourné de son véritable but et de son véritable esprit par les catholiques lâches des temps passés, asi qu'il l'est encore maintenant et le sera toujours

dont la confession forme une des parties les plus importantes, était, comme nous l'apprend l'historien Socrate, mis en vigueur par les évêques de Rome, dès les premiers temps du christianisme; et la pénitence publique de l'empereur Théodose, dans la grande église de Milan, prouve avec quelle déférence on continua à se soumettre à ces lois spirituelles lorsque le christianisme fut devenu la religion de l'empire. Et cependant combien n'étaient pas différentes les idées qu'avaient les premiers chrétiens sur le repentir, de celles qui ont été enseignées depuis par les apôtres de la réforme, qui, en abolissant la confession, le jeûne de la pénitence, etc., et s'af franchissant de toutes ces obligations pénibles et humiliantes de s'accuser soi-même et de faire pénitence, que 1 Eglise catholique a, dans tous les temps, imposées à ses enfants égarés et coupables, semblent n'avoir eu d'autre pensée que de complaire au pécheur et de lui rendre le chemin du salut court et facile. « Il y a encore, dit Origène, un moyen plus pénible et plus difficile d'obtenir le « pardon du péché, la pénitence, lorsque le « pécheur arrose sa couche de ses larmes, et «ne rougit pas de découvrir son péché au

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prêtre du Seigneur et d'en demander le re« mède (1). C'est ainsi que s'accomplit ce que « dit l'apôtre: Y a-t-il parmi vous quelqu'un a de malade, qu'il fasse venir les prêtres de « l'Eglise (Jacq., V, 14). »

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Il est dit de saint Ambroise, par son secrétaire et biographe, que « toutes les fois que quelqu'un venait lui confesser ses fautes avec « des sentiments de pénitence, il pleurait si « amèrement qu'il arrachait des armes au a pécheur lui-même, il semblait prendre part à tous ses actes de repentir; mais quant • aux occasions et aux causes des crimes « qu'ils confessaient, i ne les révélait qu'à « Dieu, auprès duquel il leur servait d'inter«cesseur, laissant ce bon exemple à ses suc<«< cesseurs dans le sacerdoce, afin qu'ils se << rendissent les intercesseurs des pénitents << auprès de Dieu, et non leurs accusateurs « devant les hommes. » Paulin. in vita Ambr. Les écrits de cette époque abondent en réflexions touchantes sur le devoir sacré et dé

jusqu'à la fin des siècles par cette même classe de catholiques. Voici comment saint Ambroise signale et condamne ces fausses idées de la Pénitence de son temps: Il en est qui demandent la Pénitence pour être promptement rendus à la communion. Ils ne désirent pas tant être déliés que de lier le prêtre; car ils ne déchargent pas leur conscience, et ils chargent la sienne... Ainsi vous verrez des gens qui se présentent en habits blancs, qui devraient être dans les larmes pour avoir souillé cette couleur de grâce et d'innocence. Il en est d'autres qui, pourvu qu'ils s'abstiennent des sacrements, s'imaginent qu'ils font pénitence; d'autres encore se pro; osant de faire plus tard pénitence, en concluent qu'il leur est permis de se livrer au crime, ne faisant pas attention que la pénitence est le remède du péché, et non une excitation au péché ( De Poenit., lib. 11, c. 9). ›

(1) Saint Augustin dit aussi : Notre Dieu, qui est plein de miséricorde, veut que nous nous confessions en ce monde, afin que nous ne soyons pas confondus dans l'autre (Homil. XX).,

licat que le confesseur a à remplir, et le baume consolant qu'il peut appliquer aux cœurs blessés et repentants. « Montrez-moi « des larmes amères, dit saint Grégoire de « Nysse, afin que je puisse mêler mes lar«mes aux vôtres. Faites part de vos peines « au prêtre, comme à votre père, il sera touché de compassion de votre misère. Dé« couvrez-lui sans rougir ce qui est caché, « révélez-lui les secrets de votre âme, com«me si vous montriez au médecin une mala→ « die secrète, il aura soin à la fois de votre « honneur et de votre guérison. » (Sermo de Pænitent.).

Combien de fois, en lisant ces passages, n'ai-je pas rappelé à mon souvenir les jours innocents de ma foi papiste, où, lorsque l'époque régulière des confessions était arrivée, j'avais coutume de partir de grand matin pour me rendre à la chapelle de..., tremblant de frayeur à la vue de la tâche que j'avais à remplir, mais fortement résolu cependant de déclarer mes fautes, même les plus humiliantes, sans le moindre déguisement? Oh! que je me rappelais vivement même alors le moment où, prosterné à genoux auprès du confessionnal, et sentant mon cœur battre plus vite à l'instant où s'ouvrait la coulisse placée au côté du confessionnal, j'apercevais la douce et vénérable figure du bon père O'H***, qui se penchait pour entendre le récit de mes péchés que je lui déclarais à voix basse! Le regard paternel du vénérable vieillard, la douceur de sa voix lors même qu'il me réprimandait, l'espoir encourageant qu'il me donnait d'obtenir mon pardon, com me récompense de la contrition et du changement de vie, tous ces souvenirs se représentaient alors à mon esprit, dans toute leur fraîcheur, au moment où je lisais le touchant langage employé par quelques-uns des Pères sur ce sujet; langage dont voici un échantillon, tiré des homélies d'Origène, composées lorsque le christianisme n'avait encore guère plus de deux cents ans d'existence, et qui peut s'appliquer tout aussi bien à tant de confesseurs catholiques de nos jours que s'il ne datait que d'hier. «Que le pécheur examine seulement « avec soin quel est celui à qui il doit confes«ser son péché, quel est le caractère du mé« decin; si c'est un homme qui sache être « faible avec les faibles, qui pleure avec ceux « qui sont affligés, qui comprenne la manière de sympathiser et de compatir aux peines a des autres, afin qu'une fois que vous con« naîtrez son habitude et que vous aurez fait « l'expérience de sa tendre charité, vous puis << siez suivre les avis qu'il vous donnera (Homil. II, in Ps. XXVII). » — « Si nous dé« couvrons nos péchés, non-seulement à Dieu, a mais encore à ceux qui peuvent ainsi appli« quer des remèdes à nos plaies et à nos iniquités, nos péchés seront effacés par celui qui a dit : J'ai dissipé vos iniquités comme « un nuage, et vos péchés comme un brouil« lard (Homil. XVII, in Lucam). »

Ombre de mon vénérable pasteur, ah! si tu avais pu abaisser un regard sur moi, au moment où j'étais ainsi au milieu de mes in

folio, que ton cœur, si plein de douceur et de bonté eût été profondément affligé de voir celui qui, aux jours de son enfance, venait se présenter si humblement à ton confessionnal, et que tu as quelquefois condamné à réciter, pour pénitence de ses péchés, les sept psauines de la pénitence chaque jour; de le voir, dis-je, oubliant sitôt la docilité de ces jours de foi humble et soumise, oser s'ériger, Dieu ait pitié de lui, en controversiste protestant ! CHAPITRE X.

L'Eucharistie. - Une lueur de protestantisme.

Type, figure, signe, etc. Cette lueur disparaît de nouveau. Saint Cyrille de Jérusalem. Saint Cyprien. - Saint Jérôme. Saint Chrysostome. Tertullien.

En passant en revue les doctrines papistes, qu'on rencontre dans lestroisième et quatriè me siècles, j'en ai réservé, comme on a pu le remarquer, une des plus importantes, celle de l'Eucharistie, pour la traiter à part. Le motif qui m'a fait ainsi agir n'est pas simplement là haute importance de la chose en ellemême, mais bien parce qu'il n'y avait que sur ce seul point que je croyais pouvoir me flatter d'avoir découvert quelques légères lueurs de ce christianisme protestant dont j'étais en recherche.

Pour les deux premiers siècles, je le voyais clairement, il fallait les abandonner comme désespérés le langage employé sur ce sujet par saint Ignace, saint Justin, martyr, et saint Irénée, m'avait pleinement convaincu qu'en ces temps apostoliques l'interprétation papiste ou littérale de ces paroles: Ceci est mon corps, était la doctrine reçue, et que les chrétiens de la primitive Eglise croyaient non-seulement à la présence réelle et corporelle, mais encore au changement miraculeux de substance après la consécration. Cependant, dans l'état où se trouvaient alors mes espérances, abattues et alors grandement refroidies, je me serais volontiers et avec joie contenté d'un seul trait de protestantisme, fûlil même de bien moins ancienne date. Aussi fut-ce avec une bien vive satisfaction que je trouvai, dans quelques-uns des écrivains du troisième siècle, les mots type, antitype, figure, etc., employés en parlant de l'Eucharislie je croyais y voir un moyen d'échapper aux difficultés de la présence réelle, pour m'attacher uniquement à cette présence vague et figurative, qui n'a plus rien de miraculeux et que les protestants ont adoptée, d'après le principe qu'il faut rendre la foi aisée.

Toutefois la satisfaction que m'avait procurée cette découverte ne fut pas de longue durée. D'abord je ne tardai pas à m'apercevoir que l'emploi des mots type, antitype figure, n'est pas restreint à ces quelques Pères, sur l'autorité desquels les protestants ont coutume de s'appuyer, mais que ces mêmes termes ont été également appliqués à l'Eucharistic par plusieurs écrivains dont les véritables opinions sur la nature de ce sacrement sont bien connues pour être aussi

nettement prononcées en faveur de la transsubstantiation qu'un cœur papiste le peut désirer. Ainsi le grand catéchiste, saint Cyrille de Jérusalem, qui, en exprimant ses sentiments au sujet de la présence réelle, va aussi loin que Rome soit jamais allée, n'en applique pas moins à l'eucharistie le mot type, et de manière même à paraître justifier l'opinion de ceux qui pensent que ce terme, tel qu'il est ici employé par les Pères, ne désigne que les apparences extérieures, ou accidents, des éléments eucharistiques. « Sous le type du pain, dit saint Cyrille, on te donne le corps, et sous le type du vin on te donne le sang (1). » De même dans une des liturgies qui sont attribuées à saint Basile, on trouve le pain et le vin offerts sous le nom d'antitypes, tandis que dans la prière qui suit, on invoque le Saint-Esprit, le priant de bénir les dons et de faire (2) du pain le corps de Jésus-Christ, et du vin son sang.

Si l'on peut croire à l'authenticité d'un passage cité par Bullinger, et extrait par lui d'un manuscrit d'Origène, je ne vois point de raison de douter de la bonne foi de ce réformateur, en cette circonstance: il paraîtrait qu'Origène prévoyait l'hérésie qui devait un jour s'élever sur ce point: car il cherche à prémunir les fidèles contre cette hérésie, en se reportant aux propres expressions du Sauveur. « Il n'a pas dit, observe Origène, ceci est un symbole, mais ceci est mon corps, voulant marquer par là que personne ne devait supposer que ce ne fût qu'un simple type (3). » Un autre passage, qui exprime la même chose en des termes encore plus forts est pareillement cité par ce même savant protestant, Bullinger, comme extrait des écrits de Magnes, prêtre de Jérusalem, qui florissait dans le troisième siècle. « L'Eucha<<ristie n'est point un type du corps et du sang, « comme l'ont voulu dire quelques hommes ❝ faibles d'intelligence, mais bien le corps et « le sang (4). »

Au reste, quoiqu'on puisse penser de l'authenticité de ces passages, je vis, à mon grand chagrin, que l'opinion catholique sur cette matière, n'avait pas besoin du secours de ces autorités douteuses. Car, bien loin de considérer l'Eucharistie comme purement typique ou symbolique, les premiers chrétiens, au contraire, pensaient qu'elle était l'accomplissement ou la réalité de ce qui n'avait été que typique sous l'ancienne loi. Dans le pain et le vin offerts par Melchisédech, le prêtre du Dieu Très-Haut, ils voyaient la figure ou l'ombre du sacrifice qui devait être institué, avec les mêmes éléments, dans l'Eucharistie; le type, en un mot, du grand mystère dont l'Eucharistie est la réalité et la vérité. « Afin que la bénédiction donnée à (1) Ἐν τύπῳ γὰρ ἀρτου διδόται σοι σῶμα καὶ ἐν τύπῳ οἰνοῦ διδόται σοι αίμα.

(2) Avaôɛía, qui, comme le reconnaît Suicer, signifie ici rendre ou faire.

(3) Οὐ γὰρ εἶπε Τοῦτό ἐστι συμβόλον, ἀλλὰ Τοῦτό ἐστι σῶμα δεικτικῶς, ἵνα μὴ νόμιζῃ τις τύπον εἶναι. (4) Οὐκ ἔστιν Εὐχαριστία τύπος τοῦ σώματος καὶ τοῦ αἵματος, ὥσπερ τινὲς ἐῤῥαχωδήσαν πεπηρώμενο: τὸν νοῦν, μᾶλλον δὲ σῶμα καὶ αίμα. Advers. Theost.

« Abraham fût dignement célébrée, dit saint
a Cyprien, elle dut être précédée de la réprésen.
«tation du sacrifice de Jésus-Christ dans l'of-
« frande du pain et du vin. Notre-Seigneur
« étant venu réaliser et accomplir cette figure.
« s'est offert lui-même dans le pain et le vin; et
« c'est ainsi que lui, qui est la plénitude,
«a accompli la vérité figurée dans l'image (Ep.
a 63, ad Cæcilium). » Envisageant aussi les
pains de proposition qui s'offraient dans le
temple des Juifs, comme une figure de l'eu-
charistie, saint Jérôme s'exprime ainsi : « Il
y a autant de différence entre les pains
offerts à Dieu dans l'ancienne loi, et le corps
de Jésus-Christ, qu'il y en a entre l'ombre et
le corps, entre l'image et la vérité (Com-
ment. in Ep. ad Titum). »

Puis donc qu'il est évident que la croyance des chrétiens orthodoxes des premiers siècles était que l'Eucharistie avait été figurée dans les offrandes de l'ancienne loi (1), prétendre qu'ils ne voyaient qu'un type dans ce sacrede n'en faire qu'un type de type, une ombre ment, ne serait-ce pas leur prêter l'absurdité d'ombre (2), rabaissant ainsi l'idée qu'ils avaient de l'importance de cette institution à un degré d'estime moins élevé encore et plus insignifiant que ne l'ont fait les sacramentaires et les arminiens de nos jours. Mais que tel ne fût pas sur ce point l'état des choses, qu'il en fû même tout autrement, c'est ce que je viens de montrer clairement; et nous verrons tout à l'heure, en citant le langage toujours si brillant de saint Chrysostome, sur ce sujet, combien leur était pré

(1) Saint Clément d'Alexandrie, entre autres, dit expressément que Melchisé dech distribua le pain et le vin, comme une nourriture consacrée pour • être un type de l'Eucharistie : Τὴν ἡγιασμένὴν διδοῦς Ο τρόπην εἰς τύπον εὐχαριστίας (Strom., I. IV.),

(

(2) Dans un certain sens, et en tant que cela n'affecte et n'altère en rien la foi en la présence réelle, les catholiques peuvent très-bien, et sans se rendre nullement inconséquents, appliquer à l'Eucharistie les mots figure ou symbole, puisque tout sacrement, en tant que sacrement, doit être un signe extérieur, et par conséquent une figure ou symbole. C'est en ce sens que Pascal entend les termes en question lorsqu'ils sont employés par les l'ères; et, comme la manière dont un si grand homme a traité un point de foi si vivement disputé, ne peut manquer d'offrir de l'intérêt, je vais rapporter ici ses propres paroles, qui portent un caractère si marqué de clarté : « Nous croyons que la substance du pain étant changée en celle du corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il est présent réellement au saint Sacrement. Voilà une des vérités. L'autre est que ce sacrement est aussi une figure de la croix et de la gloire, et une commémoration des deux. Voilà la foi catholique, qui comprend ces deux vérités qui semblent opposées. L'hérésie d'aujourd'hui ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et là présence de JésusChrist et sa figure, et qu'il soit sacrifice et commémoration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre une de ces vérités sans exclure l'autre. cette raison, ils s'attachent à ce point, que ce sacrement est figuratif, et en cela, ils ne sont pas hé rétiques. Ils pensent que nous excluons cette vérité, et de là vient qu'ils nous font tant d'objections sur les passages des Pères qui le disent. Enfin, ils nient la présence réelle, et en cela ils sont hérée ques (Pensées, seconde partie ). ›

Par

cieuse l'assurance qu'ils avaient, qu'à la place des types et des ombres de l'ancienne loi, ils possédaient, dans le sacrifice de la loi nouvelle, la réalité et la substance (1). Après avoir dit que l'Eucharistic est l'accomplissement de la Pâque figurative, il parle ainsi : « Combien ta sainteté ne doit

elle pas être plus grande, ô chrétien, toi, « qui as reçu des symboles plus augustes « que n'en contenait le saint des saints: car a ce n'est pas un chérubin, mais le Seigneur « des chérubins, qui habite en vous; vous « n'avez point l'urne, ni la manne, ni les « tables de pierre, ni la verge d'Aaron, mais « le corps et le sang de Notre-Seigneur (in « Psal. CXXXIII).» Ailleurs (Hom. XLVI), il dit encore: « Ce sang, même en figure, « effaçait le péché. S'il avait tant de pouvoir « dans le type même (2), si la mort était ef« frayée à ce point par l'ombre, dites com« bien ne doit-elle pas être effrayée davan◄ tage par la vérité elle-même. Oui, les mya stères de l'Eglise sont vraiment terribles; << oui, nos autels sont vraiment terribles ! » Il est vrai que les mots type, figure, signe, etc., ne se trouvent appliqués à l'Eucharistie ni dans les Ecritures, ni dans aucun des écrivains chrétiens orthodoxes des deux premiers siecles. Dans les Ecritures, les éléments eucharistiques sont ordinairement désignés par les termes corps et sang; et ce même langage, simple et sans équivoque, passe des apôtres à leurs successeurs immédiats dans l'Eglise chez eux, les expressions offrir, recevoir, manger et boire le corps et le sang de Jésus-Christ étaient des phrases aussi familières que le sont chez nous celles de recevoir le sacrement, ou administrer la communion.

On peut dire que c'est avec Tertullien qu'a commencé ce changement dans le langage public des Pères sur ce sujet, c'est de celte époque que datent ces périphrases, et quelquefois même, cette ambiguïté dans leur ma

(1) Nous avons un autel, dit saint Paul, auquel n'ont pas droit de manger ceux qui servent au ta‹ bernacle; › et cependant, observe saint Thomas d'Aquin sur ce passage, ceux qui servaient au tabernacle avaient la figure de Jésus-Christ dans leurs sacrifices. Où serait donc alors l'avantage que la loi de grâce prétend avoir sur la synagogue? Si la manne du désert et l'Eucharistie ne sont egalement que la figure de son corps, d'où vient que le Sauveur a marqué entre elles cette différence essentielle, que la première n'était qu'une nourriture miraculeusement formée dans l'air, qui ne donnait point la vie, tandis que la seconde est le pain descendu du ciel, que celui qui en mangera vivra éternellement. (Saint Jean, VI). Voyez les Conférences sur les mystères, tom. II, p. 279.

et

(2) Eusèbe dit dans le même sens : C'est avec raison que nous, qui célébrons chaque jour la mémoire du corps et du sang de Jésus-Christ, et qui sommes honorés d'une victime et d'un sacrifice bien plus excellents que ceux de l'ancien peuple, nous ne pensons pas qu'il soit sûr de revenir aux anciens élé ments qui sont impuissants et ne contiennent que des symboles et des figures, et non la vérité. › Oùx lati ἐστιν ἡγουμέθα καταπιπτεῖν ἐπὶ τὰ πρώτα καὶ ἀσθενὴ στοι χεία συμβόλα καὶ εἴκονα, ἀλλ ̓ οὐκ αὐτὴν ἀλήθειαν περιο xévra (Demonst. Evangél.)

nière de s'exprimer sur ce mystère dont on n'avait point eu d'exemple auparavant, et dont les protestants, en désespoir de cause, ont voulu tirer avantage et s'en faire une ombre de plausibilité en faveur de leurs arguments contre la véritable doctrine catholique de l'Eucharistie. Le système oa la discipline du secret que l'on peut regarder comme la cause de ces ambiguïtés, on dirait presque de ces inconséquences dans ces saints Pères, forme un trait trop remarquable dans les annales de la primitive Eglise, et se trouve trop étroitement lié avec l'histoire tant de ce dogme que de plusieurs autres dogmes chrétiens pour ne pas lui donner un plus long développement.

CHAPITRE XI.

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Discipline du secret. On cache la doctrine de la présence réelle. Saint Paul. Saint Clément d'Alexandrie.- Constitutions apostoliques. Quand la discipline du secret a-t-elle été le plus observée?

Le système dont j'ai parlé à la fin du chapitre précédent, en le signalant comme étant la cause principale de la restriction et de l'ambiguïté qu'on remarque dans le langage de quelques-uns des Pères au sujet de l'eucharistic, est bien connu des savants sous le nom de discipline du secret; et plusieurs même pensent qu'il est d'origine apostolique. Parmi ces imitations de la police religieuse des païens, si souvent alléguées et également reprochées aux premiers chrétiens et aux papistes, une des plus frappantes, et qui s'applique aux chrétiens de la primitive Eglise, est la distinction que l'on établissait alors entre les initiés et les non initiés, ou, en d'autres termes, entre les baptisés et ceux qui ne l'étaient pas, et le soin religieux que l'on prenait de dérober entièrement à ces derniers la connaissance de quelques dogmes de la foi plus cachés et plus augustes, dans lesquels, pour me servir du langage de l'apôtre, « la sagesse de Dieu renfermée dans son «< mystère» est cachée.

De même aussi que, dans les initiations païennes, il y avait certains degrés par lesquels le candidat devait passer, non-seulement dans le but de se former à la discipline et d'acquérir les connaissances qui lui étaient nécessaires, mais encore pour exciter son, ardeur et stimuler son zèle, avant d'arriver au dernier terme de ses efforts comme de ses désirs, de même, dans ces mystères de l'Eglise, et absolument pour les mêmes raisons, il avait été établi une série de degrés que les catéchumènes et les pénitents étaient obligés de parcourir à pas lents, avant d'arriver à ce terme suprême, où ils étaient enfin jugés dignes d'être initiés à la foi, et avant que le grand mystère, l'eucharistie, commençât à leur être communiqué. Jusqu'à ce moment, non-seulement on empêchait les catéchumènes d'assister à la célébration de cet auguste sacrement, mais même on avait grand soin de ne leur donner aucune notion de sa nature, et on ne souffrait point qu'il en fût

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