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ties du Messie ne fussent pas sans preuves, et que les propheties particulieres ne fussent pas sans fruit.

Non habemus Regem nisi Cæsarem, disoient les Juifs. Donc JESUS-CHRIST estoit le Messie; puisqu'ils n'avoient plus de Roy qu'un étranger, et qu'ils n'en vouloient point d'autre.

Les septante semaines de Daniel sont équivoques pour le terme du commencement, à cause des termes de la prophetie, et pour le terme de la fin, à cause des diversitez des Chronologistes. Mais toute cette difference ne va qu'à deux cens ans.

Les propheties qui representent JESUS-CHRIST pauvre, le representent aussi maistre des nations'. Les propheties qui prédisent le temps, ne le prédisent que maistre des Gentils et souffrant, et non dans. les nües ny juge. Et celles qui le representent ainsi jugeant les nations et glorieux, ne marquent point le temps.

Quand il est parlé du Messie, comme grand et glorieux, il est visible que c'est pour juger le monde, et non pour le rachetter.

1. Is. LIII. Zach., IX. 9.

2.

Is., LXV, 15, 16.

.

XVI

Diverses preuves de JESUS-CHRIST.

OUR ne pas croire les Apostres, il faut dire qu'ils ont esté trompez, ou trompeurs. L'un et l'autre est difficile. Car, pour le premier, il n'est pas possible de s'abuser à prendre un homme pour estre ressuscité. Et pour l'autre, l'hypotheze qu'ils ayent esté fourbes, est étrangement absurde. Qu'on la suive tout au long. Qu'on s'imagine ces douze hommes assemblez aprés la mort de JESUS-CHRIST, faisans le complot de dire qu'il est ressuscité. Ils attaquent par là toutes les puissances. Le cœur des hommes est étrangement panchant à la legereté, au changement, aux promesses, aux biens. Si peu qu'un d'eux se fust démenty par tous ces attraits, et qui plus est par les prisons, par les tortures, et par la mort, ils estoient perdus. Qu'on suive cela.

Tandis que JESUS-CHRIST estoit avec eux, il les pouvoit soûtenir. Mais aprés cela, s'il ne leur est apparu, qui les a fait agir?

Le stile de l'Evangile est admirable en une infinité de manieres, et entr'autres en ce qu'il n'y a aucune invective de la part des historiens contre Judas, ou Pilate, ny contre aucun des ennemis ou des bourreaux de JESUS-CHRIST.

Si cette modestie des historiens Evangeliques avoit esté affectée, aussi bien que tant d'autres traits d'un si beau caractere, et qu'ils ne l'eussent affectée que pour la faire remarquer; s'ils n'avoient osé la remarquer eux mesmes, ils n'auroient pas manqué de se procurer des amis, qui eussent fait ces remarques à leur avantage. Mais comme ils ont agy de la sorte sans affectation, et par un mouvement tout des-interessé, ils ne l'ont fait remarquer par personne : je ne sçay mesme si cela a esté remarqué jusques icy: et c'est ce qui témoigne la naïveté avec laquelle la chose a esté faite.

JESUS-CHRIST a fait des miracles, et les Apostres ensuite, et les premiers Saints en ont fait aussi beaucoup; parce que les propheties n'estant pas encore accomplies, et s'accomplissant par eux, rien ne rendoit témoignage que les miracles. Il estoit prédit que le Messie convertiroit les nations. Comment cette prophetie se fust elle accomplie sans la conversion des nations? Et comment les nations se fussent elles converties au Messie, ne voyant pas ce dernier effet des propheties qui le prouvent? Avant donc qu'il fust mort, qu'il fust ressuscité, et que les nations fussent converties, tout n'étoit pas accomply. Et ainsi il a fallu des miracles pendant tout ce temps-là. Maintenant il

n'en faut plus pour prouver la verité de la Religion Chrestienne; car les propheties accomplies sont un miracle subsistant.

L'estat où l'on voit les Juifs est encore une grande preuve de la Religion. Car c'est une chose étonnante de voir ce peuple subsister depuis tant d'années, et de le voir toûjours miserable; estant necessaire pour la preuve de JESUS-CHRIST, et qu'ils subsistent pour le prouver, et qu'ils soient miserables puisqu'ils l'ont crucifié. Et quoy qu'il soit contraire d'estre miserable et de subsister, il subsiste neanmoins toûjours malgré sa misere.

Mais n'ont ils pas esté presqu'au mesme estat au temps de la captivité? Non. Le sceptre ne fût point interrompu par la captivité de Babylone, à cause que le retour estoit promis et prédit. Quand Nabuchodonosor emmena le peuple, de peur qu'on ne crust que le sceptre fust osté de Juda, il leur fut dit auparavant, qu'ils y seroient peu, et qu'ils seroient rétablis. Its furent toûjours consolez par les Prophetes, et leurs Roys continuerent. Mais la seconde destruction est sans promesse de rétablissement, sans Prophetes, sans Roys, sans consolation, sans esperance; parce que le sceptre est osté pour jamais.

Ce n'est pas avoir esté captif que de l'avoir esté avec assurance d'estre délivré dans soixante et dix ans. Mais maintenant ils le sont sans aucun espoir.

Dieu leur a promis qu'encore qu'il les dispersast aux extrémitez du monde, neanmoins s'ils estoient

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fidelles à sa loy, il les r'assembleroit. Ils y sont tres fidelles, et demeurent opprimez. Il faut donc que le Messie soit venu; et que la loy qui contenoit ces promesses soit finie par l'établissement d'une loy nouvelle.

Si les Juifs eussent esté tous convertis par JESUSCHRIST, nous n'aurions plus que des témoins suspects; et s'ils avoient esté exterminez, nous n'en aurions point du tout.

Les Juifs le refusent, mais non pas tous. Les Saints le reçoivent, et non les charnels. Et tant s'en faut que cela soit contre sa gloire, que c'est le dernier trait qui l'acheve. La raison qu'ils en ont, et la seule qui se trouve dans tous leurs écrits, dans le Talmud, et dans les Rabins, n'est que parce que JESUS-CHRIST n'a pas dompté les nations en main armée. JESUSCHRIST a esté tüé, disent-ils; il a succombé; il n'a pas dompté les Payens par sa force; il ne nous a pas donné leurs dépouilles; il ne donne point de richesses. N'ontils que cela à dire? C'est en cela qu'il m'est aymable. Je ne voudrois point celuy qu'ils se figurent.

* Qu'il est beau de voir par les yeux de la foy, Darius, Cyrus, Alexandre, les Romains, Pompée, et Herode agir sans le sçavoir pour la gloire de l'Evangile!

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