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luy en fait observer des circonstances si extraordinaires, qu'il attire facilement son attention. Aprés luy avoir representé tout ce que ce peuple a de singulier, il s'arreste particulierement à luy faire remarquer un livre unique par lequel il se gouverne, et qui comprend tout ensemble son histoire, sa loy et sa Religion. A peine a-t-il ouvert ce livre, qu'il y apprend que le monde est l'ouvrage d'un Dieu, et que c'est ce mesme Dieu qui a créé l'homme à son image et qui l'a doüé de tous les avantages du corps et de l'esprit qui convenoient à cet estat. Quoyqu'il n'ait rien encore qui le convainque de cette verité, elle ne laisse pas de luy plaire; et la raison seule suffit pour luy faire trouver plus de vray-semblance dans cette supposition qu'un Dieu est l'autheur des hommes et de tout ce qu'il y a dans l'univers, que dans tout ce que ces mesmes hommes se sont imaginez par leurs propres lumieres. Ce qui l'arreste en cet endroit est de voir, par la peinture qu'on luy a faite de l'homme, qu'il est bien éloigné de posseder tous ces avantages qu'il a dû avoir lors qu'il est sorty des mains de son autheur; mais il ne demeure pas long-temps dans ce doute: car dés qu'il poursuit la lecture de ce mesme livre, il y trouve qu'aprés que l'homme eust esté creé de Dieu dans l'estat d'innocence et avec toutes sortes de perfections, la premiere action qu'il fit fut de se revolter contre son Createur et d'employer tous les avantages qu'il en avoit reçus pour l'offenser.

Monsieur Pascal luy fait alors comprendre que ce crime ayant esté le plus grand de tous les crimes en toutes ses circonstances, il avoit esté puny non seulement dans

ce premier homme, qui, estant deschû par là de son estat, tomba tout d'un coup dans la misere, dans la foiblesse, dans l'erreur et dans l'aveuglement, mais encore dans tous ses descendans à qui ce mesme homme a communiqué et communiquera encore sa corruption dans toute la suitte des temps.

Il luy fait ensuitte parcourir divers endroits de ce livre où il a découvert cette verité. Il luy fait prendre garde qu'il n'y est plus parlé de l'homme que par rapport à cet estat de foiblesse et de desordre; qu'il y est dit souvent que toute chair est corrompuë, que les hommes sont abandonnez à leur sens et qu'ils ont une pente au mal dés leur naissance. Il luy fait voir encore que cette premiere chûte est la source non seulement de tout ce qu'il y a de plus incompréhensible dans la nature de l'homme, mais aussi d'une infinité d'effets qui sont hors de luy et dont la cause lui est inconnuë. Enfin il luy represente l'homme si bien dépeint dans tout ce livre, qu'il ne luy paroist plus different de la premiere image qu'il luy en a tracée.

Ce n'est pas assez d'avoir fait connoistre à cet homme son estat plein de misere, Monsieur Pascal luy apprend encore qu'il trouvera dans ce mesme livre de quoy se consoler. Et, en effet, il luy fait remarquer qu'il y est dit que le remede est entre les mains de Dieu; que c'est à luy que nous devons recourir pour avoir les forces qui nous manquent; qu'il se laissera fléchir, et qu'il envoira mesme un liberateur aux hommes, qui satisfera pour eux et qui réparera leur impuissance.

Aprés qu'il luy a expliqué un grand nombre de re

marques trés particulieres sur le livre de ce peuple, il luy fait encore considerer que c'est le seul qui ait parlé dignement de l'Estre souverain et qui ait donné l'idée d'une veritable Religion. Il luy en fait concevoir les fait concevoir les marques les plus sensibles qu'il applique à celles que ce livre a enseignées, et il luy fait faire une attention particuliere sur ce qu'elle fait consister l'essence de son culte dans l'amour du Dieu qu'elle adore : ce qui est un caractere tout singulier et qui la distingue visiblement de toutes les autres Religions, dont la fausseté paroist par le défaut de cette marque si essentielle.

Quoyque Monsieur Pascal, aprés avoir conduit si avant cet homme qu'il s'estoit proposé de persuader insensiblement, ne luy ait encore rien dit qui le puisse convaincre des veritez qu'il luy a fait découvrir, il l'a mis neanmoins dans la disposition de les recevoir avec plaisir, pourveu qu'on puisse luy faire voir qu'il doit s'y rendre et de souhaitter mesme de tout son cœur qu'elles soient solides et bien fondées, puisqu'il y trouve de si grands avantages pour son repos et pour l'esclaircissement de ses doutes. C'est aussi l'estat où devroit estre tout homme raisonnable s'il estoit une fois bien entré dans la suitte de toutes les choses que Monsieur Pascal vient de representer, et il y a sujet de croire qu'aprés cela il se rendroit facilement à toutes les preuves qu'il apporta ensuite pour confirmer la certitude et l'évidence de toutes ces veritez importantes dont il avoit parlé, et qui font le fondement de la Religion Chrestienne qu'il avoit dessein de persuader.

Pour dire en peu de mots quelque chose de ces preuves,

aprés qu'il eust monstré en general que les veritez dont il s'agissoit estoient contenuës dans un livre de la certitude duquel tout homme de bon sens ne pouvoit douter, il s'arresta principalement au livre de Moyse où ces veritez sont particulierement répanduës, et il fit voir par un tresgrand nombre de circonstances indubitables qu'il estoit également impossible que Moyse eust laissé par écrit des choses fausses, ou que le peuple à qui il les avoit laissées s'y fust laissé tromper, quand mesme Moyse auroit esté capable d'estre fourbe.

Il parla aussi de tous les grands miracles qui sont rapportez dans ce livre, et comme ils sont d'une grande consequence pour la religion qui y est enseignée, il prouva qu'il n'estoit pas possible qu'ils ne fussent vrais, non seulement par l'authorité du livre où ils sont contenus, mais encore par toutes les circonstances qui les accompagnent et qui les rendent indubitables.

Il fit voir encore de quelle maniere toute la loy de Moyse estoit figurative, que tout ce qui estoit arrivé aux Juifs n'avoit esté que la figure des veritez accomplies à la venue du Messie, et que le voile qui couvroit ces figures ayant esté levé, il estoit aisé d'en voir l'accomplissement et la consommation parfaite en faveur de ceux qui ont reçû JESUS-CHRIST.

Monsieur Pascal entreprit ensuite de prouver la verité de la Religion par les propheties, et ce fut sur ce sujet qu'il s'étendit beaucoup plus que sur les autres. Comme il avoit beaucoup travaillé là dessus et qu'il y avoit des veuës qui luy estoient toutes particulieres, il les expliqua

d'une maniere fort intelligible; il en fit voir le sens er la suitte avec une facilité merveilleuse, et il les mit dans tout leur jour et dans toute leur force.

Enfin, aprés avoir parcouru les livres de l'ancien Testament et fait encore plusieurs observations convaincantes pour servir de fondemens et de preuves à la verité de la Religion, il entreprit encore de parler du nouveau Testament, et de tirer ses preuves de la verité mesme de l'Evangile.

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Il commença par JESUS-CHRIST, et, quoy qu'il l'eust déjà prouvé invinciblement par les prophéties et par toutes les figures de la loy dont on voyoit en luy l'accomplissement parfait, il apporta encore beaucoup de preuves tirées de sa personne mesme, de ses miracles, de sa doctrine et des circonstances de sa vie.

Il s'arresta ensuite sur les Apostres, et, pour faire voir la verité de la foy qu'ils ont publiée hautement par tout, aprés avoir estably qu'on ne pouvoit les accuser de fausseté qu'en supposant, ou qu'ils avoient esté des fourbes, ou qu'ils avoient esté trompez eux mesmes, il fit voir clairement que l'une et l'autre de ces suppositions estoit également impossible.

Enfin il n'oublia rien de tout ce qui pouvoit servir à la verité de l'histoire Evangelique, faisant de tres belles remarques sur l'Evangile mesme, sur le stile des Evangelistes et sur leurs personnes, sur les Apostres en particulier et sur leurs escrits, sur le nombre prodigieux de miracles, sur les Martyrs, sur les Saints, en un mot sur toutes les voyes par lesquelles la Religion Chrestienne

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