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qu'il vouloit quitter le monde qu'enfin le monde le quitta. Il établit le reglement de sa vie dans sa retraitte sur deux maximes principales, qui sont de renoncer à tout plaisir et à toute superfluité. Il les avoit sans cesse devant les yeux et il taschoit de s'y avancer et de s'y perfectionner de plus en plus.

C'est l'application continuelle qu'il avoit à ces deux grandes maximes qui luy faisoit temoigner une si grande patience dans ses maux et dans ses maladies, qui ne l'ont presque jamais laissé sans douleur pendant toute sa vie ; qui luy faisoit pratiquer des mortifications trés rudes et trés severes envers luy mesme; qui faisoit que non seulement il refusoit à ses sens tout ce qui pouvoit leur estre agreable, mais encore qu'il prenoit sans peine, sans dégoust, et mesme avec joye, lorsqu'il le falloit, tout ce qui leur pouvoit déplaire, soit pour la nourriture, soit pour les remedes: qui le portoit à se retrancher tous les jours de plus en plus tout ce qu'il ne jugeoit pas luy estre absolument necessaire, soit pour le vestement, soit pour la nourriture, pour les meubles, et pour toutes les autres choses; qui luy donnoit un amour si grand et si ardent pour la pauvreté qu'elle luy estoit toûjours presente, et que, lorsqu'il vouloit entreprendre quelque chose, la premiere pensée qui luy venoit en l'esprit estoit de voir si la pauvreté y pouvoit estre pratiquée; et qui luy faisoit avoir en mesme temps tant de tendresse et tant d'affection pour les pauvres qu'il ne leur a jamais pú refuser l'aumosne, et qu'il en a fait mesme fort souvent d'assez considérables, quoyqu'il n'en fit que de son necessaire; qui faisoit qu'il ne pouvoit souffrir qu'on

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cherchast avec soin toutes ses commoditez, et qu'il blasmoit tant cette recherche curieuse et cette fantaisie de vouloir exceller en tout, comme de se servir en toutes choses des meilleurs ouvriers, d'avoir toûjours du meilleur et du mieux fait, et mille autres choses semblables qu'on fait sans scrupule parce qu'on ne croit pas qu'il y ait du mal, mais dont il ne jugeoit pas de mesme : et enfin qui luy a fait faire plusieurs actions trés remarquables et trés Chrestiennes, que je ne rapporte pas icy de peur d'estre trop long, et parceque mon dessein n'est pas de faire une vie, mais seulement de donner quelque idée de la pieté et de la vertu de Monsieur Pascal à ceux qui ne l'ont pas connu; car pour ceux qui l'ont vû et qui l'ont un peu fréquenté pendant les dernieres années de sa vie, je ne prétens pas leur rien apprendre par là, et je crois qu'ils jugeront bien, au contraire, que j'aurois pû dire encore beaucoup d'autres choses que je passe sous silence.

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APPROBATIONS

DE NOSSEIGNEURS LES PRELATS

Approbation de Monseigneur de Comenge.

Ces pensées de Monsieur Pascal font voir la beauté de son genie, sa solide pieté et sa profonde érudition. Elles donnent une si excellente idée de la Religion, que l'on acquiesce sans peine à ce qu'elle contient de plus impenetrable. Elles touchent si bien les principaux points de la Morale, qu'elles découvrent d'abord la source et le progrez de nos desordres et les moyens de nous en delivrer, et elles effleurent les autres sciences avec tant de suffisance, que l'on s'apperçoit aisément que M. Pascal ignoroit peu de choses de ce que les hommes sçavent. Quoy que ces Pensées ne soient que les commencemens des raisonnemens qu'il méditoit, elles ne laissent pas d'instruire profondement. Ce ne sont que des semences, mais elles produisent leurs fruits en mesme temps qu'elles sont répanduës. L'on acheve naturellement ce que ce sçavant homme avoit eu dessein de composer, et les lecteurs deviennent eux mesmes autheurs en un moment pour peu d'application qu'ils ayent. Rien n'est donc plus capable de nourrir utilement et agreablement l'esprit que la lecture de ces essais, quelques informes qu'ils paroissent, et il n'y a gueres eu de production parfaite depuis longtemps qui ait mieux merité selon mon jugement d'estre imprimée que ce livre imparfait. A Paris, le 4 Septembre 1669.

GILBERT, E. de Comenge.

De Monseigneur l'Evesque d'Aulonne, suffragant de Clermont.

Apres avoir lû fort exactement et avec beaucoup de consolation les Pensées de M. Pascal touchant la Religion Chrétienne, il me semble que

les veritez qu'elles contiennent peuvent estre fort bien comparées aux essences, dont on n'a point accoustumé de donner beaucoup à la fois pour les rendre plus utiles aux corps malades, parce qu'estant toutes remplies d'esprits, on n'en sçauroit prendre si peu que toutes les parties du corps ne s'en ressentent. Ce sont les images des pensées de ce recueil. Une seule peut suffire à un homme pour en nourrir son ame tout un jour, s'il les lit à cette intention, tant elles sont remplies de lumieres et de chaleur. Et bien loin qu'il y ait rien dans ce recueil qui soit contraire à la foy de l'Église Catholique, Apostolique et Romaine, tout y est entierement conforme à sa doctrine et à ses maximes dans les mœurs car l'autheur estoit trop bien informé de la doctrine des Peres et des Conciles pour penser ou parler un autre langage que le leur, ainsi que tous les lecteurs le pourront facilement reconnoistre par la lecture de tout cet ouvrage, et particulierement par cette excellente pensée de la page 242, dont voicy les propres termes : Le corps n'est non plus vivant sans le chef que le chef sans le corps. Quiconque se separe de l'un ou de l'autre n'est plus du corps et n'appartient plus à JESUS-CHRIST. Toutes les vertus, le martyre, les austeritez et toutes les bonnes œuvres sont inutiles hors de l'Église et de la communion du Chef de l'Église, qui est le Pape. Fait en l'Abbaye de Saint André lez Clermont, le 24 Novembre 1669.

JEAN, E. d'Aulonne, suffragant de Clermont.

De Monseigneur l'Evesque d'Amiens.

Nous avons lû le livre posthume de M. Pascal, qui auroit eu besoin des derniers soins de son autheur. Quoy qu'il ne contienne que des fragmens et des semences des discours, on ne laisse pas d'y remarquer des lumieres tres sublimes et des delicatesses tres agreables. La force et la hardiesse des pensées surprennent quelquefois l'esprit; mais plus on y fait d'attention, plus on les trouve saines et tirées de la philosophie et de la theologie des Peres. Un ouvrage si peu achevé nous remplit d'admiration et de douleur de ce qu'il n'y a point d'autre main qui puisse donner la perfection à ces premiers traits que celle qui en a sceu graver une idée si vive et si remarquable, ny nous consoler de la grande perte que nous avons faite par sa mort. Le public est obligé aux personnes qui luy ont conservé des pieces si precieuses, quoy qu'elles ne soient point limées; et, telles qu'elles sont, nous ne doutons pas qu'elles ne soient tres utiles à ceux qui aimeront la verité et leur salut. Donné à Paris, où nous nous sommes trouvez pour les affaires de nostre Église, le premier jour de Novembre 1669.

FRANÇOIS, E. d'Amiens.

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