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de lui tracer, dès cette vie présente, une image de la béatitude future?

On va me répondre peut-être ici que Dieu put bien autrefois prendre soin des hommes, mais qu'il ne s'en occupe plus aujourd'hui. Sur quoi serait fondée cette opinion? Serait-ce, par hasard, sur ce que nous ne mangeons pas la manne chaque jour, comme les Hébreux? mais nos campagnes sont couvertes de riches moissons. Sur ce que nous ne voyons plus les cailles du désert

venir s'offrir à nos mains avides? mais nous dévorons toutes sortes d'oiseaux, toutes sortes d'animaux. Sur ce que nous ne recevons point dans nos bouches haletantes les eaux jaillissant du rocher? mais nous enrichissons nos celliers des vins les plus délicats. Je dis plus : nous qui prétendons que Dieu prenait soin de ces hommes et qu'il nous néglige, s'il nous était libre d'échanger nos biens présens contre ces faveurs passées, nous ne balancerions pas à rejeter la condition des Hébreux. Car nous ne voudrions pas nous dépouiller de ce que nous possédons maintenant, pour acquérir ce dont ils jouissaient alors. Ce n'est pas que nous ayons rien de préférable à ce qu'ils avaient en partage, mais ce peuple, nourri chaque jour par le ministère du ciel et de Dieu, préférait aux mets actuels la vile nourriture dont il s'était gorgé naguère, affligé qu'il était du honteux souvenir des viandes, et languissant de désir pour les lé

tes, non quod potiora essent quibus antea usi erant, sed quia quod nunc a nobis fit, hoc tunc ab illis. Illi horrebant quæ erant; ct quæ non erant desiderabant. Nos magis laudamus illa quæ tunc fuerunt quam ista quæ nunc sunt, non quia si eligendi facultas esset, semper habere illa mallemus, sed quia usitatum hoc humanæ mentis est vitium, illa magis semper velle quæ desunt. Et quia, ut ille ait:

Aliena nobis, nostra plus aliis placent (1).

Accidit quoque illud, quod generale ferme est omni homini, ut Deo semper ingratus sit; insitoque hoc et quasi nativo malo se cuncti invicem vincunt, ut beneficiis Dei detrahant, ne debitores se esse cognoscant.

Sed hæc hactenus. Nunc ad negotii dudum cœpti ordinem revertamur, quamvis, ut reor, non mediocriter jam probaverimus quæ proposuimus; sed addamus tamen adhuc, si placet, quippiam, quia melius est plus probare aliquid quam necesse est, quam minus forsitan quam negocio debeatur.

Liberatus quondam de Pharaonis jugo populus Hebræorum, ad Sina montem prævaricatus est, et statim a Domino pro errore percussus. Sic enim scriptum est: Percussit ergo Dominus populum pro errore vituli quem fecerat Aaron (2). Quod potuit

(1) P. Syrus.

(2) Exod. XXXII, 35.

gumes dégoûtans des Egyptiens. Le présent valait mieux sans doute que le passé, mais nous faisons ce qu'ils faisaient alors. Ils avaient en horreur ce qui existait; et ce qui n'existait pas, ils le désiraient. Nous louons plus ce qui fut alors que ce qui est aujourd'hui. Ce n'est pas que si le choix nous était donné, nous préférassions posséder toujours ce que nous souhaitons, mais c'est le vice ordinaire du cœur humain d'aspirer à ce qu'il n'a pas. Et, comme a dit quelqu'un :

Nous envions la condition d'autrui, on envie la nôtre.

Presque tous les hommes ont cela de commun qu'ils paient toujours Dieu d'ingratitude. Ce travers est inné, pour ainsi dire, en nous, et attaché à notre nature; chacun s'efforce de renchérir sur ce point, on rabat des bienfaits de Dieu pour ne point se reconnaître débiteurs.

Mais je m'arrête. Revenons maintenant à notre premier sujet. Nos preuves, ce semble, doivent être de quelque poids; mais ajoutons-y encore, car il vaut mieux prouver trop que de ne prouver pas assez.

Le peuple hébreu délivré enfin du joug de Pharaon prévariqua au pied du mont Sina, et fut aussitôt frappé du Seigneur pour son crime; car il est écrit: Le Seigneur frappa donc le peuple, parce qu'il avait sacrifié au veau qu'Aaron lui avait fait. Quel jugement plus grand et plus manifeste Dieu pouvait-il exercer sur les pécheurs, que de mettre la punition si près du crime? Mais puisque tout le peuple était coupable, pourquoi

majus et evidentius de peccatoribus Deus ferre judicium quam ut statim consequeretur pœna peccantes? Et tamen cum omnis populus reus fuerit, cur non est in omnes missa damnatio? Quia pius scilicet Dominus partem percussit sententiæ suæ gladio, ut partem corrigeret exemplo, præberetque omnibus simul et coercendo censuram et indulgendo pietatem. Censura enim fuit, quod castigavit; pietas, quod pepercit, quamvis utrumque impari modo. Plus siquidem tunc pietati datum est quam severitati. Ideo utique, quia cum indulgentissimus Dominus propensiorem se semper miserationi præstet quam ultioni, licet in coercenda tunc Judaici exercitus parte, judicio ac severitati censura divina aliquid attribuerit, majorem tamen sibi populi portionem pietas vindicavit; specialiter quidem hoc, et peculiari tunc innumeræ plebis misericordia, ne omnes scilicet quos reatus complectebatur, pœna consumeret.

Cæterum erga quasdam personas, ut legimus, ac familias censura Dei inexorabilis est; sicut illud, ubi otiante sabbatis populo, is qui colligere ligna usurparat, occidi jubetur. Quamvis enim opus ipsum hominis videretur innoxium, faciebat tamen eum diei observatio criminosum, vel cum duobus lite certantibus, unus qui blasphemarat, morte mulctatur (1). Sic enim scriptum est: Ecce autem

(1) Num. XV, 32-6.

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le châtiment ne tombe-t-il pas sur tous? Parce que Seigneur dans sa miséricorde frappe du glaive de sa justice une partie des prévaricateurs, pour corriger l'autre par cet exemple, et pour donner à tous en même temps une preuve de sa sévérité par la punition, et de sa bonté par l'indulgence. Il fait éclater sa sévérité quand il châtie, sa bonté quand il pardonne, avec cette différence toutefois qu'il donne plus à la bonté qu'à la sévérité. Ce Dieu compatissant se montre toujours plus enclin à la miséricorde qu'à la rigueur, et s'il accorde quelque chose à la justice et à la sévérité, en frappant de mort une partie de l'armée israélite, sa bonté cependant réclame la plus grande portion de ce peuple. En cela, se manifestaient sur ce peuple innombrable des desseins particuliers de miséricorde, afin que le châtiment ne pesât pas sur tous ceux qui avaient pris part à la faute.

Au reste, nous lisons que la justice de Dieu est inexorable à l'égard de quelques personnes et de quelques familles, témoin cet homme condamné à être lapidé pour avoir ramassé du bois pendant que le peuple observait le repos du Sabbat. Quoique cette action parût innocente en elle-même, le précepte réel la rendait criminelle; témoin encore ces deux hommes en contestation, dont l'un fut mis à mort pour avoir blasphémé; car il est écrit: Or, voilà que le fils d'une femme israélite, qu'elle avait eu d'un homme égyptien, parmi les enfans d'Israël, étant sorti, eut une querelle dans le

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