Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

est contemporaine d'Aurélien ou postérieure à ce prince, sans rechercher si nos trois pierres ont été trouvées dans les fondations de ces murailles ou ailleurs, il est du moins certain, par leur style, par la beauté du travail, par ce type particulier qui n'a existé qu'au premier siècle et qui s'est ensuite perdu, qu'elles ont été exécutées dans la période comprise entre Auguste et Caracalla. Et que l'on ne considère pas ces caractères comme trop fugitifs et trop conjectureux pour servir de base à un système historique. Tout œil un peu familier avec la plastique des anciens sait reconnaître à ne pas s'y tromper un ouvrage du premier siècle et un ouvrage du second, comme un biblio phile juge l'âge d'un manuscrit par la ponctuation, et la forme de l'écriture. Or ces sculptures, et en particulier les danseuses, ayant dû servir d'ornement à quelque édifice dont elles for maient peut-être une portion de la frise, nous en pouvons conclure que l'emplacement actuel de Dijon était habité dans le premier siècle de l'ère chrétienne.

Nous irons même plus loin, et c'est ici que la pierre du triumvirat va nous fournir de puissantes inductions pour assigner à la fondation de Dijon une époque plus reculée et plus précise. Toutefois un premier point à établir avant de tirer de cette pierre les conséquences que nous voulons en tirer, c'est que le sujet qu'elle représente est bien réellement le partage du monde par les triumvirs.

A la seule inspection du dessin joint à cet article, on ne peut guère conserver de doutes sur ce point. A quels autres qu'aux triumvirs rapporter l'action de ces trois hommes qui semblent prêter un serment, la main étendue sur le globe terrestre? Peu importe que l'objet qu'ils tiennent de l'autre main soit un verre à boire, ou, comme d'autres l'ont voulu, un cornet à jeter les dés, pour tirer au sort les provinces de la république. Cette incertitude sur ce point de détail n'en laisse aucune sur le sujet principal lui-même. Une circonstance particulière vient d'ailleurs confirmer pleinement nos conjectures.

On sait que les statuaires, les lapidaires, les graveurs de monnaies antiques avaient coutume de se copier les uns les autres; c'est ainsi que nous trouvons sur des médailles l'empreinte exacte du Laocoon; c'est ainsi encore que les habitants de Dyrrachium avaient adopté pour effigie monétaire la célèbre génisse de Myrau, admirée par Cicéron dans Athènes, et plus tard, à Rome, par Procope. Eh bien! la même chose arrive pour la pierre du triumvirat. On a retrouvé une ancienne médaille qui en parait la contrépreuve. Elle présente d'un côté la tête d'Auguste, et au revers les triumvirs dans une attitude tellement analogue à celle de notre bas-relief, que le sculpteur parait s'être inspiré de la médaille ou le graveur de la sculpture. Autour des trois figures se lisent les mots SALUS GENERIS HUMANI, et l'on voit à leurs pieds la même femme couchée, que sa corne d'abondance fait reconnaître pour le génie de la paix. La comparaison de la médaille et du bas-relief ne laisse donc aucun doute sur la signification de celui-ci.

Maintenant, ceci admis, nous ferons un pas de plus. Nous ajouterons que, si cette pierre représente les triumvirs, elle a nécessairement été sculptée à l'époque même du triumvirat, et cela par la raison qu'après la dissolution de cette alliance politique peu glorieuse, personne n'eût pensé à en perpétuer la mémoire qu'Auguste lui-même s'efforça de faire oublier. Après la mort d'Auguste, les historiens furent unanimes à flétrir le triumvirat et ses proscriptions. Il faut donc admettre que notre sculpture date de l'une des douze années pendant lesquelles Auguste, Antoine et Lépide gouvernèrent le monde, opinion que favorise beaucoup d'ailleurs le style excellent de cet ouvrage.

Nous voici amenés, comme on voit, à reconnaître qu'à l'époque du triumvirat il y avait déjà un centre de civilisation sur le lieu que Dijon occupe, que les arts y étaient cultivés, que très probablement enfin une ville naissante s'y élevait,

puisqu'on y trouve des fragments de sculpture qui par leur forme même ont dû faire partie d'un édifice assez considérable.

Il n'y a qu'une manière de contester cette conclusion; c'est de supposer que la pierre du triumvirat ait été exécutée ailleurs qu'à Dijon et qu'elle y ait été transportée par la suite, ce qui est possible à toute force, mais n'est nullement vraisemblable. Ce bas-relief n'est pas, comme un vase ou une statue, transportable de sa nature. On voit au contraire qu'il dépendait d'une construction monumentale, et l'on ne peut guère imaginer comment il aurait été séparé de l'édifice auquel il a dû appartenir, pour être amené à Dijon, à une époque où les objets d'art avaient si peu de valeur qu'on les employait comme matériaux de construction. Il vaut beaucoup mieux croire qu'il a été travaillé sur place pour décorer quelque monument élevé en l'honneur des triumvirs; et cette ancienne pierre, confirmant ainsi la tradition, nous parait établir qu'en effet Dijon a commencé au temps de César, avec un degré de probabilité au moins aussi grand que celle sur laquelle reposent la plupart des faits historiques.

Après cela, est-ce à César lui-même qu'il faut attribuer la fondation de l'ancien castrum. Est-ce là l'endroit qu'il choisit pour quartier d'hiver quand il ramena ses légions du pays des Lingons? Y a-t-il quelque rapport de commune origine entre le castrum dijonnais et les vestiges de circonvallation encore visibles au-dessus du Mont-Afrique? Comme sur toutes ces questions il n'y a rien de positif à répondre, nous nous abstiendrons de les discuter.

On a pu voir par les détails où nous venons d'entrer, combien les monuments sont utiles non seulement pour fixer l'histoire de l'art, mais aussi pour étudier celle du pays. Quoique Dijon ne soit pas très riche en ce genre, nous possédons pourtant quelques modèles remarquables dans les divers sty

les qui se sont succédé depuis le temps des Romains jusqu'à nous. Notre intention est d'attirer l'attention publique sur ces restes précieux et souvent trop peu remarqués, dans une suite d'articles et de dessins. Nous répondrons ainsi doublement à la pensée qui a présidé à la fondation de ce recueil, puisque nous ferons à la fois de l'art et de l'histoire provinciale.

[merged small][graphic]

POÉSIE RUSSE.

SOUVENIR DE LA SOLENNITÉ DU 30 AOUT.

PAR M. B.-A. JOUKOFFSKY.

[ocr errors]

UR la place du Palais à St.-Pétersbourg, s'élève un monument consacré par l'empereur régnant la mémoire de son prédécesseur. On ne saurait imaginer rien de plus grandiose, de mieux en harmonie avec les proportions gigantesques de la capitale dont il forme un des plus beaux ornements. C'est une colonne dont le fût, d'un seul bloc de granit, a 84 pieds de hauteur : ce monolithe, le plus grand du monde, repose sur une base revêtue de bas-reliefs en bronze; le chapiteau est couronné la figure colossale d'un ange élevant une croix de la main gauche, et levant la droite vers le ciel. La noblesse et la simplicité de ce monument en égalent l'imposante majesté; l'inscription consiste en ces seuls mots: A Alexandre Ier la Russie reconnaissante. C'est le 30 août (11 septembre) 1834 que l'inauguration, ou pour me servir d'un terme mieux adapté à la grandeur du sujet et au génie de la langue russe, la consécra

par

« ZurückWeiter »