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LA PERCE-NEIGE.

A MADAME MARIE MENNESSIER NODIER.

u pied de ces côteaux où de nos monts sublimes Par degrés s'abaissant viennent mourir les cîmes; Dans le discret abri du vallon bien-aimé

Où, par un beau matin du printemps embaumé,
Ta mère te trouva, tendre fleur fraîche éclose,
Bel enfant nouveau-né, dans un buisson de rose,
Où Philomèle aussi venait de se poser,
Et t'offrit, souriante, au paternel baiser,
Il est un bois touffu que chérissent les fées;
Où, le soir, de pavots, de verveine coiffées,
Loin de tout œil profane, elles viennent sans bruit
Danser aux blancs rayons de l'astre de la nuit.

Là, sous leurs pieds s'étend un fin tapis de mousse,
L'ombrage est plus épais, la verdure plus douce,
Et, dans chaque saison, mille joyeuses fleurs,
Y mêlant leurs parfums, y joignant leurs couleurs,
Forment de cet enclos un gracieux parterre,
Les délices du ciel et l'amour de la terre.

Là,
dès que Février voit sourire un beau jour,
Sylphides et Follets au fortuné séjour

Reviennent empressés, et, sous leur tiède haleine,
Du milieu des frimas qui blanchissent la plaine,
Soudain la Perce-Neige offre à l'œil étonné
Son calice de miel et son front couronné.

Là, le chantre, l'ami, le confident dès fées,
Ton père, qui leur doit ses plus brillants trophées,
De son cher Quintigny, par un secret chemin,
Toute petite encor, te menait par la main,
Admirer avec lui la naissante merveille ;
Et, sur le frais calice et sur l'enfant vermeille
Son regard attendri se portant tour à tour,
Il confondait, ému d'un indicible amour,
La fleur de tes beaux ans, celle de la prairie,
Le printemps de l'année et celui de Marie;
Doux rève, qui du moins lui fut toujours permis!
Charmant espoir, qui tient tout ce qu'il a promis !
Mais bientôt le vallon de sa robe de fête

Se revêtait; bientôt, pour en orner ta tête,

Près de la fleur précoce accouraient à la fois
Les innombrables fleurs des côteaux et des bois,
Le muguet odorant, la blanche primerose,
Le bois-joli glacé de sa teinte de rose,
La renoncule d'or, la pervenche d'azur,

Et l'humble violette à l'arôme si pur,

Et tout ce jeune essaim qu'en Avril fait éclore
Un souffle de la brise, un regard de l'aurore:
Filles du gai printemps aux reflets diaprés
Couvrant de leur émail l'émeraude des prés,
Et dont la fleur d'espoir, la blonde Perce-Neige,
Précède, en souriant, le suave cortège.

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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.

JE remonte aux lueurs de ce flambeau divin,

Du couchant de ma vie à son riant matin,

DE LAMARTINE.

'IL est vrai que ton ame ait compris mon langage,

Écoute encor, mon fils : j'ai plus d'un souvenir
Dont je veux éclairer les pas de ton jeune âge
Vers l'obscur avenir.

De la plus sainte loi mes premiers interprêtes
M'ont appris à bénir, à révérer un Dieu,
M'ont fait aimer ses dons, et son culte, et ses fêtes,
Et l'écho du saint lieu.

A leurs soins prévoyans combien j'ai rendu grâces!
Je leur dois le bonheur de croire et d'espérer,
Et des impressions dont les profondes traces
Doivent toujours durer.

Oh! je n'oublierai point ce jour de mon enfance
Où, devant un autel brillant d'or et de fleurs,
Pour la première fois, dans un pieux silence,
Je vis couler des pleurs.

Sous les yeux maternels qui répandaient ces larmes
L'innocence, inclinant un front religieux,

Au banquet du Seigneur, goûtait les premiers charmes
De la foi des ayeux.

Puis, les cent voix de l'orgue, aux concerts de louanges
que forment dans les cieux les esprits immortels,
Unirent, dans la nef, où priaient d'autres anges,
Leurs accords solennels.

A ces accens divins, à ces touchans exemples,
Mon jeune cœur s'émut; mais bientôt vint le jour,
Où devait succéder sous les voûtes des temples,
La fureur à l'amour.

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S'écroule dans le sang. — « Vive la République !

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Ces cris cent fois le jour viennent frapper l'oreille,

Et dans la nuit même on s'éveille

Aux clameurs d'un peuple exalté.

Dans la cité bruyante on plante un jeune chêne
En triomphe apporté de la forêt prochaine;
Puis on chante, on danse à l'entour.

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