Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

D'ailleurs, ces couches si variées et si régulières que présente l'intérieur du globe terrestre, ne sont-elles point l'effet du déluge? ou bien ne se sont-elles point formées au fond des eaux, dans l'intervalle qui s'est écoulé entre la création de l'homme et le déluge? Parmi les savants, les uns soutiennent qu'il a pu en être ainsi; d'autres sont d'un sentiment opposé; c'est le monde livré aux vaines disputes des hommes. (1) Mais, encore une fois, le christianisme n'est nullement engagé dans ces divers systèmes; et on peut adopter, sans blesser en rien la doctrine orthodoxe, celui que l'on voudra, parce que, jusqu'à ce jour, il n'y a eu aucune définition de l'Eglise sur ce sujet,

De tout ce qui vient d'être dit, il faut conclure que nous ne pouvons pas savoir, d'une manière précise, depuis combien de temps a commencé l'œuvre de la création. Mais les divers sentiments, les opinions différentes que nous avons exposés, ne s'appliquent point à la création de l'homme; et bien qu'on ne puisse en préciser l'époque d'une manière rigoureuse, on convient généralement qu'elle ne remonte pas au delà d'environ sept mille ans. « L'histoire, l'astronomie, dit M. le comte de Las Cases, ont d'abord donné aux peuples des millions d'années. La science perfectionnée a bientôt prouvé que ces exagérations premières venaient du vice des expressions chronologiques des peuples anciens, ou du défaut de ceux qui plus tard les ont mal interprétées. Ainsi les myriades voulues par les nombreuses dynasties qui ont gouverné l'Egypte ont disparu depuis qu'il a été prouvé que ces dynasties étaient contemporaines et non successives. On s'est assuré de même que l'antiquité chinoise ne s'élevait pas au delà de huit cents ans avant JésusChrist, et que celle des Indous demeurait fort au-dessous. On a vérifié aussi que les observations astronomiques

(1) Et mundum tradidit disputationi eorum. (Eccl., III, 11.).

chaldéennes et celles des Indiens ne vont, les unes qu'à sept cent cinquante ans avant, et les autres à sept cent cinquante ans après l'ère chrétienne. » (1) Le célèbre Cuvier, dans son Discours sur les révolutions de la surface du globe, démontre que l'origine des différentes nations, non-seulement n'offre rien de contraire aux traditions bibliques, mais que la chronologie profane est parfaitement d'accord avec la chronologie sacrée. - M. Champollion-Figeac, dans une lettre du 23 mai 1827, s'exprime en ces termes : « Aucun monument égyptien n'est réellement antérieur à l'an 2,200 avant notre ère. C'est certainement une très-haute antiquité, mais elle n'offre rien de contraire aux traditions sacrées, et j'ose même dire qu'elle les confirme sur tous les points.» (2) Enfin c'est une chose aujourd'hui admise par tous les savants dignes de ce nom, que pour connaître la véritable origine des nations, il faut s'en rapporter au Pentateuque. Or, suivant ce livre sacré, on ne compte, depuis la création de l'homme, qu'environ sept mille ans; et, par conséquent, l'origine des nations est encore postérieure à cette date.

On fit grand bruit, il y a environ cinquante ans, de deux zodiaques trouvés, pendant l'expédition d'Egypte, l'un à Denderah, et l'autre à Esneh; on prétendit que ces zodiaques remontaient à une haute antiquité et prouvaient que les Egyptiens étaient un peuple savant et initié aux sciences longtemps avant l'époque de laquelle Moïse fait dater la création de l'homme. Mais la joie de l'incrédulité fut de courte durée; on ne tarda pas à démontrer que le zodiaque de Denderah était une œuvre qui remontait seulement au temps où les Romains possédaient l'Egypte, et que celui d'Esneh, aussi bien que le temple où il était peint, ne remontait pas au delà dư

(1) Atlas historique de M. le comte de Las Cases, 1re carte.

(2) Discours sur les rapports avec la science et la religion révélée, par Wiseman, édit. in-4o, p. 266.

règne de l'empereur Claude. (1) Ainsi se sont évanouies pour toujours les conclusions que l'on avait voulu tirer de quelques monuments, mal expliqués, contre la nouveauté des nations.

TRAIT HISTORIQUE.

Le révérend François-Henri, comte de Bridgewater, mort en février 1829, mit, par son testament, à la disposition du président de la Société royale de Londres, une somme de 8,000 sterling (200,000 francs), à titre d'encouragement, pour un ou plusieurs auteurs auxquels l'honorable président confierait l'exécution d'ouvrages ayant pour but de démontrer la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu manifestées dans les œuvres de la création. Le docteur Buckland fut chargé de composer un Traité de géologie et de minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle. Dans cet ouvrage, qui a eu le plus grand succès, se trouve un chapitre ayant pour titre : Les découvertes géologiques sont d'accord avec les livres sacrés.

LEÇON V.

DU PANTHÉISME.

D. Quelle est la principale erreur de notre siècle par rapport à la création du monde? R. C'est le panthéisme, c'est-à-dire le système de ceux qui prétendent qu'il y a unité de substance dans le monde, et confondent l'infini avec la collection des êtres.

EXPLICATION. - Dieu n'est point nécessité par sa nature à créer, puisqu'étant l'être par soi, il est, par sa nature, indépendant des êtres auxquels il peut donner l'existence. Aucune cause distinguée de lui n'a pu l'y contraindre, puisque tout ce qui existe n'existe que par lui. Il ne l'a point fait pour ajouter à sa félicité ou à ses perfections, puisqu'il les possède toutes dans un degré infini, et qu'il trouve, dans la contemplation de ces mêmes perfections, un bonheur parfait et immuable. Dieu a donc été libre en créant l'univers, et il

(1) Wiseman, Discours iv, édit. in-4o, p. 274 et 275.

l'a créé en le tirant non de lui-même, comme le veut M. Cousin, (1) mais du néant.

L'incrédulité prétend, au contraire, que Dieu est nécessairement créateur, qu'il ne peut pas ne pas créer : « La création, dit l'auteur que nous venons de citer, est, je ne dis pas possible, mais nécessaire.... Dieu, s'il est une cause, peut créer, et s'il est une cause absolue, il ne peut pas ne pas créer. » (2) L'incrédulité prétend, en outre, que la création n'est autre chose que la manifestation de Dieu passant forcément dans ses créatures; que le monde n'est qu'un déploiement de la substance. divine qui se développe dans tout ce qui existe. Telle est l'erreur, déjà ancienne, que l'on a renouvelée de nos jours sous le nom de panthéisme.

Le panthéisme, comme l'indique son étymologie (πäv, tout, Oɛós, Dieu), est le système de ceux qui n'admettent que le grand-tout, l'universalité des êtres ; c'est la confusion de Dieu avec le monde, la divinisation de l'univers, l'identification du fini et de l'infini, l'unité de substance. « Dieu, dit encore M. Cousin, est un et plusieurs, éternité et temps, essence et vie, principe, fin et milieu, au sommet de l'être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c'est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité; si Dieu n'est pas tout, il n'est rien. D (3)

D. Que faut-il penser du panthéisme?

R. Le panthéisme est

un système dont l'absurdité est claire et palpable.

EXPLICATION. Dans ce système, les hommes ne sont point des individus jouissant réellement de leur moi personnel; leur esprit n'est qu'une pure modification de l'esprit infini; leur corps, comme tous les corps, n'est qu'une pure modification de la matière universelle,

(1) Cousin, Histoire de la philosophie, cours de 1829, p. 26. (2) Ibid.

(3) Ibid., Fragments philosophiques, t. 1, p. 76.

de la substance unique, de l'absolu, du grand-tout. En un mot, le genre humain, les animaux, les végétaux, les minéraux, ne sont que des transformations diverses et des manières d'être de l'essence divine: Dieu est tout, et tout est Dieu. Ce Dieu se produit en arbres, s'épanouit en fleurs, coule en ruisseau tranquille, se soulève en vagues furieuses, se projette en rayons lumineux ; il dort dans la pierre, végète dans la plante, rampe dans l'herbe, sent dans l'animal, et pense dans l'homme; il est chaste dans la vierge chrétienne, dissolu dans le libertin, cruel dans Néron, bienfaisant dans saint Vincent de Paule; il rugit dans le lion, aboie dans le chien, miaule dans le chat!.... C'est cette belle définition de Dieu que l'on nous donne comme ce qu'il y a de plus sublime dans toutes les idées émises par la philosophie depuis le commencement des siècles! Un Dieu tout à la fois un et plusieurs, fini et infini! Comment un pareil système, un système aussi faux dans son principe qu'il est funeste dans ses conséquences à la religion et à la société, a-t-il trouvé des partisans? C'est ce que nous expliquerons bientôt.

D. Le panthéisme est-il contraire à la foi? — R. Le panthéisme est évidemment contraire à la foi.

EXPLICATION.

Il y a un Dieu distinct de tous les êtres dont se compose l'univers, et dont l'univers est l'ouvrage; voilà ce que la foi nous enseigne : « Je crois « en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de « la terre; » ainsi s'exprime le symbole des apôtres.

« Je crois en un seul Dieu, créateur du ciel et de la << terre, de toutes les choses visibles et de toutes les « choses invisibles; » ainsi s'exprime le symbole de Nicée. Le panthéisme, qui confond l'univers avec Dieu, est donc évidemment contraire à la foi; il supplante le Dieu de Moïse, Celui qui est, (1) par le Dieu plus moderne (1) Ego sum qui sum. (Exod., III, 14.)

« ZurückWeiter »