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D. Mais Dieu a-t-il besoin de nos hommages?-R. Nou, sans doute, Dieu n'a pas besoin de nos hommages; mais il ne s'ensuit nullement que nous ne devions pas les lui rendre, puisque la raison nous dit que c'est pour la créature une obligation d'être soumise à son créateur, de l'aimer et de l'adorer.

EXPLICATION.

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Evidemment Dieu n'a pas besoin de nos hommages, puisqu'il trouve en lui-même la source d'une félicité parfaite. Que des créatures qu'il a tirées du néant pour manifester au dehors les perfections infinies qui sont en lui, contribuent ou ne contribuent pas à sa gloire; qu'elles soient ingrates ou reconnaissantes, Dieu n'en sera ni plus ni moins grand, ni plus ni moins heureux; il restera toujours ce qu'il est, ce qu'il a toujours été, ce qu'il sera toujours. Mais quoique Dieu n'ait pas besoin de nos hommages, il ne s'ensuit nullement qu'il n'ait pas le droit de les exiger. Et non-seulement Dieu a le droit de les exiger, mais il veut et ne peut pas ne pas vouloir que nous les lui rendions. Car Dieu veut et ne peut pas ne pas vouloir ce que prescrivent la droite. raison et la justice; or, la droite raison et la justice n'exigent-elles pas que la créature raisonnable vive dans la dépendance de son créateur, qu'elle l'honore, qu'elle l'aime, qu'elle lui témoigne sa reconnaissance et sa confiance? Si l'obligation d'aimer Dieu, de l'honorer, de lui obéir, en un mot de lui rendre un culte, est contestée, elle ne l'est et ne peut l'être que par des insensés et des ingrats. C'est ce qui a été parfaitement compris dans tous les temps et par tous les peuples, même les moins policés et les plus barbares; il n'en est aucun chez lequel il n'ait existé et n'existe encore l'appareil d'un culte religieux, des vœux, des prières, des temples, des autels, des prêtres, des sacrifices et des victimes.

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D. Dieu a-t-il manifesté aux hommes ses volontés par rapport à la religion? R. Oui, Dieu, dès le commencement, manifesté aux hommes ses volontés par rapport à la religion.

EXPLICATION. Dès que l'homme fut créé, Dieu lui parla et voulut qu'il lui rendît un culte. Il prescrivit une religion à Adam et aux patriarches ses descendants; ce fait est prouvé par l'Histoire sainte, qui nous représente Dieu conversant avec Adam, avec Abel et Caïn, avec Noé et sa famille, et les instruisant comme un père instruit ses enfants.

Cette religion primitive, née avec le genre humain, ce ne fut donc point l'homme qui l'inventa, mais ce fut Dieu lui-même qui la révéla à l'homme. On lui donne quelquefois le nom de religion naturelle; on peut l'appeler ainsi, en ce sens qu'elle correspondait parfaitement, sous un rapport, à l'ordre naturel, c'est-à-dire à cet ordre qui se conçoit comme fondé purement sur la création, sur cette action de Dieu par laquelle il a librement revêtu l'homme des conditions qu'il lui plut d'établir comme constitutives, essentielles de l'être humain. Mais l'homme ayant été destiné, dès l'origine, à une fin surnaturelle, Dieu lui communiqua aussi, dès l'origine, les lumières nécessaires pour atteindre cette fin; en sorte que la révélation primitive fut en même temps naturelle et surnaturelle. Elle répond, sous ce dernier rapport, à l'ordre surnaturel, à cet ordre qui a pour principe une action de Dieu surajoutée à la création, action par laquelle l'homme fut mis dans des conditions supérieures aux conditions constitutives de sa nature, et revêtu de dons plus excellents que ceux auxquels il avait droit, en sa qualité d'être humain.

Les hommes, pendant plusieurs siècles, observèrent dans toute sa pureté la religion primitive; puis ils la corrompirent en y mêlant une foule d'erreurs, et de superstitions; et, environ deux mille cinq cents ans après la création du monde, une grande partie du genre humain l'avait oubliée. Alors Dieu parla de nouveau aux hommes; par le ministère de Moïse, il fit connaître ses volontés au peuple qu'il s'était

choisi; c'est ce qu'on appelle la loi mosaïque ou la loi de Moïse. (1)

Cependant les hommes oublièrent de plus en plus leur créateur; et, au bout de quelques siècles, la terre entière, à l'exception toutefois d'un pays de peu d'étendue, la Judée, se trouva enveloppée dans les ténèbres de l'idolâtrie. Alors la voix de Dieu se fit entendre de nouveau; il envoya sur la terre son Fils et le chargea de rappeler les hommes à la connaissance et au culte du vrai Dieu; c'est ce qu'on appelle la religion de JésusChrist. La religion de Jésus-Christ est donc l'ensemble des vérités et des devoirs que cet Homme - Dieu, en venant sur la terre, a enseignés aux hommes; religion qui, loin d'anéantir la loi de Moïse, ne fit que la développer et la perfectionner, de même que la loi de Moïse n'avait fait que développer et perfectionner la religion primitive. (2)

(1) La religion naturelle, dans le sens que nous l'avons expliquée, considérée dans son ensemble, c'est-à-dire quant aux vérités de dogme et de morale dont elle se compose, retient le nom de religion naturelle. Si on la considère seulement quant aux vérités morales, on lui donne le nom de loi naturelle. Ceci s'applique également à la révélation faite à Moïse et à celle dont nous sommes redevables à Jésus-Christ.

(2) L'homme, dit le docteur Philips, n'est pas seul lié vis-à-vis de Dieu; Dieu a voulu se lier aussi vis-à-vis de l'homme. Il y a réciprocité d'engagement. De là la division de nos livres de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Au commencement des temps, Dieu avait contracté alliance avec les hommes; le nœud de ce contrat, c'était la volonté divine elle-même, à laquelle la volonté de l'homme se tenait unie... Mais bientôt la volonté des hommes se mit en opposition avec celle de Dieu, et l'alliance fut rompue par eux. Alors le Seigneur se choisit parmi tous les peuples de la terre la race d'Abraham, et forma alliance avec elle.... Cependant les temps s'accomplissent; Dieu envoie d'en haut son propre fils, qui contracte une nouvelle alliance avec les hommes. Ses révélations, manifestation authentique de la volonté divine, sont les lois de cette nouvelle alliance; sa religion est, dans le sens propre du mot la seule véritable que tous les hommes, sans distinction, sont tenus

Ce que nous venons de dire vous paraît peut-être, mes enfants, un peu abstrait, surtout ce qui regarde la religion primitive; mais vous le comprendrez mieux à mesure que nous avancerons dans l'explication du catéchisme. L'essentiel, pour le moment, est que vous sachiez bien: 1° qu'il n'y a jamais eu de religion purement naturelle, puisque la révélation primitive a été tout à la fois naturelle et surnaturelle; 2° que la religion primitive renfermant un certain nombre de vérités et de devoirs que la raison ne saurait rejeter lorsqu'elle n'est pas aveuglée par les préjugés et par les passions, parce qu'elle reconnaît qu'ils sont fondés sur la nature des choses, on peut encore, sous ce rapport, lui donner le nom de religion naturelle; 3° que les vérités et les devoirs dont se compose ce qu'on peut appeler la religion naturelle, ce n'est point à sa raison que l'homme en doit la connaissance; qu'il ne les a point trouvés en lui-même, mais d'embrasser. Salut du genre humain, voie unique de la vérité, sa fin la désigne au monde comme la religion universelle ; nul homme n'a le droit de rester dans les ténèbres de l'erreur, nul n'a le droit de se refuser à reconnaître Dieu et celui qu'il a envoyé, le Seigneur Jésus. (1) «En face du christianisme et des cultes païens, le langage usuel place en regard certains systèmes, sous le nom de religions naturelles. Mais le christianisme est non-seulement l'unique religion révélée, il est encore dans l'acception la plus élevée et la plus noble du mot, l'unique religion naturelle, la seule qui réponde à la nature de l'homme; donc aussi, et par l'essence même des choses, la seule qui constitue, dans son intégrité, le véritable droit naturel. Manifestation de la pensée de Dieu sur l'humanité, elle s'harmonise nécessairement avec sa nature, telle qu'elle doit étre, telle qu'elle doit devenir. Les droits positifs humains, au contraire, ainsi que les religions païennes qui leur ont donné naissance, répondent à la nature de l'homme, telle qu'elle est, c'est-à-dire soumise au péché, aux passions et à l'erreur. Dans ce sens, ces systèmes peuvent bien prendre le titre de religions naturelles ; mais rien de moins naturel que ces religions, si l'on prend le mot dans les limites de sa véritable signification. » (2)

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(1) Philips, t. 1, p. 2. (2) Philips, t. 1, p. 3.

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que c'est Dieu qui les lui a révélés; 4o qu'il n'y a point, par conséquent, de religion naturelle, dans ce sens qu'elle n'ait point été révélée. - Voici comment s'exprime, sur ce grave et important sujet, l'auteur de la Théologie de Toulouse: « Nous entendons par religion naturelle, la réunion des dogmes et des devoirs que la raison reconnaît être fondés sur la nature des choses, et auxquels elle donne son assentiment, lorsqu'elle est dégagée des préjugés et des passions, quoique ces dogmes et ces devoirs n'aient pu être connus que par la révélation. La loi naturelle, entendue en ce sens, doit être. admise. On ne peut nier, en effet, que parmi les vérités qu'il faut croire et les préceptes qu'il faut observer, il n'y en ait quelques-uns que la raison conçoit et qu'elle approuve comme étant fondés sur la nature des choses et découlant de la constitution de l'homme; par exemple, ceux-ci il y a obligation de rendre à Dieu un culte; il y a une différence essentielle entre le bien et le mal, entre la vertu et le vice, etc. Mais il y a aussi des vérités d'un ordre supérieur et qui sont au-dessus de la raison, comme les mystères, et des préceptes qui ont leur source dans la libre et positive volonté de Dieu. Or, qui empêche d'appeler religion naturelle l'ensemble des vérités et des devoirs du premier ordre, et de donner à l'ensemble des préceptes positifs et des dogmes qui surpassent la raison, le nom de religion positive ou surnaturelle? Nous reconnaissons, du reste, qu'il n'a jamais existé de religion purement naturelle; mais, au moyen de cette explication, de cette distinction, il est possible de rétablir la paix entre les théologiens d'abord, puis entre les théologiens et les philosophes modernes. Il existe une religion naturelle, quant à son objet; mais la même religion naturelle peut être appelée religion révélée, quant au moyen dont Dieu s'est servi pour la faire connaître à l'homme. » (4) Nous reviendrons (1) Theolog. Tolosana, de Religione, in proœmio.

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