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contre lui les plus horribles blasphèmes : on n'entend sur le Calvaire que ces cris confus : « Si tu es le fils de « Dieu, descends de la croix ! — Si c'est le roi d'Israël, « qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui! — << S'il est le fils de Dieu, que Dieu le délivre! » Pontifes, sénateurs, scribes, peuple, bourreaux, tous se déchaînent contre Jésus. Un des brigands crucifiés à ses côtés joint ses blasphèmes à ceux de la multitude : « Si tu es le << Christ, lui dit-il, sauve-toi donc, et nous aussi. » Mais rien ne peut épuiser la bonté céleste de Jésus : il ne répond ni aux Juifs qui l'insultent, ni au brigand qui le raille; mais il demande à son père la grâce de ses bourreaux : « Mon père, s'écrie-t-il, pardonnez-leur, car << ils ne savent ce qu'ils font ! » et promet le ciel au bon larron, qui l'invoque. « Aujourd'hui, lui dit-il, vous serez << avec moi en paradis. » (1) Il y avait environ trois heures que Jésus était attaché à la croix, lorsqu'on l'entendit s'écrier douloureusement: J'ai soif! Cette soif exprimait l'ardent désir qu'il avait d'opérer par sa mort la rédemption du genre humain. Aussitôt un soldat prend une éponge entourée d'hysope, il la plonge dans du vinaigre mêlé de fiel, et, la mettant au bout d'une pique, il la porte à la bouche du Sauveur. Jésus en goûte, et dit : Tout est consommé ! Tout l'était en effet; tous les oracles des prophètes touchant le Messie étaient accomplis. Il pousse ensuite un grand cri, en disant : « Mon père, je << remets mon âme entre vos mains. » Après avoir proféré ces paroles, il baisse la tête et il expire.

D. Quel jour mourut-il? · R. Le sixième jour de la semaine, un vendredi, qu'on appelle pour cela le vendredi saint.

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EXPLICATION. Jésus-Christ fut crucifié l'an 32 de l'ère chrétienne, au mois de mars, un vendredi, vers

(1) Le bon larron reçoit un culte, à Rome, sous le nom de saint Disma; sa fête est fixée au 25 mars, et son nom se trouve dans plusieurs martyrologes.

midi, et il mourut le même jour, vers trois heures; sa carrière mortelle avait été d'environ trente-quatre ans. (1) Le jour où ce divin Sauveur rendit le dernier soupir sur la croix, est appelé le vendredi saint, c'està-dire le vendredi par excellence, le plus heureux, le plus saint de tous les vendredis, puisque ce fut en ce jour que Jésus-Christ, par sa mort, nous arracha à l'enfer et nous rétablit dans tous nos droits à l'héritage céleste.

TRAIT HISTORIQUE.

LE SERPENT D'AIRAIN.

Les Israélites ayant murmuré contre Dieu, il les châtia en envoyant dans leur camp des serpents ailés dont la morsure était si cruelle, que tous ceux qui avaient été mordus mouraient comme consumés d'un feu lent. A la prière de Moïse, Dieu commanda d'élever au milieu du camp un serpent d'airain, auquel il attacha la vertu de guérir ceux qui étaient mordus. Il suffisait de regarder cette figure pour être aussitôt délivré de son mal. Ce serpent était la figure de la croix de Jésus-Christ. Notre-Seigneur fait lui-même ce rapprochement dans l'Evangile : « Comme Moïse, dit-il, fit élever « le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'Homme << soit élevé; » c'est-à-dire, il faut qu'il soit attaché à la croix; et c'est par la vertu de cette croix que nous pouvons être délivrés des morsures du serpent infernal.

LEÇON XVIII.

DES MIRACLES QUI ACCOMPAGNÈRENT LA MORT DE JÉSUS-CHRIST.

D. Ne s'opéra-t-il pas plusieurs miracles à la mort de Jésus-Christ? R. Oui.

D. Quel fut le premier miracle qui s'opéra à la mort de JésusChrist? - R. Des ténèbres se répandirent sur toute la terre. Ces ténèbres furent évidemment miraculeuses. Ce ne fut point l'effet d'une éclipse,

EXPLICATION.

(1) Voir la note de la page 300, relative à l'époque de la naissance de Jésus-Christ.

puisqu'on était alors à l'époque de la pâque juive, où la lune est en opposition; or, il suffit d'avoir une légère teinture d'astronomie, pour savoir que pendant l'opposition ou la pleine lune, une éclipse de soleil est impossible. D'ailleurs, les phénomènes que l'on observe dans les éclipses ordinaires ne sont nullement ceux que les évangélistes ont décrits. « Toute la terre, disent-ils, fut « couverte d'épaisses ténèbres, depuis la sixième heure « jusqu'à la neuvième, » (1) c'est-à-dire pendant trois heures; or, chacun sait que le soleil ne peut rester totalement éclipsé pendant plus de cinq minutes. Mais il y a plus on peut consulter toutes les tables astronomiques qui existent, et l'on verra qu'il n'y a pas eu d'éclipse solaire pendant la quatrième année de la 202e olympiade, (2) la dix-huitième année du règne de Tibère, qui est celle de la mort de Jésus-Christ. (3)

Le miracle dont nous parlons est attesté par plusieurs écrivains. Denis l'aréopagite, étant à Héliopolis, en Egypte, le remarqua, et Suidas, à une époque assez rapprochée des temps apostoliques, lui fait dire : Ou la Divinité souffre, ou elle compatit à celui qui souffre. (4) Le saint martyr Lucien prononça, dans l'interrogatoire qu'on lui fit subir avant de le mener à la mort, ces paroles remarquables qui nous ont été conservées par l'historien Rufin (5) « Si vous refusez de vous en rapporter à mon << témoignage sur la divinité de Jésus-Christ, vous « n'avez qu'à consulter vos annales et qu'à fouiller vos

(1) Marc., xv, 33. - Matth., xxvII, 45. — Luc., xxii, 44.

(2) Olympiade, l'espace de quatre ans qui s'écoulait d'une célébration de jeux olympiques à une autre. La première olympiade commença au mois de juillet de l'année 3938 de la période julienne, 776 ans avant la naissance de Jésus-Christ. Les jeux olympiques tirèrent leur nom d'Olympie, ville située dans le Péloponèse, sous les murs de laquelle ils avaient lieu.

(3) Voir l'Art. de vérifier les dates.
(4) D. Calmet, art. Éclipse.
(5) Hist. ecclesiast,, 1. ix, c. vi.

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« propres archives Vous verrez que du temps de << Pilate, et lorsque le Christ souffrit, le soleil disparut, « et que le jour fut remplacé par les ténèbres. » Quelque temps auparavant, Tertullien, dans son Apologétique, disait aux païens, en parlant du même prodige : « Vous «<le trouverez rapporté dans vos annales. » (1) Certes, ni Lucien ni Tertullien n'auraient affirmé, d'une manière aussi positive, que les annales de l'empire contenaient des documents relatifs aux ténèbres qui accompagnèrent la mort du Sauveur, s'ils n'avaient eu une entière certitude de ce fait. Thallus, auteur grec qui florissait dans le premier siècle de l'ère chrétienne, parle, dans le troisième livre de son Histoire de la Syrie, des ténèbres qui couvrirent la terre en plein midi, dans la dix-huitième année du règne de Tibère. - Phlegon, autre historien grec qui florissait sous le règne d'Adrien, s'exprime ainsi dans son Histoire des olympiades : « La quatorzième année de la 202e olympiade, il y eut une éclipse de soleil plus grande qu'aucune de celles qu'on eût encore vues; à la troisième heure, le jour fit place à des ténèbres tellement épaisses, que les étoiles parurent dans le ciel, et un horrible tremblement de terre renversa grand nombre de maisons de la ville de Nicée, en Béthynie. » (2) — On trouve la mention de ce grand événement jusque dans les annales de la Chine. « L'année vingt-huitième du 40° cycle, la septième année du règne de l'empereur Kouang-Ou-Ti, le dernier jour de la troisième lune, il y eut une éclipse totale de soleil. » (3) L'année vingt-huitième du 40 cycle répond à l'an 32 de l'ère chrétienne, et c'est cette année-là même que le Sauvéur mourut. Le dernier jour de la troisième lune

un

(1) Et tamen eum mundi casum relatum in arcanis vestris habetis. (Tertul., Apolog.)

(2) Ce passage est cité par Origène, saint Jérôme et plusieurs autres

Pères.

(3) Scientia sinensis, latine exposita, par le P. Couplet.

répond à la fin du mois de mars; or, ce fut précisément le temps de la mort de Jésus-Christ.

Ainsi, selon Thallus, Phlégon, et les écrits originaux des Chinois, il y eut une éclipse totale de soleil l'année de la mort de Jésus-Christ; d'un autre côté, il ne put y avoir d'éclipse cette année-là; celle dont ils parlent n'est donc autre chose que les ténèbres mentionnées, dans les évangiles, au nombre des prodiges qui étonnèrent alors la Judée. (1)

D. Quel fut le second miracle qui s'opéra à la mort de Jésus-Christ? R. Le voile du temple se déchira depuis le haut jusqu'au bas. EXPLICATION. — Il y avait dans le temple de Jérusalem deux parties principales, le saint et le saint des saints; (2) ils étaient séparés l'un de l'autre par un grand voile. A la mort de Jésus-Christ, ce voile, déchiré par une main invisible, depuis le haut jusqu'en bas, laissa voir à découvert le saint des saints, où le grand prêtre seul pouvait entrer, et encore une seule fois dans l'année. Un pareil prodige annonçait à l'univers que tous les obstacles qui séparaient les hommes de la présence de Dieu étaient levés, et qu'un libre accès leur était ouvert jusqu'au trône de la gloire.

D. Quel fut le troisième miracle qui s'opéra à la mort de JésusChrist? R. La terre trembla et les rochers se fendirent.

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EXPLICATION.

Jésus meurt, et la terre tremble, ébranlée jusque dans ses fondements; les pierres se brisent, les rochers se fendent avec un horrible fracas et semblent disputer entre eux de douleur. Des voyageurs et des historiens dignes de foi, attestent que le rocher du Calvaire n'est point fendu naturellement selon les veines de la pierre, mais d'une manière évidemment surnaturelle. On le voit encore aujourd'hui, renfermé

(1) Foi et lumière ; dissertation sur les ténèbres qui couvrirent la terre lors de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ, par A. Digot. (2) Voir au troisième volume ce que nous disons du tabernacle.

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