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un bruit effroyable. Toute la nuit c'étaient des flammes qui faisaient paraître le château tout en feu. C'étaient des hurlements épouvantables, et cela n'arrivait qu'en certain temps de l'année, vers la Toussaint. Personne n'osait y demeurer que le fermier, avec qui cet esprit était apprivoisé. Si quelque malheureux passant y couchait une nuit, il était étrillé d'importance. Cette farce dura plus de quatre ou cinq ans et fit un tort immense au propriétaire, qui était contraint de laisser sa terre à son fermier à très-vil prix. Mais enfin il résolut de faire cesser la lutinerie, persuadé, par beaucoup de circonstances, qu'il y avait là de la ruse et de la mauvaise foi. Il va à sa terre vers la Toussaint, couche dans son château, fait demeurer dans sa chambre deux gentilshommes de ses amis bien résolus, au premier bruit ou à la première apparition, de tirer sur les esprits avec de bons pistolets. Les esprits, qui savent tout, surent apparemment tous ces préparatifs ; aucun d'eux ne parut. Ils se contentèrent de traîner des chaînes dans une chambre au-dessus de celle où se trouvait le maître du château avec les deux gentilshommes. Au bruit de ces chaînes, la femme et les enfants du fermier viennent au secours de leur seigneur. Celui-ci veut monter dans la chambre où le bruit se fait entendre: ils se jettent à genoux pour l'empêcher d'exécuter ce dessein; ses amis ne veulent pas non plus qu'il s'expose au danger, et se chargent seuls de la commission. Ils montent alors l'escalier, le pistolet dans une main et la chandelle dans l'autre, et entrent dans l'appartement où le vacarme avait lieu. Ils ne voient d'abord qu'une épaisse fumée; quelques instants après, ils aperçoivent confusément l'esprit c'est un fantôme tout noir qui fait des gambades et qu'un tourbillon de flammes et de fumée dérobe encore une fois à leur vue; il a des cornes et une longue queue; enfin c'est un objet qui glace d'épouvante et d'horreur. L'un des deux gentilshommes sent un peu diminuer son audace à cet aspect. « Il y a là quelque chose de surnaturel, dit-il à son ami, retirons-nous. » Mais l'autre, plus hardi, ne recule pas. < Non, non, répond-il, cette fumée sent la poudre à canon, et ce n'est rien d'extraordinaire. L'esprit même ne sait son métier qu'à demi, de n'avoir pas encore soufflé nos chandelles. » A ces mots il s'avance, poursuit le spectre, lui lâche un coup de pistolet, et ne le manque pas; mais il est étonné qu'au lieu de tomber, le fantôme se retourne et continue à faire des gambades. C'est alors qu'il commence lui-même à avoir un peu de frayeur. Il se rassure toutefois, et voyant que le spectre n'osait l'attendre, il cherche à le saisir

pour voir s'il sera palpable ou s'il fondra entre ses mains. L'esprit, se sentant pressé, sort de la chambre et descend par un petit escalier qui était dans une tour. Le gentilhomme descend après lui, ne le perd point de vue, traverse cours et jardins, et fait autant de tours qu'en fait le spectre; enfin, ce fantôme, parvenu près d'une grange qu'il trouve ouverte, s'y précipite et disparaît. On apporte de la lumière, et l'on remarque que là où le spectre avait disparu. il ♬ avait une trappe qu'on fermait au verrou après qu'on y était entré, on força la porte de la trappe, et on trouva l'esprit prétendu : c'était le fermier, déguisé en diable. Il avoua toutes ses souplesses et en fut quitte pour payer à son maître les redevances de cinq années, sur le pied de ce que la terre était affermée avant les apparitions. Ce qui le mettait à l'épreuve du pistolet était une peau de buffle ajustée à tout son corps. (1) — Si les ruses de ce fermier n'avaient pas été dévoilées, si personne n'avait eu le courage de l'entreprendre, on aurait continué de croire que le château d'Ardivilliers était plein de lutins et de revenants.

LE DOCTEUR BAYLE.

En 1806 vivait à Paris un célèbre médecin qui professait jusqu'au fanastime le culte du pays natal. Né à Vernet, petit village des Basses-Alpes, il quittait chaque année la riche clientèle qu'il s'était faite à Paris, pour aller passer quelques jours avec les bons paysans, ses anciens camarades, dont il avait conservé un touchant souvenir. Là, il assistait volontiers aux réunions du soir, appelées veillées, lesquelles, dans ce pays, se passent d'une manière à peu près irréprochable on travaille, on chante, on rit; mais pas la moindre légèreté, pas le moindre mot libre. Profondément religieux, il trouvait toujours le moyen d'y combattre quelques préjugés incompatibles avec la foi d'un chrétien, et de semer dans les intelligences quelque bonne et utile vérité.

Un soir, on était en décembre et aux approches de Noël, la conversation tomba sur les revenants; et chacun de raconter son histoire. Le docteur Bayle se mit à rire, et prétendit que tout cela était l'effet des préjugés, de l'imagination et de la peur.

C'est donc à dire, s'écria une vieille femme qui filait au rouet dans un coin, que ce soir, à la veille du saint temps de Noël, vous irez seul et sans lumière vous promener dans l'église?

(1) Histoire des imaginations, de M. Oufle, e partie, p. 77.

Oui, ma bonne, j'irai; dites-moi seulement ce que vous voulez que je vous en rapporte pour vous prouver que j'y suis allé. Oh! la moindre des choses, dit d'un ton moitié narquois, moitié naïf, un paysan qui jusque-là était resté silencieux, et qui n'était autre que le sonneur des cloches du village : voilà la clef de l'église, vous ouvrirez vous irez droit devant vous au maîtreautel, qui est en face de la porte, vous passerez par derrière; en tâtant avec les mains, vous rencontrerez un trou, au fond de ce trou il y a une tête de mort; on dit que ça ne fait pas peur aux médecins, une tête de mort! si vous la rapportez, nous verrons bien que vous êtes allé dans l'église.

Certainement, je la rapporterai. Là-dessus, il endosse un carrick et disparaît.

Entré dans l'église, il n'eut pas de peine à trouver le trou qu'on lui avait indiqué. Il plongea le bras dans cette ouverture, atteignit la tête, l'attira à lui et la saisit avec les deux mains. Au même instant il lui sembla entendre un son plaintif et triste. Il l'attribua à un grincement produit par les os en contact avec la pierre. Lorsqu'il fut au milieu de l'église, le même son se reproduisit plus distinct et plus pénible que la première fois.

C'est un oiseau de nuit, se dit le docteur, et il sortit.

Pour fermer la porte, il déposa la tête sur le sol, et quand il eut tourné la clef dans la serrure, il se baissa pour ramasser son fardeau. A peine le saisissait-il qu'il entendit le même son se reproduire. Cette triste coïncidence le surprit, mais il se dit immédiatement : Ce n'est pas de ce corps inerte que sort cette plainte... d'où vient-elle done?... Et il se mit, tout en marchant, à écouter attentivement le bruit de ses pas, à épier l'effet de ses moindres mouvements.

Bientôt il ne lui resta plus de doute; deux plaintes se firent entendre simultanément, et, cette fois, il ne put douter qu'elles ne sortissent de la tête de mort! Sa science se révolta d'abord contre l'évidence.

- Il faut, se disait-il, des organes pour produire le son articulé que je viens d'entendre, et il n'y a pas d'organes vivants dans cette masse insensible.

Il secoua la tête entre ses mains crispées et n'entendit rien. Il supputa son poids et n'y trouva rien d'extraordinaire. Cet examen rapide lui rendit une partie de son assurance; il répéta:

Je me suis trompé, tous ces bruits n'étaient que dans ma pensée!

Cette conviction ne fut pas de longue durée : les cris plaintifs se succédèrent précipitamment trois fois de suite, et toute espèce de doute devint impossible. Aussitôt son front se couvrit de sueur, ges jambes tremblèrent ; il lui sembla qu'il était cloué sur la place et qu'il ne marchait pas! Enfin il arriva devant la maison. La porte était ouverte, ses amis l'attendaient. Il entra.... à son aspect l'assemblée silencieuse tressaillit; il était d'une pâleur mortelle et son regard fixe avait quelque chose d'effrayant. Lorsqu'il fut au milieu de la maison, il déposa à terre la tète de mort! Au même moment, double cri se fit entendre et le docteur tomba évanoui.

un

Les assistants se dispersèrent en poussant des cris de frayeur. Le vieux sonneur resta seul impassible et se rapprocha pour donner des soins à M. Bayle, qui ne tarda pas à se remettre. Son premier mot fut:

La tête?

Elle est là, Monsieur.

Avez-vous entendu ce bruit?

Certainement.

- Qu'y a-t-il donc dans ce crâne? murmura le docteur Bayle avec stupeur.

Probablement quelque nid de chauves-souris ; il y en a làdedans toutes les années, répondit le vieux sonneur.

M. Bayle rappela lui-même les villageois, qui n'osaient approcher, prit le crâne entre ses mains, et, allongeant les doigts dans l'ouverture occipitale, en retira des fragments de chanvre et de vieux linge; c'était le nid de deux jeunes chauves-souris, qui apparurent aussitôt, et qui, trop faibles pour s'envoler, tombèrent lourdement sur le sol en agitant leurs ailes.

Le voilà, le revenant! s'écria le docteur Bayle; vous le voyez, mes pauvres amis;... et moi-même, un moment, j'avais eu peur! (Historique. }

LEÇON XXXIV.

DE LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR ET DU JUGEMENT GÉNÉRAL.

D. Nos corps ressusciteront-ils un jour ? ressusciteront un jour.

EXPLICATION.

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La mort est une dette dont aucun

homme ne peut être affranchi; tout homme naît, à la

-

charge de mourir un jour. Si le fils de Dieu lui-même, Notre Seigneur Jésus-Christ, a subi cette loi, qui pourrait prétendre au privilége d'en être exempt? Ainsi les hommes, même les plus saints et les plus parfaits qui se trouveront dans le monde lorsqu'il touchera à son dernier terme, paieront le tribut à la mort. La mort, ainsi que nous l'avons expliqué, mes enfants, est la séparation de l'âme et du corps. Après cette séparation, l'âme, qui est spirituelle, immortelle, incorruptible, continue de vivre, tandis que le corps dont elle est séparée retourne sans vie dans la poussière. Mais la séparation de l'âme et du corps ne durera pas éternellement : un jour viendra où tous les hommes, sans exception, bons ou méchants, qui ont vécu dans les siècles qui nous ont précédés, qui vivent maintenant, qui vivront dans la suite, et dont aucun, je le répète, ne sera affranchi de la nécessité de mourir, ressusciteront; c'est-à-dire que leurs âmes reprendront les mêmes corps qu'elles avaient animés, pour leur être à jamais unies par un lien indissoluble. C'est ce qu'on appelle la résurrection de la chair, c'est-à-dire des os, de la chair et du sang dont le corps est composé: mystère que la foi nous enseigne, et qui consiste dans la réorganisation de toutes les parties du corps humain, et dans sa réunion avec l'âme, dont la mort l'avait séparé. L'âme étant immortelle, le corps seul est détruit; c'est pour cela que, dans le symbole, il n'est parlé que de la résurrection de la chair.

D. Quand aura lieu la résurrection de la chair? — R. La résurrection de la chair aura lieu à la fin du monde.

D. Quand arrivera la fin du monde? · R. C'est ce qu'il nous est impossible de savoir.

EXPLICATION.-Quand arrivera la fin du monde? Les disciples osèrent faire autrefois cette question à JésusChrist, et Jésus-Christ répondit que son père avait caché le secret à ses anges mêmes. Ce que nous savons de

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