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patrem omnipotentem, -Je crois en Dieu, père toutpuissant.

Entendez-la nous expliquer sa réponse :

II y a un être-principe; par cela seul qu'il est principe, il n'a pas de commencement, il est éternel, c'està-dire infini par la durée; étant infini par la durée, il l'est aussi par la perfection; car, si quelque chose lui manquait en perfection, il ne serait pas l'être total, il serait limité dans son existence; il n'existerait pas par lui-même, il ne serait pas principe. Il y a donc un être infini en durée et en perfection. Or, l'état de perfection implique l'état personnel, c'est-à-dire l'état d'un être qui a conscience et intelligence de soi, qui se rend compte de ce qu'il est, qui distingue de lui ce qui n'est pas lui, qui éloigne de lui ce qui est contre lui; en un mot, qui pense, qui veut, qui agit, qui est libre, qui est souverain. L'être-principe est donc un esprit infini à l'état personnel. Telle est la doctrine catholique sur le principe des choses, doctrine renfermée dans cette courte parole: Credo in Deum, Je crois en Dieu.

Entendons maintenant la doctrine contraire; car il existe une doctrine contraire, et vous ne verrez jamais, Messieurs, le christianisme énoncer un dogme sans rencontrer immédiatement une négation, négation destinée à le combattre, mais qui doit servir à le prouver. Car l'erreur est la contre-épreuve de la vérité, comme les ombres sont le contre-appui de la lumière. Ne vous effrayez donc pas d'une opposition si

prompte à l'égard d'un dogme si manifeste; appelez-la plutôt de vos vœux, et écoutez la première parole du rationalisme contre la première parole du christianisme Credo in naturam, matrem omnipotentem, Je crois en la nature, mère toute-puissante.

Vous l'entendez, le rationalisme, comme le christianisme, admet l'existence d'un principe des choses; mais pour lui, c'est la nature même qui est l'êtreprincipe, l'être nécessaire, l'être éternel, l'être souverain. Or, la nature, nous la connaissons, et il est évident pour tous qu'elle est à l'état impersonnel, c'est-à-dire qu'elle n'a pas conscience de ce qu'elle est, qu'elle manque de l'unité intellectuelle par où chacun de ses membres vivrait de la vie universelle, et l'univers de la vie du moindre brin d'herbe compris dans son immensité. Nous sommes plongés dans la nature, nous y puisons l'aliment de notre existence; mais loin que nous y formions une seule vie par une intelligence commune à tous, nous ignorons jusqu'aux êtres qui nous touchent de plus près. Nous passons les uns à côté des autres comme des étrangers, et l'univers ne répond à nos investigations douloureuses que par le spectacle muet de son inanimée splendeur. La nature est privée de personnalité, et c'est pourquoi le rationalisme, qui veut qu'elle existe par elle-même, définit le principe des choses, une force infinie à l'état impersonnel.

Voilà les deux doctrines.

Et remarquez, Messieurs, que l'esprit humain ne

saurait en concevoir une troisième sur le principe des choses. Car ou bien la nature existe par elle-même et se suffit à elle-même, ou bien il faut chercher sa cause et son support au-dessus d'elle, non pas dans une nature analogue douée de la même infirmité, mais dans un être supérieur répondant par son essence à l'idée et à la fonction de principe. C'est l'un ou l'autre. Si l'on choisit la nature, comme elle manque de personnalité, il faut dire que le principe des choses est une force infinie à l'état impersonnel. Si l'on repousse la nature, il faut dire que le principe des choses est un être surnaturel, un être dont la conception logique mène nécessairement à cette conclusion, que le principe des choses est un esprit infini à l'état personnel. Ainsi la raison humaine, quant à la première question du mystère des destinées, la question du principe, est fatalement condamnée à l'une ou l'autre de ces professions de foi. Je crois en Dieu, Je crois en la nature.

:

C'est pourquoi il n'y a dans le monde que deux doctrines fondamentales, le théisme et le panthéisme la première qui édifie sur l'idée de Dieu, la seconde sur le fait de la nature; l'une qui part de l'invisible et de l'infini, l'autre du visible et de l'indéfini. Quiconque n'est pas théiste est logiquement panthéiste, et quiconque n'est pas panthéiste est nécessairement théiste. Tout homme fait son choix entre ces deux doctrines, et la vie humaine s'enlace à l'une ou à l'autre comme à l'arbre de vie et à l'arbre de

mort. On vous a donné peut-être le panthéisme comme une rare découverte des siècles nouveaux, comme un trésor lentement extrait des champs de la contemplation par le labeur des sages le fait est qu'il est aussi vieux que l'humanité corrompue, et qu'il suffit d'une tête d'enfant pour concevoir qu'il y a un Dieu, ou que, s'il n'y en a point, la nature est à elle-même son principe et son Dieu.

C'est un don de la vérité, Messieurs, que sur une question aussi capitale que celle du principe des choses, vous n'ayez à choisir qu'entre deux doctrines, et que l'une rejetée, l'autre se montre avec le caractère infaillible de la nécessité logique.

A quoi vous attendez-vous maintenant, Messieurs? Vous pensez peut-être que je vais vous démontrer l'existence de Dieu? Je vous déclare que pour rien au monde je ne voudrais vous la démontrer, non parce que la chose est impossible, mais parce que telle n'est pas la question. L'existence de Dieu n'est pas un dogme qui soit par terre, et qu'il faille tirer de la poudre; c'est un dogme qui est debout, qui se tient entre l'Église dont je vous ai fait voir l'autorité divine, et Jésus-Christ dont je vous ai prouvé la divinité personnelle. Dieu a été le fond de tout ce que nous avons vu jusqu'à présent. Il s'est révélé à nous comme se révèlent tous les êtres, par son action. Si Dieu n'avait pas agi sur la terre et s'il n'y agissait pas encore tous les jours, nul ne croirait en lui, quelque démonstration qu'en fissent la métaphysique et l'élo

quence. L'humanité croit en Dieu parce qu'elle le voit agir. La question n'est donc pas de le démontrer mais d'en approfondir l'idée, et de la porter devant l'esprit à tout l'éclat qu'elle y peut obtenir.

Écartons même ces preuves positives de Dieu; oublions ses travaux dans le monde, et supposons que nous ayons devant nous la question toute nue de son existence. Il ne s'ensuivra pas encore qu'il y ait nécessité de la démontrer directement. Car notre esprit porte en lui-même la certitude qu'il y a un principe des choses, et, en outre, que ce principe est nécessairement ou Dieu ou la nature. Il ne s'agit plus que de choisir, et une affaire de choix est toute autre chose qu'une situation où le raisonnement doit tout créer. J'ai à mettre en regard le théisme et le panthéisme, voilà ma tâche; j'ai à rechercher lequel des deux est en harmonie avec la nature, l'intelligence, la conscience et la société, voilà ma force.

Avant de commencer cette comparaison, ou plutôt en la commençant, je ferai une remarque, c'est que Dieu est ici-bas le plus populaire de tous les êtres, tandis que le panthéisme est un système purement scientifique. Au milieu des champs, appuyé sur son instrument de travail, le laboureur lève ses yeux vers le ciel, et il nomme Dieu à ses enfans par un mouvement simple comme son âme. Le pauvre l'appelle, le mourant l'invoque, le pervers le craint, l'homme de bien le bénit, les rois lui donnent leurs couronnes à porter, les armées le placent en tête de leurs batail

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