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altération; de degré en degré, d'alliances en alliances, toute disparité s'évanouit, et les fils d'Adam se retrouvent, comme il y a soixante siècles, dans les traits fraternels de leur père commun.

Arrière donc ces tentatives honteuses d'une science fratricide! arrière les voix qui ne respectent pas l'inviolable unité du genre humain! Saluons plutôt, chrétiens, saluons de loin, la face tournée vers tous les vents du ciel, nos frères dispersés par la tempête sur des rivages si divers. Nous, qui avons le mieux conservé l'incarnat primitif de notre création, qui avons reçu avec une plus douce influence de la lumière naturelle un meilleur partage de la lumière incréée; nous, les aînés de la vérité et de la civilisation, saluons nos frères que nous n'avons précédés que pour les conduire, que nous n'avons surpassés que pour qu'ils nous égalent un jour. Saluons en eux notre unité passée et notre unité future, l'unité que nous avions en Adam et celle qui nous attend en Dieu. Touchons la main du Malais et du Mongol; touchons la main du nègre; touchons la main du pauvre et du lépreux. Tous ensemble, unissant nos biens et nos maux dans une immense et sincère fraternité, allons à Dieu, notre premier père. Allons à Dieu qui nous a préparés du même limon, qui nous a vivifiés du même souffle, qui nous a pénétrés du même esprit, qui nous a donné la même parole, qui nous a dit à tous Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre, et soumettez-vous la, et présidez. Lui seul

peut nous bénir; lui seul peut nous ouvrir une ère véritable de liberté, d'égalité et de fraternité. Sans lui, c'est en vain que vous gravez ces mots sublimes sur le front de vos monumens. Ils avaient été gravés, il y a trente siècles, sur les tables du Sinaï par un doigt plus puissant que le vôtre, et cependant les tables du Sinaï sont tombées des mains qui les portaient et se sont brisées au pied de la montagne. C'est que leurs lois étaient écrites sur la pierre et non dans le cœur de l'homme. N'écrivez donc pas les vôtres sur la pierre, écrivez-les avec le doigt de Dieu dans votre propre cœur, afin que de là elles parlent au coeur de tous et s'y assurent une durable immortalité.

CINQUANTE-DEUXIÈME CONFÉRENCE.

DU DOUBLE TRAVAIL DE L'HOMME.

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

Il me resterait à vous entretenir de l'état où Dieu créa l'homme en tant qu'être physique, puis en tant qu'être religieux. Sous le premier rapport, il le doua d'immortalité; sous le second, il le prépara au partage de la vie divine elle-même par un don que la doctrine catholique appelle la grâce, c'est-à-dire le don par excellence. Ce devrait donc être là l'objet

présent de votre attention. Mais ayant plus tard à traiter devant vous du mystère de la résurrection des corps, je réserve pour ce moment tout ce qui concerne l'immortalité extérieure de l'homme; et quant à sa vocation au partage de la vie divine par l'effusion de la grâce, c'est une matière trop vaste pour y toucher dans un jour qui va clore nos Conférences de cette année. Je la réserve donc aussi, et je suis amené dès lors à la parole qui termine dans l'Écriture le récit de la création. Cette parole est singulière; la voici Dieu acheva au septième jour l'œuvre qu'il avait faite, et il se reposa de cette œuvre au septième jour; il bénit le septième jour et le déclara saint, parce qu'en ce jour là il avait cessé de créer et de faire son œuvre1.

Par où vous voyez, Messieurs, que le monde n'avait pas été l'ouvrage d'un instant, mais que Dieu l'avait produit dans un ordre progressif distribué en six époques que l'Écriture appelle des jours. Je ne m'arrêterai pas à vous exposer cet ordre qui est connu de vous, ni à le justifier. La science s'en est chargée depuis un demi-siècle; chacune de ses découvertes est venue à l'improviste constater la profondeur de la cosmogonie biblique, et enfin les entrailles de la terre mises à nu par de tardives investigations ont révélé dans l'état de leurs couches superposées la réalité de la formation successive qui est la base

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du récit de la Genèse. Il a fallu reconnaître ou que Moïse était inspiré de Dieu, ou qu'il possédait quinze siècles avant l'ère chrétienne une science qui ne devait éclore que trois mille ans plus tard. J'aborderais volontiers ce magnifique triomphe de notre foi si la nature de mes travaux me permettait d'y ajouter le poids d'une autorité personnelle, et s'il n'exigeait pas pour paraître tout ce qu'il est des développemens scientifiques mieux placés dans un livre que dans la chaire sacrée. Je me borne donc à ce fait incontestable, que la cosmogonie chrétienne est désormais assurée du respect de quiconque ne méprise pas le témoignage des plus authentiques réalités. Mais ce témoignage, qui suffit pour confondre les injures de l'esprit, ne suffit pas pour satisfaire son désir de savoir. Il se demande encore pourquoi Dieu a créé le monde graduellement, pourquoi il a en quelque sorte diminué sa puissance pour restreindre son action. On conçoit que le temps soit nécessaire à une cause finie; on ne conçoit pas le service qu'il rend à une cause qui peut tout par elle-même. Comment Dieu s'est-il rabaissé à la mesure d'un ouvrier vulgaire? Comment a-t-il pris, quitté, repris son œuvre? Comment s'est-il reposé? Toutes ces idées sont étranges, et en les voyant unies au premier acte qui nous a révélé Dieu, à l'acte de la création, l'intelligence vacille, et demeure sous le poids d'un inconsolable étonnement.

Messieurs, j'ose vous dire que votre instinct vous

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