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Messieurs, j'aurais encore à vous dire comment la grâce prophétique et sacramentaire, comment la vérité et la charité surnaturelles furent données à l'ancêtre de toute notre race mais l'ordre de nos Conférences m'arrête ici pour une année. Nous les rouvrirons l'an prochain par cette question, et immédiatement après, connaissant tout le plan de l'homme sur Dieu, ayant scruté les dons qui lui furent faits par l'intermédiaire de la nature et les dons plus hauts et plus directs qu'il reçut de la grâce, nous nous arrêterons devant ce magnifique chef-d'œuvre de la divine bonté, non plus pour l'étudier dans ses dons mais dans ses actes. Nous le verrons aux prises avec la liberté, dépositaire en elle de son propre sort et du sort de toute sa descendance, maître de tout perdre, maître de tout bénir, conduisant enfin dans son cœur le drame pieux et sanglant de nos communes destinées. C'est là, sous les ombrages vierges de l'Éden primitif, que je vous donne rendez-vous. C'est là, dans l'ignorance du mal et dans la gloire toute jeune de Dieu, que nous retrouverons notre premier Père: et nous, ses fils, qui préjugeons trop à nos malheurs quelle sera l'issue de tant d'innocence en tant de félicité, allons chacun à nos œuvres, et puissions-nous, dans une année, rapporter ici moins de remords que de souvenirs, moins de fautes que de vertus, une âme capable d'entendre la chute de l'homme et digne de la réparer !

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DE LA CHUTE ET DE LA RÉPARATION DE L'HOMME.

T. III.

30

DE

NOTRE-DAME DE PARIS.

ANNÉE 1850.

SOIXANTIÈME CONFÉRENCE.

DU CONCOURS DE LA NATURE ET DE LA GRACE DANS

L'HOMME PRIMITIF.

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

L'homme n'a qu'une fin, qui est Dieu. Mais, vous l'avez vu, il tend à cette fin par deux degrés inégaux, l'un indirect et inférieur, qui est la nature, l'autre direct et supérieur, qui est la grâce. Ces deux degrés par où nous allons à notre fin unique se composent

Monseigneur Sibour, archevêque de Paris.

des mêmes élémens, la vérité et l'amour la vérité par laquelle notre intelligence connait Dieu, l'amour par lequel notre volonté s'attache à lui. Mais, dans l'ordre naturel, nous ne connaissons et nous n'aimons Dieu qu'à travers le voile des choses créées, tandis que, dans l'ordre surnaturel, nous le connaissons tel qu'il se connaît, nous l'aimons tel qu'il s'aime, non pas d'abord parfaitement, mais en une manière qui nous prépare à la pleine vision et à la pleine possession. Je vous ai dit pourquoi et comment; j'ai étudié avec vous l'existence, la nécessité et l'organisation de l'ordre surnaturel, et toutefois il me reste deux questions à traiter pour que cette exposition ne demeure pas incomplète. Ces deux questions sont celles-ci : Quelle est l'essence de la grâce? quel est le rapport de la grâce avec la nature?

MONSEIGNEUR,

Ce n'est pas ma coutume d'adresser des hommages à l'archevêque de Paris chaque fois que je monte dans cette chaire pour y reprendre et y poursuivre les Conférences que la religion vient y tenir avec la jeunesse française; mais, après les actes mémorables qui ont signalé votre épiscopat pendant l'année qui s'achève, j'estimerais mon silence un défaut de mémoire et ce défaut de mémoire une ingratitude. Le premier, Monseigneur, par vos écrits d'abord, par

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