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définition même, puisqu'il est un mouvement d'étreinte, tandis que la pensée est une simple vué. Et néanmoins il procède de l'un et de l'autre, et il ne fait qu'un avec tous les deux. Il procède de l'esprit dont il est l'acte, et de la pensée sans laquelle l'esprit ne verrait pas l'objet qu'il doit aimer; et il reste un avec la pensée et l'esprit dans le même fond de vie où nous les retrouvons tous trois, inséparables toujours, et toujours distincts.

En Dieu, il en est de même. Du regard coéternel qui s'échange entre le Père et le Fils, naît un troisième terme de relation, procédant de l'un et de l'autre, réellement distinct de l'un et de l'autre, élevé par la force de l'infini jusqu'à la personnalité, et qui est le Saint-Esprit, c'est-à-dire le saint mouvement, le mouvement sans mesure et sans tache de l'amour divin. Comme le Fils épuise en Dieu la connaissance, le Saint-Esprit épuise en Dieu l'amour, et par lui se termine le cycle de la fécondité et de la vie divine. Car que voulez-vous que Dieu fasse encore? Esprit parfait, il pense et il aime; il produit une pensée égale à lui, et avec sa pensée un amour égal à tous les deux. Que lui reste-t-il à désirer et à produire? Et que vous resterait-il à vous-mêmes si vous aviez comme lui, dans l'unité de votre substance, une pensée sans bornes et un amour sans bornes? Mais, infortunés que nous sommes, la pensée et l'amour ne sont dans notre âme qu'une vue et une possession d'un objet étranger; nous sommes obligés de sortir

de nous pour chercher notre vie, pour apaiser notre soif de connaître, notre faim d'aimer. Et au lieu d'aller à la source unique de la vérité et de la charité, qui est Dieu, nous nous attachons à la nature qui n'est qu'une ombre, à la vie du temps qui n'est qu'une mort. Ou bien, repliés sur nous par un effort insensé, nous demandons à notre impuissance l'accomplissement du mystère un et triple qui est la félicité divine; nous essayons de nous suffire dans l'orgueil d'une pensée solitaire, dans la volupté de l'amour personnel, et comme un sable qui se dévore lui-même, nous nous desséchons dans les sanglantes étreintes d'un égoïsme qui serait infini si le néant pouvait l'être.

Ah! levez les yeux en haut! C'est là qu'est la vie, parce que c'est là qu'est la fécondité véritable. C'est là que vous conduisent le spectacle des lois de la nature et l'étude des lois de votre propre esprit. Tout vous apprend que l'être et l'activité sont une même chose; que l'activité s'exprime par l'action; que l'action est nécessairement productrice ou féconde; que le but de la fécondité est d'établir des relations entre des êtres semblables; que la relation est l'unité dans la pluralité, d'où résulte la vie, la beauté et la bonté: Et qu'ainsi, Dieu, l'être infini, l'être bon, beau et vivant par excellence, est infailliblement le plus magnifique ensemble de relations, l'unité parfaite et la plu ralité parfaite, l'unité de substance dans la pluralité de personnes; un esprit principe, une pensée égale à

l'esprit qui l'engendre, un amour égal à l'esprit et à la pensée d'où il procède; tous les trois, Père, Fils, Esprit-Saint, aussi anciens que l'éternité, aussi grands que l'infini, aussi un dans la béatitude que dans la substance où ils puisent leur divinité identique. Voilà Dieu! Voilà Dieu, la cause et l'exemplaire de tous les êtres! Rien n'existe ici-bas qui n'en soit le vestige ou l'image, selon le degré de sa perfection. L'espace le révèle dans sa plénitude une et triple; les corps le font reconnaître, dans les trois dimensions qui constituent leur solidité; l'esprit nous le montre de plus près dans la production des deux choses les plus élevées de ce monde, si toutefois elles sont de ce monde, la pensée et l'amour; enfin le tissu même de l'univers, qui n'est partout que relations, nous est comme une toile où la lumière divine passe, pénètre et nous laisse entrevoir au-dessus du ciel visible le ciel invisible de la Trinité.

Toutes les lois prennent leur source dans ce foyer des relations primordiales. La société humaine, si elle aspire à la perfection, n'a pas d'autre modèle à contempler et à imiter. Elle y découvrira la première constitution sociale dans la première cité : l'égalité de nature entre les personnes qui la composent; l'ordre dans leur égalité, puisque le Père est le principe du Fils, et que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils; l'unité, cause de la pluralité; la pensée recevant d'en haut son être et sa lumière; l'amour terminant et couronnant toutes les relations. Ces lois sont assez

belles, et les législateurs, s'ils pouvaient les réaliser sur la terre, feraient un ouvrage dont l'Église catholique a seule possédé jusqu'aujourd'hui le privilége et le secret.

Arrêtons-nous. Je ne vous ai pas démontré le mystère de la sainte Trinité, mais je l'ai mis dans une perspective où l'orgueil ne le méprisera qu'en s'insultant lui-même. Pardonnons-lui cette joie, s'il est jaloux de se la causer. Pour vous, Messieurs, inspirés d'une sagesse plus humble et plus élevée, remerciez Dieu qui, en nous révélant le mystère de sa vie, n'a pas accablé notre intelligence d'une lumière stérile, mais nous a donné la clef de la nature et de notre propre esprit.

QUARANTE-SEPTIÈME CONFÉRENCE.

DE LA CRÉATION DU MONDE PAR DIEU.

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

Nous avons pénétré jusque dans la vie intérieure de Dieu; nous savons qu'il est, et comment il vit. La suite des idées nous conduirait maintenant à rechercher quel est son caractère; mais deux mots nous suffiront sur ce point. Le caractère de Dieu est la perfection tout ce qui est renfermé dans l'idée de perfection, comme l'immutabilité, la sagesse, la jus

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