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nérations entre Rama et Ophir ; et cette hypothèse est confirmée par les traditions sanscrites qui représentent les Chamites au teint noir, fuyant d'abord vers le sud de la péninsule, après avoir été refoulés par le flot d'immigrants arrivés du septentrion, et obligés enfin d'abandonner les régions du continent aux nouveaux venus, pour chercher un refuge au-delà des mers'.

Les Védas contiennent les livres révélés des Indiens; on les a cru aussi anciens que le Pentateuque; quelques savants ont même conjecturé que leur auteur vivait vingt siècles environ avant l'ère chrétienne. A vrai dire, on ignore l'époque de leur composition, et on a la bonne foi de convenir de nos jours que l'âge des monuments de la littérature indienne ne peut être déterminé d'une manière précise. Les Védas, qualifiés d'éternels dans la loi de Manou, sont au nombre de trois le Rich, le Yadjous et le Sâma Veda', L'autorité des trois premiers Vedas est fréquemment invoquée dans ce recueil, tandis que l'Atharva, le quatrième, n'y est mentionné qu'une seule fois. Encore le mot Véda, ajouté par un commentateur à celui d'Atharva, permet-il de supposer que l'anteur du Manava-Dharma Sastra avait en vue, dans ce passage, le nom d'une personne et non celui d'un livre. W. Jones était de cet avis; quant au cinquième intitulé: Ezour-Véda, on sait d'une manière positive qu'il a été composé en sanscrit par un missionnaire, au commencement du 17° siècle'.

Les Oupanishads renferment les textes du Véda qui traitent particulièrement de la nature de la Divinité et des moyens de s'identifier avec elle. Ces livres forment proprement la

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1. Cham, 2. Coush, 5. Rama.-1'. Sem, 2'. Arphaxad, 3'. Salé, 4'. Heber, 5'. Jectan, 6'. Ophir. - Doch deuten sie bestimmt von Nor» den kommende Eroberer an, welche die alten, wahrscheinlich negerartigen, Bewohner der diesseitigen Halbinsel immer mehr nach Süden ‣ drängten, und sie endlich auf der Insel Zeïlon vertilgten... In Indien » hat sich derselbe Völkerstamm ganz mit früheren dunkelfarbigen Be» wohnern vermischt. (Asia polyglotta von J. Klaproth. S. 6 und 43.) • Manava-Dharma-Sastra, 1, 23.

'Twelve lectures on the connexion between Science and revealed Religion, by D. D. Nic. Wiseman, II, 266.

partie mystérieuse et théologique des Védas, et la réunion de ces différents traités, compose le Vedanta'. Le mot Oupnék'hat n'est que la forme persane du mot Oupanishadah, les Oupanishads ayant été traduits en persan en 1657, sous le nom d'Oupnék'hat, par ordre d'un frère de l'empereur Aurend-Zeyb.

Les Pouranas sont des recueils en vers qui renferment d'antiques légendes indiennes sur la création, sur la destruction et le renouvellement des mondes. Ces livres, dont la lecture est recommandée aux Dwidja, pendant la cérémonie en l'honneur des mânes', sont au nombre de dix-huit : le fond en est ancien, mais leur forme actuelle est considérée par plusieurs savants comme moderne.

Le code des lois de Manou est un des monuments les plus remarquables de la littérature sanscrite. Manou Swâyambhouva, issu de l'être existant par lui-même et nommé Adim dans les Pouranas, est, suivant les Brahmanes, l'auteur de ce recueil célèbre. Le premier Manou fut créé par Brahma avec son épouse, pour la multiplication de l'espèce humaine3. Adim eut plusieurs enfants, et entre autres deux fils de Sataroupa, et la légende rapporte que dans les temps voisins de la création, la Divinité daignait descendre sur la terre pour assister aux sacrifices des premiers hommes. La chronologie des Indiens étant d'accord d'ailleurs avec celle de Moïse, il reste démontré que Manou Swayambhouva, ou Adim, fils de Brahma, est le même homme qu'Adam pétri de la main de Dieu après la création des autres êtres“.

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Le Manava-Dharma-Sastra est un livre révélé aux yeux des

'Manava-Dharma-Sastra, II, 160; VI, 29. Manava-Dharma-Sastra, III, 232.

3 Ibid. I, 61. Masculum et fœminam creavit eos... Et ait: a Crescite et multiplicamini. » Gen. I, 27, 28. — Mann, dans les dialectes germains, est synonyme de homme : Manouszia en sanscrit et Manno en kurd, ont la même signification. Le mot Adam a passé des langues sémitiques dans un grand nombre d'idiomes de l'Asie, où il veut également dire: homme. En sanscrit, Adim signifie premier; ainsi la réunion des deux mots Manou et Adim, confirme l'identité d'Adam et de Swayambhouva, soit qu'on les traduise par premier homme ou par homme Adam.

▲ Genèse, IV, 1, 2, 4; V, 4. Recherches asiat. III,

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Indoux. Les Pandits affirment que Manou a reçu le livre de la loi de la bouche de Brahma; il en a communiqué la substance au Richi Bhrigou, qui à son tour en a donné connaissance aux Brahmanes. Ceux-ci ont pour eux l'autorité du législateur, il n'est donc point étonnant que les Indoux aient pris leurs paroles à la lettre.

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Après avoir composé ce livre de la loi lui-même, dès le principe, l'être immuable me le fit apprendre par cœur, » (c'est Manou qui parle). « Bhrigou, que voici, vous fera connaître pleinement le contenu de ce livre; car ce Mouni l'a appris en entier de moi-même." On lit cependant au commencement du second livre : « La révélation est le livre saint « (Véda), et la tradition le code de lois (Dharma-Sastra )'. » Paroles qui paraissent contredire celles que nous venons de citer, à moins de supposer les Védas plus anciens que le premier Manou, qui a précédé lui-même la naissance de tous les hommes. La révélation et la tradition sont les deux pivots sur lesquels roule tout le système de la législation indienne, la morale repose sur ces bases immuables, et la religion s'éclaire à leurs flambeaux. L'homme qui se conforme aux règles qu'elles prescrivent, « acquiert la gloire dans ce > monde, et obtient dans l'autre une félicité parfaite. »

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Il est facile de confondre les prétentions orgueilleuses des Brahmanes qui ont tenté d'éterniser leur propre œuvre, liant l'époque de l'apparition sur la terre du Manava-DharmaSastra, à la naissance du père des hommes; inclinant respectueusement leurs têtes devant les ordonnances du compilateur de leurs coutumes, comme devant le fac simile de la loi naturelle révélée à Adam dans le paradis, et transmise par la suite aux patriarches ses successeurs. Il est de toute évidence que le Manava-Dharma-Sastra ne peut être l'ouvrage ni du premier ni du septième Manou, c'est-à-dire d'Adam et de Noé, puisque l'auteur de ce recueil cite à plusieurs reprises les Védas et les Pouranas; qu'il est par conséquent moins ancien qu'eux; mais il a précédé la réforme de Bouddha dans les In

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des, puisque nulle part Manou ne fait mention de ce chef de sectaires. En accordant avec MM. Jonas et Chézy, au publicateur de la loi indienne, une existence antérieure de douze siècles au commencement de l'ère chrétienne, on alloue au Manava-Dharma-Sastra une antiquité dont son auteur a tout lieu d'être satisfait, puisqu'alors son apparition sur la terre devancerait les temps où la gloire de Salomon rayonnait dans tout l'Orient, pendant que les flottes de ce grand Roi, unies à celles d'Hiram, sillonnaient les mers d'Ophir et de Tharsis et pendant que la reine de Saba accourait du fond de son royaume pour éprouver sa sagesse par des énigmes. En effet, des communications maritimes étaient établies durant le 10° siècle avant Jésus-Christ, entre la Palestine et l'Inde, les flottes de Salomon et d'Hiram se rendaient de trois ans en trois ans en Tharsis, et les vaisseaux du roi des Juifs, montés en partie par des équipages tyriens, débarquaient à leur retour dans les ports d'Asiongaber et d'Ailath, les trésors et les productions des Indes : « de l'or, de l'argent, des bois << rares et odorants, des pierres précieuses, des dents d'élé>>phant, des singes et des paons, » en échange d'autres denrées que l'Ecriture ne nomme pas'.

Il faut savoir gré aux législateurs de l'Indoustan d'avoir rendu volontairement hommage à la communauté d'origine des peuples et des institutions humaines, en faisant remonter au premier homme l'établissement de leur loi; mais il est difficile d'excuser leur silence au sujet des emprunts tirés postérieurement aux temps patriarcaux des préceptes de la loi mosaïque car c'est en vain qu'ils ont tenté de dissimuler leurs larcins sous le voile prétentieux d'une antiquité sans limites. A la vérité les notions primitives paraissent s'être maintenues pendant un assez long temps sans altération chez les Indoux, parce que leurs ancêtres suivirent de loin les traces

3. Rois, IX, 28; X, 11, 12-2. Paralip. VIII, 18; IX, 10. Les rois d'Abyssinie se disent issus d'un fils de Salomon et de la reine de Saba, qu'ils appellent Nakeda, et dont ils placent la résidence à Meroë. Cette princesse fut accompagnée, à son retour dans ses Etats, par un fils du grand sacrificateur des Hébreux, qui introduisit en Ethiopie la religion judaïque.

de la voie marquée par les patriarches'; mais dès que des ambitieux et de faux prophètes eurent dégradé la tradition en la ployant au gré de leur intérêt et de leur politique, et opposé à la révélation véritable les oracles imposteurs qui s'adaptaient au but despotique qu'ils avaient en vue, le faisceau des connaissances patriarcales, entamé sur un point, ne tarda pas à se désunir; la chaine qui retenait entre elles les traditions primitives se brisa; quelques débris de cette chaîne, qui ne faisaient point obstacle à la marche du législateur ou aux abstractions du philosophe, parurent plus tard, dans leurs écrits, renoués dans le vide par des anneaux d'emprunt et des spéculations allégoriques.

La Genèse en rapportant la suite des descendants d'Heber jusqu'à Moïse, nous enseigne comment la tradition primordiale est parvenue pure et intacte aux oreilles du législateur inspiré. Comme l'Ecriture est restée muette sur la généalogie des ancêtres des autres nations, nous pouvons induire de son silence, que le peuple de Dieu a seul conservé dans leur intégrité les dogmes et la tradition véritable. Dans le Pentateuque, le prophète se montre fidèle à sa mission dès le commencement, et l'écrivain inspiré apparaît obéissant aux ordres de la Divinité, jusqu'au terme de sa carrière. Tout en admirant les vues fécondes des législateurs païens de l'antiquité; tout en rendant justice à leurs connaissances, à leur habileté à mouler d'un seul jet les institutions des sociétés ; doit-on rendre le même hommage à leur bonne foi et à leur loyauté? Manou, par exemple, non content de faire naître le Soudra des parties inférieures et impures du Créateur, non content de le condamner aux travaux les plus vils et à un esclavage perpétuel, dégrade encore son essence en lui refusant jusqu'au souffle divin qui anime son visage, pour le placer sur l'échelle de la brute, et le ravaler à la condition des êtres sans raison et sans intelligence. La femme Soudra est considérée, dans la loi de Manou, comme la femelle d'un animal et rangée comme telle dans la même catégorie que les bêtes.

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« Les grands ancêtres ont suivi la vraie voic. » Oupnék'hat.

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