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funèbres, lorsqu'en racontant la réconciliation de Laban avec son gendre, elle ajoute qu'ils formèrent une élévation qui devait servir pour témoigner à l'avenir de leur union : « Et

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idcirco appellatum est nomen ejus Galaad; id est, tumulus ⚫ testis'. »

Le père de l'histoire grecque rapporte qu'à la mort des rois Scythes; on étranglait une de leurs concubines avec leur échanson, un cuisinier, un écuyer, le premier ministre du prince et un de ses principaux serviteurs. On déposait la dépouille inanimée de ces malheureux avec le corps du roi dans une fosse profonde, et après les avoir recouverts de terre on élevait à sa surface un tertre considérable'. L'auteur chinois de l'Histoire de l'empereur Tsin-Che-Hoang-Ti, dont le nom, malheureusement célèbre, rappelle l'incendie des anciens livres, raconte que lors des funérailles de ce prince, son fils fit ranger autour de son tombeau ses femmes et ses eunuques, et ordonna aux soldats qui suivaient le convoi de les percer à coups de flèches, afin qu'ils pussent sans délai servir leur ancien maître dans le séjour des morts 3. Dans des temps beaucoup plus récents, on enterrait avec le corps des princes dans le Tongking et le Japon, les cadavres de quelques-uns de leurs officiers, et dans le royaume d'Acham on ensevelit encore avec les restes des Râdjahs, leurs femmes, leurs favoris, leurs domestiques ainsi qu'une partie des objets de prix ou d'utilité, auxquels ils attachaient de l'importance pendant leur vie.

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De tout temps les nations idolâtres ont supposé que les morts éprouvaient dans l'autre vie les mêmes besoins que sur la terre. Imbus des idées de la métempsycose, les peuples de l'antiquité imaginèrent qu'en revenant en ce bas monde, les mânes de leurs ancêtres retrouveraient avec joie les trésors déposés dans la tombe à côté de leur enveloppe mortelle. De là cette coutume barbare et inhumaine de sacrifier des êtres

1 Genèse, XXXI,

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48.

Histoire d'Hérodote. Melpomène, IV, 71.

<< Mémoires concernant les Chinois, par les missionnaires de Pékin, III, 296. L'empereur Tsin-Che-Hoang-Ti mourut 210 ans avant JésusChrist.

pleins de vie après la mort des rois et des empereurs, coutume que les Grecs et les Romains si renommés par leur civilisation et leurs lumières, ont vainement cherché à déguiser sous le titre anonyme de jeux funèbres; coutume enfin qui a été universellement adoptée suivant la remarque de Chardin, dans tous les lieux où le paganisme avait étendu son empire: « Depuis l'Indus jusqu'aux extrémités de la Chine et du Japon >> les femmes se brûlent vives à la mort de leurs maris, comme font les domestiques des grands à leur mort, dans les lieux » où l'idolâtrie est dominante '.>>

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C'est au catholicisme que l'humanité est redevable de l'abolition de ces scènes de carnage et de ces funérailles sanglantes, que le philanthropisme égoïste des Anglais a consenti par politique à perpétuer dans les régions de l'Inde. Qu'on ouvre les annales de l'histoire du monde, et l'on verra que jamais gouvernement catholique n'a présenté l'exemple scandaleux d'une tolérance antichrétienne aussi inouïe. La raison en est simple: l'Eglise romaine se montrera constamment opposée à toute concession contraire à son honneur, et en désaccord flagrant avec la loi de charité établie par son divin fondateur.

CONCLUSION.

On ne doit plus douter de la vérité des paroles de M. de Maistre, qui servent d'épigraphe à cette analyse. Les premiers historiens de l'Amérique ayant vécu au milieu des indigènes, avaient eu le loisir d'examiner leurs mœurs et leurs institutions; ces hommes ont rapporté naïvement ce qu'ils avaient vu; mais comme la plupart d'entre eux étaient de pauvres religieux, on a cherché dans le dernier siècle à contester la vérité de leurs récits, qui se trouvent confirmés de nouveau par les recherches plus récentes de voyageurs véridiques et de savants consciencieux. Il appartenait en effet au scepticisme des philosophes de calomnier les intentions de

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Voyages en Perse et autres lieux de l'Orient, VII, pag. 249.

missionnaires courageux, et d'accuser d'intolérance et de fanatisme les prêtres qui s'exposaient à un martyre cruel sur les plages d'un monde inconnu, pour y répandre la lumière de l'Evangile, et arracher aux ténèbres d'un fétichisme abject des peuples dégradés par les préjugés et les penchants inséparables de l'idolâtrie. Cette odieuse inculpation ne suffisant point à la haine des philosophes, ils accusèrent encore les ministres d'une religion de paix d'avoir porté le fer et la flamme sur les rivages lointains du nouveau continent pour dépeupler systématiquement ses campagnes, et métamorphoser en désert les régions les plus belles et les plus fertiles de l'Amérique; tandis qu'il est prouvé que dès les premiers temps de la conquête, les Espagnols étaient contraints par l'incurie et par l'indifférence brutale des indigènes à promulguer des lois coërcitives qui les obligeaient, sous des peines très-sévères, à prendre soin de leurs familles, et qui contraignaient les parents, maris et femmes, pères et enfants, à ne point se séparer et à se surveiller réciproquement dans leurs maladies', tant les Indiens sauvages de l'Amérique paraissaient étrangers à tout sentiment mutuel de commisération et de pitié! Cependant ces mêmes religieux qui affrontaient les tourments et la mort pour la gloire de leur Maître céleste, osaient encore braver l'orgueil et les menaces des conquérants de la terre, et ne craignaient point de repasser les mers pour prendre en main la défense des faibles et des opprimés, pour en appeler à la justice de leur souverain, et implorer, en faveur des Américains, l'assistance et la protection de leurs rois. Qui n'a entendu parler du zèle exagéré d'un Las Casas, et qui pourrait prononcer sans respect le nom de d'Olmédo, de cet aumônier du corps expéditionnaire du Mexique, qui arrêta la main victorieuse de Cortez déjà levée pour renverser les autels des Tlascaltèques, uniquement parce que cette mesure était contraire à la justice, et qui eut l'honneur de proclamer à la face d'un général fougueux et tout-puissant, que l'instruction et le bon exemple devaient seuls être employés à la conversion des infidèles2. Quoi de plus glorieux

'Histoire de l'Amérique, par le docteur Robertson. II, IV, 487. 'Histoire de l'Amérique, par Robertson. III, V, 81.

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d'ailleurs pour la justification du clergé catholique de l'Amérique, que le témoignage authentique du docteur Robertson que personne ne peut soupçonner de partialité envers les prétres d'une religion qui n'était point la sienne : « C'est encore plus injustement que plusieurs auteurs ont attribué la dé» population du nouveau monde à l'esprit intolérant de la religion catholique romaine... Rien ne fait plus d'honneur » aux missionnaires espagnols que le zèle humain et constant » avec lequel ils, protégèrent les faibles ouailles qu'on avait » confiées à leurs soins, et ce que j'en ai dit répand sur leur • ministère un éclat que rien ne peut effacer. C'étaient des » ministres de paix, etc'. »

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Ces paroles, qui font le plus grand honneur à leur auteur, doivent suffire pour imposer silence à la haine et à la calomnie. Loin de moi la pensée d'applaudir aux excès des aventuriers de la Castille, et de pallier les crimes et les emportements des premiers conquérants de l'Amérique; mais si nous avions vu comme eux éventrer de sang-froid nos camarades, si nous avions vu de nos yeux leurs membres palpitants devenir la proie des cannibales, si nous avions été témoins de la cruauté, de la férocité sans égale de la nation la plus policée du nouveau monde (j'en appelle ici au cœur des militaires et non à la philanthropie larmoyante des industriels et des philosophes), peut-être nous serions-nous laissé entraîner aux mêmes excès que ces guerriers trop avides de dépouilles et de butin, mais grands de courage et bouillants de vengeance.

Hérodote rapporte que les Scythes sacrifiaient au Dieu de la guerre la centième partie des prisonniers qu'ils enlevaient dans les batailles. Ils égorgeaient ces malheureux sur la plateforme d'un monument pyramidal, et répandaient leur sang à l'entour du cimeterre qui servait de symbole à cette divinité redoutable. On coupait le bras et l'épaule droite aux victimes, et on laissait leurs cadavres étendus au pied de la pyramide. Les Scythes, continue le père de l'histoire, préparaient

' Ibidem, IV, III, 155-156.

les peaux de leurs ennemis, et les joignaient ensemble pour en faire des manteaux (Baita)'.

A la fin du quatorzième siècle les Tâtars de l'armée de Tymour entassaient leurs prisonniers vivants avec des briques et de la boue, et élevaient des tours avec les têtes des habi tants des villes rebelles. Soixante-dix mille têtes furent mises en tas hors des murailles d'Ispahan, après que cette ville eût été emportée d'assaut par Tamerlan'.

Cet impitoyable conquérant fit écorcher vivants tous les Guèbres de la ville de Mirth, pour avoir répondu avec fierté à la sommation de ses hérauts; et dans une simple visite qu'il fit en passant par Ardéwyl à un cheik du voisinage, il accorda, à la requête du dévot Musulman, la vie à 2000 prisonniers du Turkestan, destinés à être égorges dans une fête3. Dans le siècle dernier, partout où paraissait Nâdirchâh, le farouche conquérant de la Perse et des Indes, il faisait entasser sur son passage les têtes de ses ennemis comme on em

'Histoire d'Hérodote. Melpomène, IV, III, § 64. D'après l'ordonnance du Lévitique, l'épaule droite de toutes les victimes appartenait de droit aux prêtres. Lévit. VII, 32, 34. — On lit dans le livre de Job l'imprécation suivante: «Humerus meus à juncturâ suâ cadat, et brachium meum cum >> suis ossibus confringatur, » Job. XXXI, 22.

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'Histoire générale des Huns, par M. Deguignes, IV, XX, 18, 19, 25, 36, 43. Après que les anciens de Samarie eurent mis à mort par ordre de Jéhu, les soixante-dix fils du roi Achab, ils séparèrent leurs têtes de leurs corps, les mirent dans des corbeilles et les envoyèrent à Jezrahel. Jéhu, en voyant arriver ces têtes royales, dit au messager chargé d'en faire la remise: « Mettez-les en deux monceaux à l'entrée de la porte jus

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qu'au matin... Ponite ea ad duos acervos juxtà introïtum portæ usquè » manè. » 4. Rois, X, 7, 8. - Personne n'ignore les expositions capitales du sérail. En Chine, les bulletins des batailles gagnées finissent ordinairement par ces mots laconiques : « L'empereur a fait couper tant de mille » têtes. * » -Les montagnards de Tirpa, à l'est du Bengale, entassent les têtes de leurs ennemis devant la demeure de leur chef, dansent et se réjouissent autour de ce trophée de leur victoire. Recherch. Asiatiq. II, 237. 3 Histoire générale des Huns, par M. Deguignes, IV, XX, 55.

* Vers le milieu du dernier siècle, pendant la guerre des Chinois contre les Eleuths, un des généraux de l'empereur Kien-Long fit trancher la tête au prince mahométan de Kaschgar; il la fit aussitôt serrer dans une boîte, et l'envoya à l'empereur, qui donna l'ordre de l'exposer audessus de la porte de son palais.

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