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« A la fin du dernier Calpa il y eut destruction générale » des créatures, occasionnée par le sommeil de Brahma. Il y » avait dans le même temps à Dravira un saint roi nommé Satyaurata, très-zélé adorateur de l'Esprit qui anime les eaux >> et constamment livré à des exercices de dévotion et de piété'. » Le conservateur de l'univers Héri', qui voulait sauver ce prince, lui apparut sous la forme d'un poisson, et lui dit : » Le moment terrible de la dissolution est arrivé pour tous » les êtres mobiles et immobiles. Dans sept jours les trois mondes périront submergés par l'Océan; tous les hommes qui m'ont offensé mourront 3; mais du milieu des ondes dé» vorantes sortira un vaisseau qui viendra s'arrêter devant toi. Tu y mettras de toutes les plantes, de toutes les graines, tu y feras entrer des couples de tous les animaux, et tu > t'enfermeras ensuite toi-même dans le vaisseau, accompagné » des sept Richis "... Héri disparut à ces mots, et. Satyaurata >> attendit avec humilité le temps fixé. Bientôt l'Océan franchissant ses limites inonda toute la terre, et la pluie tomba » par torrents des nuages amoncelés 5. Au même instant parut

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« Noé fut un homme juste et parfait au milieu des siens; il marcha » avec Dieu. » Gen. VI, 9. « St. Pierre le nomme prédicateur de justice. » Héri, Seigneur, c'est la signification du mot allemand herr. En latin herus veut dire maître; et comme les idées vont en se dégradant à mesure qu'elles s'éloignent de leur type primitif, la langue française emploie le mot hère ironiquement : un pauvre hère est un terme de mépris.

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<< Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre durant quarante jours et quarante nuits, et je détruirai toutes les créatures que j'ai faites » sur la face de la terre. » Genèse, VII, 4.

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4 << Tu entreras dans l'arche, toi, tes fils, ton épouse et les épouses de »tes fils avec toi. » Gen. VI, 18. — « Si Dieu n'a point épargné le monde, mais n'a sauvé que sept personnes avec Noé, prédicateur de justice.

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St. Pierre, 2 Epit. II, 5. Dans l'Indoústan, Manou se sauve avec les sept Richis; au Mexique, Coxcox échappe seul à la grande inondation avec les sept géants.

5 Les deux causes de l'élévation prodigieuse des eaux lors du déluge, savoir la rupture des sources du grand abîme, et la chute incessante de la pluie, sont clairement exprimées dans le Pourana indien : « Toutes les sources du grand abîme furent rompues et les cataractes du ciel furent ⚫ ouvertes ; et la pluie tomba sur la terre durant quarante jours et qua» rante nuits. » Gen. VI, 11, 12.

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» le vaisseau annoncé par Héri et Satyaurata s'y embarqua » suivi des sept Richis. Le navire vogua sur la mer pendant longtemps, malgré l'impétuosité des vagues et la violence » de la tempête. Enfin, les eaux se retirèrent, et il aborda sur le sommet de l'Himavat, où les Richis l'attachèrent'. » Satyaurata, après de nouvelles austérités, se mit à créer > tous les êtres, et fut élevé par Héri au rang de septième » Manou ', sous le nom de Vaivaswata. »

Tel est, en abrégé, le récit du Pourana indien intitulé: Matsia ou le Poisson. En substituant dans cette antique légende à Satyaurala et aux pénitents qui le suivirent, Noé avec sa femme et ses enfants, et en écartant les allégories qui y ont été rattachées à dessein par le poëte, pour les remplacer par l'épisode du départ du vautour et du retour du colibri, qui nous a été transmise par la tradition américaine, on parviendra à recomposer l'histoire entière du déluge telle qu'elle est racontée par Moïse dans le chapitre VIII de la Genèse. Croirat-on que le savant auteur de l'Asie polyglotte, qui admettait l'authenticité des traditions diluviennes de l'Inde et du Mexi

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ait tiré de l'unanimité de leur témoignage la conclusion suivante: « Il n'en est pas de même de la grande inondation » à laquelle nous donnons le nom de Noé; car nous savons qu'à cette époque des hommes se sont sauvés en différentes » contrées, comme dans l'Inde, en Arménie et en Amérique. » Le même phénomène a pu se reproduire sous d'autres cli» mats, quoique le récit historique de semblables incidents se » soit perdu, ou ne soit point parvenu à notre connaissance3.»

I

« Et l'arche s'arrêta au septième mois, le vingt-septième du mois, sur les montagnes d'Ararat. » Gen. VIII, 3.

* On croit reconnaître dans ce mot le nom de l'homme juste de la Genèse. Máh-nou, composé de l'adjectif sanscrit Mâha, grand, et de Nou, nom propre de Noé, pouvant signifier: Le grand Nou, ou le grand Noé.

B << Anders verhælt es sich aber mit der grossen Ueberschwemmung, > die wir die Noah'sche nennen; denn wir wissen, dass zu ihrer Zeit in > verschiedenen Lændern Menschen gerettet worden sind; wie in Indien, in Armenien und in Amerika. Eben so kann dieses noch der Fall in an› dern gewesen sein, obgleich uns die Sage davon entweder verloren ge› gangen oder nicht bekannt ist. » ( Asia polyglotta, s. 41.)

Ainsi, pendant que l'arche qui portait Noé et les sept personnes de sa famille s'arrêtait sur le mont Ararat en Arménie, Manou, accompagné des sept Richis, débarquait sur la crête de l'Himalaya; le canot de Coxcox atteignait dans le même temps la cime de Colhuacan, et les sept géants d'Anahuac sortaient simultanément de leurs cavernes '. Mais avant de pousser plus loin la plaisanterie, M. Klaproth devait prouver par quel hasard Coxcox et ses compagnons se trouvaient sur la Cordillère du Mexique au moment du déluge de Noé, 3076 ans avant la venue de Jésus-Christ, en admettant son calcul; tandis que les ancêtres des nations mexicaines, qui ont importé en Amérique la tradition du déluge, ne descendirent des régions boréales du nouveau monde qu'un peu avant le milieu du sixième siècle de l'ère chrétienne; les Toltèques se trouvant encore en 544 en arrière des rives du RioGila, et les Aztèques, qui parlaient la même langue, n'étant arrivés qu'en 1190 à la Nouvelle-Espagne. Il est inutile d'insister davantage sur l'identité constante du chiffre des personnes sauvées avec Noé lors du déluge; et il serait oiseux de s'étendre en commentaires sur la métamorphose' nominale que l'Ararat a dû subir dans la légende américaine. Il est clair que les conquérants d'Anahuac voulurent adapter les traditions généalogiques de leurs ancêtres aux localités de leur nouvelle patrie. En arrivant au Mexique ils jetèrent les yeux sur la Cordillère qui en découpe l'intérieur, et Colhuacan devint la forme américaine de la montagne de l'Arménie, qui avait éprouvé une métamorphose analogue dans l'Indostan. C'est encore par la même raison que les Aztèques ont substitué dans leurs récits le vautour et le colibri, oiseaux indigènes du nouveau monde, au corbeau et à la colombe de l'Ecriture.

'Chicomoztoll, les sept cavernes, de chicom, sept, et oztotl, grotte, caverne, en aztèque. Il y a encore une autre tradition mexicaine qui porte que le premier homme, nommé Iztamixcuatl, parvint à un âge trèsavancé; sa femme Ilancuill donna le jour à six fils, desquels descendent tous les peuples de la Nouvelle-Espagne. Sept plus un feront toujours huit; et « peu de personnes, c'est-à-dire huit seulement, se sauvèrent » dans l'arche au milieu des eaux. » St. Pierre, I. Epît. III,

1+7=8.

20.

L'auteur de l'Asie polyglotte en reconnaissant l'action générale d'un déluge, nie que les eaux se soient élevées à l'époque de la grande inondation au-dessus des points culminants du globe. Par contre il assure que chaque chaîne primitive de montagnes recelait sur sa cime un foyer de salut, où quelques êtres privilégiés trouvèrent un refuge assuré contre les flots. Après la retraite des eaux, ces divers noyaux de sociétés redescendirent petit à petit dans les vallées, et repeuplèrent le monde, en maintenant la distinction des races humaines. L'auteur s'est réservé la clef de son système en se dispensant de l'étayer par aucune preuve. Quant à nous qui croyons à l'inspiration de Moïse, nous ne nous lassons pas d'admirer que la preuve de cette inspiration se révèle dans des contrées dont le Prophète ignorait l'existence, et qui sont restées cachées pendant tant de siècles pour nos aïeux.

On a dit précédemment que Coxcox était désigné dans les tableaux aztèques par un hieroglyphe placé au-dessus de sa tête : cet hiéroglyphe doit être phonétique, puisque les Mexicains employaient des caractères de ce genre pour désigner les noms de leurs héros et de leurs personnages historiques. L'hiéroglyphe de Coxcox est une tête de vautour: l'oiseau qu'il fit sortir de sa barque lorsque les eaux du déluge se furent retirées est un zopilotl ou urubu (vultur aura)'. Cet oiseau est appelé coxquauhtli par Hernandès. Le nom de Coxcox n'est donc que la réduplication de la première syllabe cox, le mot quauhtli ajouté à la suite de cette syllabe étant le nom générique en langue aztèque, des oiseaux appartenant à la famille des aigles. Les Egyptiens plaçaient l'image d'un vautour audessus de la tête de leurs héros, et donnaient pour coiffure à Isis, emblème de la terre, la dépouille du même oiseau. « Le » vautour (kehrkâs) est comme la vieillesse : il a été donné » pour manger les corps morts. » Coxcox est représenté quelquefois le menton garni d'une longue barbe, et porte alors le nom de huehuetonacatéocipactli, « vieux poisson di

'Dictionnaire d'Histoire naturelle. Voir les mots : Cosquauthli, Urubu, Vautour, etc.

'Boun-Dehesch. p. 388.

vin de notre chair.» Noé, suivant le témoignage de l'Ecriture, était âgé de 600 ans lorsque les eaux du déluge inondèrent la terre. Après sa sortie de l'arche « il commença à cultiver la terre, et planta la vigne. » On sait qu'ayant bu inconsidérément du vin qu'elle avait produit, il s'enivra. Les vieillards jouissaient, avant la conquête du Mexique du privilége persan de s'enivrer même en public. En Chine, le Chouking a, dans ses récits, confirmé le souvenir d'une autre circonstance mentionnée dans l'Ecriture. Après le déluge d'Yao, Yu, après avoir rapporté à l'empereur comment il avait porté remède aux ravages causés par les eaux, ajoute ces paroles remarquables: a Alors on joignit la chair des animaux à celle des poissons, » et les peuples eurent de quoi subsister'. » C'est précisément ce que Dieu dit à Noé et à ses fils après le déluge : « Vous » pourrez prendre pour votre nourriture tout ce qui a mou» vement et vie, je vous le donne de même que toute sorte » de plantes'.

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Je ne fais point mention ici de la tradition des habitants indigènes de la Nouvelle-Grenade sur la grande inondation qui dévasta le plateau de Bogota, inondation qu'ils attribuaient à la méchanceté de la femme de leur législateur. La légende Muyzca est incomplète et tronquée; peut-être n'est-elle que le souvenir d'un déluge local dont le plateau de Bogota a jadis été le théâtre. C'est à quelques hommes réfugiés sur la cime des montagnes glacées du voisinage, que les Muyzcas durent, suivant cette tradition, le repeuplement successif de leur patrie.

IV.

BABEL, OU LA DISPERSION DES HOMMES.

Les peuples de la Nouvelle-Espagne considéraient, au dire de Robertson, l'enceinte de Cholula comme une terre sacrée ;

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