Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Mais les Cénobites de la Judée, réunis en communauté sous la direction d'un supérieur inspiré par l'Esprit-Saint, étaient astreints à l'obéissance et à la règle; tandis que les solitaires de l'Indoustan, évitant le contact de leurs semblables et errant dans de vastes déserts, se complaisaient dans d'extatiques rêveries, et traînaient, sans contrôle et sans discipline, leur existence isolée. Aussi la vie contemplative de ces dévots dégénéra-t-elle bientôt en véritable monomanie. C'est apparemment parce que les gymnosophistes des bords du Gange' se sont rendus à jamais ridicules par leurs extravagances, que les philosophes et les sectaires de tous les temps se sont évertués à chercher dans les solitudes de l'Indoustan les devanciers des anachorètes de la Thébaïde, et ont imaginé de retrouver aux environs de Bénarès le type et les modèles des fondateurs des congrégations monastiques de la chrétienté.

[ocr errors]

1)

Les cérémonies religieuses des Papistes semblent être, à >> beaucoup d'égards, la copie servile de celles des Gosséin » et des Fakyrs; les Ascétiques chrétiens différaient bien » peu des Byraguys, leurs sales originaux'... C'est à M. Reuben Barrow que nous sommes redevables de cette savante comparaison et de ces recherches exemplaires. Il a découvert dans le même temps: « que les dogmes du catholicisme ont. » beaucoup d'analogie avec ceux de Brâmah et de Bouddha; et il appose le sceau à cette facétieuse diatribe contre le Papisme, « En mettant hors de doute, que les Druides de la » Grande-Bretagne étaient aussi des Brahmanes; » et comme les croyances de ces derniers ont beaucoup d'analogie avec la doctrine des catholiques, il s'ensuivrait que les Druides Bretons n'étaient à leur tour que des Papistes déguisés: conclusion qui doit suffire pour élever des doutes sur le bon sens du

> sortit dans les champs pour cueillir des herbes : et il trouva comme une › vigne sauvage, et il y cueillit des coloquintes, etc...» 4. Rois, IV, 39.

Ils s'abstiendront (les Naza> réens) de vin et de tout ce qui » peut enivrer; ils ne boiront pas » de vin aigri ni d'aucun autre » breuvage.» Nombres, VI, 3.

I

« Qu'il s'abstienne (le Dwioja) de » sucs savoureux extraits des végé» taux, de femmes, de toute sub» stance acide.... »

Loi de Manou, II, 177,

Gymnosophistes ou sages nus, de γυμνος et de σοφιτής.

Recherches asiatiques, If, Appendice, p. 69.

mathématicien anglais de Calcutta. Rendons justice aux membres émérites de la société du Bengale, rarement le fiel a découlé de leur plume, et des sarcasmes aussi grossiers sont des taches qui ne devraient point souiller les pages de leur docte recueil. Mais afin qu'on ne me soupçonne pas d'accuser gratuitement de délire les béats monomanes de l'Indoustan, et pour donner un seul exemple du bon emploi de leurs moments perdus, je vais transcrire ici une des merveilleuses méthodes d'unification recommandées dans leurs livres.

« Avec le talon bouchez l'anus, puis tirez le vent de bas en » haut par le côté droit, et faites-le tourner trois fois autour » de la seconde région du corps, de là faites-le parvenir au » nombril qui est la troisième; puis à la quatrième qui est au milieu du cœur, puis à la cinquième qui est la gorge, » puis à la sixième qui est l'intérieur du nez entre les deux sourcils: là retenez le vent; il est devenu le vent de la resD piration, l'âme universelle'.»

[ocr errors]

Ce passage n'est point imaginaire, il est transcrit mot pour mot des Vedas; voilà ce que de très-honnêtes Yatis appelaient autrefois dans l'Inde, le commencement de l'unification, et ce que M. Barrow a pris au demeurant pour un article du catéchisme des Papistes. Convenons toutefois que les docteurs anglicans sont de plaisantes gens, lorsqu'ils osent comparer ces messieurs aux martyrs et aux saints de l'Eglise catholique.

L'exemple et la tradition des prophètes de l'ancienne Loi durent exercer sans aucun doute une influence puissante sur la vocation des solitaires de la Loi nouvelle, lorsque ceux-ci se réfugièrent dans les déserts de la haute Egypte pour se soustraire aux persécutions du paganisme; et il est raisonnable de croire que les associations prophétiques des Hébreux sont devenues, dans les siècles postérieurs à la venue de J.-C., le modèle des congrégations religieuses des cénobites du christianisme. C'est aux Ascètes de la Thébaïde que re

1

Analyse de l'Oupnék'hat, par M. le comte Lanjuinais, 93, 94. L'Oupnek'hat renferme la description du mécanisme d'autres pratiques non moins édifiantes. Chardin, dans le neuvième volume de ses voyages en Orient (p. 201, 202), fait un portrait peu flatteur des derviches et des fakyrs mahométans de son temps.

monte l'organisation primitive des établissements monastiques de la chrétienté. St. Antoine rassembla ses disciples dans le Fayoum au commencement du 4° siècle de l'ère chrétienne; il les ploya aux règles de la discipline, les réunit en collége, et fonda ainsi le premier monastère d'Afrique. Les religieux chrétiens s'étant multipliés en peu de temps, on vit se modeler à l'envi sur l'exemple des pieux cénobites de l'Egypte, une foule d'ordres et de congrégations spirituelles, qui se répandirent de tous côtés dans les provinces de l'empire.

Les règles monastiques des chrétiens orientaux, une fois connues des habitants de l'Asie, ne tardèrent pas à être imitées par les sectateurs du Bouddhisme'. La doctrine de Foé ne commença à pénétrer dans l'empire du milieu, qu'à la fin du premier siècle de l'ère chrétienne; et les congrégations bonzes ne se formèrent que beaucoup plus tard. Elles n'existaient point encore sous les Han; ce sont les Chinois eux mêmes qui l'assurent'; et la dynastie des Tsin orientaux leurs successeurs, sous le règne desquels parurent les premiers religieux Bouddhistes, ne s'éteignit que dans le cinquième siècle. Les dogmes de Bouddha ne furent portés au Tubet qu'en 632 de notre ère; c'est donc dans le cours du moyen âge seulement qu'on vit s'élever ce nombre prodigieux de monastères bonzes, qui subsistent encore de nos jours en Chine, au Tubet, au Japon et dans quelques contrées des Indes.

D'un autre côté les Juifs s'étaient établis en Chine, sur la fin de la dynastie des Tcheou3, trois siècles environ avant Jésus-Christ; la colonie juive de Cochin passe même pour avoir été formée par l'émigratiou en Chine de quelques familles israélites appartenant aux tribus emmenées en captivité par Nabuchodonozor. Le nestorianisme avait pris racine chez les Oïghours, « qui professaient une religion fort semblable au

I

Quelques branches du Bouddhisme, suivant la remarque des missionnaires, ont dû recevoir leur forme actuelle d'une déviation aux règles primitives du Christianisme. Mémoires concernant les Chinois, par les missionnaires, de Pékin. II, 162 bis.

2 Han-pou-tchou-kia. Mémoires concernant les Chinois, par les missionnaires de Pékin, II, 109 bis.

3 Han-pou-tchou-kia. Mémoires, II, 176.

» christianisme et avaient une écriture presque identique avec » le syriaque,» dans les premiers siècles de l'ère chrétienne', et M. de Humboldt prétend avoir reconnu la trace du nestorianisme dans les dogmes des Bouddhistes et jusque dans les rites des Schamans. Il fut introduit en Chine en 635, et trois années après il existait à Sin-gan-fou une église chrétienne desservie par vingt-un prêtres jacobites. Le voyageur Marc Paul remarqua encore au 14me siècle un grand nombre de chrétiens nestoriens parmi les habitants de la grande ville de Kamtchoù, alors capitale du Tangout ou Tibet méridional.

L'empereur Wou-Tsoung qui sécularisa en 843 dans ses états les monastères Bouddhistes, renvoya à cette occasion dans leurs familles 260,500 religieux Bonzes des deux sexes'.

Les prêtres idolâtres du Tubet, du Tongking, de la Chine, du Japon, etc., sont encore actuellement distribués en deux ordres distincts. Les Bonzes séculiers vivent dans le monde et sont soumis à la hiérarchie religieuse ordinaire. Les Bonzes réguliers vivent en commun dans les monastères et sont obligés de garder la continence Ils occupent ordinairement des bâtiments situés dans le voisinage des temples qu'ils doivent desservir; quant aux religieuses Bonzes, elles font vœu de chasteté, et on les punit encore de mort au Japon, quand il est prouvé qu'elles ont violé la sainteté du serment qui les lie. Les prêtres attachés à la personne du Tichou-Lama, le second des souverains spirituels du Tubet, étaient au nombre de sept cents en 1784. La résidence du Tichou-Lama était alors fixée à Tichou-Loumbou, ville considérable dans le voisinage de Lhassa3.

'Recherches asiatiques, T. II, p. 62.—Tableaux historiques de l'Asie, par J. Klaproth, p. 125.— Note de M. Langlès à la page 391 du quatrième volume des Voyages en Orient du chevalier Chardin.

Les caractères oïghours sont dérivés de l'ancien alphabet syriaque ou stranghelo, dont l'invention remonte au 2° siècle de l'ère chrétienne. L'identité des caractères oïghours et des lettres stranghelo vient à l'appui de l'apparition des chrétiens nestoriens de Syrie, dans les régions centrales de l'Asie, à une époque très-éloignée. Le roi des Oïghours portait le titre d'Idekoût, envoyé de Dieu, mot à mot « Envoyé par l'Esprit. Voyage de Marc Paul, ch. X.- Tableaux historiques de l'Asie, par J. Klaproth, 62, 138, 208, 220.

2

D

[blocks in formation]

En recourant aux mystères et aux institutions du christianisme, les nations idolâtres de l'Asie s'approprièrent naturellement quelques-uns des objets apparents du culte et de la dévotion des fidèles, et leurs descendants les transportè. rent avec les débris de leur civilisation dans les régions du nouveau monde. C'est ainsi que l'on reconnaît parmi les monuments symboliques de la religion des peuplades policées de l'Amérique centrale, des signes empruntés primitivement aux cérémonies du christianisme et à la vénération de nos pères. Au Mexique, un animal inconnu percé d'un dard (planche II), était comme l'agneau immaculé de nos autels, l'emblème de l'innocence souffrante. La même croyance était répandue dans le Pérou, où l'agneau était considéré comme un symbole mystérieux et sacré; et les missionnaires chinois ont remarqué dans le dernier siècle, que les différentes combinaisons affectées par le caractère Yang, qui désigne un agneau dans la langue chinoise, font conjecturer que la signification primitive de cet emblème se rapportait à une victime sans tache, immolée pour le salut du monde'. Les chapelets étaient connus des Canadiens et des Aztèques, avant la découverte de l'Amérique; on s'en servait très-anciennement au Japon, en Chine, ainsi que dans d'autres contrées de l'Asie, où ils sont encore d'un usage général parmi les Mahométans et les Bouddhistes'. Sur les fragments d'un manuscrit

'Mémoires concernant les Chinois, etc. T. I, p. 304.

* Les anachorètes des premiers siècles de l'Eglise se servaient de petites pierres et d'autres marques analogues pour supputer le nombre de leurs oraisons. St. Albert de Crespin et Pierre l'Ermite enseignèrent aux laïques à réciter une certaine quantité de Pater et d'Ave à la place des heures canoniales de l'office divin; mais on attribue à saint Dominique l'institution du rosaire. (Vies des Pères, des Martyrs et des principaux Saints, T. IX, p. 202.) M. Langlès croit que les Musulmans ont reçu des Croisés l'usage des chapelets, et tance Chardin pour avoir énoncé une opinion contraire (note de la page 20 du septième volume des Voyages de Chardin). Les chapelets des Mahométans ont cent grains divisés en trois séries; ils répètent trentc-trois fois sur chacune les trois formules : << Dieu est louable. »-« Gloire à Dieu. >>-« Dieu est grand. » Les chapelets des Bouddhistes sont composés de 108 grains, en l'honneur des 108 volumes du Gandjour, et ils les portent ordinairement noués autour du cou.

« ZurückWeiter »