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les : ceux de Cumana devaient s'abstenir de toucher à du sang, pendant les deux années qui précédaient leur admission'. Parmi les peuplades sauvages du Brésil et du Canada, les prêtres jeûnaient jusqu'à neuf jours avant de rendre leurs prétendus oracles; et les indigènes féroces de la Pensylvanie se préparaient à leur première chasse par l'abstinence, et ne manquaient jamais d'offrir à la divinité, avec les prémices de leurs fruits, la meilleure pièce du gibier qu'ils avaient pris dans les forêts et réservé pour cet usage.

« Et nous apporterons les prémices de nos viandes et de » nos oblations, et les fruits de tout arbre, de la vigne et de l'olivier. » 2. Esdr. X, 37.

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XI.

FÊTES DES MORTS, FEU NOUVEAU.

LE dogme de la résurrection est clairement énoncé dans les écrits de l'Ancien Testament; les livres de Job et des Prophètes en font mention 3. Celui de Judith parle des tourments d'une autre vie, où les méchants et tous ceux qui se sont montrés rebelles à Dieu seront châtiés par la flamme et tourmentés à jamais.

« Dabit enim ignem et vermes in carnem eorum, ut uran»tur, et sentiant usque in sempiternum". »

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Vous ne mangerez la chair d'aucun animal qui ait encore son sang. » Genèse, IX, 4.

Vous ne mangerez ni pain, ni > grains brisés, ni épis grillés, jusqu'au jour que vous offrirez l'o» blation votre Dieu...

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» Et le même jour que la gerbe >> sera consacrée, qu'un agneau sans » tache d'un an soit immolé en ho»locauste au Seigneur.»

Lévitique, XXIII, 14, 12.

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3 Job, XIX, 25, 26, 27.—Es. XXVI, 19.

Loi de Manou, IV, 27.

Ezéch. XXXVII, 1, 11.

Daniel, XII, 2, 3. — Ps. XLVIII, 14; XLIX, 1 à 7.

▲ Vulgate, XVI, 21. La version grecque porte : « Dominus omnipotens

L'Ecriture nous apprend encore que les Juifs offraient en certaines circonstances des sacrifices expiatoires pour le repos des âmes. Les habitants de Jabès Galaad, après le massacre de Saül et de ses fils à Gelboë, vinrent de nuit enlever les corps que les Philistins avaient suspendus en témoignage de leur victoire au sommet des murailles de Bethsan. Après leur retour à Jabès, les habitants assemblèrent en un monceau les cadavres de Saül et de ses enfants pour les brûler solennellement. Ils jeûnèrent pendant sept jours, puis ils ensevelirent les os de leurs princes sous un chêne de la forêt voisine'. Judas Macchabée, après avoir mis en déroute l'armée de Gorgias, enleva les corps des Juifs du champ de bataille, afin de les déposer dans les tombeaux de leurs familles. Il ordonna ensuite une collecte dans son armée, et envoya son produit, consistant en douze mille drachmes d'argent, à Jérusalem, « afin d'y offrir un sacrifice pour le péché des morts, méditant justement et religieusement sur la résurrection 2.» C'était, ajoute à cette occasion l'auteur du Livre des Macchabées, une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts et de les délivrer par ce moyen de leurs péchés. Actuellement encore les Juifs observent, à l'égard des morts, les mêmes coutumes que leurs ancêtres; ils font des prières, distribuent des aumônes pour le repos des âmes, et ils jeûnent les jours anniversaires de la mort des personnes de leurs familles. Il est vrai que les Israélites, qui croyaient généralement à la résurrction, n'excluaient point de leurs assemblées ceux qui professaient une doctrine opposée, comme les Sadducéens; mais les Juifs modernes sont moins tolérants à cet égard que leurs pères; s'il se trouve parmi eux quelques idéologues infatués des rêveries absurdes de la métempsycose, tous sont convaincus de la vérité de la résurrection, et un des treize articles de foi de leur symbole les oblige à croire que les morts ressusciteront à la fin des temps3.

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» ulciscetur eos in die judicii, ut tradat igni et vermibus carnes eorum : >> ut hæc sentiant, et æternum lugeant. » Jud. XVI, 17. Voir encore Psalm. IX, 18.

Et jejunaverunt septem diebus. » 1. Rois, XXXI, 12, 13.—I. Paral. X, 12. 22. Macchab. XII, 45, 46.

3 Cérémonies et coutumes des Juifs, par Léon de Modène, 185.

Origène et Eusèbe étaient persuadés que la doctrine des chrétiens de leur temps sur la résurrection des corps, sur les peines et les récompenses de l'autre vie, n'était point nouvelle. Ces dogmes faisaient déjà partie des croyances du judaïsme, et ils étaient interprétés (sous l'ancienne loi de la même manière par les esprits éclairés qui s'affranchissaient de la servitude de la lettre pour recourir à l'interprétation du sens allégorique des Ecritures'.

On retrouve dans les anciens livres des Parsy quelques vestiges des notions des Hébreux sur la résurrection. Ormusd dans le Zend-Avesta, découvre à Zoroastre tout ce qui concerne la renaissance des morts.

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<< Tout ressuscitera, ô pur Zeratoscht!... Et dans la suite lorsque les os et les jointures croîtront de nouveau, l'âme » reconnaîtra les corps et dira : C'est là mon père, c'est là ma mère 2. >>

Les Parses avaient recours à l'intercession des âmes des justes, et le 67° hâ de l'Izeschné commence par cette invocation en leur honneur :

forts et

<< Venez dans ce lieu; âmes des Saints,... venez-y, » excellents férouers des Saints!» On peut consulter encore sur le même sujet, l'Iescht farvardin que l'on récitait le jour de l'anniversaire des morts 3.

Les habitants mahométans de la Perse moderne font aussi des prières pour les morts, et observent comme les Guèbres des fêtes particulières en commémoration des âmes. Telle est entre autres le Cheh-Bérat dont l'anniversaire tombe au 15 du mois de Chabân, et dont le nom signifie « la nuit de la » délivrance et du pardon ".>>

Les anciens habitants de l'Indoustan croyaient à la transmigration des âmes et aux châtiments de l'autre vie. « Tout ce

2

'Soirées de St.-Pétersbourg, par M. de Maistre, II, 209.

Zend-Avesta, I, 221, 240, 241, 417; II, 413.

3 Zend-Avesta, II, 247. Dans le Cantique des enfants dans la fournaise il est dit : « Esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur, etc. Dan. III, 86.

"La description de la fête du Cheh-Bérat se trouve dans le neuvième volame des Voyages de Chardin, 'p. 140.

» qui a pris naissance doit mourir, tout ce qui est sujet à la » mort doit être régénéré. » Telle est la doctrine énoncée dans les Vedas; or, « qui fait les œuvres du Veda, va dans le >> monde supérieur, qui est le paradis. Qui ne les fait point » va dans le monde inférieur. » L'Oupnék'hat dit encore qu'à la mort de l'homme l'âme va dans le monde auquel appar> tiennent ses œuvres : car le corps qui périt n'est point l'âme, » et personne ne peut tuer l'âme. Le corps meurt, l'âme ne meurt pas, le corps n'est que la maison de l'âme1.»

La loi de Manou règle en détail tout ce qui concerne les Srâddha ou festins mensuels en l'honneur des morts, et donne l'énumération des diverses renaissances que l'âme doit subir, en passant dans de nouveaux corps'.

Les Chinois étaient persuadés que les mânes de leurs ancêtres pouvaient par leurs mérites intercéder en faveur des vivants auprès de la Divinité. Les livres de Confucius enseignent que les âmes des hommes qui se sont rendus recommandables sur la terre par leurs vertus, sont présentes devant le Chang-Ti, titre par lequel les Chinois ont coutume de désigner le souverain Seigneur de toutes les créatures. « Les >> anciens et vertueux rois de la dynastie Yu sont dans le » ciel3.» Ainsi s'exprime le Chou-King qui prescrit également l'ordre à suivre dans les repas et les cérémonies funèbres; il ordonne même qu'on se rende les mânes des ancêtres favorables en louant leurs vertus et en exaltant leurs belles actions. Les lois et le rituel des Chinois prouvent en toutes circonstances que la croyance de leurs pères était que les vivants peuvent soulager les morts par le jeûne, la prière et les bonnes

D.

œuvres.

Sous les deux premières dynasties de la Chine, les sacrifices solennels au Chang-Ti étaient offerts par le souverain sur une simple élévation de terre (Tan), enfermée dans une enceinte de branchages ou Kiao. Les sacrifices en l'honneur des esprits (Chen) et des ancêtres (Cheng), étaient d'un ordre

Analyse de l'Oupnék'hat, par le comte Lanjuinais, p. 37, 41, 76. 'Manava-Dharma-Sastra, liv. III et XII.

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inférieur, et on les accomplissait séparément dans l'intervalle extérieur du Kiao. Sous la dynastie des Tcheou, on éleva pour les cérémonies funèbres un autel particulier (Tsing-Miao), et les Bonzes ont appliqué plus tard le nom de Miao aux temples de leurs idoles '.

Les nations de l'antiquité ayant conservé des notions générales sur l'immortalité des âmes et sur la résurrection finale des corps, il ne doit plus paraître étonnant que ces notions primitives se soient retrouvées en Amérique, où elles avaient passé avec d'autres traditions de même nature, à la suite des hordes asiatiques qui ont donné naissance à la population indigène du nouveau monde. A la vérité ces connaissances traditionnelles ont dû subir diverses métamorphoses'dans le cours de la lutte qui a marqué les phases alternatives de ces débordements populaires; cependant l'empreinte de ces antiques traditions du genre humain, était loin d'être effacée de la mémoire de ceux des habitants de l'Amérique qui conservaient encore quelques éléments de civilisation, au milieu de la barbarie et de l'abrutissement général des différentes races indigènes.

Les Indiens d'Yucatan, par exemple, croyaient à la résurrection suivant Pierre Martyr; ceux de la Nouvelle-Grenade célébraient l'anniversaire de la mort de leurs guerriers; les Virginiens croyaient aux tourments de la vie future, et assuraient que les méchants seront brûlés après leur mort par un feu dévorant, qui ne devra s'éteindre que lorsqu'ils auront été entièrement purifiés de leurs souillures. Outre plusieurs données sur le jugement des âmes, sur les récompenses et les châtiments d'une autre vie, les peuples du Mexique avaient encore la coutume de fêter certains jours de l'année en commémoration du trépas de leurs aïeux. Deux des mois du calendrier mexicain rappelaient par leurs dénominations, la célébration de cérémonies expiatoires en l'honneur des ancêtres; et les Tzapotèques, anciens habitants d'Oaxaca, avaient des prêtres qui étaient chargés spécialement d'accomplir des sacrifices expiatoires, pour apaiser les mânes de leurs aïeux.

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Mémoires concernant les Chinois, par les missionnaires de Pékin, II, 25.

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