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dite et à l'observation pure. Il n'est pas un clinicien, par exemple, qui n'ait à peu près tous les jours l'occasion de joindre des expériences à la constatation des symptômes du mal. Ainsi, lorsqu'il a découvert du liquide dans le ventre par la palpation et la percussion, il s'enquiert aussitôt de la question de savoir si le liquide est libre ou incarcéré. Pour éclaircir ce doute, il fait changer la position du malade et s'assure ainsi que le liquide obéit sans obstacle aux lois de la pesanteur. Voilà une expérience. Et, pour prendre un exemple dans les faits thérapeutiques, je dirai que le praticien qui, se laissant guider par des raisons analogiques étend l'administration du sulfate de quinine des fièvres palustres à toutes les fièvres d'accès, de celles-ci aux névralgies intermittentes et finalement aux fluxions sanguines inflammatoires, celui-là fait à chaque pas une expérience nouvelle.

Toute cette discussion, messieurs, peut se résumer ainsi :

Il n'existe qu'un seul moyen de connaître les faits, c'est l'observation.

Seulement, tantôt le savant se borne à regarder les phénomènes tels qu'ils se présentent; tantôt, au contraire, il les provoque afin de les mieux étudier.

Là gît toute la différence entre l'expérimentation et l'observation pure et simple. M. Coste a donc eu raison de dire que « l'expérimentation doit être subordonnée à l'esprit d'observation qui l'institue et la gouverne. »

D'ailleurs, les deux procédés sont incessamment mêlés et confondus dans l'expérience journalière.

En pratique comme en théorie, il n'y a donc pas lieu de les séparer. Il est même indispensable de les faire concourir à l'avancement de la science en demandant à chacun d'eux les services particuliers qu'il peut rendre. Pourquoi nous dessaisir d'un de ces précieux instruments de progrès ? Ce serait peut-être lâcher la proie pour l'ombre.

Elançons-nous donc, messieurs, à la conquête des vérités nouvelles dans les voies de l'expérimentation; mais donnons à celle-ci pour contrôle et pour sanction la froide et impartiale observation clinique. Accroissons par tous les moyens nos richesses scientifiques; mais gardons-nous de dissiper follement le trésor des connaissances positives léguées par la tradition médicale.

Du diagnostic des fièvres par la température(1);

Par le professeur SEE.

(30 article.)

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES MALADIES DU TROISIÈME GROUPE.

Ce groupe comprend la fièvre typhoïde, la fièvre synoque, la fièvre catarrhale (la grippe) et le rhumatisme articulaire aigu.

Diagnostic de la fièvre typhoïde. — Rien n'est plus difficile que le diagnostic de la fièvre typhoïde au début, et cela surtout dans les pays palustres, et cependant il y a peu de questions plus importantes pour la pratique médicale; le médecin en présence d'un fébricitant est sollicité par les parents de donner son avis, et s'il se trompe ou s'il veut garder la réserve, il en résulte un effet défavorable pour le malade et souvent pour le médecin.

Si vous ouvrez vos livres classiques, le chapitre de la fièvre typhoide est tout simple, il repose sur les données suivantes :

Dans la première semaine paraît la fièvre, de la prostration avec épistaxis; puis la deuxième semaine est marquée par des taches et des râles caractéristiques, de la diarrhée, des gargouillements et la tuméfaction de la rate.

Or c'est là un pur tableau de fantaisie, car il suppose le malade au grand complet avec tous les phénomènes caractéristiques, tandis qu'on n'observe que des malades incomplets. Que de fois pendant la première semaine n'y a-t-il qu'un seul symptôme, la fièvre; l'épistaxis et la prostration manquent souvent. De même dans la seconde semaine les taches font défaut et les râles typhoïdes sont absents. Alors l'embarras est grand, et dans la pratique civile l'on ne se contente pas du mot fièvre continue, on insiste pour savoir si ce n'est pas une fièvre typhoïde, car les gens du monde craignent la contagion, et ils demandent que le médecin se prononce et décide.

Je n'admets que deux formes de fièvre typhoïde : la forme régulière et la forme irrégulière.

La forme régulière comprend le type bénin et le type grave.

Ces deux types débutent de la même façon et la distinction n'est

(1) Leçon clinique professée à l'hôpital de la Charité (suite). Voir les livraisons précédentes, p. 145, 193.

possible que vers le neuvième ou le dixième jour. Les symptômes sont semblables et la courbe thermométrique est la même pendant huit à dix jours.

Les anatomistes avaient tenté d'expliquer ces deux types par la différence des lésions anatomiques, et ils disaient le type bénin est dû aux plaques molles et le type grave à la formation de plaques dures. Ils partaient de cette opinion que la fièvre typhoïde était localisée dans les glandes de l'intestin et les plaques de Payer en particulier; mais la gravité de la maladie ne dépend pas de l'ulcération de l'intestin, l'altération des plaques de Payer ne constitue qu'un accident localisé dans l'intestin; la gravité de la maladie dépend des phénomènes généraux, ou bien des accidents localisés vers le cerveau ou les poumons, mais l'intensité de la fièvre et de la température n'a aucun rapport avec la lésion intestinale. Les deux types sont nettement dessinés par la thermométrie et non par la lésion.

La fièvre typhoïde irrégulière est caractérisée par la présence de phénomènes graves qui peuvent survenir du côté du cerveau, de la moelle et de leurs méninges, des muscles, des poumons.

Ainsi, pour le cerveau, dès le début peut apparaître un délire intense qui peut faire croire à une méningite ou à une attaque d'alcoolisme aigu.

Dans le poumon, le catarrhe bronchique qui est constant s'exagère, les mucosités sécrétées en grande abondance s'accumulent, obstruent les bronches et il en résulte ce qu'on a appelé à tort la pneumonie lobulaire, qui n'est en réalité qu'un collapsus du tissu pulmonaire, un affaissement de ce tissu qui ne reçoit plus d'air par suite de l'obstruction des bronches; alors il peut arriver qu'on soit tenté d'attribuer à la pneumonie ces lésions qui sont sous la dépendance de la fièvre typhoïde.

D'un autre côté, certaines pneumonies débutent par un délire intense et s'accompagnent d'un état analogue à l'état typhoïde et il n'est pas toujours facile de distinguer la pneumonie à forme typhoïde de la fièvre typhoïde avec localisation pulmonaire.

Dans une période avancée de la fièvre typhoïde, il peut survenir, en effet, une véritable pneumonie qui sera prise à tort pour un simple collapsus pulmonaire.

Enfin, au point de vue des localisations pulmonaires, n'oublions pas que le diagnostic de la phthisie aiguë et de la fièvre typhoïde est souvent très-difficile.

TOME LXXVI. 6e LIVR.

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Π

Type régulier et bénin. - Jusqu'au neuvième et dixième jour, il affecte tout à fait la même marche que le type grave, Il faut donc lui reconnaître deux périodes: la première, qui dure neuf à dix jours, et une deuxième qui le caractérise ultérieurement. Il faut diviser cette première période en deux : l'une de quatre jours, où se dessine nettement le type des autres fièvres que l'on pourrait confondre avec la fièvre typhoïde, et une autre qui dure de cinq à six jours, Cette division est basée essentiellement sur la marche de la température fournie par le thermomètre, et vous voyez qu'il ne faut plus se fier à la division en septénaires qui règne en médecine depuis Hippocrate et Pythagore,

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Fig. 10. Première période de quatre jours de la fièvre typhoide.

Voyez en effet la courbe thermométrique dans cette figure, première période de quatre jours; la température monte en zigzag pendant ces quatre jours, c'est-à-dire qu'elle gagne de chaque matin à chaque soir, en douze heures, 1 degré à 1o,5; mais en même temps, de chaque soir au lendemain matin, il y a une diminution de 0°,5. Ainsi, étudiez le tableau suivant :

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Le premier jour au matin vous avez 37 degrés, le soir 38 degrés.

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La figure 40 indique la marche de la température dans la forme

grave de la fièvre typhoïde.

Voici la marche de la température au début dans la forme

bénigne :

Le premier jour au matin on a 36 degrés, le soir 37 degrés.

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Cette marche caractéristique de la température de cette période de début étant bien connue, vous pouvez en toute sûreté affirmer votre diagnostic, Voyons en effet les divers cas qui peuvent se pré

senter:

1° Vous êtes en présence d'un malade qui a ou a eu la fièvre; si le deuxième ou troisième jour vous trouvez une température normale de 37 degrés, 37°5, excluez nettement la fièvre typhoïde;

2o Le malade a de la fièvre continue; mais la température du soir est constante à 38 degrés, 38,5, et ne varie pas; vous pouvez dire : ce n'est pas une fièvre typhoïde, car pour l'annoncer il vous faut une progression croissante, cette courbe caractéristique en escalier ;

3o Si votre malade, dans les deux premiers jours offre une température de 40 degrés, excluez, et cela à coup sûr, la fièvre typhoïde;

4o Si le troisième jour au matin votre malade présente une chute de la température, affirmez que ce n'est pas une fièvre typhoïde, car il vous faut une progression croissante;

5o Si maintenant nous prenons les fièvres à frisson, nous avons des caractères bien tranchés. Vous savez que dans l'accès avec frisson, la température atteint en douze heures le maximum de 40 der grés, la fièvre typhoïde, elle, met quatre jours pour arriver à ce chiffre, Mais il peut arriver, et cela se voit surtout dans les pays palustres, que la fièvre typhoïde peut débuter par un accès de fièvre intermittente, alors il y a une différence dans la température de l'accès, Dans l'accès de fièvre palustre simple, la température atteint 40 degrés en douze heures; quand c'est un accès qui marque le début d'une fièvre typhoïde, la température ne dépasse pas 98o,5 à 39 degrés. En pareille occurrence, le médecin doit toujours soupconner une fièvre typhoïde,

Passons maintenant au diagnostic de la fièvre typhoïde avec les fièvres de la deuxième série (fièvres éruptives).

La difficulté parfois n'est pas très-grande. Souvent vous avez

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