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Hâtez-vous done, ô Prêtres Constitutionnels! d'attirer sur vous-mêmes un jugement de miséricorde et de salut; hâtez vous de faire cet aveu qui doit si fort honorer en vous l'homme, le chrétien, le prêtre : Nous nous sommes trompés, nous devons le croire, lorsque toute l'église nous l'assure. Hâtez-vous d'imiter l'exemple de plusieurs de vos confreres qui reviennent tous les jours à l'unité des esprits et des cœurs; hâtez-vous de contribuer avec eux à la propagation des mêmes principes régénérateurs. O combien il vous est donné de réparer ainsi des torts, et de procurer des avantages à l'église et à l'état, et voyez quels avantages! la gloire de la religion, le triomphe de la foi, l'honneur du sacerdoce, le plus grand intérêt moral du peuple, le moyen le plus assuré pour sauver à la France de nouveaux déchiremens le bonheur public et individuel, le respect à toutes les autorités divines et humaines, l'édification et le bon exemple, la discipline ecclésiastique conservée, la tradition des dix-huit siecles rétablie, la communion des saints et la vie des siecles! Que faut-il ajouter de plus à ces grands motifs? Rien autre, si ce n'est que tous les momens qui différent votre retour à l'unité catholique, différent pour nous et pour vous le triomphe de la miséricorde et de la paix.

Il faut nécessairement vous réunir à nous, si vous voulez être catholiques; et pour cela, il faut, ou que nous allions à vous, ou que vous veniez à nous. Nous ne pouvons quitter le lieu où vous nous avez laissés, sans passer la ligne de la vérité catholique. Il faut donc que vous revenicz. Ah! nos chers freres! venez, venez, ce në sera jamais trop tôt.

Nous

Nous regrettons de n'avoir pu faire usage plutôt de cette lettre qu'un de nos Abonnés de Marseille nous écrivit le 5 floréal : nous l'imprimerons ici sans y rien changer..

Depuis votre départ pour Paris, Monsieur les choses sont bien changées. Vous aviez laissé la religion triomphante de l'athéisme; mais l'enfer a de nouveau lancé ses furies, pour déVaster la vigne du Seigneur. L'église de Marseille faisoit la consolation des amis de la religion catholique et le désespoir de ses ennemis, comme de ceux du gouvernement républicain. Si vous connoissiez tous les moyens que les méchans ont mis en oeuvre pour parvenir à leur fin perfide, vous frémiriez; mais rien ne doit surprendre de leur part: l'expérience la plus cruelle nous a appris de quoi ils sont capables.

Les prêtres qui desservoient nos églises avoient Itous fait leur soumission aux loix de la république; mais, au mépris des loix rendues en fayeur de la liberté des cultes, les prêtres qu'on appelle non- assermentés, ont été obligés de fuir, quoiqu'une loi déclare formellement que la convention ne reconnoît plus pour loi de la république, la constitution civile du clergé. Les prêtres rétractés continuerent à desservir nos paroisses. Les catholiques s'y rendoient avec un empressement qu'on n'avoit pas l'ouverture des églises. Après bien des tracasseries de la part de nos administrateurs, le Tome II. No. 16.

I

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corps des fideles, la loi à la main, repousse tous les traits qui lui sont portés. Arrive la semaine sainte. Nos ennemis, effrayés d'avance du concours des fideles qui viendront assister aux cérémonies augustes de cette grande semaine, arrêtent de tout tenter pour nous empêcher de servir notre Dieu. Dès le mercredisaint, les églises sont attaquées par des méchans les fideles résistent; mais pour empêcher des voies de fait, on a recours à l'autorité militaire, qui pacifie tout. Le lendemain, des scenes plus indécentes et plus atroces que celles de la veille. Le danger n'effraie pas les catholiques. Les églises sont remplies. Les méchans désespérant de nous vaincre, résolurent de nous enlever nos prêtres. En effet, le samedi- saint, dans l'après diner, des brigrands, armés de sabres et de bâtons, parcourent les rues, vont dans les églises au moment où il y avoit peu de monde, et enlevent, de la maniere la plus indigne et la plus révoltante, tous nos prêtres qui étoient occupés à confesser; et cela, sans mandement de justice. J'en ai vu saisir six dans une église. Ils sont traduits devant la municipalité qui a autorisé, si elle n'a pas ordonné, ces actes arbitraires. La mi nicipalité, devenue tout-à-coup tribunal, interroge ces prêtres; elle demande d'eux le serment sur la constitution du clergé; elle élargit, plusieurs jours après, les uns, moyennant une déclaration; elle renvoie les autres à Aix comme des criminels.

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Voilà donc les catholiques sans pasteurs. Les méchans croient triompher: non, la religion est gravée dans le cœur des fideles. La premiere

fête de Pâques, les catholiques se rendent en foule dans les églises pour y chanter et faire les prieres accoutumées. Jamais autant de respect dans le lieu saint. J'en ai versé des larmes d'attendrissement, de voir un peuple immense à genoux, priant avec une affection bien capable de calmer le courroux du ciel. Le Parce Domine fait fondre tout le monde en larmes; le Miserere rappelle à chacun ce qu'il doit à la justice de Dieu. La seconde fête, mêmes cérémonies, c'est-à-dire, Matines, Laudes, Petites-Heures, Prieres de la sainte Messe Prierés pour le Salut l'après- diner, Vêpres, Complies, Miserere, Cantiques. Les méchans, au désespoir, fondent sur plusieurs églises; ils sont repoussés: mais il se prépare une scene qui fait verser bien des larmes. Le mercredi, daus l'octave, le peuple assemblé à cinq heures du soir, dans l'église de SaintMartin, chante Complies, Miserere, lés Litanies, fait amende honorable: tout-à-coup une bande d'assassins sé présente à la grande porte, fond sur le peuple, qui se leve en masse et parvient à repousser ces scélérats. La porte est fermée. Dans le moment, des assassins armés de sabres, de poignards, de bâtons, se présentent par l'autre porte, et fondent avec Tage sur le peuple désarmé. D'autres assassins se tiennent à la porte pour sabrer ceux qui faient. Dans l'église, des coups de sabre sont donnés; le sang coule dehors, des femmes et des hommes sont assommés; et, pour comble d'horreur, les catholiques sont dénoncés et poursuivis comme des assassins: plusieurs gémissent dans les fers; d'autres sont en fuite.

Tous les détails de cette scene tragique passent les bornes d'une lettre. Je vous ferai connoître, un jour, tous les fils de cette trame abominable.

Les catholiques voyant que la liberté des cultes n'étoit plus protégée par les autorités, résolurent de fermer les églises en effet, nos temples sont fermés jusqu'à des temps plus

heureux.

P. S. Dans les temps les plus orageux de la persécution contre les chrétiens fideles à la religion de leur pere, il y avoit aux environs de Marseille des assemblées nombreuses de catholiques de tout état, pour implorer la miséricorde du Seigneur et chanter ses louanges. Ils avoient de temps en temps la consolation de participer aux saints mysteres. Etant un jour rassemblés dans une grotte spacieuse, au nombre de six cents, ils chantoient l'office de la Ste. Vierge, en attendant l'arrivé d'un prêtre insermenté qui est fort connu par ses travaux apostoliques, et qui a couru les plus grands dangers pour sécourir les chrétiens de ces contrées. On commençoit le cantique Benedictus, quand le ministre arriva, sous le costume d'un paysan. En entrant dans la grotte, il montre le Saint-Sacrement, qu'il portoit sur lui, et entonne le Pange Lingua. Quel spectacle attendrissant! Tous les fideles se prosternent, fondent en larmes, joignant leur voix à celle du prêtre, qui, après avoir déposé le corps adórable du Sauveur des hommes, sur un autel qu'on avoit dressé, se disposoit à se révêtir des ornemens sacerdotaux, pour célébrer la sainte Messe. Dans cet instant arrive à la hâte

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