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sidéré en lui que la sainteté des mœurs. Ils ont élevé au-dessus de tous celui par lequel ils ont tous desiré d'être présidés (1).

On vient de voir que Timothée a été mis à la place de Timothée Elure par les évêques, 'du consentement du clergé et du peuple. S. Léon n'a pas entendu contester un fait dont il étoit parfaitement instruit. Il n'a donc pas pris le terme d'élection au sens que les canonistes lui donnent. Il a indiqué, par cette expression le vœu de tous les habitans d'Alexandrie, qui demandoient que Timothée Solofaciole pour évêque, et le choisissoient, autant qu'il étoit en eux, pour cette dignité.

La pensée de S. Léon ne sera pas douteusé aux yeux de tous ceux qui rapprocheront les différentes lettres qu'on vient de citer. Il résulte de leur ensemble, qu'on doit admettre le clergé et le peuple à désigner l'évêque qu'ils désirent, et à demander qu'on le leur accorde. Il n'est pas de l'esprit de l'église de leur établir malgré eux un évêque qu'ils ne connoissent point. S. Léon est peut-être celui de tous les peres qui a le plus insisté sur cette dis cipline, dont la trace s'est perdue prompte

(1) Ut cruentissimo Alexandriæ ecclesiæ pervasore dejecto. et in longinquiora translato, dignum tuâ gubernatione rectorem totius civitatis mereretur electio, ad cnjus vos consecrationem nullus ambitus traheret, nulla seditio impelleret, nulla iniquitas inciteret ; sed in medio constituta meritorum sanctitate, eum cunctis non dubitaret præponere, quem sibi universitas cuperet præsidere.

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ment. Elle n'a même jamais été observée bien religieusement. Mille faits connus prouvent que l'on s'en est souvent écarté; ou du moins que, malgré les desirs du peuple, l'élection a toujours été pleinement libre de la part des évêques.

Il y en a une preuve bien précise dans une lettre du pape Hilaire, successeur immédiat de S. Léon, écrite à Ascagne, métropolitain de Tarragonne et aux évêques de sa province." Un évêque, nommé Irénée, avoit quitté son siége pour prendre celui de Barcelone. Hilaire décide qu'il faut l'en chasser, et le renvoyer à son ancienne église. On élira dans le clergé de Barcelone un évêque de cette ville; et c'est à Ascagne, métropolitain, qu'appartient l'élection et la consécration : talis de clero proprio Barcinonencibus episcopus ordinetur, qualem te præcipuè, frater Ascanii, oporteat eligere, et deceat consecrare: Hilaire finit en recommandant qu'il n'y ait pas en même-temps deux évêques dans la même ville ne duo simul sint in una ecclesiâ sacerdotes. Il avertit aussi les évêques de ne pas tant déférer aux demandes du peuple qu'ils négligent de consulter la volonté de Dieu. Nec tantùm putetis petitiones valere populorum, ut cum his parere cupitis, voluntatem Dei nostri, qui nos peccare prohibet, deseratis. Concil. Labbe, tome IV col. 1035.

M.

Aux rédacteurs des Annales Religieuses.

Dunkerque, le 2 thermidor, an 4í

CITOYENS,

Votre courage à défendre les bons principes, sans égard pour les dangers qui menacent encore ceux qui osent entreprendre une tâche aussi difficile, justifie la confiance que les honnêtes habitans de notre malheureuse ville ont en vous, en me chargeant de vous informer d'une persécution atroce, qui nous prive des bienfaits de la loi sur la liberté des cultes.

Nous avions, à Dunkerque, trois ecclésias-tiques aussi pieux que zélés, qui exerçoient au milieu de nous, avec autant d'édification que de soumission à toutes les loix, l'auguste ministere dont ils sont revêtus. Ils n'avoient point fait le serment ordonné par la constitution civile du clergé, par cette étrange piece qui, dans les siecles à venir, fera la honte des français. Ils l'auroient refusé, mais ils n'y étoient pas tenus. Deux d'entre eux (MM. Bischop et Abbedel) étoient anglais, directeurs d'un couvent de religieuses angloises, (M. Dewilde) de la Belgique, étoit sans fonction. Ils avoient été incarcérés pendant dix-sept mois. Mis en liberté dans les jours de calme et de justicè qui suivirent les jours désastreux de la terreur, gémissant en secret de l'affreuse proscription

de

de tous les prêtres, ils attendoient dans la retraite le retour des jours heureux où il leur seroit permis d'exercer un ministere dont la publicité eût encore offensé un gouvernement oppresseur.

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La justice fut enfin rappellée dans la convention, d'où l'avoient indignement bannie et la détestable Commune et les barbares Triumvirs; et on vit rendre la loi salutaire du 11 prairial de l'an 3, sur la liberté des cultes. Une condition étoit exigée des Ministres; c'étoit une déclaration de leur soumission aux lois de la république. Sur-le-champ, tous les habitans de Dunkerque se pressent autour des trois prêtres que j'ai déja nommés. « Vous ne » pouvez, leur dit-on, vous cacher plus longtemps, ministres de Jésus-Christ! la charité qui vous dévore ne peut plus rester sans effet >> au fond de vos ames; venez au milieu » des fideles qui réclament votre ministere; >> l'autorité civile, désormais renfermée dans >> ses justes limites, n'exige plus de vous aucun >> sacrifice qui puisse coûter le moindre effort à » votre foi, Promettez soumission aux lois civiles, » et tous les liens qui enchaînoient votre langue » sont rompus, et vous pourrez encore nous couduire publiquement dans les voies de Dieu ». Le zele de ces trois ministres les pressoit encore davantage. Ils apportent aux pieds du magistrat civil la déclaration exigée, et aussi-tôt une église s'ouvre et les beaux jours du culte catholique renaissent pour Dunkerque, une seconde fois.

Une autre loi ordonne une déclaration nouvelle, il faut professer que l'universalité des Tome II. No. 17.

L

que

Français est le Souverain. Les trois ecclésiastiques n'ignorent pas que la souveraineté dans toute sorte de gouvernement ne peut résider que dans l'autorité, qui seule peut faire les loix, asseoir l'impôt, etc. Ils savent qu'en France c'est cette maxime qui, donnant lieu à la convocation des états-généraux, fit la révolution; l'autorité souveraine étant dans les mains de ceux qui pouvoient asseoir les impôts et faire des lois nouvelles, il étoit donc conforme à la saine politique et à la vérité de déclarer que la souveraineté est dans l'universalité de ceux qui ont cette puissance, et par conséquent dans Puniversalité des Français. Nos prêtres allerent donc avec le même caline que la premiere fois, faire cette seconde déclaration.

"C'en étoit trop pour les ennemis de tout culte, et puisqu'il faut le dire, pour les ennemis de la constitution. Le jour du VendrediSaint, un mandat d'arrêt est lancé contre nos prêtres. Ils sont incarcérés, comme au temps de la terreur, sans égard pour leurs déclarations préalables. Je vous envoie, citoyensr-édacteurs, toutes les pieces à l'appui de cette dénonciation. Vous ne pourrez lire, sans indignation, l'interrogatoire que fit subir à M. Bischop, l'un des trois prêtres, le juge de paix du canton du Midi, de la commune de Dunkerque, nommé VARLET, se disant homme de loi. Vous vous demanderez à vous-mêmes, par quelle autorité et à quel titre un homme dont les fonctions n'ont pour but que de rétablir la paix par-tout d'où les passions et les injustices menacent de la bannir, s'ingere dans un ministere de justice criminelle, et ne craint

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