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impose. C'est un grand bienfait que les ministres de Jésus-Christ viennent de recevoir du Conseil des Anciens. Ils prouveront qu'ils en étoient dignes, par leur modération, leur sagesse et leur constante soumission aux lois; et par là, ils attireront sur eux et sur le culte catholique de plus grands bienfaits encore.

Nous le dirons avec joie, tous les ecclésiastiques catholiques de Paris sont pénétrés de ces principes; qu'ils soient imités de tous leurs confreres répandas sur le sol de la France. C'est à Paris qu'a été donné le premier exemple de fidélité aux lois immuables du sacerdoce c'est à Paris que les prêtres fideles ont, les premiers, refusé le serment...... Lorsque dans ce moment ils se montrent soumis aux lois, quel motif pour ceux des départemens d'imiter ceuxci et non l'exemple du premier venu qui vou-, droit, sous prétexte d'une plus grande perfection, les pousser au-delà des bornes légitimes.

Rendons à Dieu ce qui est à Dieu; mais à la puissance qui gouverne la France et qui fait Arembler l'Europe, le respect et la soumission. N'oublions pas que le premier acte de JésusChrist naissant a été un acte de soumission aux lois de la puissance dominante dans sa patrie, bien qu'elle fût toute récente et qu'elle n'eut rien de conforme à l'ancienne puissance. Sachons obéir quand il le faut, pour avoir le droit d'opposer une juste résistance, quand la puissance qui nous commande excede ses droits. Mais nous osons l'espérer, cela n'arrivera plus. Placés à Paris, à la porte du Corps Législatif, nous savons quel esprit y domine. El bien! la plus grande tolérance des cultes en est l'esprit

dominant et général. De la conduite que vont tenir les ecclésiastiques de France, dépend pour eux la plus grande latitude de protection de la part du Corps Législatif.

Nous ne devons pas laisser ignorer à nos lecteurs, cette anecdote qui a droit peut-être d'intéresser toutes les ames sensibles. Le citoyen Sicard, instituteur des sourds et muets, se trouvoit à l'une des tribunes du Conseil des Anciens au moment où l'impression du discours de Portalis fut ordonnée, et où la résolution fut unanimement rejettée. L'éloquence de l'orateur, ses principes solemnellement avoués, la justice qui triomphe le remplissent d'un saint enthousiasme; il manifesse au dehors toute la joie de son ame, il applaudit; aussitôt des cris d'improbation se font entendre. Il est défendu par la loi de police de l'assemblée de donner aucun signe public dans son sein, d'approbation ou d'improbation. Le c. Sicard l'ignoroit; il est arrêté, conduit à la salle des inspecteurs, et aussi-tôt niis en liberté. Et teile est la lettre qu'il a cru devoir écrire au président du Conseil des Anciens.

LETTRE du citoyen Sicard, instituteur des sourds-muets de naissance, au président du Conseil des Anciens.

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J'ai commis, hier, à la séance du Conseil des Anciens, une faute matérielle, sur laquelle

je crois lui devoir une explication franche et loyale.

Une importante question de laquelle dépendoit le sort de vingt mille individus, dont je m'honore de partager l'état utile et respectable, devoit être discutée, et le sort de ces infortunés devoit y être décidé. Le rejet de la réso lution fut mis aux voix; et tout le Conseil des Anciens se levant à-la-fois, m'offrit, par cet assentiment général, un spectacle si majestueux, qu'ignorant parfaitement les réglemens de police de la salle, j'applaudis au grand acte de justice dont je verois d'être témoin. On doit pardonner peut-être à celui dont le langage est presque toujours celui des signes manuels, de n'avoir- pû contenir son admiration, et de l'avoir exprimée, à/sa

maniere.

C'est moins, je l'avoue, citoyen président, à ce triomphe éclatant des principes éternels de la justice, dont je n'avois jamais douté, qu'à cette unanimité majestueuse, à cet accord si touchant des mêmes sentimens. pour les droits de Phumanité, respectés par toutes les nations, que j'ai applaudi en ce

moment.

L'arrêt venoit d'être porté, le jugement de mes heureux confreres avoit été prononcé ; je crus la séance terminée, ou plutôt je ne réfléchis à rien. Toute mon ame s'abandonna à la délicieuse manifestation de ma joie. Tous les infortunés dont les fors vénoient d'être brisés, se présenterent à ma pensée, et je me livrai alors avec transport à des applau

dissemens qui sesont certainement répétés par

la France entiere.

Salut et respect.

Paris, ce o fructidor, an 4.

Séance du 11 fructidor.

SICARD.

Il paroît que le Conseil des Cinq-Cents incline vers la tolérance des cultes, et la résolution qu'il vient d'adopter nous assure qu'il n'est plus impitoyable envers les prêtres qu'il vouloit déporter, il y a trois mois.

Le Conseil adopte la résolution ajournée il y a quelques jours, et qui autorise les prêtres réclus à jouir de leurs biens.

Beffroy fait à cette occasion un tableau déchirant des maux auxquels ces malheureux sont en proie; plusieurs ont été enfermés quoiqu'ils aient prêté le serment de fidélité à la république, et ils ne sont pas nourris aussi sont-ils obligés de vendre jusqu'à leurs che

mises.

Dumolard fait sentir qu'il seroit temps de ne plus punir des citoyens qui ne sont convaincus d'aucun crime. Il demande, et le Conseil arrête, qu'il sera fait un message au directoire, pour qu'il fasse connoître le nombre des prêtres mis en réclusion, les motifs qui les y ont fait mettre, et le traitement qu'ils éprouvent.

LITTÉRATURE. OUVRAGES relatifs à la résolution du 17 floréal contre les prêtres catholiques.

Le discours prononcé par le citoyen Portalis à la tribune du conseil des Anciens le 8 fructidor est un chef-d'œuvre en ce genre. Nous en rendrons, ainsi que nous l'avons dit, un compte détaillé dans notre prochain No. Mais un ouvrage que nous ne devons pas taire est celui du citoyen Godard, intitulé: Examen critique et raisonné de la résolution du 27 floréal, an quatrieme, relative aux prétres, dits REFRACTAIRES, et des motifs sur lesquels on prétend l'appuyer.

Cet ouvrage de quatre feuilles d'impression in-8°. a été imprimé dans la nuit du 5 au 6 fructidor par le zele du citoyen Le Clere, qui secondant les travaux de l'auteur, fit distribuer lui-même, à la séance du 6, des exemplaires à chacun des députés qui devoient décider du sort de vingt mille ecclésiastiques. C'est le second écrit que le citoyen Godard a publié sur cette matiere. Celui-ci ne laisse rien à désirer sur les principes constitutionnels du catholicisme et de ses prêtres, relativement à l'objet de la résolution. Il est écrit avec cette sagesse et cette modération qui doivent carac tériser la vérité. Nous invitons les ecclésiastiques et les fideles à se pénétrer de l'esprit qui regne dans cet Examen, esprit de paix et de charité, esprit de soumission et de fidé

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