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» leur raison ou tomboient sur leurs voisins » à demi-morts, qu'ils achevoient d'écraser

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de leur chûte, on s'égaroient dans le trajet, » et ne sachant plus retrouver leurs places, »jettoient des cris lamentables, pareils à » ceux d'un aveugle égaré de sa route; et après avoir long-temps appellé d'une voix plaintive, un secours que personne ne pouvoit leur donner, achevoient de se laisser tomber au hasard à l'endroit où ils se trou» voient; c'est-à-dire, sur quelqu'un de leurs confreres, à qui la douleur arrachoit des »cris perçans, s'il lui restoit encore assez de force pour les faire entendre ».

Aussi étoit-ce ordinairement dans la nuit que mouroit la presque totalité de ceux qui alloient à ces déplorables hôpitaux. Il n'étoit pas rare d'en trouver, à la pointe du jour, deux, trois qui avoient ainsi rendu le dernier soupir, dans l'obscurité de la nuit, abandonnés, sans secours. Il y en eut une fois jusqu'à quatorze dans les deux chaloupes.

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A peine étoient-ils expirés, que le patron » réclamoit le sac qui contenoit leurs effets, » et aussi-tôt hissoit un pavillon, à l'inspec» tion duquel on connoissoit sur le vaisseau, lequel étoit à peu de distance, qu'il étoit » mort un prêtre à l'hôpital. A l'instant tout l'équipage, comme s'il eût appris le gain » d'une bataille, ou le supplice de quelque grand coupable, heurloi, en levant le chapeau, les mots : Vive la République. » Et les officiers députoient un certain nombre » de confreres du mort, bien escortés par la

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garde nationale, pour aller l'inhumer à l'isle » d'Aix ».

Mais quoi de plus révoltant que la maniere dont les matelots jettoient le cadavre dans la nacelle qui devoit le transporter à sa derniere demeure? On eût dit une charogne infecte qu'ils cherchoit à s'ôter de devant les yeux. Aussi ne leur donnoient-ils pas d'autre nom, disant, quand on leur en faisoit des reproches, que le corps de l'homme mort, tout étoit mort. C'est-à-dire, que ces prétendus chrétiens n'étoient pas même de bons payens, puisque les payens un peu instruits admettoient l'immortalité de l'ame.

L'auteur de la Relation assure que les deux tier's au moins de ces confesseurs de la foi ont perdu la vie dans le vaisseau où ils étoient enfermés; et comme il y en avoit également dans un autre navire, il évalue le nombre des A victimes à six cents.

Cependant la contagion gagnoit de jour en jour, et l'équipage en étoit attaqué lui-même. On prit enfin le parti de mettre à terre. Ceux qui étoient malades ou convalescents furent déposés à l'isle Citoyenne, ci-devant isle Madame. Là ils habitoient sous des tentes, ayant chacun un petit lit; ils pouvoient prendre l'air et faire quelques remedes. Mais ces secours, pour avoir été administrés trop tard, leur divinrent à-peu près inutiles. Le germe de la maladie étoit dans leur sang; il se développoit avec une rapidité prodigieuse. Les malades continuerent à mourir, et ceux qui étoient encore sains à tomber malades dans la même proportion qu'auparavant, ensorte

qu'il fallut attendre que le fléau cessât de lui-même, ou plutôt, que la Providence daignât mettre un terme à son cours.

On les rembarqua vers la fin de l'automne. Ce fut à-peu-près à cette époque qu'on conduisit dans la même rade plusieurs vaisseaux contenant un grand nombre de prêtres, qui auparavant étoient en réclusion à Bordeaux, Blays et autres villes, et que la même inhumanité réflechie y aura pareillement immolés. « Quel fut l'étonnement de ces vé»nérables confreres, dit notre auteur, quand >> ils nous virent pour la premiere fois! Ils » ne nous reconnoissoient pas, tant les souf» frances nous avoient maigris, desséchés, » réduits à rien, tant elles avoient achevé de » dépouiller nos têtes chauves, arrêté la seve » de la barbe, étrangement rembruni notre >> teint horriblement, altéré nos traits ».

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A cette époque, la fameuse journée du 9 thermidor vint arrêter le cours des proscriptions, et le sang des victimes cessa de couler. Dès-lors la marche du gouvernement ne fut plus la même. Nos généreux confesseurs, quoique prêtres et prêtres insermentés, s'en ressentirent. On les débarqua, dans le mois de février, après un peu plus d'un an de la plus cruelle tyrannie. Ils furent conduits, par terre, à Saintes.

Ici la scene change entiérement. L'auteur fait le récit le plus touchant des vertus et de la bienfaisance des habitans de cette ville, toujours restés chrétiens, malgré l'horrible persécution de l'athéisme, et au milieu de l'apostasie. Il semble voir les premiers fideles

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accourir au-devant des confesseurs, et leur prodiguer, avec un saint empressement, toute sorte de secours, en linge, en vêtement, en meubles, en argent, en comestible de toute espece. « Ce fut une émulation de générosité » et de charité, dont il ne se vit jamais d'exemple ».

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Chose étonnante pour eux leur commis aux vivres, lui-même, étoit doux et honnête, et le portier de leur prison, un homme complaisant.

Ils furent enfermés au couvent de NotreDame; quelques-uns obtinrent même leur liberté, et l'auteur de la Relation fut du nombre. Il retourna promptement dans son diocese, pour y reprendre l'exercice du saint ministere. Mais au bout de sept. mois de travail, il a perdu de nouveau la liberté. Nous en ignorons la cause. Il dit seulement qu'il a mis ses jours à couvert, qu'il n'est point en prison, mais qu'il n'ose se montrer.

Quoi qu'il en soit, les personnes aisées, s'il en est encore, ne peuvent mieux faire que de répandre sa Relation. C'est en même temps un morceau d'histoire très-intéressant livre de littérature et un ouvrage de piété.

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Cinquieme lettre aux ministres de la ci devant église constitutionnelle, ou Réponse à M. C... président d'un (prétendu) Synode tenu à Versailles, à l'occasion de l'envoi qu'il a fait à un de ses Amis d'un exemplaire des actes de ce Synode.

Cette lettre, composée de deux parties, peut et doit même être regardée comme la suite des quatre lettres écrites aux prétendus évêques

de la ci-devant église constitutionnelle, lesquelles parurent dans le courant de l'année derniere, et que nous annonçâmes dans notre journal. Celle-ci part d'une plume différente. L'auteur est un avocat célebre, non moins recommandable par ses talens, que respectable par son âge, par sa piété, et par son attachement à la discipline catholique, qu'il a défendue avec autant de courage que de succès, contre tous les téméraires qui ont essayé d'y porter atteinte. Nous croyons, et les personnes, qui liront cette cinquieme lettre seront de notre avis, qu'elle n'est point indigne de paroître après celles qui l'ont précédée. Si les lecteurs apperçoivent quelque différence dans le style, parce que l'amitié, qui cherche à ramener un ami, ne combat point comme l'athlete, qui descend dans l'arêne pour terrasser son adversaire ils y trouveront la même solidité dans les preuves,. la même force dans les raisonnemens, la même connoissance de la discipline des premiers âges. Les fideles catholiques qui ont fait l'acquisition des premieres, ne peuvent se dispenser de se procurer celle-ci, s'ils veulent avoir sur les matieres contestées un ouvrage qui ne leur laisse rien à désirer. Elle se vend chez Le Clere, rue St-Martin, près celle aux Ours, no. 254 et 89: Prix 12 s. port franc.

Nous croyons inutile d'en présenter l'analyse à nos lecteurs. Les moyens dont l'auteur se sert pour faire tomber des yeux de son ami le voile qui lui cache la profondeur de l'abyme dans lequel il s'est laissé entraîner, sont les mêmes que ceux qu'ont déja employés les écrivains catholiques, qui, depuis six ans, repoussent les

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