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Copie d'une lettre de l'Imprimeur des Annales Religieuses, Politiques et Littéraires, l'un des rédacteurs des Annales (Constitutionnelles) de la Religion.

à M. P

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Paris, le 27 juin 1796, 9 messidor an 4.

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C'est répondre bien tard, Monsieur, à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire en m'envoyant deux de vos ouvrages, fort intéressans, l'un contre le prêtre Drulhe (législateur), l'autre contre l'indécence des inhumations. N'attribuez pas, je vous prie, à indifférence le retard de ma réponse, mais plutôt à la multiplicité de mes affaires, et au desir que j'avois de trouver l'occasion de vous gratifier à mon tour de quelque bon ouvrage, qui fût digne de vous être offert.

La rétractation de M. Panisset, ci-devant évêque du Mont-Blanc, que je viens d'imprimer pour la 3e. fois, me procure le moyen d'acquitter la dette que votre envoi m'avoit fait contracter avec vous; recevez, je vous prie, mes excuses, si je ne vous l'ai pas plutôt adressée.

Vous avez ci-joint, Monsieur, cet écrit dont, l'authenticité est pour moi, d'une certitude aussi grande, que celle des deux que j'ai reçu de vous. Vous paroissez desirer, que nous estimant réciproquement, comme nous le devons, nous donnions aux autres Journalistes l'exemple de la modération et des égards que se doi

vent tous les écrivains, et sur-tout les écri vains chrétiens; rien ne convient mieux à mes principes et à ceux des Rédacteurs des Annales Religieuses. Ainsi ce point, qui n'est pas moins l'objet de nos voeux que des vôtres, sera rigoureusement observé; je dois seulement vous prévenir qu'intimement persuadés que la vérité ne peut se trouver dans les principes de deux sociétés opposées dans des points essentiels de leur doctrine, les Rédacteurs de mon Journal ne peuvent et ne doivent négliger aucune occasion de désabuser les fideles qui marchent à la suite des prêtres ci-devant constitutionnels, et de les ramener dans le sein de l'église.

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Vous prétendez, Monsieur, que ce qui nous divise n'est qu'une misérable dispute, digne seulement des bancs de l'école; et eux Monsieur, regardent comme des erreurs capitales les articles de la ci-devant Constitution civile du clergé, qui ont servi de base à la formation de votre nouvelle société. D'après cet aveu, il vous sera facile de conclure qu'il leur est impossible de composer avec vous. Sans doute, Monsieur, la réconciliation que vous desirez seroit extrêmement facile entre des chrétiens, s'il y avoit des haines à éteindre et des sacrifices personnels à faire. Rien ne seroit pénible aux prêtres catholiques, si, pour se réunir aux autres prêtres, ils n'avoient. que des intérêts temporels à abandonner; mais il s'agit de la robe même de J. C. ou de la vérité dont celle-là n'est que la figure. Que gogueroient les prêtres ci-devant constitutionnels à en obtenir le sacrifice ou la déchirure?

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Le schisme seroit consommé en France, et notre malheureuse patrie, comme jadis l'Angleterre, verroit peut-être pour jamais s'éteindre dans son sein le flambeau de la foi. On n'y compte guere plus que cinq à six évêques schismatiques et un très-petit nombre de curés intrus; et si les prêtres catholiques quittoient ce point où ils sont toujours restés et où vous étiez avec eux, le schisme seroit alors total, sans éspérance de retour! Mais si les catholiques sont réellement les dépositaires de la foi des premiers apôtres des Gaules; et s'ils en ont la conviction intime, devez vous être surpris, Monsieur, de leur persévérance à accumuler les preuves de toutes especes pour en convaincre également tous les fideles? La charité qui ne peut être qu'avec la vérité, seroitelle la charité, si elle les laissoit indifférens" sur le sort de ces infortunés et sur le vôtre? Ah! plût à Dieu, Monsieur, qu'il ne fût question entre vous et eux que de vaines disputes de mots, comme vous paroissez le croire, vous les verriez, non plus vous attendre, mais aller à vous, et vous conjurer par les entrailles de J. C., de ne plus faire avec eux qu'un seul troupeau, sous la houlette du même pasteur.

Est-ce une vaine dispute de mots que de dire, comme le disent les ci-devant constitutionnels, que l'autorité séculiere a pu imposer à la puissance ecclésiastique des lois dont la violation a emporté IPSO FACTO la destitution de tous les évêques, de tous les curés?

Est-ce une vaine dispute de mots d'enseigner contre l'autorité des saints canons, que la mission est dans l'ordination, et que par consé

quent un évêque n'est pas seulement le pasteur d'un diocese, mais encore l'évêque universel du monde entier! Est-ce que MM, Grégoire, Royer, Desbois, Primat, etc. n'ont besoin d'aucune délégation pour remplir les fonctions de l'épiscopat dans le diocese de Paris, comme dans les départemens, vers lesquels les avoit envoyés la puissance civile?

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Est-ce une vaine dispute de mots de dire que Dieu n'a pas spécialement préposés les évêques pour gouverner son église; mais que leurs presbyteres, sans être de leur choix, en sont chargés comme eux et avec eux, et que l'évêque n'a au milieu de son presbytere que sa voix, comme chacun de ceux qui le compo

sent?

Est-ce une vaine dispute de mots d'enseigner que les vœux religieux sont contre nature, et que la puissance civile a pu en dispenser?

Est-ce une vaine dispute de mots de croire qu'on ne doit reconnoître l'autorité d'un évêque et d'un métropolitain dont le siége seroit établi sous la domination d'une puissance étrangere, et de dire qu'un évêque ne peut. s'adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation; et que les élections des évêques et des curés seront confiées aux corps électo-, raux qui nomment les membres des départemens; de transformer P'église cathédrale en église paroissiale?

Est-ce une vaine dispute de mots de transférer au premier ou au deuxieme vicaire de l'église cathédrale le droit appartenant au chapitre, pendant la vacance du siège épiscopal, de remplacer l'évêque pour tous les actes de

jurisdiction qui n'exigent pas le caractere épiscopal.

Est-ce enfin une vaine dispute de mots de dire que la puissance civile a pu renverser une discipline ecclésiastique, autorisée. par la pratique constante de toutes les églises, et qu'un concile général (celui de Trente), n'avoit pas jugé devoir réformer; de dire que tous les pasteurs légitimes ont cessé d'être pasteurs au moment où il a plû à cette puissance incompétente de déclarer la vacance de leurs bénéfi ces, et de nommer de nouveaux pasteurs?

Presque toute la France, revenue de son étourdissement et réveillée au bruit des foudres de l'église, reconnoît la légitimité de ses pasteurs, et abandonne ceux que lui avoit donnés une constitution qui est heureusement anéantie; et vous appellez tout cela, Monsieur, une vaine dispute de mots..... Votre bon esprit, si vous voulez y réfléchir un peu, ne vous permettra pas de prolonger plus longtemps la durée d'une lutte, qui, iôt ou tard, finiroit par la honte de ceux qui la soutiennent. C'est à vous, Monsieur, à ouvrir les yeux de ces avengles, qui les ferment trop long-temps. Demandez-leur d'où ils viennent, où ils vont êt où est leur centre d'unité, où est leur point de ralliement. Ils se disent aujourd'hui évêques, l'un de Blois, les autres de Bellai, d'Amiens, de Cambrai. Que sont donc devenus les dioceses de Loir et Cher, de l'Ain, de la Somme et du Nord, etc. Je le vois bien, c'est que la constitution civile du clergé n'existant plus, il auroit trop d'impudeur de continuer de prens dre des titres nés sans doute avec elle, et par conséquent morts avec elle. Mais si un titre

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