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voit pas que ce principe ait été contesté dans aucune de ces protestations.

2o. La constitution de 1791, à laquelle le clergé a offert de prêter serment, quant aux objets politiques, consacroit formellement, comme on vient de le voir, le principe de la souveraineté du peuple, au-lieu que la déclaration prescrite par le décret du 7 vendémiaire, an 4, n'est que la reconnoissance d'un fait et d'un fait bien évident, celui de l'existence de la souveraineté dans l'universalité du peuple français.

3°. Le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi, que personne ne refusa de prêter, constatoit également cette souveraineté, puisqu'il plaçoit la nation au premier rang, comme principe de tout ordre politique; et c'est à cette occasion que M. l'évêque de Blois écrivoit à M. Adam en 1790. » Que ce serment ne réclamoit que ce qui est dû à la puissance publique et à la loi; que c'étoit le dogme fondamental de toutes les sociétés.

4°. Le Souverain Pontife lui-même, dans le Bref du 10 mars 1791, par lequel il condamne la constitution civile du clérgé, déclare qu'il n'a d'autre objet « que de conserver dans leur intégrité les droits de l'église et du Saint-Siége apostolique, et que son intention n'étoit pas de toucher aux nouvelles loix civiles ». Or, lorsque le Pape s'exprimoit ainsi, il n'ignoroit pas que le principe de la souveraineté du peuple étoit consigné dans la nouvelle constitution. Son silence à cet égard, prouve bien évidemment qu'il ne pensoit pas que cette question appartînt à la Religion. Le Pape s'abstient d'entrer

dans toutes ces discussions si délicates; si difficiles, et sur lesquelles les ministres de la religion doivent toujours se conformer aux maximes établies par le droit public dans le pays où

ils exercent leur ministere.

5o. Ce sont ces mêmes principes de sagesse appliqués à d'autres circonstances que la fameuse assemblée du clergé de 1682 semble proposer pour regle de conduite. Il n'est pas un évêque en France qui, dans ses instructions pastorales publiées en 1791, n'ait reconnu que la Religion n'avoit aucun caractere pour intervenir dans l'ordre politique. Ce principe est aussi vrai en lui-même, que nécessaire au maintien de la Religion: car pour peu qu'on s'en écarte, les ministres de l'église s'exposeroient à tomber dans les contradictions les plus dangereuses, et à devenir le jouet de toutes les vicissitudes politiques. Le principe de la souveraineté ne se regle pas sur les systêmes imaginaires de quelques observateurs oisifs. Elle appartient toujours en dernier résultat à celui qui à la force de la conquérir. C'est un de ces principes qui ne sont jamais décidés que par le glaive il devient toujours le prix de la victoire. Les ministres de la Religion n'ont d'autre chose à faire que de recommander la soumission aux loix existantes, sans les approuver ni les improuver. Le moyen le plus sûr, comme le plus

vrai

1, pour couper court à toutes les difficultés, pour conserver la dignité, l'intégrité et l'indépendance du ministere ecclésiastique, c'est de séparer absolument les principes religieux des principes politiques. Les premiers doivent se concentrer dans le sanctuaire, et laisser les pas

sions orageuses se disputer l'empire de la terre. C'est à quoi se bornoit le clergé en 1790 et 1791.

6o. Personne ne traite peut-être la question de la souveraineté avec plus de profondeur que Bossuet. Il combat victorieusement l'opinion de Jurieu, qui tiroit de son systême les conséquences les plus dangereuses entre les gouvernemens existans. Si on étudie avec attention la suite de ces raisonnemens, on voit évidemment que Bossuet reconnoît que ce sont là de ces questions qui ne peuvent jamais dépendre de la dialectique, parce qu'elles sont toujours décidées par la force et par l'opinion. Il observe que quand J. C. dit aux Juifs: Rendez à César ce qui est dû à César, il n'examine point comment étoit établie la puissance de César; c'est assez qu'il les trouvât établis et régnans, il vouloit qu'on respectât, dans leur autorité, l'ordre de Dieu et le fondement de l'ordre public. (Polit. Sacr.)..

De ces observations générales, il suit: 1°. que la question actuelle n'appartient pas à la Religion; qu'elle est purement politique. 2°. Qu'elle est même problématique en politique.

CAUSE CÉLEBRE.

C'est un sourd-muet de naissance de l'école de Bordeaux. Convaincu d'avoir contrefait des assignats, défendu victorieusement et avec toute l'éloquence de la raison et du sentiment devant le tribunal criminel de la Gironde, par son instituteur, M. VIVÉ, actuellement à l'institution de Paris, maison St. Magloire, rue St. Jacques.

C'est là que se trouve cet intéressant plaidoyer, sur lequel nous reviendrons dans le prochain No.

SICARD.

CATHOLIQUES.

NOUS ous avons donné dans le No. 21 de nos Annales, une lettre pleine de force et de vérité, adressée à Grégoire par M. Nusse, un de ses anciens vicaires, que Dieu a ramené au sein de l'unité. Il vient de nous en envoyer une seconde beaucoup plus intéressante encore. Tout y annonce un esprit bien fait, un cœur droit, une ame courageuse. Il est bien étonnant qu'un homme de ce mérite ait pu embrasser un instant une aussi mauvaise cause. Nous l'invitons de tout notre pouvoir. à redoubler de zele, et à se pénétrer de plus en plus de la nécessité de rendre ses talens aussi utiles à l'église, que sa chûte a pu lui être funeste.

Seconde Lettre à Henri Grégoire, évêque de je ne sais où, et de je ne sais qui.

Je reviens à vous, monsieur, dussé-je vous, déplaire. En abandonnant vos drapeaux, je n'ai pas abandonné votre salut, et je ne sentirai toute la douceur de ma conversion Tome II. No. 24.

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quand je pourrai jouir de la vôtre. J'ai d'abord hésité sur la publicité de cette nouvelle lettre; mais outre que je la regarde comme faisant partie de mon expiation, et un à-compte de ce que je dois à ma conscience, j'ai cru qu'en multipliant ses lecteurs, j'en augmenterois l'utilité. Plus vous voulez donner de vogue à votre prélature, plus je dois donner de l'éclat à mes corrections fraternelles; et puisque, de votre côté, vous battez le tambour pour rappeller à vous vos prétendues ouailles, j'ai sans doute le droit d'emboucher la trompette pour les en éloigner. J'ai donc, monsieur, quelques vérités à vous dire elles ne seront jamais aussi fortes que votre conduite est étrange, ni aussi dures que vos principes sont funestes. En vain vous invoquerez la charité, comme les philosophes vos amis ont si long-temps invoqué la tolérance dont ils font aujourd'hui un si bel usage. C'est sans doute la plus sublime des vertus, comme elle est pour vous la plus nécessaire et la plus profitable; mais si elle me défend d'être votre ennemi, elle est bien loin de m'empêcher d'être votre adversaire. Elle me dit bien de ménager votre vie privée; elle ne m'ôte pas le droit de censurer ouvertement votre conduite schismatique et votre vie burlesquement pontificale. Voilà la distinction qu'il ne faut jamais perdre de vue, et celle cependant que vous affectez d'oublier. Ce que je vous dirai est su de tout le monde. Ce ne sont pas des vices cachés que je révele, mais des scandales qu'il importe de retracer. Je n'attaque ni vos mœurs, ni votre probité, tout cela ne me regarde pas; mais je poursuis vos coupables travers et vos préten

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