Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

H est incontestable qu'on ne doit pas agir dans le doute, ni se décider en conservant le doute; ainsi ceux qui auroient fait la déclaration dans le doute, s'il étoit permis de la faire, comme ceux qui l'auroient différée ou refusée dans le doute, s'il leur étoit permis de la différer ou de la refuser, se seroient rendus coupables (pro ratione dubii), en supposant des -raisons de douter pour l'une et pour l'autre opinion. Obligés d'abandonner leur doute autant que les circonstances pouvoient le leur permettre, les uns et les autres étoient obligés d'embrasser l'opinion qui leur paroissoit la plus probable, la plus şûre et la plus avantageuse pour les grands intérêts de la religion.

D'après ces principes, ne doit-on pas être convaincu que ceux qui ont fait la déclaration de leur soumission aux loix, loin d'agir dans le doute, se sont crus obligés de la faire, et cela d'après l'examen le plus réfléchi les raisons les plus plausibles, les décisions de plusieurs évêques et des membres du clergé les plus éclairés, et les motifs les plus pressans, ceux du grand intérêt de la religion!

[ocr errors]

De ces observations générales, il suit : 1°. Que la question actuelle n'appartient pas à la religion; elle est purement politique. 2o. Qu'elle est même problématique en politique.

Mais de ces deux conséquences il en résulte une troisieme, la plus importante de toutes, et la plus nécessaire à résoudre dans les circonstances actuelles, si l'on veut sauver la religion en France.

[ocr errors]

Cette conséquence est que si la déclaration demandée ne blesse aucun principe religieux; si la question est purement politique; si elle est même problématique en politique; tous les ministres de la religion sincérement attachés à la religion, et qui desirent qu'elle puisse s'exercer et se conserver en France, doivent faire la déclaration prescrite.

En effet, les ministres de la religion doivent considérer que leur ministere ne leur appartient pas exclusivement; que c'est un devoir qu'ils ont à remplir; nue dette à acquitter envers le peuple. Chaque ministre doit se rappeller cette célebre maxime de S. Augustin, qu'on est chrétien pour soi-même, et qu'on est évêque ou prétre pour les autres. Et de quel droit les ministres de la.

religion pourroient-ils rendre leur ministere inutile aux peuples dans un temps sur-tout où des besoins immenses appellent tout leur zele et tous leurs moyens? Un ministre ne peut cesser d'exercer son ministere que lorsque l'on exige de sa part des actes contraires à ses principes religieux, ou lorsque l'exercice et la liberté de son ministere éprouvent des contradictions manifestes. Des opinions purement politiques ne peuvent être un motif suffisant pour légitimer cette espece de désertion du ministere... Le fondateur de l'église, et l'église ellemême n'a pas institué ses ministres pour professer des opinions politiques; l'un et l'autre leur ont au contraire interdit de prendre aucune part à ces sortes de discussions, et de se passionner comme les enfans des hommes pour des intérêts absolument étrangers à la mission purement spirituelle dont ils sont chargés.

Cette considération acquiert encore plus de force lorsqu'on pense à l'état déplorable où la religion se trouve réduite en France. Il a fallu, pour ainsi dire, une suc cession de miracles inattendus pour la faire survivre à toutes les persécutions qu'elle avoit essuyées, à tous les outrages qu'elle avoit reçus; et seroit-ce au moment où elle commence à sortir avec tant de peines et d'efforts des liens de l'oppression sous laquelle elle génissoit, que ses propres ministres la laisseroient s'éteindre et dépérir entiérement, par attachement à des opinions purement politiques et problématiques en poli tique? Ne leur appliqueroit-on pas alors avec justice ces paroles de l'écriture: peribit lex à sacerdote?

Je sais bien que quelques ministres en renonçant à l'exercice public, pour éviter ou différer de faire la déclaration, croiroient remplir suffisamment leurs obligations en exerçant leur ministere dans le secret et en particulier. Mais d'abord ce seroit là un grand malheur pour la religion, parce qu'elle est établie pour le salut de la multitude, et non uniquement pour le salut de quelques particuliers.

2o. Toutes ces directions particulieres seroient dans l'état actuel des choses plus nuisibles qu'utiles à la religion. Elles exciteroient la méfiance du gouvernement, offriroient des prétextes à la malveillance et à la calomnie, et justifieroient les mesures de rigueur : elles deviendroient d'ailleurs le germe des divisions les plus

scandaleuses entre les ministres, sous les prétextes les plus illusoires; enfin elles serviroient de motifs aux ennemis de la religion pour la décréditer et en faire un objet de mépris.

Les hommes de toutes les classes, les mieux intentionnés, qui se sont élevés le plus hautement contre les persécutions dont les ministres de la religion ont été si souvent les victimes, ou qui avoient gémi en secret de toutes les injustices qu'ils ont essuyées, ne pourroient pas concilier le refus d'une déclaration purement politique avec toutes les protestations si souvent réitérées › par le clergé, protestations dans lesquelles il ne récla moit que la liberté des opinious religieuses, et l'exercice du culte protestations enfin qui étoient tou jours accompagnées d'une déclaration par laquelle l'é glise se regardoit comme étrangere aux formes politiques du gouvernement. Tant que les ministres de l'église out été persécutés, parce qu'on pouvoit violenter leur conscience, ou s'établir juge de la doctrine et de la discipline, l'estime, le respect, l'intérêt public, les ont honorablement accompagnés dans la solitude de leurs retraites, dans l'horreur des cachots, et jusque sur les marches sanglantes de l'échafaud; mais n'estil pas à craindre que cette estime, ce respect, cel intérêt ne se convertissent en murmures et en improbation, si on leur voyoit abandonner leur ministere, et priver les peuples de tous les avantages et de toutes les consolations de la religion, par attachement à des opinions politiques? Cette considération ne doit-elle pas faire impression sur les coeurs droits, et sur les personnes véritablement zélées pour les grands intérêts de la religion?

Malheureusement on ne se rend pas tonjours compte des motifs secrets auxquels on oheit, sans le vouloir, dans les déterminations les plus importantes et les plus décisives. Le malheur, l'injustice, la persécution aigrissent insensiblement les ames les plus honnêtes, La chaleur des discordes civiles exaltent beaucoup l'imagination: on ne considere plus les objets avec le calme de la réflexion; on n'agit plus que par sentiment ou par prévention, et on ne raisonue plus d'après les principes. Les craintes, les espérances, les conjectures politiques viennent se mêler involontairement aux

idées religieuses: on associe imprudemment des principes et des questions, qui de leur nature, sont essentiellement distinctes et séparées, et que l'on devroit chercher à distinguer et à séparer avec plus d'attention que jamais. A celte fâcheuse disposition se réunit quelquefois un amour-propre aveugle, la déplorable vanité de se distinguer par une certaine rigidité de principes, de devenir l'apôtre de quelques coteries, ou sociétés particulieres, dans lesquelles toutes les opinions exagérées sont presque toujours favorablement accueillies et prôpées. Et c'est ainsi que l'on sacrifie l'intérêt de la reli gion, le salut des peuples, le sort de l'église, les principes, les regles et les devoirs de la charité à des motifs illusoires et à des considérations frivoles. On en rougiroit sans doute, si l'on pouvoit se rendre compte à soimême de ses propres et véritables motifs, et les peser au poids du sanctuaire.

Il est très-vrai de dire que dans ces derniers temps en a souvent observé que la religion a eu autant à se plaindre de l'imprudence et de l'indiscrétion de ses dangereux amis, que de la haine de ses ennemis les plus implacables.

Enfin, il seroit à souhaiter que l'on voulût bien se rappeller l'état déplorable où se trouvoit la religion en France à l'époque de l'introduction du culte constitutionnel. Le clergé catholique se bornoit alors à solliciter la liberté du sien. Que de considérations ne doivent pas engager les hommes sages et attentifs aux événemens, à profiter, pour le bien de la religion, de la tolérance dont elle jouit actuellement, quelque imparfaite qu'elle leur paroisse. Les fideles n'ont-ils pas déja éprouvé d'assez grandes privations? voudroit-on en provoquer encore de plus longues et de plus funestes? L'oblitération totale des sentimens religieux seroit tôt ou tard la suite nécessaire de l'interdiction absolue du vrai culte, da moins chez une grande partie du peu ple français. Puisse l'Eire suprême, le Dieu miséricordieux de nos peres, nous préserver d'une si affreuse calamité!

Aux Rédacteurs des Annales Catholiques.

Mes

Je crois devoir mettre sous vos yeux, sieurs, un trait de l'Histoire Ecclésiastique de France très-peu connu, et qui cependant mérite bien de l'être. Ce trait nous apprend quel étoit au milieu du dernier siecle le sentiment des évêques de France sur les principes d'après lesquels doivent se conduire les ministres du culte catholique, quand les démêlés où les intérêts de la religion sont compliqués avec ceux de la politique. Cet extrait servira à confirmer ce que vous avez déja consigné dans vos Annales, en faveur de la soumission aux loix de la république, exigée par le gouvernement.

Le clergé de France étant assemblé à Paris en 1650, le roi de Portugal ordonna à son ambassadeur à la cour de France de se présenter devant cette assemblée, et de la prier, de sa part, d'engager le Pape à donner des bulles aux sujets qu'il lui avoit présentés pour remplir les sieges vacans dans ses états: et dans le cas où le Pape ne céderoit pas aux représentations et aux prieres de cette auguste assemblée, de demander conseil à cette assemblée sur les mesures qu'il lui conviendroit de prendre pour faire cesser la vacance des évêchés.

Le roi de Portugal qui consultoit, étoit le fameux duc de Bragance. On sait qu'après la mort de Henri, roi de Portugal, qui n'avoit point laissé d'enfans, Philippe II, roi d'Espagne, avoit prétendu que la couronne lui appartenoit par droit de succession, et s'étoit

aussi-tôt

« ZurückWeiter »