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tions impudentes des filles de Miramiones et des filles de la Charité: alors que traitant de fanatisme l'horreur qu'elles avoient pour les nouveaux pasteurs, on les forçoit, les verges à la main, d'assister à leurs messes; alors qu'on fit dépendre de la prestation d'un serment qui répugnoit à leur conscience, le droit qu'elles avoient de vivre; alors enfin que ces meres, ces servantes, ces tendres et fideles amies des pauvres, des infirmes et des enfans abandonnés, furent livrées à la brutalité des uns, à la fausse pitié des autres, à l'indifférence de tous.

Et qui exerçoient donc ces atrocités révoltantes? C'étoient ces mêmes pauvres qui faisoient l'objet de leur infatigable sollicitude. Et qui poussoit ces malheureux à étouffer ainsi les premiers sentimens d'humanité, le premier cri de la reconnoissance? Les philosophes qui, par leurs calomnies et leurs écrits perfides, étoient parvenus à les dénaturer et à leur fasciner tellement les yeux, qu'ils croyoient voir leurs propres ennemis et leurs propres tyrans dans les seules amies, les seules protectrices qu'ils eussent sur la terre.

Et que faisoient ces filles respectables parmi tant de violences, de vexations et d'injustices? Elles donnoient l'exemple de toutes les vertus; elles pardonnoient; elles prioient pour leurs persécuteurs; elles s'applaudissoient d'avoir été dignes de souffrir pour Jésus-Christ, et elles ne se vengeoient des pauvres que par des nouVeaux soins pour les pauvres. Autant elles montroient de résignation et de patience parmi ces barbares traitemens, autant opposoient

elles une invincible fermeté aux tyrans de leur conscience; et la postérité saura que de quatre mille filles de Vincent de Paule, il n'en est pas une seule que la violence ou la misere ait pu déterminer à se déshonorer par un parjure. Voilà des faits notoires, authentiques, incontestables. Ce n'est pas ici un événement isolé qui se passe dans un coin de la Belgique, et dont un commissaire fait passer le procèsverbal à un tribunal de la Dyle. Ce sont des événemens répétés aux quatre coins de la France, et qui seront traduits par toutes les bouches au tribunal de l'Europe.

Mais que font maintenant ces philosophes qui croient se disculper de tout avec de regne de la terreur? Quelle a donc été leur conduite, depuis qu'ils ont été forcés de prendre des principes plus modérés? Quels moyens ont-ils pris depuis pour soulager, pour consoler ces infortunées religieuses? Ils les ont fait sortir de prison après le 9 thermidor; mais il faudroit apprendre à l'univers entier que c'est au moment même où étoient proclamés si fastueusement les grands principes, où les grands mots de justice et d'humanité étoient dans toutes les bouches, on supprima sans pudeur une partie de leur traitement, déja insuffisant pour vivre (1). Aujour

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(1) Ce fut cinq semaines après le 9 thermidor, c'està-dire, dans la plus grande exaltation de l'humanité philosophique, que fut porté le décret qui diminuoit le traitement des religieuses, dont le maximum étoit de 700 liv. et celui des prêtres, dont le maximum étoit de 1000 liv. On ne sait ce qu'il faut ici admirer le plus, ou de l'humanité ou de l'économie des philo sophes.

d'hui même, ce traitement n'est plus qu'une dérision, un vain mot comme tout le reste; et tandis que leurs saintes retraites sont changées en des lieux de prostitution et leurs églises en cavernes de voleurs, elles n'ont pas où reposer leurs têtes. Peu contens de les livrer à toutes les horreurs de la misere, on veut encore les livrer à la risée publique; on les joue sur le théatre; pour insulter à leur vertu, on insulte à la vérité, et pour tromper sur leur état présent, on calomnie leur état ancien. Ses abus, on les dénature; ses vices, on les invente; ses rigueurs, on les exagere; ses douceurs, on les dissimule; et comme s'il pouvoit y avoir une regle plus dure que les loix auxquelles on les soumet, d'autorité plus insupportable que celle qui les opprime, de clôture plus triste que l'abandon où elles vivent, il n'y a pas jusqu'à leurs bourreaux qui n'aient encore l'affreuse hypocrisie de se donner pour leurs libérateurs, et de s'offrir à leur reconnoissance. Ainsi les philosophes ne sont pas moins barbares, soit qu'ils plaignent, soit qu'ils écrasent leurs victimes; ainsi ils n'ont fait que changer, avec le temps, leurs moyens d'oppression; ils n'ont rien changé dans leur but. Les premiers persécuteurs n'ont pas dressé les échafauds, mais les ont préparés. Ensuite sont venus les philosophes égorgeurs qui ne voulant pas nourrir les religieuses, cherchoient au moins à s'en débarrasser par le plus court chemin; et à ceuxlà ont succédé les philosophes modérés ; ces caffards de leur secta qui n'osant ou ne pouvant plus les condamner à la mort, ne font

de l'existence de ces infortunées qu'une longue et pénible agonie.

Mais si la philosophie est affreuse, combien la religion est grande! Quel spectacle plus beau que celui qu'ont donné au monde les religieuses de France, et à leur imitation les religieuses de la Belgique (1)! Quel attachement inviolable à leur état! Quelle douleur au sortir de leur doux asyle! Quelle fermeté à repousser le bienfait dérisoire de leur liberté, opéré enfin par la force! Quelle pureté de vie au milieu de la corruption du siecle où elles sont rentrées! Quelle admirable abandon à la providence! Combien il en est peu qui aient manqué à la sainteté de leurs Voeux! Combien qui ajoutent encore toutes les austérités de leur regle, à toutes les privations ameres auxquelles un monde injuste les condamne! Filles respectables, victimes doublement sacrées, puisque vous l'êtes, et par la vertu, et par le malheur! recevez ici l'hommage de toutes les ames pures et sensibles; honorez-vous de plus en plus par votre héroïque résignation et votre invincible patience! C'est la seule vengeance qui soit digne de vous; c'est la plus belle réponse que vous puissiez faire à vos perfides détracteurs qui ont bien pu vous dépouiller, vous opprimer, mais non vous enlever ces biens précieux,

(1) Les religieux de la Belgique ont tous donné le même exemple de fermeté, de courage, d'amour pour leur état; ainsi qu'on peut le voir dans la protestation solemnelle qu'ils ont adressée au corps législatif, et que 'nous avous insérée dans nos Annales.

inaccessibles à toutes les violences, la paix du cœur qui console de tout et Dieu qui vous tient lieu de tout.

La Vérité et la Sainteté du Christianisme, vengées contre les blasphemes et les folles erreurs d'un livre intitulé Origine de tous les Cultes, ou Religion universelle, du citoyen Dupuis; par l'auteur de l'Apologie de la Religion chrétienne, 1 vol. in-8°.* de 524 pag. 4 liv. 10 s. pour Paris, et 6 liv. franc de port, pour tous les départemens.

L'ouvrage que nous annonçons est fait pour tenir une place distinguée dans nos Annales; et c'est un reproche que nous nous faisons de n'avoir pas mis autant de promptitude à le faire connoître, que l'auteur en a mis à le composer. Le livre de la Religion universelle qu'il combat, est un des plus grands scandales de ce siecle. C'est l'athéisme dans toute son horreur ; c'est l'irréligion sous les formes les plus hideuses. Jamais le blasphême ne s'exhala avec plus de fureur; jamais la haine du christianisme ne s'exprima avec plus de virulence. On auroit pu livrer au mépris cette production d'un homme en délire, au-lieu de la réfutér sérieusement; mais si on eut pris ce parti, les incrédules, qui sont d'une ignorance profonde sur tout ce qui regarde la religion, n'auroient pas manqué de prôner les sophismes de cet audacieux, comme des argumens invincibles. On a donc jugé nécessaire de lui répondre, et l'auteur que nous analysons l'a fait d'une maniere à le couvrir d'une confusion éternelle, si les, athées avoient quelque res→ pect pour l'opinion publique. La marche de Dupuis est tortueuse, amphigourique, digne du chaos où il veut nous plonger avec les supercheries des oracles, il en a les ténebres. Il se noie et se perd dans ses citations. Sa compilation le surcharge, et avec lui, tous ses lecteurs succombent sous le poids. Celle de notre auteur est ferme, lumineuse, digne de la vé

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