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LITTÉRATURE.

Des Consolations, ou Recueil choisi de tout ce que la raison et la religion peuvent offrir de consolation aux malheureux. A Paris, de l'imprimerie de LE CLERE, rùе St. Martin, près celle aux Ours, numéros 254 et 89, 2 vol. in-18, beau caractere et beau papier, avec figures. Prix avec figures. Prix 3 liv. 12 s. franc de port par la poste.

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Jamais ouvrage ne vit le jour dans des circonstances plus favorables que celui-ci. Qui n'a pas besoin aujourd'hui de consolation! « Le nombre des malheureux est immense', » et s'accroît tous les jours, dit l'éditeur. Les palais ont changé de maîtres, et les riches»ses de possesseurs; il n'est plus d'état, ni » de rang qui puissent mettre à l'abri de l'indigence; il n'est point de famille distinguée » qui n'ait eu ses calamités, et point d'homme » qui doive. se croire exempt des mêines infortunes ».

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Plût à Dieu même qu'on n'eût essuyé que ces sortes de renversemens, presqu'inséparables des révolutions dans les empires! Mais des plaies plus profondes aggravent nos douleurs. Les temples profanés, la religion sainte de Jésus-Christ outragée dans ses dogmes, dans sa morale, dans ses ministres; la vertu persécutée, le vice triomphant, le systême abrutissant de déisme réduit en pratique dans toute la France; voilà des maux plus acca

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blans mille fois que les disgraces temporelles, quelqu'ameres qu'on les suppose. En publiant ce recueil on s'est proposé d'adoucir les uns et les autres; et pour y réussir, on y rassemble les pensées de divers sages sur les épreuves réservées ici-bas aux gens de bien.

L'auteur a puisé d'abord dans les livres chinois une suite de maximes fondées sur le sentiment profond de l'existence de Dieu, de sa providence, et de la différence essentielle qui doit exister dans la vie à venir entre le crime

et la probité. « J'avoue, dit-il, que sans ces dogmes primitifs de la nature, il seroit vain » de vouloir apporter la moindre consolation » à nos malheurs. La souffrance seroit affreu» se, si nous n'avions le ciel pour témoin de » nos peines, si nous ne vivions dans l'attente » d'une vie meilleure, si toutes nos espéran»ces, limitées par le temps, devoient abou-. » tir à la mort ». En effet, le plus avantageux seroit alors de précipiter sa destruction, pour terminer promptement une existence malheureuse. Il n'y a pas d'homme capable de raisonner qui ne prît ce parti.

Convaincu de ces principes, l'éditeur a mis à la tête de chaque section, lorsque l'ordre des matières a pu le permettre, les pensées qui se rapportent plus directement à l'un de ces trois dogmes consolateurs, la nature de Dieu, sa providence pleine de sagesse, et la certitude d'un avenir, heureux pour les bons après le trépas, et horrible pour les méchans.

Outre les auteurs chinois, il a choisi les matériaux de son recueil dans la morale des Indiens, des Persans, des Arabes et des Turcs.

Les philosophes grecs y ont également concouru. Mais il faut le dire à la gloire du christianisme, et l'on s'en convaincra facilement par la lecture de l'ouvrage, la doctrine de ces écrivains étrangers, lors même qu'on nous la présente dégagée de l'alliage impur qui l'enveloppe dans les originaux, est bien foible, si on la met à côté de nos écritures et de nos moralistes. Elle renferme, à la vérité, des maximes de conduite propres à régler la vie civile, et aussi quelquefois à soulager l'homme dans l'affliction; mais elle ne l'éclaire, ni sur la cause, ni sur l'utilité des souffrances; elle n'annonce rien de précis après la mort; elle laisse l'ame vuide, flottante, incertaine.

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Il sera très-bon néanmoins de lire les deux premiers tomes de cette collection, les seuls qui soient sortis de presse jusqu'à ce moment. On y apprend à mieux connoître le prix inestimable de la grace que Dieu nous a faite en nous discernant des autres nations par la vocation à la foi. De plus, cette lecture pénétrera d'horreur contre les sophistes modernes, qui, en nous isolant du Créateur, nous enlevent le plus doux charme de la vie, nous livrent à notre indigence, et nous rabaissent audessous de tous les peuples de la terre. Car il n'y en a point qui n'adore la Providence, et ils attendent tous une vie future, quoiqu'ils n'en définissent le caractere, ni n'en fixent la durée.

Voici comment parlent de Dieu les sages de la Chine. « Il y a un esprit intelligent qui voit tout. C'est ce qui doit nous tenir dans une attention continuelle sur nous-mêmes. Tout

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invisible qu'il est, il est proche. Il est tou-
jours présent, toujours près de nous; toujours
devant nos yeux; toujours devant nos pensées.
Elevons-nous vers lui nos
vers lui nos regards? Il est
là. Lui adressons-nous nos prieres? Il est là.
Celui qui seul est le maître suprême de l'u-
nivers, abaisse sa grandeur jusqu'à prendre
soin des choses d'ici-bas. Qu'on ne dise donc
plus qu'il est tellement élevé et loin de nous,
qu'il ne pense guere à considérer ce qui se passe
sur la terre.

Toujours attentif, il promene ses regards sur l'ensemble de la création, et il en embrasse toutes les parties. Il voit tout, il pénetre tout, il est sans cesse présent à tout. Rien n'échappe à son intelligence sans bornes, et ses jugemens sont sans appel.... C'est une chose certaine, qu'on ne doit attribuer qu'aux ordres du ciel les événemens dont on ne voit point la cause».

Les Arabes. « Le marche - pied du trône de Dieu, qui est regardé de toutes les créatures comme l'objet de leur adoration, doit être aussi considéré comme un asyle assuré contre toutes les disgraces et calamités de la vie. Quiconque a attaché son cœur et soumis son esprit à lui, s'est délivré heureusement de toutes les afflictions qui peuvent arriver dans ce monde et dans l'autre.... Seigneur, vous êtes le maître de tous les royaumes; vous les donnez à qui vous voulez, et vous les ôtez des mains de ceux qui les possédent, quand il vous plaît.... Le succès des affaires ne dépend pas de l'homme; c'est la Providence et le décret de Dieu qui décide toutes choses... Cosroës, roi de Perse, s'entretenant un jour

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avec deux philosophes, l'un grec et l'autre indien , et son grand - visir, il leur demanda quelle étoit la situation de la vie où l'homme est le plus à plaindre. Le philosophe grec soutint que c'est la vieillesse, accompagnée d'une extrême pauvreté. Avoir le corps acca-. blé d'infirmités, l'esprit et le ecur malades par le souvenir de longues infortunes, est à mes yeux, dit le philosophe indien, le sort le plus déplorable. Je connois quelqu'un de plus à plaindre, répondit le visir; c'est celui qui a passé sa vie sans faire le bien, et qui, surprispar la mort, va paroître devant le tribunal du Souverain juge».

Le premier volume renferme un dialogue de Socrate, qui peut être infiniment utile à beaucoup de français dans la crise fâcheuse où nous sommes. On va le transcrire ici, quoiqu'il soit un peu long.

a Socrate voyoit la tristesse peinte sur le visage d'Aristarque. Vous me paroissez, lui dit-il, avoir quelque chagrin : c'est un fardeau pesant qu'il faut partager avec ses amis, et je vous soulagerai peut-être en partie du poids qui vous accable. Je suis dans un grand embarras, Socrate, répondit Aristarque. La sédition a forcé la plupart des citoyens à chercher un asyle au Pyrée: mes sœurs, mes nieces, mes cousines, se trouvant dans l'abandon, se sont retirées. chez moi. Il n'y a pas à présent dans ma maison moins de quatorze personnes libres. Nous ne retirons rien de nos terres, puisque la campagne est au pouvoir de nos ennemis. Nous ne recevons rien de nos maisons, puisque la ville est presque déserte. Vendrai-je? Personne ne veut acheter. Emprunterai-je de l'argent? On n'en

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