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VI

Si maintenant, après avoir constaté l'accord des deux textes dans la partie versifiée, en dépit des divergences qu'elle présente, on passe à la partie en prose, on ne peut pas n'être pas frappé des différences qui s'y trouvent. Les divergences qui ont été notées au commencement et à la fin des deux récits pourraient s'expliquer en les considérant comme des extraits d'un récit suivi (qu'on retrouvera peut-être), et dont la coupure n'aurait pas été faite exactement de la même manière et au même point. - Pour les divergences signalées dans le corps du récit, deux explications se présentent, entre lesquelles il est difficile de choisir. Ainsi, les expressions du doute au sujet de la qualité de Buddha, revendiquée par Gotama et contestée par le roi, ces expressions qui s'accumulent et se répètent dans le tibétain, y auraient-elles été ajoutées pour rendre la conversion du roi plus éclatante? Ou bien auraient-elles été retranchées du pâli, comme offrant des dangers? De même, l'accusation de mensonge formulée très-nettement par le roi contre Gôtama aurait-elle été ajoutée dans le tibétain ou supprimée dans le pâli par des motifs analogues? Sur ce point et sur d'autres moins frappants, mais non moins obscurs, on ne saurait se prononcer. Une chose seulement peut être considérée comme certaine; tandis que la partie en vers restait identique dans les deux textes, et n'admettait d'autres modifications que les changements provoqués par la discussion du texte et les difficultés de l'interprétation, la partie en prose, moins respectée parce qu'elle avait moins d'autorité, recevait des adjonctions ou subissait des retranchements par suite de diverses raisons, parmi Iesquelles la rivalité entre les écoles pourrait bien n'être pas la moins puissante.

· VII

Il reste à se demander si le fait de la conversion de Prasênajit, auquel ce sûtra se rapporte, est réel, s'il appartient à

l'histoire ou à la légende. M. Koeppen a dit avec beaucoup de sagacité (Die Religion des Buddha, p. 75) que, dans la vie du Buddha, les faits les plus vraisemblables peuvent être controuvés, et les récits les plus incroyables avoir un fondement sérieux. Cependant, s'il est dans la biographie du Buddha, telle qu'elle résulte des données traditionnelles, un fait auquel il semble qu'on puisse ajouter foi, c'est assurément la conversion de ce roi constamment cité comme un des amis de Çakyamuni, conversion dans le récit de laquelle aucun détail extravagant, contraire à l'ordre naturel des choses, n'a pu s'introduire. Les textes tibétains et les textes pàlis s'accordent pour établir le fait luimême, et lui donner à très-peu près la même place dans l'ordre chronologique; car il y a une légère différence. D'après le Kandjour, Çakyamuni serait venu de Râjagriha, où il résidait, à Çrâvasti où il aurait converti Prasênajit; de là il serait parti pour Kapilavastu sa patrie, où il aurait converti son père, sa famille et ses compatriotes: d'après les textes pâlis, bien moins explicites, du reste, Çakyamuni serait d'abord allé de Rajagriha à Kapilavastu, et c'est à son retour qu'il aurait fait une halte à Çrâvasti, et y aurait vaincu la résistance du roi. La question se réduit donc à savoir si le voyage de Kapilavastu est antérieur ou postérieur à la conversion du roi de Kôçala. Mais ce voyage, bien qu'attesté par tous les textes et raconté dans les plus minutieuses circonstances, peut faire naître des doutes. Toutefois, sans entrer dans l'examen de cette nouvelle question, et même en admettant la réalité de ce voyage, on peut dire que les divergences des textes sur cette petite difficulté chronologique ne sont pas de nature à invalider le fait même de la conversion de Prasênajit; et, à moins de voir dans le Dahara sûtra un de ces contes que les Bouddhistes ne se sont pas fait faute d'inventer pour gagner la faveur des rois (supposition que rien ne semble autoriser dans le cas actuel), on ne saurait se refuser à voir dans la conversion du roi de Kôçala un des faits qu'on pourrait faire entrer avec le moins d'hésitation dans la biographie du fondateur du Bouddhisme.

En résumé :

4o Les deux textes ne sont pas la traduction l'un de l'autre, et doivent appartenir à deux écoles distinctes; 2o la partie en prose a dû être fixée dans chacun d'eux après la partie en vers; 3o la partie en vers peut n'avoir été, dans l'origine, que le tiers de ce qu'elle est actuellement, mais les adjonctions qu'elle aurait reçues, dans cette hypothèse, sont antérieures à la formation du texte actuel, qui lui-même a dû être le sujet de discussions nombreuses; 4o le Dahara-sûtra, ou discours sur la comparaison du Bhixu avec le feu doit être classé parmi les discours du Buddha qu'on peut considérer comme relativement authentiques; 5o la conversion de Prasênajit est un des faits de la vie traditionnelle du Buddha qu'on peut avec le plus de raison considérer comme historiques.

L'Académie se forme en comité secret.

MOIS D'OCTOBRE.

Séance du vendredi 1er,

PRÉSIDENCE DE M. REGNIER.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL, de retour, reprend ses fonctions au bureau.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Il est donné lecture de la correspondance officielle. M. le Surintendant des beaux-arts adresse, par une lettre du 29 septembre, à l'Académie l'épreuve en plâtre qui lui avait été demandée de la médaille commémorative de l'expédition française en Chine.

M. l'administrateur général directeur de la Bibliothèque impériale, par une lettre du 1er octobre, accuse réception du manuscrit pâli-siamois dont M. De Saulcy avait fait hommage à

l'Académie, qui a cru, dans l'intérêt de la science, devoir en enrichir les collections de la Bibliothèque impériale. Il prie le Secrétaire perpétuel, tant en son nom qu'au nom de ce grand établissement, de remercier l'Académie du nouveau don qu'elle lui a fait.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL dépose sur le bureau le tome VII, 4re partie, de la 4re série des Mémoires présentés par divers savants, renfermant la re partie du Syllabaire assyrien, rédigé par M. Ménant, et dont l'Académie, sur la proposition de sa Commission des travaux littéraires, avait décidé la publication par délibération du 13 février 1863. Ce volume, qui en attend un second, devant compléter le tome VII du recueil, comprend, avec une introduction générale sur les écritures cunéiformes et les principes de leur déchiffrement, les éléments du syllabaire établis et justifiés par l'analyse des textes jusqu'ici connus.

Sont présentés en outre les ouvrages suivants :

4° Au nom de M. LITTRÉ, la 23° livraison de son Dictionnaire de la langue française (Q-RED).

2o Giornale degli scavi di Pompei : mai-juin 1869, avec une planche représentant l'amphithéâtre pompéien, d'après une peinture antique.

3° Journal asiatique : mai et juin 1869.

Par une lettre datée d'Arras, 24 septembre, M. Ad. de Cardevacque adresse, pourle concours des Antiquités de la France, de 1870, en son nom et au nom de son collaborateur, M. Aug. Terninck, un exemplaire de l'ouvrage intitulé « L'abbaye de Saint-Vaast », monographie historique, archéologique et littéraire de ce monastère (3 vol. in-4o, 1866-69, avec 19 planches). Renvoi à la future Commission.

M. DE SAULCY Communique à l'Académie les estampages de deux inscriptions trouvées à Sidon et qu'il a eu la bonne fortune d'acquérir pour le Musée du Louvre. La première de ces inscriptions est latine et ainsi conçue :

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+CONDIDIT ANTIGONVS HAEC MOENIA FORTIA POENIS SVRGENTEM QE DEDIT RAVIEM (sic) CONTEMNERE PONTI +

Cette inscription, qui commence et finit par une croix, est manifestement du Ve ou mieux du VIe siècle de notre ère. Elle

contient évidemment la mention d'un fait traditionnel. L'Antigone dont il est ici question ne peut être que le père de Démétrius Poliorcète, lequel a été maître de Sidon en 318 avant Jésus-Christ, puis de 314 à 312, et enfin de 311 à 306. C'est à cette dernière période probablement qu'il faut faire remonter la construction des murailles de mer de Sidon par Antigone.

La 2 inscription est grecque. Ce n'est autre chose qu'une dédicace en l'honneur de Constantin le Grand. Elle est ainsi conçue :

PAAOVION OVAA

KONCTANTINON

ΕΠΙΦΑΝECTA

[τὸν] ΚΑΙ CAΡΑ

Η ΠΟΛΙΣ ΙΔΙΑ ΤΩΝ

CTRATHTON

Les titres donnés à l'Empereur Constantin sont la reproduction rigoureuse des légendes monétaires latines

FLAVIVS VAL (erius) CONSTANTINVS NOB(ilissimus)
CA ES(ar).

M. D'AVEZAC rappelle qu'il y a justement trois ans, dans la séance du 28 septembre 1866, il annonçait à l'Académie la trouvaille qu'il venait de faire, parmi des livres et papiers destinés à une vente publique, d'une mappemonde manuscrite du XIe siècle, sur vélin, occupant deux feuillets in-f° anciennement détachés d'un volume contenant un commentaire anonyme sur l'Apocalypse, rédigé au VIIIe siècle, et dont Pasini a donné une notice d'après l'exemplaire du XIIe siècle qu'en possède la Bibliothèque royale de Turin. L'espoir qu'exprimait alors M. D'AVEZAC d'assurer au cabinet géographique de notre Bibliothèque impériale la possession de ce curieux morceau ne tarda point à se réaliser, et bientôt après les indications qu'il avait obtenues sur la provenance furent vérifiées exactement applicables à un beau manuscrit à figures, gros volume in-folio

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