Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

réünir les différentes Statues de nos Rois à qui l'amour des peuples voudra en ériger. Il me femble que fans beaucoup de fraix, on pourroit éléver fur ce Pont de distance en diftance des maffifs, fur lesquels on placeroit bien des Statuës. De pareils ornemens en feroient le plus beau Pont de l'Univers & rien ne feroit plus avantageux que cette pofition au centre, & dans l'endroit le plus apparent de la Ville. Si on s'obstine à vou loir toujours une Place pour chaque Statuë qu'il y aura lieu d'ériger, il faudra de deux chofes l'une, ou dépeupler Paris, ou l'agrandir à chaque fois. Les Romains étoient plus fages que nous. Ils ont érigé des Statuës plus que nous n'en érigerons jamais. Ils n'ont rien négligé pour les rendre parfaites, & les ont placées enfuite où ils ont pû, fans incommoder, fans déranger perfonne.

Il feroit naturel, en multipliant les Statues, d'en varier le deffein. Nous avons déjà trois Statuës équeftres: voilà bien de l'uniformité. Il n'y a que la Place des Victoires qui nous offre une Statuë d'un goût différent. 11 eft à fouhaiter que déformais nos Sculpteurs enfantent de nouvelles idées. En employant les groupes, il leur fera facile d'éviter les répétitions trop fréquentes du même desfein; ils pourront mettre du feu, de l'expresfion, de l'invention, à ces Monumens qui en manquent presque tous. Je ne fçai fi la manière ufitée d'habiller nos Statues, eft la plus convenable & la meilleure. Pourquoi

don

donner le change à la Postérité ? Pourquoi traveftir nos Héros fous des vêtemens, qui, parmi nous, ne furent jamais d'ufage? Si les Romains avoient eu cette bifarrerie, nous leur en fçaurions très mauvais gré. C'est faire une infidélité aux Siècles à venir, que de retrancher, ou d'altérer ce qui pouvoit caractériser à leurs yeux notre Nation & no. tre Siècle. On n'a point commis cette faute à la Statuë d'Henri IV. quoiqu'elle ne foit point vêtue à la Romaine, elle n'en est pas moins digne d'admiration.

Depuis l'Edition de l'Effai fur l'Architectu re, fur laquelle cet Article vient de rouler, le Père Laugier a obtenu une dispense du Pape de paffer dans l'Ordre des Trinitaires, dits Pères Mathurins. Il avoit eu des desagrémens dans fon Ordre. On l'avoit renvoyé de Paris à Lyon, & il y avoit de la desunion entre lui & le P. Bernuyer, fon Confrère.

ARTICLE VIII.

LETTRE de Mr. GREEN, à l'Editeur de cette Bibliothèque.

V

[merged small][ocr errors]

ous vous fouvenez peut-être que dans les Remarques dont j'accompagnai la

RS

Car

[ocr errors]
[ocr errors]

Carte de l'Amérique en 6 Feuilles, que je pu bliai en 1753, j'entrepris de rectifier les Car tes ordinaires au fujet du Détroit de Davis, & de la Baye de Baffin, que tous nos Géographes depuis le commencement de ce siècle ont très-mal représentés, parce qu'ils n'ont pas fait affez d'attention aux Journaux des Navigateurs. J'y ai montré en par ticulier très clairement, que quelques uns d'entr'eux ont placé le Mont Raleg du Détroit de Davis, près de deux dégrés plus au Nord qu'il ne faloit; ce qui déplace le Dé troit de Cumberland, réunit deux grandes Isles en une feule, & fupprime un Détroit confidérable qui les fépare. Je penfois avoir établi fi évidemment ces corrections dans mes Remarques, que je me fiatois qu'il n'y auroit perfone qui n'y foufcrivit fans peine; & je croiois avoir rendu un fervice réel à la Géographie, en détrompant les Géographes de quelques erreurs groffières longtems entretenues, & en leur préfentant de nouvelles découvertes dont on ne s'étoit pas encore avifé. Je n'ai donc pû qu'être fort étonné de voir Mr. Bellin contredire, dans fes Remarques far fa dernière Carte de l'Amérique Septentrionale, la fituation que j'ai donnée au Mont Raleg; fituation de laquelle dépendent tous les autres changemens que j'ai introduits. Mais ce qui m'a plus furpris encore, c'eft la manière dont cette Critique eft exprimée.

C'eft à l'occafion du Détroit de Cumberland (p. 15.)

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

(p. 15.) qu'il parle ainfi (*).,, C'eft ici le lieu de répondre à ce que Mr. Green ,, allègue en faveur de la fituation qu'il don,, ne au Mont Raleg, lequel felon lui eft très-mal placé par tous les Géographes, ,, parce qu'ils n'ont pas bien fuivi les Na,,vigateurs. Il a raifon jusques-là; mais lui-même les a-t-il fuivis ? A-t-il bien ,, compris ce qu'ils difent? C'est ce que je vais examiner. Mr. Green dit qu'il a ,, placé le Mont Raleg conformément au ,, prémier Voyage du Navigateur, au 66°. ,, 40. & que je l'ai placé au 68°. Mais confultons Davis fur ce fujet. Le 6. d'Août ,, 1585, dit-il, je me trouvai à la hauteur ,, du 66°. 40'. dans un lieu où il n'y avoit ,, plus de glace: le jour fuivant j'apperçus ,, une Montagne près de laquelle je pris terre, & cette Montagne fut nommée Raleg "Mr. Bellin conclut de-là qu'il faut ajouter 26. ou 25. lieuës de plus au 66°. 40. pour l'espace parcouru en 24 heures, ce qui placera le Mont Raleg dans le 68. degré. Il n'y auroit rien à repliquer à cela, fi la Citation de Mr. Bellin étoit jufte & fidèle. Mais le récit de Hackluyt est bien diffè

وف

[ocr errors]

rent;

(*) Comme on traduit cet endroit de l'Anglois de Mr. Green, & que l'on n'a pas fous la main l'original François de Mr. Bellin, il fe peut que les expreffions de ce dernier font un peu différentes de celles-ci; mais il fuffit que le fens en foit le même.

rent; le voici mot pour mot. Le 6. d'Août nous découvrimes terre au 660. 40% de latitude, & cette terre étoit débarraffée de glaces. Nous jettames l'ancre dans une agréable Rade, fous une belle Montagne dont les rochers étoient auffi éclatans que l'or. Cette Montagne fut nommée Raleg. Il eft clair par-là qu'ils virent terre au 66o. 40'. & qu'ils y abordèrent peu de tems après, le même jour, & qu'ainfi le Mont Raleg doit être fitué dans la même latitude; auffi eft. ce-là que Mr. Bellin le placera désormais s'il est toujours prêt comme il le dit dans fa Note 11. p. 16. à suivre la vérité, quelque part qu'elle fe montre.

[ocr errors]

Lorsqu'on fait réflexion que Mr. Bellin emprunte fa Citation de l'Edition Angloise de Hackluyt publiée en 1599, puisqu'il, indique la page de ce Livre où commence le Voyage de Davis, on ne peut trop s'étonner de la différence qu'il y a entre fa Citation, & la mienne qui eft tirée du même Livre. Com me je fuis parfaitement convaincu que les paroles que j'en rapporte font les propres expreffions de ce Journal dans fes deux Editions de 1599. & de 1588, & que cependant on me taxe ici de n'entendre pas mon Auteur 'qui eft Anglois; je fuis en droit ce me femble de demander à mon Cenfeur, comment il s'y eft pris pour rapporter fi mal ce même paffage, & fur quefle autorité il a donné pour les expreffions de Hackluyt, des expreffions qui ne fe trouvent pas dans Hack

Tuyt

« ZurückWeiter »