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fa profonde Littérature, & par toutes les qualités qui peuvent rendre le fçavoir aima ble & refpectable. Les Differtations que contient ce Recueil, font pour la plupart des Pièces qui ont remporté le Prix en diverfes Académies. L'illuftre Auteur tire de ce premier but de leur destination une efpece d'excufe des détails où il a été obligé d'entrer, fondée fur ce que les. Areopages littéraires exigent plus de recherches que de réflexions, plus de titres que de jugemens refufant d'en croire les Auteurs fur leur pa role, & exigeant d'eux qu'ils produifent les Pièces justificatives de ce qu'ils avancent.

L'Avant-propos contient des remarques, fort judicieufes fur la véritable, manière de s'appliquer aux discuffions qui concernent la Littérature & les Antiquités, & fur le prix qu'on doit attacher aux fruits d'une fembla ble étude. Il eft fingulier, il est même, får cheux, que ce goût de lecture, qui est de venu presque univerfel, ait produit un effet tout contraire à celui qu'on auroit dû en attendre, & qu'au lieu de fixer la précipita tion de l'efprit, en l'accoutumant à appro fondir les matières, il l'ait rendu, volage & fuperficiel à un point qui ne peut guères être, pouffé plus loin. Si les ouvrages d'érudition trouvoient leur place dans la diftribution des lectures, ou ne liroit pas tant de Livres, on fçauroit plus de chofes, & les efprits ne fe livreroient pas à une fi grande préfomtion. Mais on fe hâte de lire un Livre, pour dire

qu'on

qu'on l'a lû, & pour fe mettre au courant d'un autre qui le fuit inceffamment: tout Ouvrage qui arrêteróit dans cette courfe rapide feroit un Ouvrage infupportable, un Ouvrage qui ennuyeroit à la mort. L'étude et presque un pédantisme. La lecture eft devenue uniquement une affaire du bel air. Le titre de Differtation eft devenu fi effrayant, qu'un ingénieux Auteur en a pris! Occafion d'intituler des Ecrits qu'il vouloit faire goûter; Differtations pour être lues.

Il eft vrai, comme M. le Comté de Guasco en convient. que ceux qui s'appliquent à la Littérature favante, font auffi un peu en faute. Les recherches fur des fujets d'une, très mince importance, auxquelles ils fe livrent, le fatras d'érudition qu'ils en prennent occafion d'étaler, l'attention fcrupuJeufe aux mots, & la négligence des chofes dans l'explication des Auteurs, font fans doute les principales caufes du décri de cet-" te portion fi utile de la Littérature. Ce' n'eft pas l'érudition en elle-même qui caufe du dégoût; c'eft la pédanterie des Ecrivains, c'eft une certaine fatuité littéraire qui cherche à donner de l'importance aux petites chofes, & à faire valoir de petits elprits. Qu'on examine les mœurs des Anciens dans leurs ufages & leurs loix, qu'on faffe connoitre le rapport que leurs pratiques, & les monumens tant facrés que prophanes qui nous en reftent, ont avec ces mœurs, qu'on en falle des parallèles judi

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cieux avec les nôtres, qu'on accompagne ces recherches de réflexions qui naiffent dụ fujet; & de.rels Ouvrages gagneront du côté de la raifon & de l'agrément, fans que l'éru dition y perde rien. En traçant ces traits, notre Auteur qui marche fi dignement fur les traces des Spanbeim & des Cuper, s'eft peint lui-même.

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Voici encore quelques idées du même Avant propos, qui méritent l'attention des Lecteurs. Elle, concernent le dégré d'im portance que peuvent avoir certaines chofes que des efprits fuperficiels traitent avec mépris, & regardent comme de vrayes bagatelles. ,, Je me fouviens, dit M. de Guasco ,, qu'entre quelques nouvelles Litteraires ,, que je mandois une fois à une de mes ,, connoiffances à Paris, je lui difois qu'en

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fouillant dans les ruïnes de la Ville d'In,, duftria, qu'on a découvert près de Turin, ,, on avoit trouvé une fauterelle de cuivre. La perfonne à qui j'écrivois cela, ne vit "qu'une fauterelle de cuivre, & fe moqua ,, de moi d'avoir longtems graté la terre ,, pour une fauterelle: mais, fi cette anti», quité étoit un monument de la folie du », peuple, & de la fuperftition des idolâtres, " qui croyoient que pour détourner le fléau d'une inondation de ces animaux, il faloit appaifer les Dieux courroucés, par 99 des fauterelles votives qu'on fuspendoit ,, dans les Temples; fi l'on démontroit que 99 ces idées de dévotion étoient communes,

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"

&

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& autorifées chez les Païens; que les Philiftins affligés d'une incurfion de fouris, fabriquérent des fouris d'or, comme ils firent des images honteufes de cette partie du corps, qui étoit actaquée d'une playe, afin de faire ceffer la colère de Dieu irrité contr'eux, à caufe de l'injufte détention de l'Arche de l'Alliance prife fur les Juifs; fi l'on concluoit que la tournure de l'efprit du Peuple en fait de ,, Religion a été la même dans tous les tems de forte que s'il n'eft conduit & dirigé ,, par les lumières de Miniftres éclairés, fes premiers pas en fait de pratique de dévotion, font toujours vers la fuperstition; enfin que ce qui diverfifie le culte exté rieur, eft l'objet du culte même, qui en rend les pratiques pieufes, s'il eft vrai & légitime, fuperftitieules & condamnables, s'il eft faux; alors une fauterelle votive ne feroit plus de fi petite conféquence encore moins une trouvaille ridicule. ,, y a bien peu de chofes indifférentes aux "yeux du Philofophe, lorsqu'elles regar dent les mœurs, parce que les mœurs regardent l'homme, & qu'il eft bon de confidérer l'homme, foit en lui-même, foit rélativement à la Société, dans les différens tems, & dans les circonstances différentes. "

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Venons aux Pièces mêmes qui compofent ce Recueil. La première eft intitulée; Reeberches fur l'état des Lettres, des Sciences, &

des

des Arts en France, fous les Régnes de Cbarles VI. & de Charles VII. Elles ont été cour ronnées par l'Académie Royale des Infcrip tions & Belles Lettres, pour le Prix de 1746. Cette Differtation est divifée en deux Parties. L'Auteur parle dans la première de ce qui regarde les Princes & les Etablife. mens littéraires; & dans la feconde il exa. mine en détail l'état des Sciences, des Let tres, & des Arts. La grande multitude de faits, qui forment le tissu de cet exposé, ne le rendent pas fusceptible d'Extrait: il faut feulement en détacher quelques, endroits remarquables.

Le Règne de Charles V. fut une époque très-favorable pour les Lettres en France. Ce Monarque aimoit les Lettres, & proté geoit ceux qui les cultivoient. Il avoit eu pour Précepteur un des hommes les plus distingués dans la Littérature, & qui en avoit donné des preuves par différens Ouvrages de Politique, qui font encore eftimés dans notre fiècle. C'étoit Nicolas Oreimius, Doyen de Roüen Grand-Maître du Collège de Navarre, & depuis Evêque de Lifieux, Cela avoit animé les François, & ils avaient fait quelques efforts. Le Roi attira à fa Cour, en qualité de Médecin & d'Aftronome, Thomas Pisan, fçavant Italien, verlé dans presque tous les genres de Littérature Cbriftine, fille de Thomas fille de Thomas, apporte pour preuve du grand amour que Charles V. avoit pour l'étude & pour les Sciences, la belle

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