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AVERTISSEMENT.

Nous ne prétendons pas avoir passé en revue toutes les erreurs contenues dans l'ouvrage de M. Proudhon portant pour titre De la Justice dans la Révolution et dans l'Eglise.

Nous avouons, au contraire, que nous n'en avons relevé qu'une faible partie. Pour repousser toutes les attaques de M. Proudhon contre la vérité, il serait nécessaire d'écrire de nombreux volumes. Il est facile de nier en deux mots la proposition la mieux, établie, tandis que pour démontrer la justesse de la même proposition, il faut le plus souvent écrire un livre.

Dans une seule page, un impie pourrait accumuler des erreurs qui, pour être réfutées, exige-, raient vingt années de travail à l'homme le plus la

borieux. Que cet impie dise, par exemple, que Dieu n'existe pas, il faudra cent pages pour démontrer que Dieu existe; qu'il nie la divinité de l'Eglise, il en faudra tout autant pour la prouver; qu'il conteste la loi naturelle, la nature sociable de l'homme, la propriété, la nécessité de l'autorité, il faudra un volume pour rétablir la vérité sur ces différents points. Il a donc été indispensable de nous borner dans notre travail de réfutation.

Mais si nous avons réussi à montrer la faiblesse et le peu de fondement des attaques de M. Proudhon, de celles qu'il nous a paru utile de discuter, nous aurons suffisamment atteint le système et la position de cet auteur, et prouvé que, quelque audacieux et téméraire que soit un impie, l'audace et la témérité ne sauraient tenir lieu de la vérité.

Notre travail, dans ces conditions, aurait le succès que nous désirons; mais, restreint dans ces limites, il ne pouvait prendre d'autre titre que celui que nous lui donnons. C'est tout ce que cet avertissement a pour but d'indiquer.

QUELQUES NOTES

SUR

L'OUVRAGE DE M. PROUDHON

INTITULÉ

DE LA JUSTICE DANS LA RÉVOLUTION ET DANS L'ÉGLISE.

CHAPITRE PREMIER.

Premier aperçu sur l'ouvrage de M. Proudhon. — L'Eglise, par sa durée, ne montre-t-elle pas sa divinité? — Cette durée peut-elle s'expliquer comme M. Proudhon le dit? - Moyens que M. Proudhon entend employer pour renverser l'Eglise. - De quelle nature est M. Proudhon.

L'ouvrage de M. Proudhon porte pour épigraphe le verset suivant du psaume LXXXIV: Misericordia et veritas obviaverunt sibi; justitia et pax osculatæ sunt. « La miséricorde et la vérité se sont rencontrées; la justice et la paix se sont embrassées. >>

Et, néanmoins, le livre de M. Proudhon est un livre de guerre et d'iniquité. Nous n'y trouvons ni vérité ni miséricorde, ni paix ni justice. Les mots n'auraient-ils plus pour les hommes le même sens, et certains faits, certains principes, seraient-ils pour les uns le fondement

de la vérité et pour les autres des symboles de mensonge et de turpitude? Il n'y a pourtant qu'une vérité au monde. Il faut donc que quelqu'un se trompe et trompe le public, car la vérité ne saurait être là et là, dans des armées distinctes et séparées, qui combattent pour des destinées. contraires. La révolution et l'Eglise n'ont ni les mêmes drapeaux, ni les mêmes armes, ni les mêmes vues, ni la même doctrine. Il n'y a rien de commun entre ces deux personnalités. Pour nous, la révolution, telle que M. Proudhon la décrit et la veut, c'est l'œuvre de Satan, de l'esprit immonde, tandis que l'Eglise est la plus complète manifestation de Dieu qui existe sur la terre.

M. Proudhon se demande en commençant « si, tandis que l'Eglise accuse la révolution du scepticisme et de l'immoralité modernes, ce ne serait pas elle qui, par sa théologie, ayant obscurci de longue main les intelligences, aurait altéré en elles le sens du droit et produit la dissolution qui nous tue. » (Tom. Ier, p. 31.)

Il n'est point difficile de prévoir que M. Proudhon déclare l'Eglise coupable. Mais ce n'est pas là qu'il s'arrête. Il nie l'autorité, la divinité de l'Eglise, et il n'admet point pour la justice la nécessité d'une garantie surnaturelle. (Tom. Ier, p. 35.)

Il est permis, à la manifestation d'un tel système, de se demander comment l'Eglise, si elle n'a point pour fondement la parole même de Dieu, a pu cependant tant durer ? Ce qui n'appartient qu'aux fragiles mortels dépérit à la longue, et tombe pour disparaître bientôt sous le coup des siècles. Thèbes aux cent portes, Palmyre, Balbek, Ninive, Tyr, Babylone, Carthage, et tant d'autres

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