Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

492

vent, car c'est le seul moyen pour obtenir un peu de son dans cette direction, sans l'affaiblir cependant sous le

vent.

III.

EXPÉRIENCES FAITES A LONDRES PENDANT LES BROUILLARDS DU MOIS DE DÉCEMBRE.

Les longues recherches dont nous venons de parler montrent déjà bien l'indépendance complète qui existe entre la transmission du son et celle de la lumière; mais, comme il n'avait jamais rencontré à South Foreland des brouillards aussi intenses que ceux de Londres, M. Tyndall reprit ses essais sur une petite échelle à Londres même, en profitant des brouillards du mois de décembre, et il parvint à montrer que le son se transmet avec une facilité remarquable même à travers un brouillard très épais.

Un tuyau d'orgue donnant la note mi, (380 vibrations par seconde), une cloche, un timbre et un sifflet étaient installés sur le pont qui réunit le jardin de Kensington à Hyde Park, et M. Tyndall se tenait lui-même auprès du lac la de Serpentine, à une distance de 800 mètres environ, et il écoutait si le son pouvait lui parvenir.

Il retrouva dans ces expériences les mêmes intermittences et les mêmes variations dans l'intensité du son que nous avons déjà signalées tant de fois. Ainsi, le 11 et le 12 décembre le brouillard était très intense et il était difficile de lire même en plein air, cependant le son se transmettait sans difficulté, et le bruit du canon qu'on tirait à Woolwich pour les manœuvres des troupes se fit entendre jusqu'à Hyde Park. M. Tyndall entendit également à travers l'obscurité l'horloge de Westminster sonnant les heures; et il arriva, par exemple, au moment où 11 heures sonnèrent, qu'il entendit seulement les cinq premiers coups, tandis qu'il ne put percevoir les six coups suivants; à midi, il lui fut impossible de rien entendre. Il observa également des phénomènes analogues avec les différents instruments qu'il essayait : il arrivait tout à coup que le son de l'orgue se faisait entendre et couvrait celui du sifflet tout à fait prédominant auparavant. Pareil résultat se reproduisit continuellement pendant toute la durée de ces expériences, pendant le mois de décembre et le mois de janvier, et fournit ainsi une preuve frappante de l'instabilité de l'atmosphère au point de vue acoustique comme au point de vue lumineux; enfin, on reconnut nettement que le brouillard n'intercepte pas nécessairement la transmission du son, car c'est dans la journée du 22 janvier, par un brouillard excessif, que le son se propagea le plus loin; et dans la soirée, au contraire, lorsque le brouillard fut entièrement dissipé, on n'entendit plus aussi facilement.

Expériences du mois de février 1874 à South Foreland.

Ajoutons enfin que les expériences furent poursuivies dans les conditions premières au rocher de South Foreland pendant le mois de février suivant. MM. Atkins et Edwards, qui

avaient été déjà les collaborateurs de M. Tyndall, profitèrent de journées brumeuses et de brouillards épais qu'on observa dant le cours de ce mois pour reprendre ces essais, et ils arrivèrent à établir, d'une manière entièrement irréfutable, les résultats déjà signalés jusqu'ici. Le 7 février, par un brouillard intense, le son de la sirène se fit entendre à plus de 18 kilomètres, c'est-à-dire à une distance au moins égale à celle qu'on avait observée jusque-là dans les plus belles journées. Cependant ces résultats sont très variables, comme nous l'avons dit plus haut, et il peut se produire subitement dans l'atmosphère tel changement imprévu rendant le signal acoustique absolument inefficace. La sirène est préférable à ce point de vue, car elle paraît lutter plus facilement contre les bruits étrangers; elle s'étend toujours à 3 kilomètres au moins dans la grande majorité des cas, elle dépasse 4 kilomètres et même 5; et le plus souvent, elle peut atteindre de 15 à 20. Le son du canon ne se distingue pas toujours aussi nettement, d'autant plus qu'il est discontinu; de plus, il est beaucoup affaibli par un vent contraire et peut perdre toute efficacité à une distance d'ailleurs très faible, de 500 mètres seulement. Cependant, c'est un sigual auquel il ne faudrait pas renoncer, car la lueur qui accompagne la détonation s'aperçoit souvent quand le son ne s'entend pas, et elle fournit ainsi un point de repère précieux.

La trompette est plus facile à installer que la sirène, elle exige une pression d'air de deux atmosphères seulement, tandis qu'avec la sirène il faut employer de la vapeur à 5 kilogr. environ. Toutefois, les expériences de South Foreland établissent nettement qu'elle est inférieure à la sirène.

Transmission du son à travers la neige et la gréle.

Après avoir ainsi prouvé d'une manière frappante que le son peut se transmettre avec facilité à travers le brouillard, M. Tyndall aurait voulu démontrer qu'il en était de même à travers la neige et la grêle afin de renverser complètement les idées erronées admises jusque-là; malheureusement, les circonstances atmosphériques ne lui permirent pas de pratiquer ses essais dans les conditions nécessaires; toutefois, les faits qu'il cite à l'appui de son opinion montrent suffisamment que le son se transmet également bien dans ces deux cas. Nous rappellerons d'abord le fait observé, dans l'expédition polaire du capitaine Parry, par le lieutenant Forster. Celui-ci, se trouvant au delà du Port Bowen, alors entièrement gelé, entendit, par l'intermédiaire de la glace, une conversation tenue par les matelots à une distance de 2 kilomètres.

M. Tyndall cite enfin l'observation suivante qu'il fit sur la Mer de glace à l'occasion de ses célèbres études sur le mouvement des glaciers. Il était venu à Chamonix le 25 décembre 1859, à l'effet de relever en hiver le déplacement du glacier, et il y resta plusieurs jours pendant lesquels la neige tomba avec une grande abondance et couvrit le sol sur une épaisseur de plusieurs pieds. Il se rendit néanmoins à Montranvert et envoya de là un aide pour planter sur la glace les piquets dont il voulait relever les déplacements, et il fut

tout à fait surpris de constater que la voix se faisait alors entendre à une distance de près d'un kilomètre malgré les rafales de neige qui tombaient alors avec violence et obscurcissaient la vue. Ce fait excita plus tard le plus vif étonnement de la part de sir John Herschell à qui M. Tyndall le raconta.

pre

Si l'on cherche à résumer les laborieuses expériences dont nous venons de donner le compte rendu et dont la direction fait le plus grand honneur à l'illustre physicien qui les a entreprises, on dira qu'il y a indépendance complète entre la transparence lumineuse et la transparence acoustique de l'atmosphère; et de plus, cette dernière propriété peut se trouver subitement changée par des causes invisibles, comme la mière l'est par des nuages qui interceptent les rayons solaires; enfin, le véritable obstacle à la transmission du son, ce n'est pas, comme on l'a cru trop longtemps, le brouillard, ni même fort probablement la neige ou la grêle, c'est l'état flocculent d'une atmosphère transparente cependant, mais qui renferme une quantité considérable de vapeur d'eau formant de petites vésicules qui altèrent complètement l'homogénéité de l'air et créent autant d'échos qui interceptent le passage des rayons sonores et les obligent à rebrousser chemin vers leur point de départ.

CHIMIE

COLLÈGE DE FRANCE

COURS DE M. BERTHELOT

De l'Institut.

De la décomposition chimique (1).

XXIX.

Les équilibres dans les systèmes hétérogènes obéissent à des lois différentes de celles qui correspondent au cas des systèmes homogènes. Dans le cas des systèmes hétérogènes, en effet, l'action des corps en présence ne peut s'exercer qu'à leur surface, et l'équilibre final doit être, par conséquent, indépendant des poids absolus des corps qui agissent les uns sur les autres. Aussi le principe même de l'action réciproque de ceux-ci est-il tout différent.

Ce principe peut être désigné sous le nom de principe des surfaces de séparation. Il ne s'applique pas seulement aux phénomènes de dissociation, mais à un très grand nombre de phénomènes physiques et chimiques.

Il s'applique, par exemple, aux tensions de vapeurs saturées. Si l'on a, en effet, dans un vase clos, un liquide en contact avec sa vapeur, les actions réciproques du liquide et de la vapeur s'exercent seulement à la surface de séparation et sont indépendantes des volumes respectifs occupés par le gaz et par la vapeur. Elles sont réglées par un certain coefficient, fonction de la température.

(1) Voir la Revue scientifique des 10 janvier, 31 janvier, 20 mars, 17 avril, 23 mai, 4 septembre, 25 septembre et 30 octobre 1889.

Il en est de même lorsqu'un gaz est en présence d'un liquide la solution de ce gaz dans le liquide se fait suivant des lois que nous n'avons pas à développer ici; mais la proportion de gaz qui se dissout est déterminée par son coefficient de solubilité, lequel est indépendant de la masse absolue du liquide et de celle du gaz.

De même, la solubilité des corps solides dans les liquides est indépendante de la quantité absolue des solides que l'on met en présence des liquides; dès que le solide est en excès, elle dépend du coefficient de solubilité.

On peut en dire autant de ce qui se passe quand on fait agir à la fois deux dissolvants non miscibles sur un même corps. Si, par exemple, nous ajoutons de l'éther à une solution aqueuse de perchlorure de fer, l'éther prendra une teinte. jaune sensible et dissoudra une petite proportion de perchlorure de fer. Ce partage entre l'eau et l'éther sera plus complet avec le chlorure d'or, et l'éther en dissoudra même une proportion relative plus considérable que l'eau, en prenant une teinte jaune très marquée. Dans tous les partages de ce genre, il existe un rapport constant entre les proportions dissoutes par chaque liquide à la surface de séparation. Ge rapport constant est le coefficient de partage. Il est indépendant de la quantité des dissolvants que l'on peut ajouter au système, pourvu que ceux-ci contiennent la même dose de corps soluble que les dissolvants déjà en présence.

C'est précisément ce principe qui règle les phénomènes de dissociation dans les systèmes hétérogènes, c'est-à-dire en partie gazeux, en partie solides ou liquides; ou bien encore renfermant à la fois un solide et un liquide, ou deux liquides non miscibles.

En vertu de ce principe, dis-je, il existe un rapport constant entre la proportion de gaz qui se dégage et celle qui reste combinée. Aussi existe-t-il une analogie étroite entre les lois de la dissociation et celles des tensions de vapeurs, ainsi que M. Deville l'a établi par de remarquables expériences.

L'étude des tensions de dissociation s'applique donc au cas où des gaz sont dégagés par des corps solides ou liquides. Rappelons quelques résultats tirés des expériences de M. Debray. Voici les tensions qu'acquiert, à diverses températures, l'oxygène dans la dissociation de l'oxyde d'iridium :

[blocks in formation]

Il résulte de la constance de la tension acquise par l'oxygène, lorsque l'on chauffe l'oxyde d'iridium en vase clos, que la proportion, décomposée à une certaine température, dépendra surtout du volume que peut occuper l'oxygène dissocié. La décomposition de l'oxyde sera faible, même à haute température, si le volume est petit; elle pourra être complète, même à une température voisine de celle où la dissociation commence, si le volume où le gaz peut se répandre est indéfini.

Dans le cas que nous venons de citer, nous avons un corps binaire qui se décompose simplement en ses éléments. Les phénomènes de décomposition sont en général plus compliqués et se composent souvent d'une série d'actions secondaires et de décompositions successives. Ce que nous venons de dire devra être appliqué à chacune de ces dernières.

M. Debray a encore étudié la dissociation du carbonate de chaux, corps qui ne se décompose plus en ses éléments, mais qui dégage de l'acide carbonique sous l'action de la chaleur ; la décomposition du carbonate de chaux est un phénomène réversible, et l'acide carbonique se combine à la chaux directement; il doit donc en résulter pour l'acide carbonique mis en liberté des tensions de dissociation constantes, lorsqu'on chauffe en vase clos et à température fixe le carbonate de chaux.

M. Debray a trouvé que la tension de dissociation de l'acide carbonique à la température de 860° est égale à 85 millimètres. Cette tension est encore indépendante des volumes respectifs du solide et du gaz; l'addition d'un excès de chaux vive est sans influence sur elle, de même que l'addition, à un mélange de chaux vive et de carbonate de chaux, d'acide carbonique sous une pression quelconque, la tension de ce gaz revenant alors à la tension de dissociation primitive

Les mêmes principes s'appliquent à une multitude de phénomènes en chimie, par exemple, à l'efflorescence des sels hydratés, étudiés par M. Debray et par M. Wiedemann.

Quelques hydrates salins sont stables et ne perdent pas leur eau, même dans le vide; d'autres, au contraire, sont susceptibles de s'effleurir, et si on les place dans un espace clos, la vapeur d'eau pourra prendre une certaine tension dans cet espace. Aussi les déshydratera-t-on, si on les maintient sous une cloche avec de l'acide sulfurique, ce dernier absorbant à mesure la vapeur d'eau qui se dégage.

Si alors il n'existe qu'un seul hydrate salin, le sel se dessèchera complètement dans ces conditions.

S'il existe, au contraire, deux hydrates successifs, tels que le deuxième n'ait pas de tension propre, l'eau s'éliminera tant que le premier hydrate subsistera, et l'on arrivera ainsi au second hydrate. Si à ce dernier correspond une tension de vapeur sensible, le système acquerra d'abord une deuxième tension fixe; et si l'on élimine encore la vapeur d'eau, on arrivera au sel anhydre.

La tension de vapeur des hydrates les moins riches est, dans tous les cas connus, inférieure à celle des hydrates suivants.

Nous voyons donc encore que la constance de la tension de la vapeur d'eau émise par les hydrates caractérise ces derniers.

On doit arriver, pour un hydrate, à un même état de déshydratation, lorsqu'on le met en présence de l'acide sulfurique, soit dans l'air, soit dans le vide, et la vitesse seule des phénomènes sera différente. C'est là un fait qui a été parfois méconnu, avant que les principes de la dissociation ne fussent établis.

Ces principes peuvent recevoir de nombreuses et importantes applications.

Nous citerons, par exemple, la préparation de la chaux; nous avons vu d'après la tension de dissociation du carbonate de chaux que la décomposition de ce corps à la température de 860° ne peut se poursuivre, si l'acide carbonique se trouve en présence du carbonate de chaux avec une tension de vapeur égale à 85 millimètres; la décomposition pourra, au contraire, être poussée jusqu'au bout, si l'on élimine l'acide carbonique à mesure qu'il se produit; on arrive à ce résultat au moyen d'un courant de vapeur d'eau ou d'un gaz inerte ayant pour effet d'entraîner l'acide carbonique.

De regrettables confusions se font encore entre les phénomènes de dissociation et ceux de décomposition totile.

C'est ainsi qu'on a nié l'existence à l'état gazeux des sels ammoniacaux. Un grand nombre de faits montrent, en effet, que, dans un sel ammoniacal vaporisé, l'acide et l'ammoniaque existent à l'état de liberté; mais cela peut s'expliquer par une dissociation, aussi bien que par une décomposition totale, et aucune méthode jusqu'ici ne permet de juger du degré réel que peut atteindre la dissociation.

L'hypothèse d'une dissociation paraît établie par l'expérience directe de M. Deville qui a constaté un dégagement de chaleur lors de l'action de l'acide chlorhydrique sur l'ammoniaque à une température supérieure à celle qui correspond à la vaporisation du chlorhydrate d'ammoniaque.

La dissociation de la vapeur d'eau explique encore la décomposition apparente de cette vapeur d'eau par l'argent et divers autres métaux; la vapeur d'eau, au-dessus de 1000°, agissant en réalité à la fois comme eau combinée et comme oxygène et hydrogène libres.

Nous ne multiplierons pas ces exemples qui peuveut montrer les nombreuses et importantes applications des principes de la dissociation.

Les mêmes principes s'appliquent au cas d'un liquide et d'un solide, et l'on retrouve encore des lois analogues à celle des tensions de dissociation.

Nous citerons l'action de l'eau sur l'azotate de bismuth, sur le chlorure d'antimoine et les cas nombreux où des sels doubles peu solubles peuvent se produire.

Les lois de ces phénomènes ont été étudiées par M. Ditte. Lorsqu'on fait agir l'eau sur le sulfate de mercure, il se précipite un sulfate basique, désigné sous le nom de turbith minéral, et cette réaction peut être représentée par l'équation:

3 (S03 Hg 0)+(n+2) HOSO3 3 Hg0+2S03 HO+n HO. On voit qu'en présence d'une quantité indéfinie de sulfate de mercure, l'eau s'enrichira progressivement en acide sulfurique. Or ce dernier peut, à un certain état de concentra

tion, réagir sur le sulfate; il en résulte que l'on doit arriver dans l'action de l'eau sur le sulfate de mercure à obtenir une liqueur acide qui ne réagira plus sur ce sulfate. Ce fait a été constaté par M. Ditte, qui a déterminé la concentration limite qui correspond à cet état d'équilibre.

M. Ditte a constaté les mêmes phénomènes pour la décomposition de l'azotate du bismuth par l'eau. C'est ainsi que l'eau, renfermant 87 grammes d'acide azotique par litre, ne décompose plus l'azotate de bismuth.

Tous ces phénomènes ont réagi par l'existence d'un rapport fixe entre l'acide sulfurique contenu dans les liqueurs et l'acide renfermé dans le sel, c'est-à-dire par un coefficient fixé, conformément au principe des surfaces de séparation. Les mêmes lois s'appliquent en général à tous les équilibres chimiques qui peuvent se développer entre un liquide et un solide.

Nous avons étudié, dans le cas des équilibres qui correspondent aux systèmes homogènes, l'influence de la température, de la pression, et des proportions relatives, et nous avons vu les conditions qui peuvent faire varier la vitesse avec laquelle ces équilibres s'établissent.

On peut étudier aux mêmes points de vue les équilibres qui correspondent aux systèmes hétérogènes.

En général, la dissociation croit avec la température; mais la loi suivant laquelle son influence s'exerce, n'est pas connue jusqu'ici.

L'influence de la pression ne peut se produire que sur les systèmes renfermant un gaz. Dans ce dernier cas, l'influence de la pression ne sera efficace sur la limite finale que si les changements de pression sont dus à des changements effectués sur les gaz eux-mêmes qui sont mis en liberté dans la dissociation. Si les changements de la pression sont dus à l'introduction d'un gaz inerte, l'effet de ces changements ne s'exercera que sur la vitesse de dissociation.

Dans le premier cas, au contraire, les phénomènes pourront être bien différents suivant la pression. C'est ainsi qu'un sel hydraté, susceptible de s'effleurir, ne le fera pas s'il est placé dans une atmosphère où la vapeur d'eau soit supérieure à la tension de dissociation de cet hydrate.

De même, certains oxydes, tels que l'oxyde d'iridium, susceptibles de se décomposer dans l'air, n'éprouveront dans l'oxygène aucune décomposition à la même température.

Dans le cas, au contraire, où les phénomènes ne sont pas réversibles, et où, par conséquent, les lois de la dissociation ne sont plus applicables, la pression n'a plus d'influence sur les réactions: ainsi nous avons vu que la production de l'hydrogène par l'action de l'acide sulfurique sur le zinc n'est nullement arrêtée par la pression.

L'influence des proportions relatives est fort différente dans les systèmes hétérogènes et dans les systèmes homogènes. Les proportions relatives n'exercent, en effet, aucune influence dans les premiers; c'est ce qui résulte de l'énoncé du principe des surfaces de séparation. C'est là un des faits qui montre combien est essentielle cette distinction entre le cas des systèmes homogènes et celui des systèmes hétérogènes.

Quant à la vitesse avec laquelle s'établissent les équilibres dans les systèmes hétérogènes, elle dépend de l'état des surfaces et des courants qui peuvent s'établir dans le sein des liquides aussi l'étude théorique de la vitesse ne peut-elle, d'une manière fructueuse, être faite que dans le cas des systèmes homogènes.

Dans le cas des systèmes hétérogènes, on peut seulement dire que la vitesse décroît en général, à mesure que l'on approche de la limite.

XXX.

Nous allons nous occuper aujourd'hui des énergies étrangères qui provoquent les décompositions chimiques.

Les décompositions qui peuvent être effectuées sans dépenser une énergie étrangère sont, comme nous l'avons vu, les décompositions exothermiques. Ces décompositions exothermiques peuvent se produire tantôt d'une manière immédiate dans les conditions ordinaires, comme cela a lieu pour l'eau oxygénée et l'acide persulfurique; tantôt sous l'influence d'un travail préliminaire, comme cela a lieu pour le cyanogène.

On peut constater à cet égard un contraste remarquable entre la décomposition de l'hydrogène arsénié et celle du cyanogène. Ces deux gaz dégagent, en effet, en se décomposant, des quantités de chaleur voisines et considérables, soit de 36.0 pour le premier et 38°.0 pour le second.

Cependant le cyanogène est stable à la température ordinaire, tandis que l'hydrogène arsénié se décompose d'une façon très notable en plusieurs heures. Mais le travail préliminaire qui est nécessaire pour décomposer le cyanogène peut être très petit, et la décomposition de ce gaz, comme celle de l'hydrogène arsénié, s'effectue en vertu de l'excès d'énergie que possède le composé sur les composants.

Les décompositions endothermiques exigent, au contraire, l'intervention directe d'une énergie étrangère et dépensée en proportion de la quantité décomposée. Elle est en général, dans ce cas, produite par la chaleur ou par l'énergie dégagée dans des réactions simultanées, et nous avons étudié ces actions avec détails, parce qu'elles sont d'une application fréquente en chimie.

Nous allons étudier encore l'action de deux autres agents dont l'énergie peut être employée à produire des réactions: la lumière et l'électricité. Cette énergie, aussi bien que celle de la chaleur, est empruntée au milieu éthéré.

[blocks in formation]

aux conditions mêmes de l'expérience, on rapporte la réaction à la production d'iode solide, le nombre correspondant sera accru de la chaleur de vaporisation de l'iode, 5.4, et sera 6c. 2.

La plupart des réactions que la lumière produit sont des réactions exothermiques; la lumière ne produit alors que le travail préliminaire, sans que l'énergie qu'elle apporte entre directement enfin dans le phénomène. C'est ce qui a lieu dans presque toutes les réactions de la photographie, qui ne sont autre chose que la réduction des sels d'argent ou d'or sous l'influence de la lumière.

Il existe cependant un certain nombre de réactions où la lumière effectue réellement un travail. C'est ce qui paraît avoir lieu dans la réduction du chlorure d'argent sous l'influence de la lumière. On sait que ce corps, exposé à la lumière, brunit rapidement. Si l'on admet que cette réduction consiste en une décomposition du chlorure en ses éléments, la chaleur absorbée par cette décomposition serait fort considérable et égale à 29o. 2.

Si l'on étudie de plus près l'action de la lumière sur le chlorure d'argent, on voit qu'elle est moins simple, et cette question est encore controversée. Il y a bien du chlore mis en liberté dans cette réaction; mais le corps qui est mis en liberté ne paraît pas être de l'argent, mais un sous-chlorure. La formation de ce sous-chlorure doit répondre à une absorption de chaleur, d'après toutes les analogies.

De même, la lumière agissant sur les végétaux détermine la décomposition de l'acide carbonique, et le carbone reste fixé dans le tissu.

En réalité, ce carbone n'est pas mis en liberté; mais il s'unit à l'eau pour former les divers glucoses et celluloses. Le signe thermique du phénomène final est négatif, c'està-dire que la lumière apporte son énergie dans l'accomplissement de ces réactions qui se produisent sous son influence dans les végétaux.

On voit cependant qu'aucune des réactions endothermiques qui paraissent effectuées par la chaleur n'est jusqu'ici clairement définie. C'est ce qui explique pourquoi on n'a pas pu jusqu'ici trouver une mesure réelle de l'énergie chimique de la lumière.

Les recherches qui ont été faites sur ce sujet ont toutes porté sur l'étude de réactions exothermiques déterminées par la lumière. Il est clair que ce genre de réactions ne peut en aucune façon donner aucune mesure de l'énergie lumineuse, le travail préliminaire effectué pour déterminer le phénomène n'étant, comme nous l'avons vu, nullement en rapport avec l'énergie de signe contraire développée par ce même phénomène.

Avant de quitter ce sujet, il est nécessaire de dire encore quelques mots d'un principe qui règle les actions chimiques. de la lumière.

Ces actions, en effet, sont soumises à une loi importante qui a été découverte par Herschell.

Toutes les réactions, en effet, soit combinaisons, soit décompositions, qui sont déterminées par la lumière, ne sont pas produites par les mêmes rayons, et il ne faut pas croire

que les rayons appelés rayons chimiques, et situés dans le spectre solaire au delà des rayons violets, possèdent exclusivement la propriété de déterminer des actions chimiques.

Lorsque la lumière tombe sur un corps, une partie de cette lumière est réfléchie; une autre est transmise, si le corps est transparent; une troisième portion est absorbée. Cette dernière seule peut agir, et c'est là une loi fondamentale qui a été établie par Herschell.

Il en résulte qu'une substance colorée ne pourra être détruite que par sa couleur complémentaire, et cette loi nous indique. comment il sera possible d'éviter l'altération des substances colorées. Il suffira en effet, de les placer dans des vases colorés, de couleurs différentes de la couleur complémentaire de ces substances et qui absorbent cette dernière.

Cette absorption est du reste plus difficile à réaliser qu'on ne pourrait le croire, ces couleurs complémentaires n'étant pas en général des couleurs simples, mais étant constituées par divers rayons appartenant à des parties distinctes du spectre. En réalité, il est fort difficile et même presque impossible de trouver une couleur qui absorbe en même temps tous ces rayons. Aussi la protection que peut apporter à une matière colorée l'emploi d'une enveloppe colorée est-elle seulement approximative, et le seul moyen absolument efficace est-il de con erver dans l'obscurité absolue les substances colorées altérables.

On voit par là aussi pourquoi les rayons lumineux qui peuvent être actifs dans les décompositions chimiques appartiennent à toute espèce de radiations; les rayons qui détermineront par exemple la décomposition d'une substance colorée en jaune, comme l'acide nitrique, seront différents de ceux qui peuvent altérer une substance bleue ou verte. Ces rayons seront placés dans des parties fort différentes du spectre, et l'on ne peut pas dire qu'il existe réellement une partie chimique du spectre.

Electricité. Proposons-nous enfin d'étudier rapidement un sujet sur lequel nous possédons des idées plus générales : l'action de l'électricité sur les décompositions.

Nous avons déjà défini le rôle des énergies électriques dans les combinaisons, ce qui nous dispense d'insister sur les phénomènes réciproques.

L'électricité est un agent de décomposition beaucoup plus général que la lumière, dont on ne connaît nettement qu'un nombre d'actions fort restreint, et qui semble ne pas avoir d'action propre sur les matières absolument incolores. L'intervention de l'électricité dans les décompositions chimiques est d'une application si étendue, que l'on a pu dire que le courant électrique était l'action chimique transportée à dis

tance.

L'électricité peut intervenir dans les décompositions suivant quatre mécanismes fondamentaux, qui sont les mêmes que pour les combinaisons; aussi ne les rappellerons-nous que d'une façon sommaire; ce sont:

1° L'électrolyse voltaïque dans un liquide;
2o L'électrolyse voltaïque par l'arc électrique;
3o L'étincelle électrique;
4° L'effluve.

« ZurückWeiter »