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ANNALES

ARCHÉOLOGIQUES

TRÉSOR DE SAINT-ÉTIENNE

COLLÉGIALE DE TROYES

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Le palais habité ordinairement par les comtes de Champagne était situé

à l'endroit qu'occupe aujourd'hui, à Troyes, le bassin du canal de navigation. Là existait une petite église consacrée à Jésus crucifié, sous l'invocation de saint André, et desservie par deux chapelains.

En 1157, Henri le Libéral changea cette modeste chapelle en une église vaste et splendide, et la dédia au premier martyr, saint Étienne. Il y fonda soixante-douze canonicats et y créa neuf dignités.

Aux titulaires de ces prébendes, qu'il appelait «< ses enfants, ses chapelains » (« filios meos, capellanos meos »), il donna des biens considérables, en les

1. Dans l'inventaire qu'on va lire, et qu'a bien voulu transcrire et annoter pour les « Annales M. l'abbé Coffinet, chanoine de Troyes, il est question de plusieurs TEXTES, d'or, d'argent, de pierreries, d'émaux et de filigranes. Ces textes sont des couvertures de livres liturgiques, missels, psautiers, évangéliaires; la couverture est destinée à protéger le texte et à lui faire honneur, comme l'habit honore et garantit l'homme. Mais de même que l'habit ne fait pas l'homme, de même aussi on n'aurait pas dû appeler texte ce qui en est seulement l'enveloppe. Quoi qu'il en soit, l'usage a prévalu et, pendant tout le moyen âge, on a confondu le dehors avec le dedans, l'enveloppe avec ce qu'elle contient, et l'on a donné le nom de texte à la couverture comme au texte même.

Ces textes ou couvertures de livres liturgiques abondent encore dans les anciens trésors qui n'ont pas été dilapidés, ou, comme en France, dans les bibliothèques publiques et dans les collections particulières. La gravure que nous donnons en tête du travail de M. le chanoine Coffinet

invitant à « prier pour le remède et le salut de son âme », ainsi que de celle de son père, le comte Thibault, et de ses prédécesseurs.

Animé envers la sainte Vierge d'une dévotion tendre qui lui avait été inspirée par saint Bernard, abbé de Clairvaux, le pieux comte fonda en outre quatre chanoines, dits de « Notre-Dame ». Chaque jour ces chanoines devaient chanter une messe haute à la Vierge dans une chapelle spéciale de l'église de Saint-Étienne et y entretenir une lampe ardente.

Les neuf dignités de la collégiale étaient celles de Doyen, Sous-Doyen, Prévôt, Chantre, Sous-Chantre, Trésorier, Chévecier, Écolâtre et Cellérier. -Ces diverses fonctions furent, de tout temps, remplies par des ecclésiastiques éminents en science et en vertu.

Le trésor de la collégiale était digne de la magnificence de son fondateur, qui l'avait enrichi d'un grand nombre de châsses toutes couvertes d'or, d'argent, de pierreries et d'émaux; ces châsses renfermaient une quantité considérable de reliques infiniment précieuses.

Parmi les objets les plus riches de ce trésor, on admirait une table d'or,

représente la couverture d'un manuscrit que l'empereur d'Allemagne, Henri II (1002-1024), aurait donné à la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Cette couverture serait donc des premières années du XIe siècle; rien ne s'y oppose absolument.

La tablette carrée, qui en occupe le centre, est en ivoire, et cet ivoire est célèbre dans toute l'Allemagne. On l'a moulé en plâtre, et j'en ai reçu le moulage en même temps de Francfort-surle-Mein, de Nuremberg et d'Aix-la-Chapelle. On s'explique cette célébrité par sa provenance; car c'est probablement un ivoire byzantin l'enfant Jésus y bénit à la grecque et la Vierge y est coiffée comme les Panaghias byzantines. Cependant les sandales découvertes, attachées aux pieds de Jésus, pourraient être un caractère de romain ancien tout aussi bien que de hyzantin.

Autour de cette tablette, en petites lames d'or repoussé, sont disposés les attributs des évangé listes tenant chacun une banderole et occupant la place régulière qui leur est dévolue. Puis, en plus larges plaques d'or repoussé, la Nativité, le Crucifiement, le « Surrexit non est hic », l'Ascension. La Vierge de la Nativité est âgée et a les pieds nus; Jésus est crucifié, les bras horizontaux et les pieds séparés, sur une croix dont le titre est marqué de lettres grecques et s'allonge en double croisillon; le vase à parfums de la première myrrophore est un encensoir sans couvercle et à chaînes courtes plutôt que longues; le sépulcre est en forme de lanterne à toits écailleux; le Christ de l'Ascension, redevenu jeune et imberbe, monte au ciel à l'aide du bras de son Père. Ces caractères et bien d'autres, que l'on constatera en regardant notre planche, attestent une époque ancienne d'un côté ; de l'autre, une influence, si ce n'est une origine byzantine.

Entre les petites et les grandes plaques d'or, des pierres précieuses alternent avec des rondelles d'émail translucide et cloisonné d'or. La bordure de pierreries séparées par des bâtons d'or, en forme d'X, que fixe au centre un bouton de filigrane, me paraît moderne et d'invention toute récente, comme le fermoir du livre.

Je dois la communication du dessin de cette couverture à M. l'abbé Fr. Bock, chapelain de Cologne, qui, né à Aix-la-Chapelle, songe à publier l'inestimable trésor du monument de Charlemagne. L'artiste qui a exécuté ce dessin, et que je ne connais pas, est un habile homme et d'une précision qui approche de la photographie. (Note de M. Didron.)

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