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GARMONT.

GARMONT était abbé de Quincy, lorsque les moi- T. I, p. 17. } nes de Pontigny l'élurent pour leur abbé, en 1181.

Il était connu dans l'ordre à cause de sa science et de sa vertu. Son éducation avait été grande ses parens, qui occupaient un rang à la cour, l'avaient fait élever avec soin dans les lettres humaines; mais Garmont ne tarda point à préférer aux sciences du siècle la méditation des livres saints. Sous sa direction, la maison de Pontigny devait prospérer. Pendant les deux ans qu'il la gouverna, il fit beaucoup de bien, et mit en ordre toutes les affaires temporelles.

Anseric II, seigneur de Montréal, sénéchal de T. 11, p. 431. Bourgogne, et Sybille, son épouse, firent plusieurs donations importantes. On remarque une vigne qu'ils avaient à Chablis : ils demandèrent que le vin qu'elle produirait fût employé aux messes qui se célébraient dans l'abbaye. C'est, disent-ils, du vin blanc que l'on peut garder long-temps; pour prix de cette donation, nous ne demandons, mon épouse et moi, qu'une part aux biens spirituels de l'abbaye; car c'est uniquement pour l'amour de Dieu et pour satisfaire notre dévotion, que nous l'avons faite. Cet acte est revêtu du sceau d'Anseric et de celui de Jean, leurs fils. On remarque parmi les témoins Hugues, doyen de Saulieu, Guarric, chanoine d'Avallon, Renier de Chastellux, Guillaume de

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l'Isle (1), et Manassès d'Arcy (1186). Une charte du même Anseric, de 1180, est soussignée par huit chanoines du chapitre de Montréal. Les fils d'Anseric sont appelés à approuver la donation de leur père, pour leur ôter tout prétexte de la reprendre après sa mort; car on a vu que les fils ou petits-fils rentraient dans les biens donnés par leurs parens. C'est pourquoi nous voyons les donations sanctionnées par ceux qui étaient les plus vénérés dans l'Eglise et les plus puissans dans le monde.

La veuve d'Anseric II fit d'autres dons à l'abbaye de Pontigny en 1197. Anseric I lui avait aussi fait du bien en 1145. Anseric III, son petit-fils, voulut être inhumé à Pontigny (1205). Son épouse Agnès, dame de l'Isle (2), fille de Guy, seigneur de Til, demanda aussi, en 1235, a être inhumée auprès du tombeau de son mari, de bonne mémoire, disent les chartes du temps; elle donna un muid de vin et un muid d'avoine à prendre, chaque année, sur ses tierces d'Aisy. Elle veut aussi que l'on prie pour son bien-aimé père, de pieuse mémoire.

Saint Guillaume, archevêque de Bourges, n'ou

(1) Les chartes latines nomment Saulieu Sedulocus, Montréal, Mons Regalis, Avallon, Avalo, Chastellux, Castrolucus, l'Isle, Isula; le siècle suivant l'Isle est appelé l'Ile-soubzMontréaul, Arcy, Arceium.

(2) On trouve dans une charte de 1374, que l'abbaye de Pontigny avait coutume, depuis long-temps, de donner chaque année douze fromages aux sergens ou gardes de la chatellenie de l'Isle-sous-Montréal, tant pour ce qu'ils ayent plux grant cure de garder annuelement les fruz de leurs diz héritaiges, comme par ce qu'ils fussient plux courtois à leurs maignies (manières) quant il amenait leurs bestes pasturer.

blia pas en mourant (1208) l'abbaye de Pontigny dont il avait été prieur; il lui légua sa vigne de Saint-Bris, le seul bien qui lui restât, ayant tout distribué aux pauvres. L'abbé, dit-il, pourra employer le revenu de cette vigne à faire une petite pitance pour le couvent, le jour de mon anniversaire.

Le bruit des vertus religieuses qui brillaient dans l'ordre de Citeaux s'était répandu dans toute l'Europe. Bela, roi de Hongrie, écrivit à l'abbé de Pontigny pour le supplier d'envoyer une colonie de ses religieux dans ses états. Garmont se rendit à sa T. I, p. 17. demande, et fonda le monastère de Hégre. La vue de ces envoyés de Dieu excita parmi ces peuples un pieux désir de la vie monastique. La Hongrie réclama de nouveaux religieux à Pontigny, et fournit ellemême un grand nombre de novices. En Angleterre, le nombre des monastères de la filiation de Pontigny allait toujours croissant, soit qu'on envoyât de France des colonies de religieux, soit que les évêques du pays rangeassent sous la conduite de l'abbé de Pontigny les monastères de leur diocèse qui avaient besoin de réforme. Chaque année était signalée par de nouvelles conquêtes.

La haute naissance de l'abbé Garmont lui donnait beaucoup de crédit à la cour. Ses deux frères, Robert Clément et Giles Clément, furent successivement ministres d'état sous le règne de Philippe-Auguste. Henri Clément, maréchal de France, et Gaulthier Cornut, archevêque de Sens, étaient ses neveux.

Le chapitre d'Auxerre avait jeté les yeux sur lui pour l'élever sur le siége épiscopal de cette ville; mais les suffrages s'étant trouvés partagés, il fut

obligé de faire le voyage de Rome pour consulter le pape. A peine fut-il arrivé dans cette grande ville, qu'il fut atteint de la peste, et qu'il y mourut, en 1184, avant que d'avoir obtenu un jugement du pape. Son corps, rapporté à Pontigny, fut inhumé dans le sanctuaire, sous une tombe de porphyre, à gauche en allant à l'autel. Il serait plus honorable pour sa mémoire d'avoir repris humblement le gouvernement de son monastère, que d'avoir été en cour de Rome. Il eut laissé à ses successeurs un nouveau sujet d'édification. Il fut poussé à cette démarche par les sollicitations de son frère Gile. Cela ne diminua rien de l'estime que l'on avait eue pour lui. Sa mémoire demeura en vénération. Il est compté parmi les saints de l'ordre de Citeaux.

T. I, p. 18.

MÉNARD.

MÉNARD OU Mainard était abbé de Fontaine-Jean, lorsqu'il fut élu abbé de Pontigny en 1184. Il occupe une place distinguée parmi les abbés qui se sont le plus signalés par leur zèle. Il se trouva à Cîteaux pour aider les pères à composer, pour les chevaliers de Calatrava, une règle et des constitutions que le grand-maître accepta, en se soumettant à l'abbé de Morimon et à ses successeurs. Le pape Clément III le prit pour arbître de quelques différens entre Maurice, évêque de Paris, et les chanoines de Saint-Exupère. Enfin, le pape conçut pour lui

une telle estime, qu'il le promut au cardinalat le 12 mars, envíron l'an 1191. Les abbés que nous avons rencontrés jusqu'ici, tous très-remarquables par leur savoir, leurs vertus éminentes, auraient élevé l'abbaye à une splendeur sans pareille sous leur longue autorité, si le bien de l'Eglise ne les eût rappelés presque aussitôt à des fonctions plus importantes.

Vers ce même temps, Guillaume, comte de Joigny, donna à l'abbaye de Pontigny, pour le salut de son âmé et le salut de celles de ses parens, la permission de pêcher dans ses rivières pendant dix jours et dix nuits, chaque année. Il ajouta une exemption de toute espèce de droits, soit qu'ils voyageassent, soit qu'ils achetassent ou qu'ils vendissent. Cette donation eut lieu à Pontigny, en 1180, en présence de Guichard, archevêque de Lyon, de Hugues, archidiacre de Sens, et de plusieurs seigneurs. Neuf ans après, Guillaume donna encore quatre livres de rente sur le péage de Joigny : vingt T. I, p. 403. sous devaient être employés à l'entretien de la lampe du grand-autel, et soixante pour faire célébrer, chaque année, son anniversaire. Enfin, en 1199, il fit don à l'église de Citeaux de dix livres de rente sur le péage de Joigny, pour subvenir aux besoins des abbés pendant le chapitre-général. Il prie l'archevêque de Sens, quel qu'il soit, de veiller à ce que son don soit acquitté exactement, et de ne pas craindre d'excommunier celui de ses successeurs qui oserait en contester la validité. Il possédait les censives de Coulange-la-Vineuse et d'Accolay, dont il disposa aussi en legs pieux.

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