Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Il y a bien plus de mépris et de dédain à négliger toujours celui dont on ne s'éloigne jamais ; et c'est montrer bien plus de haine de rester sans cesse avec nous pour nous bannir de son affection, quand on nous accorde sa présence. Mais gardons-nous de croire qu'un Dieu aussi bon et aussi miséricordieux n'ait voulu continuellement assister à nos actions, qu'afin de sembler par-là nous négliger avec plus de dédain; loin de nous des paroles si criminelles. Car, dans tout le genre humain, il n'est personne, je pense, assez pervers pour vouloir être sans cesse avec un autre homme, par cela seul qu'il ne l'aimerait pas, et ne lui accorder sa présence, que pour lui faire sentir de plus près les effets de son mépris et de sa haine. Laissons-nous donc instruire et convaincre par la nature, si la raison qui nous fait désirer d'être avec un homme quelconque n'est pas l'amour que nous lui portons. Et parce que nous l'aimons, nous souhaitons que notre présence lui soit utile. Ce que nous ne pouvons pas même dénier au méchant, nous le refusons à Dieu; nous l'abaissons au dessous des cœurs les plus dénaturés, comme s'il ne nous eût promis d'être avec nous que pour nous négli

cimus, qui ad hoc futurum nobiscum se esse dixerit, ut fastidiosjus nos negligeret, cum fuisset! 13 Sed hæc hactenus/Superest ut, quia testimoniis sacris et respici ac regi a Deo omnia jam probavimus, etiam judicari plurima in hoc seculo a divinitate doceamus.

David sanctus, cum a Nabale Carmelo contumeliæ pertulisset injuriam, quia se ipse ulcisci distulit, ultionem statim Deo executore percepit. Extincto itaque paulo post adversario suo, et manu cœlesti obruto, sic locutus est: Benedictus Dominus, qui judicavit causam opprobrii mei de 14 manu Nabal (1) Eumdem quoque, cum fugasset e regno filius persecutor, judex in brevi Dominus vindicavit. Nec vindicavit tantum, sed cumulatius vindicavit quam ipse voluit qui vindicabatur. Ut ostenderet scilicet Deus, graviorem sibi esse injuriam injusta tolerantium, quam tolerantibus suam. Nam qui supra votum ejus vindicat qui vindicatur, quid aliud vult intelligi, quam seipsum in eo quem sic ulciscitur, vindicari? Acto itaque in crucem non manufactam filio parricida, vindictam ei divinitus attributam sic nuntiatam refert sermo divinus: Bonum adporto nuntium, Domine mi, Rex. Judicavit enim pro te hodie Dominus de 15 manu omnium qui surrexerunt contra te (2), Vides

(1) Reg. 1, XXV, 39.
(2) Reg. 11, XVIII, 31.

ger avec plus de mépris! C'en est assez. Après avoir prouvé par les témoignages sacrés que Dieu voit et gouverne toutes choses, il nous reste encore à montrer que, même dès cette vie, il agit souvent en juge souverain.

Le saint roi David avait été outragé par Nabal, habitant du Carmel; et parce qu'il avait suspendu sa vengeance, ce fut Dieu qui bientôt s'en constitua l'exécuteur. Aussi, après la mort de son adversaire frappé d'une main céleste, fait-il entendre ces paroles : Béni soit le Seigneur, qui a vengé sur Nabal l'outrage que j'en avais reçu! Ce même roi avait été chassé de son trône par un fils rebelle; le Seigneur ne tarda pas à se déclarer encore son juge et son vengeur; et, non content de le venger, il alla même au-delà de ce qu'aurait pu souhaiter l'offensé, pour montrer sans doute qu'il ressent plus vivement les injures qu'on fait aux siens, qu'ils ne les ressentent eux-mêmes. Car, en dépassant les désirs de l'offensé, que veut-il nous montrer autre chose, sinon qu'il adopte la vengeance de ses serviteurs? Ainsi, après que cet enfant parricide eut expié son crime sur une croix que les hommes n'avaient point faite, voici en quels termes, au rapport de l'Ecriture, la nouvelle de cette vengeance divine fut donnée à David: Mon Seigneur roi, j'apporte une bonne nouvelle. Car le Seigneur a aujourd'hui jugé en votre faveur contre tous ceux qui se sont élevés contre vous. Vous le voyez, ce n'est point par des faits seulement, comme nous l'avons dit plus haut, et par des exemples; c'est encore en se servant du mot de jugement que l'exercice de la

16

quomodo non rebus tantum, ut supra diximus et exemplis, sed ipso nomine atque appellatione judicii, Deum etiam præsenti seculo judicare, divinæ per sacros testes litteræ probant.

Sed forsitan dices id specialiter sancto viro à Deo præstitum, ut de adversariis ejus protinus judicaret. Dies me deficiet, si de præsentibus in hoc mundo sententiis Dei atque judiciis velim dicere. Sed tamen ut evidenter agnoscas censuram suam et examen sacrum non tam personis præstare quam causis, audi quomodo judex Deus, qui pro David servo suo sententiam assidue evidentem dedit, contra David ipsum sæpius judicarit. Et quidem hoc non in multorum hominum negotio, aut, quod forsitan potuisset Deum magis movere, sanctorum, sed in causa et unius hominis et barbari, et ubi tantum virum persona penitus non gravaverat, nisi causa multasset. Interfecto Uria Etheo, homine gentis impiæ et nationis inimicæ, statim fit ad David sermo divinus : Uriam Etheum percussisti gladio, et uxorem illius accepisti uxorem, et interfecisti eum gladio filiorum Ammon. Quam ob rem non recedet gladius de domo tua usque in sempiternum. Itaque hæc dicit Dominus: Ecce ego suscitabo super te malum de domo tua; et tollam uxores tuas in oculis tuis, et dabo proximo tuo. Tu enim fecisti abscondite. Ego vero faciam verbum istud in cons

divine justice en ce monde, se trouve prouvé dans les saintes Ecritures par les témoins sacrés.

Mais peut-être allez-vous regarder comme une faveur particulière accordée au saint roi que Dieu juge si promptement en sa faveur contre ses adversaires. Le temps me manquerait pour énumérer toutes les sentences prononcées par Dieu sur la terre. Et toutefois si vous voulez vous convaincre que Dieu, dans ses censures et ses examens, a moins égard aux personnes qu'aux actions, écoutez avec quelle sévérité ce même arbitre qui avait toujours prononcé en faveur de David, son serviteur, a jugé plus souvent contre David luimême, et cela, quand il ne s'agit ni d'un grand nombre d'hommes, ni de saints personnages, ce qui peut-être eût été plus puissant auprès de Dieu; mais d'un seul homme, d'un barbare dont la mort, dans tout autre circonstance, n'eût point rendu coupable un si grand prince. Urie Héthéen, sorti d'une race impie et d'une nation rivale, est mis à mort; aussitôt la parole divine se fait entendre à David: Tu as fait périr par l'épée Urie Héthéen, et tu as pris pour femme sa femme, et tu l'as tué par l'épée des enfans d'Ammon. C'est pourquoi l'épée ne sortira jamais de ta maison. Voici ce que dit le Seigneur: Je susciterai le mal sur toi; il naîtra de ta propre maison; et je prendrai tes femmes devant tes yeux, et les donnerai à un autre. Car tu as agi secrètement, mais j'accomplirai cette parole en la présence de tous ceux d'Israël et en la présence du soleil. Qu'avez-vous à dire ? vous qui prétendez

[ocr errors]

« ZurückWeiter »