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Elle eut auffi de grandes fuites chez les Celtes. Céfar commença dès lors à y agir en maître. Il mit fes troupes en quartier d'hyver dans le Païs des Séquanois; & comme ils avoient été les plus opofés à la domination Romaine, il leur ôta leurs alliés & le rang qu'ils tenoient dans les Gaules, pour les donner à ceux de Rheims dont il ménageoit l'amitié, parce qu'il prévoyoit qu'elle lui feroit utile, dans le deffein où il étoit de conquérir la Gaule Belgique.

II

Il dit que les Belges étoient les plus vaillants d'entre les Gaulois, parce qu'ils étoient les plus éloignés du luxe & du commerce de Rome. Il crut cependant qu'il lui feroit facile de les foumettre, après avoir vaincu lès Helvétiens & les Germains dans fa premiére campagne. Il fit donc la guerre aux Belges, fous prétexte qu'ils avoient conspiré contre la République Romaine, les vainquit en plufieurs actions, & les fubjugua dans fa feconde campagne. employa la troifiéme à conquérir la Gaule Aquitanique, & à réprimer des mouvements qui s'élevoient dans l'Armorique, & aux environs d'Evreux, Lizieux & Coutances. Dans la quatrième, il défit deux grandes Nations de la Germanie, les Tencturiens & les Ufipétes, qui avoient paffé le Rhein près de fon embouchure, pour s'établir dans les Gaules. Il traverfa ce fleuve fur un Pont de bois qu'il fit faire, & donna par la hardieffe & le fuccès de cette entreprife qu'on avoit crû jufqu'alors impossible, de nouveaux motifs de crainte & d'étonnement aux Germains. Dans la cinquième année de fon gouvernement, il paffa en Angleterre où les Romains n'avoient jamais été, & défit plufieurs Nations des Gaules qui s'étoient foulevées. De femblables mouvements qu'il réprima, occupérent la fixiéme année. La feptiéme fut la plus laborieufe, mais en même tems la plus glorieufe & la plus utile: car les Gaules entiéres, fenfibles à la perte de leur liberté, fe foulevérent. Ceux d'Autun, quoiqu'anciens alliés du Peuple Romain, & comblés de fes bienfaits, entrérent dans la confpiration. Vercingentorix

d'Auvergne, Capitaine d'un grand courage, commandoit les troupes; & parmi les Peuples qui fuivirent fes étendarts, Florus ne nomme que les Séquanois & les Auvergnats, ceux de Chartres & du Berri, aparemment comme les plus puiffants ou les plus braves. *

*Sed maxima omnium, eademque novissima con

liarum; cùm om

Céfar prit Bourges, mais il attaqua fans fuccès Clermont en Auvergne. Ce petit échec rehauffa le courage de juratio,fuit GalVercingentorix, & lui donna la hardieffe de tenter une nes pariter Arverdiverfion en entrant dans la Province Romaine. Céfar nos, Bituriges, accourut au fecours, & il fut envelopé chez les Séquanois atque Sequanos, Carnutas, fimul par les troupes de Vercingentorix, qui fe confiant en leur contraxis. Flor. nombre, se promettoient fa défaite. La grandeur du péril, au lieu d'étonner les légions, redoubla leur valeur. Vercingentorix fut battu, & obligé à chercher fon falut dans la fuite avec les débris de fon Armée. *

lib. 3. cap. 10.

* Dion Caff.

Céfar le poursuivit fans relâche, & le réduifit à s'enfer- lib. 40. Caf.lib.7. mer dans Alife. C'étoit une des plus fortes Places des Gaules. Mais ni fa fituation avantageuse, ni quatrevingt mille hommes qui la défendoient, ne furent pas capables de détourner Céfar d'en faire le fiége. Une Armée de deux cent quarante mille hommes de pied, & de huit mille chevaux, vint au fecours. Elle fut plufieurs fois repouffée & battuë; enforte que Céfar fe rendit maître de cette importante Place, & fit prifonnier Vercingentorix avec ce qui reftoit d'une fi nombreuse Garnifon. Ce fut là, le dernier effort que firent les Gaulois pour défendre leur liberté ; & leur union dans cette entreprife, fournit aux Romains une raifon pour se rendre leurs maîtres à titre de conquête, & leurs imposer un tribut.

Céfar après cette belle campagne, envoya fa Cavalerie & deux de fes Légions en quartier d'hyver chez les Séquanois, qui, s'ils n'avoient fourni à l'Armée levée pour fecourir Alife, que leur contingent de vingt-deux mille hommes, avec ceux de Sens, de Bourges, de Chartres, de Xaintes & de Rouergue, comme on le croit communément ; c'est parce qu'ils avoient déja perdu beaucoup de

Not. Gall. Val. V. Senones.

monde à la bataille qui s'étoit donnée chez eux, & qu'une partie de leurs troupes étoit enfermée dans cette Place. Mais Mr. de Valois explique plus probablement le texte de Céfar, de vingt-deux mille hommes fournis par chacun de ces Peuples.

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Ainfi donc par la jaloufie & les divifions des Eduois & des Séquanois, la Nation entiére perdit fa liberté. Si ces deux puiffantes Républiques étoient demeurées unies, elles auroient pû la défendre contre l'Empire Romain, ou faire une plus longue résistance. Mais la Nation Gauloife a du moins la gloire de n'avoir fuccombé que des dernieres, & d'avoir été fubjuguée par le plus grand & le plus heureux Capitaine qui fût jamais. Les Légions que Céfar commandoit, s'aguérirent fi fort dans les Gaules, qu'elles vainquirent dès lors en différentes occafions, toutes les autres Armées Romaines, qui leurs étoient même toujours fupérieures en nombre.

A tout confiderer, il étoit de l'avantage des Gaulois, de paffer fous la domination Romaine : car ils s'en firent un rempart contre les Peuples du Nord, qui faifoient des efforts continuels pour entrer dans leur Païs. Ils mirent fin à leurs diffentions domeftiques, en fe réuniffant fous un feul maître ; & leur condition ne fut point mauvaise, puifqu'à l'exception de la fouveraineté qu'ils perdirent, & du tribut auquel Céfar les affujettit; ils confervérent au refte la forme de leurs gouvernements particuliers, fous l'autorité des Magiftrats qui leurs étoient envoyés de Rome pour les commander. Ils ne furent pas défarmés, défarmés, & leurs grandes Villes furent régies par les Décurions & les Duumvirs qu'elles choififfoient. Plufieurs d'entre elles, furent gratifiées des priviléges des Colonies; & d'autres, avec le titre de Municipes, eurent la liberté de vivre fous leurs propres loix, & furent libres de tribut dès les commencements, pour récompenfe de l'affection qu'elles avoient marqué à Céfar; ou elles en furent exemtées à la fuite, à cause des fervices qu'elles rendirent à l'Empire.

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La douceur de ce nouveau gouvernement, fut fans doute la raifon pour laquelle les Gaulois, quoique naturellement légers, impatients & amis de la liberté, firent fi peu d'efforts à la fuite, pour fe fouftraire à la domination des Romains. Ils ne prirent aucune part aux guerres civiles, qui fuivirent de près la conquête de leur Païs; & fi l'on excepte le fiége de Marfeille, ils ne virent couler chez eux, ni le fang de Rome, ni le leur.

Leur Cavalerie fervit avec gloire fous Céfar, & fous les Empereurs qui lui fuccédérent. Elle étoit réputée la meilleure de l'Empire, & particuliérement celle qui venoit de la Séquanie, comme Lucain nous l'aprend dans ce vers de fa Pharfale.

Optima gens, flexis in girum, Sequana frænis. ★ Ainfi on peu donner part aux Séquanois, dans les exploits que l'Hiftoire attribue à la Cavalerie Gauloife en général.

Si fous Jules-Céfar, les Séquanois déchurent de leur rang & de leur autorité, ils en furent dédommagés par fes fucceffeurs. Augufte paifible poffeffeur de l'Empire, en partagea les Provinces avec le Sénat, & prit dans fon lot, celles qui étoient nouvellement conquifes, ou dans lefquelles il y avoit quelque guerre à craindre. Les Gaules furent de ce nombre.

L'on n'y comprenoit pas la Province Romaine fous Jules-Céfar. C'est pourquoi il n'y a compté que trois parties: la Celtique, la Belgique, & l'Aquitanique. Mais tout étant devenu égal par la réduction de la Nation entiére, Augufte confondit cette Province dans les Gaules, dont il fit une nouvelle divifion. La politique vouloit que la Celtique, qui étant unie auroit été trop puiffante, fùt démembrée ; & ce démembrement étoit d'ailleurs néceffaire, pour faire des parts qui euffent quelque égalité entre elles. Augufte détacha donc différents Peuples de la Gaule Celtique, & l'on commença à y compter qua

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Not. Gal. Val. V. Sequani.

Cafar vicit Helvetios, qui nunc Sequani appellantur. Lib. 6.

tre parties fous fon Empire: la Narbonnoife, la Lyonnoife, la Belgique, & l'Aquitanique.

La difficulté eft de fçavoir, fi les Séquanois qui étoient Celtes d'origine, furent mis alors dans la Province Lyonnoife, ou dans la Belgique. Tacite femble infinuer qu'ils ne dépendoient pas de la Belgique, quand il dit que Germanicus fit prêter ferment de fidélité pour Tibére, aux Séquanois & aux Belges. Le Païs des Séquanois aboutiffoit für Lyon; il paroiffoit naturel de les attacher à cette Capitale, & l'on peut induire qu'ils en dépendoient, de ce qu'on lit dans Strabon, que la Gaule Lyonnoife s'étendoit jufqu'au Rhein. Aufli quelques Auteurs, ont fait des Séquanois une cinquiéme Lyonnoife.

Čependant Ptolomée & Pline, faifant l'énumération des Peuples qui compofoient les Provinces Lyonnoise & Belgique de leur tems, comptent les Séquanois parmi les Belges. Il est difficile de ne pas fe rendre à deux témoignages fi précis ; & d'ailleurs Feftus, Ammian Marcellin, les bons exemplaires des Notices, Aimoin & Hugues de Fleuri, mettent la Province Séquanoife au nombre des Belgiques, & la diftinguent des Lyonnoifes. *

Je crois donc que les Séquanois furent unis à la Gaule Belgique fous Augufte, parce que la Lyonnoife auroit extrémement furpaffé les autres en force & en étenduë, fi elle avoit compris les Séquanois, dont cet Empereur avoit accrule Païs de la plus grande partie de celui des Helvétiens: car Ptolomée & la Notice, mettent les Villes principales de l'Helvétie dans la Province Séquanoife ; & on lit dans Eutrope, que les Helvétiens avoient été confondus avec les Séquanois, & qu'ils en portoient le nom. *

Il y eut dès lors des démembremens & des fous-divifions de ces quatre parties des Gaules, dont le tems & les circonftances ne font pas clairement marqués par les Auteurs. La derniere eft celle qu'on trouve dans la Notice de l'Empire, fuivant laquelle les Gaules contenoient dix-fept Provinces: fçavoir, quatre Lyonnoifes, deux Belgiques, deux Germaniques, la grande Province des Séquanois,

maxima

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