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tres circonstances, les Rois ne commandoient que dans leurs Païs. Tels avoient été Catamantalêde chez les Séquanois, & plufieurs autres ailleurs, dont il eft parlé dans les Commentaires de Céfar. Mais comme cette espèce de gouvernement étoit contraire aux Loix, & mettoit en péril la liberté publique, dont les Gaulois étoient fort jaloux; il étoit dangereux d'y afpirer, fi ce n'étoit par des voies légitimes, & pour de juftes caufes: car le pere de Vercingentorix fut affaffiné, parce qu'il vouloit se faire Roi des Auvergnats; & Orgetorix accufé d'avoir projetté d'ufurper ce titre chez les Helvétiens, fe donna la mort, afin de prévenir le fuplice du feu, qui étoit la peine déterminée pour ce crime.

Il eft hors de doute, que les Gaulois avoient eu des guerres contre les Germains, qui tentoient fouvent de paffer dans les Gaules,& dont plufieurs Peuples s'étoient déja établis en deça du Rhein avant le tems de Jules Céfar: ils en avoient eu auffi les uns avec les autres, foit pour leurs limites, foit par la jaloufie du commandement; ce qui caufoit fouvent des révolutions entr'eux. Car ceux de Bourges, qui y avoient tenu la premiere place pendant que Tarquin l'ancien regnoit à Rome, étoient devenus les Clients des Eduois; & ceux-ci qui avoient été ensuite par eux-mêmes & par leurs Alliés, l'un des plus puiffans Peuples des Gaules, & les Chefs d'une faction, comme

*

les Séquanois l'étoient de l'autre, n'avoient pû fe défen- Cafar. de bello dre de paffer fous la domination de ceux-ci. Mais l'Hif- Gall. lib.6. toire, qui nous a marqué la guerre de ces deux Peuples, ne nous a rien apris de celles des autres.

Les Gaulois ont auffi fouvent paffé en Italie, pour défendre contre les Romains, leurs anciens Compatriotes qui s'y étoient établis: on les apelloit communément Gefates, à caufe, dit-on, de certaines armes qu'ils portoient, & qu'on nommoit Gæfum; ou plûtôt par raport à leur force & à leur courage. Il y en entra jufqu'à deux cens mille, en l'an 528 de la République, qui fe joignirent aux Infubriens, & fe mirent en marche pour attaquer Rome. én

Vivos fortes, Galli-gafos nom. Goth.

cant. Grot. ind.

Jamais cette Ville ne fut en fi grand danger, depuis fa prise par Brennus. Auffi fit-elle les derniers efforts pour fe défendre, & les Hiftoriens nous difent, qu'elle mit huit cent mille hommes fur pied.

Cependant les Gefates étoient arrivés à Clufium, qui n'eft qu'à trois journées de Rome, & avoient battu une Armée de cinquante mille hommes, commandée par un Préteur. Mais s'étant trouvés à la vûë d'une autre Armée commandée par le Conful Æmilius Papus, ils craignirent de perdre le butin qu'ils avoient fait, & fe déterminérent à retourner dans l'Infubrie. Ce Conful les fuivit, & ils tombérent malheureusement auprès de Pise, dans l'Armée de l'autre Conful C. Attilius Regulus, qui venoit de finir la guerre en Sardaigne. Ils furent attaqués en tête & en queuë, & firent face de tous côtés. Ils égaloient les Romains en courage, & ils avoient fur eux l'avantage de la taille & de la force du corps. Mais comme ils n'étoient pas fi bien armés, ni fi habiles dans l'art de la guerre, ils furent défaits, & laifférent quarante mille hommes fur le champ de bataille; le refte fut fait prifonnier ou diffipé. Une autre Armée de Gefates, qui étoit entrée en Italie fut battuë en 531, après que Viridomare, qui la commandoit, eut été tué dans un combat fingulier, par Marcus Claudius Marcellus.

Polybe dit que les Gefates étoient des environs du Rhône; d'où l'on peut conclure qu'il y avoit parmi eux des Séquanois, dont le Païs étoit limité par ce fleuve, & qui étoient à portée d'entrer en Italie, par les Alpes Gréques & Pennines. Auffi lifons-nous dans Strabon, que les Séquanois avoient eu guerre anciennement avec les Romains, *Sequani, antiqui & qu'ils avoient toujours été leurs ennemis.* Ils les étoient allés attaquer chez eux, car les Romains n'ont paffé que fort tard dans les Gaules.

tus Romanorum

inimici. Lib. 4.

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D'autre côté, le decret du Sénat pour le triomphe de Marcellus, porte qu'il avoit vaincu les Infubriens & les Germains; & on lit dans quelques Auteurs, que les Gefates étoient de la Germanie. Il me paroît que Strabon donne

le

le dénouement de cette difficulté, en difant
que les Sé-
quanois ont fait de fréquentes incurfions en Italie avec les
Germains; d'où je conclus que les Gefates, qui font une
fi grande figure dans l'Hiftoire Romaine, étoient pour
l'ordinaire des Armées compofées de Séquanois & de Ger-
mains leurs voifins & leurs alliés. Strabon ajoute une cir-
conftance bien glorieufe à la Nation Séquanoife, lorfqu'il
dit que cette Nation étoit si puiffante, que les Germains
n'étoient redoutables aux Romains, que quand les Sé-
quanois étoient avec eux. Les Séquanois ont donc eu
la principale part aux guerres, que les Gaulois Cifal-
pins affiftés des Gefates ont eu avec Rome : guerres fi
terribles, que les Hiftoriens de cette République avouent,
qu'elle difputoit de la gloire avec les autres Nations
mais qu'elle étoit réduite à deffendre la vie & la liberté
de fes Citoyens contre les Gaulois, fur tout quand ils
étoient joints aux Gefates.

Cependant avant même que les Romains euffent rien
au- deçà des Alpes, les Éduois, qui vouloient par
leur faveur s'éléver au premier rang dans les Gaules,
recherchérent leur alliance. Les Romains, qui joignoient
une fine politique à la force des armes, faifirent cette
occafion pour fe faire un apui parmi les Gaulois con-
tre eux-mêmes, & pour divifer une Nation puiffante,
qu'ils n'auroient peut-être pas fi-tôt entrepris de fubju-
guer,
fi elle étoit demeurée unie. Ils déclarérent donc les
Eduois leurs amis & leurs alliés, & fous prétexte de les
venger de quelques injures qu'ils avoient reçûës des Sa-
liens, des Allobroges & des Auvergnats, ils entrérent
dans les Gaules en l'an 627 de la fondation de Rome
battirent plufieurs fois ces trois Peuples, & se rendirent
maîtres de leurs Païs.

Les Romains par cette conquête devinrent les voifins des Séquanois, & n'en furent plus féparés que par le Rhône. Les Séquanois prévirent toutes les conféquences de ce voifinage, & combien il exposoit leur liberté. Ils diffimulérent cependant, & reçûrent les careffes de la Républi

B

*Sequani, Ger.

manorum incurfiopræbebant ; quâ in

re oftenderunt, fe plurimùm potentio habere; cùm

eos fuá conjunctioceffi impotentes, ne magnos,& dif

redderent. Lib. 4

que Romaine, qui donna à leur Roi Catamantalêde, le

* Catamantale- titre d'ami du peuple Romain; * perfuadée que fi elle des Sequanus, reg gagnoit les Séquanois, comme elle avoit déja fait ceux num in Sequanis multos annos obti- d'Autun, il lui feroit facile d'établir fa domination dans nuerat, & à Sena- les Gaules.

tu Populoque Romano, amicus ap

Vingt-cinq ans après que les Romains y eurent fait une pellatus fuit Cafar. Province, les Cimbres & les Teutons y entrérent. C'élib. 1. Plutarq, in toient deux Nations de la Germanie, formidables par la vita Jul. Caf. multitude, la taille, la force, & l'intrépidité de leurs foldats. Les Ambrons, quoique Helvétiens & par conféquent Gaulois, fe joignirent à eux pour ravager les Gaules, où ces trois Peuples fe répandirent comme un embrafement auquel il n'est pas poffible de résister.

* Actum erat,

nifi Marius illi faculo contigiffet. Flor. lib. 3. cap.3.

Ils formérent le deffein de paffer en Italie, & fe divisérent pour y entrer par deux endroits ; dans la vuë, quand ils y feroient arrivés, de fe réünir pour marcher à Rome. C'en étoit fait de la République Romaine, fi elle n'avoit eu alors un auffi grand Capitaine que Marius. * II attaqua les Teutons & les Ambrons auprès d'Aix en Provence, & les défit. Les débris de leur Armée fe retiroient par le Païs des Séquanois, qui achevérent de les tailler en pièces, & firent leurs Rois prifonniers; moins par amitié pour les Romains, que pour fe vanger des Barbares qui avoient faits de grands défordres dans les Gaules.

Cependant les Cimbres avoient pénétré en Italie. Ils y attendoient leurs alliés, dont ils ignoroient la défaite. Marius y paffa pour leur faire tête, & leur montra les Rois des Teutons que les Séquanois lui avoient envoyés. Il eft certain que les Cimbres perdirent courage à cette vuë, & qu'elle fervit beaucoup au gain de la bataille, Plutarq. in vita dans laquelle ils furent exterminés. *

Marii.

Les Séquanois ne pouvoient pardonner à ceux d'Autun, d'avoir introduit les Romains dans les Gaules, & de continuer à vivre avec eux dans une liaison intime; parce qu'ils étoient perfuadés, qu'elle aboutiroit à faire paffer toute la Nation fous le joug Romain. Ils eurent occafion de leur faire la guerre, au fujet de l'ufage & des péages

domicilia tenent

contentio

, que ip

que gente, ufum & dicante. Strab.

vectigalia fibi vin

lib. 4.

*Factum eft, ut

de la riviere de Sône qui féparoit leurs Païs, & ils ne la manquérent pas. * Mais pour agir plus fùrement, ils pri- *Trans Aravim, rent à leur folde quinze mille Germains, leurs anciens Sequani, Romanis compagnons de voyage & de guerre en Italie. Ils attaqué- & Eduis dudun rent enfuite les Eduois & les battirent. * adverfantes. E. duis, tum hæc cauCeux-ci plus irrités qu'humiliés par leur défaite, raffem- fa inimicos eos blérent toutes leurs forces, & celles de leurs Clients & fecit, tum de Arari alliés; pafférent la Sône, & entrérent dans le Païs des fos diftinguit.ViraSéquanois qui les attendoient fur leur frontiere, & qui avoient apellé un plus grand nombre de Germains à leur fecours, avec leur Roi Arioviste. Ce Prince étoit grand Capitaine. Le commandement lui fut déferé. Il fe retrancha dans un lieu entouré de bois & de marais, où il ne ab Arvernis & Se. pouvoit être forcé, & il n'en fortit que pour furprendre mercede accerferenles Eduois qui ne s'y attendoient pas. Leur défaite fut turs horum circiter entiére, & la bataille décifive. Les Eduois y perdirent tranfille. Caf.lib.. millia 15. Rhenuva leur Nobleffe, leur Cavalerie qui faifoit leur principale force, & leur Sénat même. Hors d'efpérance de fe relever d'une fi grande perte, ils fubirent le joug qu'on voulut leur impofer. Ils confentirent à devenir Clients des Séquanois, & promirent de ne fe fouftraire jamais à leur domination. Ils renoncérent à l'alliance de Rome s'engagérent de ne la plus rechercher. Ils donnérent en ôtage les enfants des principaux d'entr'eux pour fureté de cette promeffe, & la confirmérent par la religion du fer

ment.

&

quanis Germani

Cum his duos eorumque clientes,

tum,omnem Equi

Divitiac, qui étoit le plus grand Seigneur d'Autun, ne femel atque iterum pût pas fe réfoudre à fubir des conditions qui lui paroif- armis contendie. foient trop dures, & à prêter le ferment qu'on exigeoit tempulfos,accepiffe. Magnam calamita. de lui. Il fe retira à Rome, où il crut pouvoir folliciter Omnem Nobilita le Peuple Romain en faveur de fa Nation, parce qu'il n'a- tem, omnem Senavoit pas prêté ferment de ne le pas faire. Mais ce fut tatum amififfe. Quid'abord en vain : la République occupée à d'autres affaires, bus praliis calamitatibufque fraclos, ou ne fe trouvant pas alors en état de vanger les Eduois, qui & fuá virtute, n'entra pas dans leur querelle. Les chofes demeurérent Populi Romans & hofpitio atque amicitiâ, plurimum ante in Galliâ potuiffent; coactos effe, Sequanis obfides dare nobiliffimos Civitatis, & jurejurando obftringere Civitatem, fe neque obfides repetituros, neque auxilium à Populo Romano imploraturos, neque recufaturos, quominus perpetuò fub illorum ditione atque imperio effent. Caf lib. 1.

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