RÉVOLUTIONNAIRES ET CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES, OU RECUEIL, CLASSÉ PAR ÉPOQUES, DES HYMNES, CHANTS GUERRIERS, CHANSONS Les plus remarquables qui ont parues depuis trente ans. TOME PREMIER. PARIS A LA LIBRAIRIE HISTORIQUE, 1821. ODE par M. LEBRUN, secrétaire des commandemens de feu Mer le prince de CONTI, grand-prieur de France. 1783. Si l'homme dut avoir un maître, Le seul qui fut digne de l'être, Et qui de tout l'éclat dont il brille à nos yeux Mais ce mortel sublime et juste, S'il eut pu consentir au funeste bonheur Ainsi la force aux mains sanglantes, L'orgueil aux brigues insolentes, Conquérans de la terre en devinrent les rois : Ainsi leur race criminelle, A son trône de fer sut enchaîner des lois Qui n'auraient tonné que sur elle. De là ces publiques furies, Ces prodiges de barbaries, Néron, Caligula, ces monstres couronnés, Dont la rage en crimes féconde, Pour frapper d'un seul coup les peuples consternés, N'eut voulu qu'une tête au monde. Possesseur aveugle et bizarre Du champ public dont il s'empare, Au lieu de cultiver, le despote détruit : C'est le Canadien sauvage; coupe l'arbre au pied pour en cueillir le fruit: Sa jouissance est le ravage. Mais si l'encensoir fanatique Joint à la hache despotique Jure de l'Univers l'esclavage éternel ; C'est alors que la race humaine, Sous le poids écrasant du trône et de l'autel, Tel on voit l'animal utile, Qui, traçant un sillon fertile, Engraisse à ses dépens son maître et son bourreau: Sous le joug il use sa vie ; Et pour prix de sa peine il meurt sous un couteau, Et de la main qu'il a nourrie. |