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DE

J. J. ROUSSEAU,

CITOYEN De Genève.

TOME TROISIÈME,

Ire. PARTIE.

B

A PARIS,

CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
RUE DES MATHURINS ST.-J., HÔTEL CLUNY.

1817.

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Hector

9-25-36

NOTICE

3291 SUR LES DIVERS ÉCRITS

CONTENUS DANS CE VOLUME.

Nous avons rassemblé dans ce volume, outre la Lettre à M. de

Beaumont, archevêque de Paris, les divers écrits politiques sortis de la plume de J. J. Rousseau. Nous allons les examiner suc

cessivement.

I. LETTRE A M. DE BEAUMONT,

ARCHEVÊQUE DE PARIS.

Après la publication et la mise à exécution de l'arrêt du Parlement contre l'Emile, l'autorité ecclésiastique crut de son devoir de sévir également contre cet ouvrage. L'archevêque de Paris publia dans la même année un Mandement portant condamnation d'un livre qui a pour titre : Emile ou de l'Education, par Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève; à Amsterdam, chez J. Néaulme, libraire, 1762 (1). Le prélat y trace ce portrait remarquable de Rousseau: « Du sein de l'erreur il s'est élevé un homme plein du langage de la philosophie, sans être véritablement philosophe; esprit doué d'une multitude de connaissances qui ne l'ont pas éclairé et qui ont répandu des ténèbres dans les autres esprits: caractère livré aux paradoxes d'opinions et de conduite; alliant la simplicité des mœurs avec le faste des pensées; le zèle des maximes antiques avec la fureur d'établir des nouveautés; l'obscurité de la retraite avec le désir d'être connu de tout le monde : on l'a vu invectiver contre les sciences qu'il cultivait; préconiser l'excellence de l'Évangile dont il détruisait les dogmes; peindre la beauté des vertus qu'il éteignait dans l'ame de ses lecteurs. Il s'est fait le précepteur du genre humain, pour le tromper; le moniteur public, pour égarer tout le monde; l'orateur du siècle, pour achever de le perdre. Dans un ouvrage sur l'inégalité des conditions, il avait abaissé l'homme jusqu'au rang des bêtes; dans une autre production plus récente, il avait insinué le poison de la volupté en paraissant le proscrire; dans celui-ci, il s'empare des premiers momens de l'homme, afin d'établir l'empire de l'irréligion. »>

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C'est avec la même rigueur que le prélat relève et réfute ensuite un petit nombre de passages du TRAITÉ DE L'ÉDUCATION ouvrage, selon lui, également digne des anathemes de l'église et de la sévérité des lois. En conséquence il termine le mandement par cette condamnation :

(1) A Paris, chez C. F. Simon, imprimeur, etc., 1762. in-1o.

«

Après avoir pris l'avis de plusieurs personnes distinguées par leur piété et par leur savoir, les saints noms de Dieu invoqués, nous condamnons ledit livre, comme contenant une doctrine abominable, propre à renverser la loi naturelle, et à détruire les fondemens de la religion chrétienne; établissant des maximes contraires à la morale évangélique; tendant à troubler la paix des Etats, à révolter les sujets contre l'autorité de leur souverain; comme contenant un très-grand nombre de propositions régulièrement fausses, scandaleuses, pleines de haine contre l'église et ses ministres, dérogeant au respect dû à l'Écriture sainte, et à la tradition de l'Eglise; erronées, impies, blasphématoires et hérétiques. En conséquence nous défendons très-expressément à toutes personnes de notre diocèse, de lire ou retenir ce livre, sous les peines de droit, etc. »

M. de Beaumont jouissait d'une grande autorité non-seulement en France, mais encore dans l'étranger; ses vertus privées, et surtout sa grande charité, lui avaient mérité l'estime générale; on sait que plusieurs souverains, notamment le roi de Prusse et l'impératrice de Russie, rendirent hommage aux qualités estimables de ce prélat. Rousseau qui n'avait répondu ni à l'arrêt du Parlement, ni à la censure de la Sorbonne, crut de son devoir de ne pas laisser sans réponse le mandement de l'archevêque de Paris, et de chercher à effacer l'impression fâcheuse que la condamnation portée par un homme aussi respecté, pouvait faire sur les esprits. Il soupçonna d'ailleurs, peut-être sans aucun motif bien fondé, que ce mandement venait des Jésuites : «< Quoiqu'ils fussent alors malheureux eux-mêmes, j'y reconnaissais toujours, dit-il, leur ancienne maxime, d'écraser les malheureux. Je pouvais donc aussi suivre mon ancienne maxime, d'honorer l'auteur titulaire, et de foudroyer l'ouvrage; et c'est ce que je crois avoir fait dans ma réponse avec assez de succès. »

Le public trouva plus de hardiesse dans le titre de la réponse que dans la réponse même. Il n'y avait pas eu d'exemple, dans les temps modernes, d'un particulier proscrit, qui eût traité d'égal à égal avec un prélat pair de France. « Malheureusement, observe à ce sujet M. Lacretelle (Histoire de France dans le 18e. siècle, tom. IV), l'exemple de ce succès fut contagieux, et depuis on vit souvent la médiocrité présomptueuse parler plus arrogamment aux Rois que Rousseau ne l'avait fait à un pontife. » Du reste on ne put s'empêcher de remarquer que cette apologie de ses opinions était de la part de Rousseau une nouvelle attaque contre la religion catholique, et que tout en répétant qu'il n'en voulait point à la religion, il en sapait les fondemens. Des membres du clergé lui répliquèrent. Le P. Didier, récollet, fit l'Analyse de la lettre de M. J. J. Rousseau à Monseigneur l'archevêque de Paris. Avignon, 1764, in-12. L'abbé Yvon publia quinze Lettres sur le même sujet. Mais déjà un nouvel écrit du philosophe de Genève avait fixé l'attention du public.

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