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elles fe borneront aux chofes de leur compétence, & jugeront toujours bien; mais depuis qu'elles fe font établies, les arbitres de la littérature, depuis qu'elles fe font mises à juger les livres, & à en faire à toute force, elles ne fe connoiffent plus à rien. Les auteurs qui confultent les favantes fur leurs ouvrages, font toujours sûrs d'être mal confeillés ; les galans qui les confultent fur leurs parures font toujours ridiculement mis.

La meilleure maniere d'apprendre à bien juger, eft celle qui tend le plus, à fimplifier nos expériences, & à pouvoir même nous en paffer fans tomber dans l'erreur. D'où il fuit qu'après avoir longtems vérifié les rapports des fens l'un par l'autre, il faut encore apprendre à vérifier les rapports de chaque fens par lui-même, fans avoir befoin de recourir à un autre fens;alors chaque sensation devien dra pour nous une idée, & cette idée fera toujours conforme à la vérité.

On croit que la phyfionomie n'est qu'un fimple développement des traits déjà marqués par la nature. Pour moi je penferois qu'outre ce développement,

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les traits du vifage d'un homme viennent infenfiblement à fe former & prendre de la phyfionomie par l'impreffion fréquente & habituelle de certaines affections de l'ame. Ces affections fe marquent fur le vifage, rien n'eft plus certain, & quand elles tournent en habitudes, elles y doivent laiffer des impreffions durables. Voilà comment je conçois que la phyfionomie annonce le caractere, & qu'on peut quelquefois juger de l'un par l'autre, fans aller chercher des explications myftérieufes qui fuppofent des connoiffances que nous n'avons pas.

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Pour vivre dans le monde il faut fçavoir traiter avec les hommes il faut connoître les inftrumens qui donnent prife fur eux; il faut calculer l'action & réaction de l'intérêt particulier dans la fociété civile, & prévoir fi jufte les événemens, qu'on foit rarement trompé dans fes entreprises, ou qu'on ait du moins toujours pris les meilleurs moyens pour réuffir.

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L'attrait de l'habitude vient de la reffe naturelle à l'homme, & cette paref

fe augmente en s'y livrant; on fait plus aifément ce qu'on a déjà fait, la route étant frayée devient plus facile à fuivre. Auffi peut-on remarquer que l'empire de l'habitude est très-grand fur les vieillards & fur les gens indolens, très-petit fur la jeuneffe & fur les gens vifs. Ce régime n'eft bon qu'aux ames foibles & les affoiblit d'avantage de jour en jour. La feule habitude utile aux enfans eft de s'affervir fans peine à la néceffité des chofes, & la feule habitude utile aux hommes, eft de s'affervir fans peine à la raifon. Toute autre habitude eft un vice.

L'existence des êtres finis eft fi pauvre & fi bornée, que quand nous ne voyons que ce qui eft, nous ne fommes jamais émûs. Ce font les chimeres qui ornent les objets réels, & fi l'imagination n'ajoute un charme à ce qui nous frappe, le ftérile plaifir qu'on y prend fe borne à l'organe, & laiffe toujours le cœur froid.

FIN.

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